mercredi 28 avril 2021

Vous aimez les classiques? Cette proposition est pour vous!

 Les défis littéraires sont très nombreux et tous très tentants. On se dit, à chaque fois, que "non, je ne pourrai tenir le rythme... c'est trop compliqué ... et puis il y a tant à lire par ailleurs..." On ne peut le nier. Pourtant la deuxième saison de "Les classiques c'est fantastique" s'est ouverte hier, chez Moka. Les épisodes sont alléchants et peuvent donner l'envie de faire baisser sa PAL qui contient, forcément, des classiques achetés au gré des visites chez son libraire ou dans les foires aux livres.

Le principe du "challenge" est le suivant:

Un rendez-vous par mois sous la houlette de Moka et Fanny rassemble les bonnes volontés. Le programme annoncé pour les mois à venir a été élaboré par les participants réguliers de la première saison (dont vous pourrez avoir un aperçu et pourquoi pas une mise en appétit ici). Les thématiques choisies peuvent être génériques, liées à un auteur ou à une époque ou encore à une nationalité.

Le côté fantastique de ce challenge est que les bonnes volontés peuvent le rejoindre ponctuellement si un thème particulier leur parle plus qu'un autre ou peuvent passer au large en cas d'incompatibilité littéraire ou manque de motivation et/ou d'inspiration. Bien entendu, les bonnes volontés que rien n'effraient peuvent sévir chaque mois.

Attention, le titre lu ne sera révélé qu'au moment de la parution des billets (date commune) afin de maintenir le suspense et offrir de belles surprises.

Quant au programme, le voici! (A noter les jolis logos proposés)

  1. MAI: fais ce qu'il te plait! Pourquoi pas une invitation au voyage? (Récits de voyages réels ou imaginaires, voire métaphoriques, romans de l’ailleurs….)
  2. JUIN: Jules Verne ... voyage autour de ses livres en mille et un lecteurs?
  3. JUILLET: l'été brille de tous ses feux, direction le sud et ses littératures méditerranéennes.
  4. AOUT: les classiques ont inspiré le cinéma comme la BD, une autre manière agréable de les découvrir.
  5. SEPTEMBRE: cinquante millions de chinois et moi, et moi et moi! Place à l'autobiographie.
  6. OCTOBRE: célébration des plumes féminines!
  7. NOVEMBRE: Littérature et Histoire ou comment la littérature s'approprie les événements historiques pour en faire son miel.
  8. DECEMBRE: Elémentaire mon cher Waston! A vos classiques policiers ou romans noirs!
  9. JANVIER: Il y a toujours des auteur(e)s censuré(e)s ou controversé(e)s, ce sera le moment de les découvrir ou de les relire.
  10. FEVRIER: normalement en février on savoure les crêpes, la dentelle tentatrice des romans érotiques sera à l'honneur.
  11. MARS: duel féminin? Les deux grandes Marguerite (Yourcenar et Duras) au coeur des lectures et des échanges.
  12. AVRIL: on ne se découvre pas d'un fil aussi pourra-t-on piocher dans une oeuvre du siècle de son choix.
Comment participer?

Le dernier lundi de chaque mois Fanny et Moka publieront les chroniques reçues par mp FB pour une intégration directe dans leur billet.
Il sera possible de déposer son lien en commentaire.


lundi 26 avril 2021

Le bonheur mode d'emploi?

 


« Le ministère du bonheur suprême »
emporte, sur un quart de siècle (entre 1990 et 2015), le lecteur des quartiers surpeuplés du vieux Dehli aux quartiers en plein essor du New Dehli en passant par le Cachemire et ses vallées peuplées de partisans.

On rencontre un groupe étrange, celui des hirajs, vivant dans une vieille demeure, la Khwabgah dite la Maison des rêves. Anjum, qui fut auparavant Aftab, l'a rejoint pour vivre pleinement sa vie de femme dans un corps d'homme qu'elle transforme peu à peu. On la retrouve, après une errance, déroulant un tapis élimé dans un cimetière de la ville devenu son foyer. Anjum parle avec les esprits, dort parmi les tombes, apprivoise le monde mystérieux et dérangeant des morts.

Un trio de copains, Naga, Musa et Biplab, gravite autour d'une jeune fille, belle insaisissable, l'incroyable S.Tillotama, à la fois absence et présence au sein de leur vie. Ils se sont connus à l'Ecole d'Architecture et ont joué ensemble au théâtre.

Un bébé apparaît une nuit, sur un trottoir, dans un tas d'ordures : personne n'a rien vu, personne ne sait à qui il peut être.

Les tiroirs s'ouvrent, se ferment pour se rouvrir encore : les histoires et les amours se croisent, s'éloignent, forment un tissage extraordinaire des destins liés à l'histoire de l'Inde.

Ce roman est tellement protéiforme, gigantesque par ses thématiques et ses histoires à tiroirs telles des matriochkas que l'on ouvre pour découvrir qu'il y en a encore une, et encore une, et encore une jusqu'à ce que l'auteure, Arundhati Roy, extirpe le dernier lambeau d'un récit picaresque souvent, rocambolesque parfois, stupéfiant et toujours jubilatoire : le happy end est à l'image du roman... joyeusement triste.

Aux côtés d'Ajum, on se plonge dans le monde étonnant des hirajs, craintes et admirées, vivant cependant dans des conditions parfois sordides. Elles sont tolérées malgré la répulsion qu'elles provoquent dans la majorité de la population. On la suit dans l'adoption, malgré elle, de la petite Zainab, abandonnée à l'entrée de la grande mosquée du quartier. Ajum, parce que la fillette est souvent malade, ira au dargah de Hazrat Gharib Nawaz à Ajmer où elle subira les dommages collatéraux des attentats du 11 septembre 2001, à savoir les violences au Gurajat en 2002. Ajum ne s’en remettra pas de sitôt et quittera la Khwabgah pour échouer dans le cimetière dont elle deviendra la figure emblématique et tutélaire.

L’épisode du bébé abandonné dans le tas d’ordures sur un trottoir au Cachemire est un écho à l’adoption de Zainab. Tilo recueillera l’enfant comme Ajum recueillit Zainab, telle une passerelle entre les personnages puisque Tilo viendra vivre dans le fameux cimetière transformé en Jennat Guest House, les prix défiant toute concurrence mais l’acceptation de la location dépend du bon vouloir d’Ajum.

 

« Le ministère du bonheur suprême » est un roman fabuleux, difficile à résumer car tellement dense, dans lequel la beauté et le sordide se côtoient, dans lequel la tolérance bouddhiste peut être étouffée par les violences et les tortures au Cachemire. L’amour, dans toutes ses acceptions, est un fil conducteur indéniable que l’on suit avec fascination.

Le tour de force d’Arundhati Roy est de rendre visible l’invisible et de réaliser un portrait de l’Inde contemporaine sans concession ce qui peut être parfois dérangeant et souvent touchant. Les laissés pour compte du bond en avant indien s’expriment sous la plume de l’auteure, ils s’expriment à loisir sur les mutations et les crises de leur pays. Elle réussit également à montrer combien il peut être dangereux d’être musulman en Inde avec la montée des nationalismes. Ajum est tout cela en même temps ce qui donne à ce personnage une force extraordinaire.

 

J’ai été happée par le tourbillon du récit qui ouvre sans cesse des portes sur d’autres récits, échos de tout ce qui fait l’Inde.

 

Traduit de l’anglais (Inde) par Irène Margit

 Si vous souhaitez en savoir plus sur les hirajs c'est ici

Quelques avis :

Babelio  La cause littéraire  En attendant Nadeau  Sens critique  L'étagère à livres  Rachel   

Lecture commune lue dans le cadre 



jeudi 22 avril 2021

Le restaurant de l'amour retrouvé

 


A la suite d'un chagrin d'amour, Rinco, jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix. Le choc émotionnel qu'elle a subi est violent : l'appartement qu'elle partage avec son fiancé hindou est entièrement vide à son retour du travail. Il ne reste rien de ses ustensiles de cuisine acquis à force d'économies, il ne reste rien du tout même pas les économies conservées dans une boîte au fond d'un placard. Rien de rien et sans avoir rien vu venir. Il y a de quoi en perdre la voix.

Abattue, anéantie, Rinco s'abîme dans ses souvenirs et se rappelle de la présence de la jatte héritée de sa grand-mère maternelle, la jatte de saumure transmise de génération en génération au sein de la famille. Le fiancé indélicat l'a-t-il emportée avec lui ? Heureusement, il n'en est rien, la jatte mise au frais sur le palier est là, chaleureuse et souriante. Ainsi, tout n'est-il pas perdu pour Rinco.


Elle décide de retourner dans son village natal pour prendre un nouveau départ. Les souvenirs refont surface le temps du trajet, les prunes en saumure sont ses madeleines de Proust.

Il n'est pas facile de faire le voyage en sens inverse quand ce sont les contingences matérielles qui vous y obligent. Rinco doit se faire à l'idée de retrouver sa mère, Ruriko, femme fantasque dont l'animal de compagnie est un cochon femelle appelé Hermès. La tendresse n'est pas ce qui lie les deux femmes ; cependant la mère prête à sa fille de quoi ouvrir un restaurant. A charge pour elle de s'occuper d'Hermès.


Son restaurant n'est pas un restaurant ordinaire : elle ne dispose que d'une table et ne travaillera que sur commande afin que les convives-clients prennent le temps de savourer les plats qu'elle leur aura préparé.

Donner le temps au temps tel est le credo de Rinco qui vit au rythme des saisons et des largesses offertes par la nature. Le temps, si précieux car insaisissable, apologie de la lenteur … le nom idoine sera trouvé : « L'escargot ». « « Mon restaurant, je voulais en faire un endroit à part, comme un lieu déjà croisé mais jamais exploré. Comme une grotte secrète où les gens, rassérénés, renoueraient avec leur vrai moi. »

Rinco découvre rapidement que son art culinaire, son amour des produits locaux d'excellence, son amour du travail bien fait, son amour du mariage des saveurs, rendent les gens heureux.

Préparer des plats respectueux des ingrédients et de ceux qui les savoureront est un bonheur bilatéral.

On suit la jeune femme lors des cueillettes de champignons sauvages ou des grenades délicieusement acide, juste ce qu'il faut pour sublimer un curry de remerciement. Quand Rinco remercie ce n'est pas avec des mots mais avec des mets.


L'auteure, Ito Ogawa, emporte le lecteur au gré des recettes qui mettent en émoi ses papilles : on est au cœur de la cuisine de Rinco, on est avec elle quand elle déguste des navets rouges blottis sous la neige, on sent les flaveurs, les odeurs délicates de la cuisine. On entend les aliments chanter quand elle les prépare avec son cœur. On entre, grâce à son écriture, dans un monde intimiste où la sensibilité et la délicatesse se trouvent dans chaque tableau. Le silence est une réponse face à une violence subie, le silence magnifie le rapport au monde de l'héroïne qui, au fil des souvenirs et des échanges avec sa mère, approchera le secret familial.

« Le restaurant de l'amour retrouvé » est le roman d'une perte transformée en une richesse douce amère : Rinco recrée des liens avec sa mère sans parvenir à lui dire « merci » de vive voix. Perte d'un amour, perte d'une voix, mais réconciliation avec ce qui semblait à jamais déchiré.

J'ai savouré chaque page du roman, je me suis perdue avec délice dans un florilège de saveurs et d'odeurs au point de me voir, juste derrière Rinco, à observer et admirer ce qui est délicieusement décrit sous la plume de l'auteure. La traductrice a réussi de belle manière à traduire ce texte tout en émotions sensorielles et introspections délicates.

Une première rencontre des plus réussies !

Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako


Quelques avis :

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Lu dans le cadre



mardi 20 avril 2021

Vive les makis!

 


Aujourd'hui, en fin de matinée, j'ai eu une subite envie de makis.

Je n'ai pas utilisé mon kit à makis, j'ai sorti la natte à makis du placard... une première depuis des années.

Je me suis inspirée de la recette de Nolwenn car j'avais ce qu'il fallait dans le frigo : feuilles d'épinard, filet de tofu à la japonaise, shiitake et carotte.


J'ai préparé les shiitake à la poêle avec de l'huile d'olive, un petit oignon rouge, une petite gousse d'ail et déglaçage à la sauce soja. J'ai salé, poivré et ajouté du gingembre moulu puis j'ai réservé.

J'ai râpé la carotte avec la râpe de la mandoline.


Cuisson du riz :

  • 200g de riz gluant qu'il faut rincer plusieurs fois jusqu'à ce que l'eau soit claire.

  • 230 ml d'eau pour recouvrir le riz, dans une casserole avec couvercle. Porter à ébullition puis laisser cuire à feu moyen 2 à 3 minutes. Ensuite laisser cuire à feu doux pendant 12 minutes.

  • Après avoir éteint sous la casserole, ne pas ôter le couvercle, laisser reposer 10 minutes.

  • Mettre le riz dans un saladier et verser ce qu'il faut de vinaigre de riz.

  • Attendre que le riz refroidisse.


Confection des makis :

  • Etaler la natte en bambou, poser une feuille de nori (attention au sens de la natte sinon il y aura une mauvaise surprise lors du « roulage »)

  • Tremper les mains dans un saladier d'eau froide puis prendre du riz et l'étaler sur la feuille de nori.

  • Laisser 1 bon centimètre en haut et en bas pour fermer la feuille de nori..

  • Disposer les feuilles d'épinard, puis les fines lamelles de filet de tofu, ensuite un peu de shiitake et enfin un peu de carotte râpée.

  • Commencer à rouler le maki, ne pas oublier de presser régulièrement pour que les ingrédients soient bien agglomérés.

  • Fermer la feuille de nori. Ne pas hésiter à rouler en serrant dans la natte le maki..

  • Tremper un couteau bien tranchant dans l'eau froide puis procéder à la mise en larges rondelles du maki. Nettoyer le couteau entre chaque découpe.


Pour la sauce : de la teriyaki


Bon appétit !

Crédit photo: moi

Je me suis inspirée de la recette de Nolwenn

Cuisiné dans le cadre



lundi 19 avril 2021

Le roman du Brexit?

 


Les héros de « Bienvenue au club » ont vieilli, ils ont la cinquantaine bien tassée, la vie n'a pas forcément tenue toutes ses promesses et pourtant …. on les suit avec bonheur et enthousiasme dans les méandres de leurs regrets, de leurs réussites, de leurs rêves aboutis ou encore à réaliser.

Benjamin, Philip et Doug sont devenus époux et pères, les uns sont restés dans la région de Birmingham, un autre a cédé aux sirènes londoniennes et aux riches héritières.

L'Angleterre de Thatcher est derrière eux, les conflits sociaux et la guerre civile avec l'IRA également. Il y a eu l'idylle travailliste avec un Tony Blair Premier Ministre, les JO de 2012, la bulle de la City, le multiculturalisme londonien ravissant tout européen convaincu.

Les lendemains déchantent lentement mais sûrement. Comment en est-on arrivé là ?

 

2011, les émeutes bouleversent le paysage social britannique : l’Angleterre montrait une tolérance de bon aloi, les Bobbies ne sont pas armés, cas unique en Europe, tout est remis en question lors de l’interpellation d’un jeune noir. Le feu qui couvait s’attise pour gagner la rue, pour une escalade dans la violence : les grandes enseignes sont saccagées parce qu’elles représentent le pouvoir mais ça, le pouvoir ne veut pas le considérer ainsi. Ian Coleman, le mari de Sophie se fait agresser alors qu’il tente de s’interposer, le fossé s’élargit entre elle et sa belle-mère qui cite Enoch Powel et son discours des « fleuves de sang ». Les JO de 2012 ne parviendront pas à gommer le fossé séparant les gens ordinaires des « intellectuels » et des politiques.

La famille Trotter traverse la période mouvementée comme elle peut : Benjamin présente enfin son roman à Philip devenu éditeur, Lois oscille entre retourner auprès de son époux, Christopher Potter, et poursuivre leur modus vivendi, Sophie décide de ne plus prendre de petit ami au sein de son cercle professionnel, l’université, elle en a soupé des intellectuels. Elle épouse un moniteur de conduite qu’elle a rencontré lors d’un stage de conduite obligatoire suite à sa verbalisation pour excès de vitesse : ils n’ont rien en commun mais construisent un avenir ensemble. Doug est devenu journaliste politique et chroniqueur incontournable, toujours à l’affut du bon mot ou du tuyau qui fera un bon papier.

Puis arrive le gouvernement de coalition de David Cameron : il promet un Référendum sur la sortie ou non de l’Union Européenne. Le couperet est sans appel : ce sera le Brexit. Coup de tonnerre parmi l’élite anglaise qui s’attendait à tout sauf à ça.

« Comment en est-on arrivé là ? » se répètent en boucle Benjamin, Philip, Doug, Lois ou Sophie. Le Brexit peut-il devenir un argument pour divorcer ? Sophie s’éloigne de son époux, Benjamin retrouve un ancien copain de collège, qui n’est pas entré à « King William College », devenu amuseur dans les goûters d’enfants. Lois est en proie à ses vieux démons.

Le regard doux-amer de Jonathan Coe parcourt « Le cœur de l’Angleterre », sa plume élégante, délicatement ironique, mettent en scène la perte des êtres chers ou des idéaux, le passage, inexorable du temps, ce sable glissant entre les doigts des personnages. Il y a l’observation critique des relations humaines aussi bien au sein de l’intime que dans la société, dans laquelle la tendresse est toujours présente.

« Le cœur de l’Angleterre » est également un roman qui explore, malicieusement, les sources des crispations actuelles, celles qui délitent, avec violence, le tissu socio-culturel et intellectuel d’aujourd’hui : le politiquement correct dont la captation du langage ôte toute aspérité, et ce dans tous les domaines. Sophie en fera les frais lorsque la fille de Doug, la terrible Coriandre, s’insurge en lieu et place d’une jeune étudiante transsexuelle ce qui provoque sa mise en congé. L’austérité implacable renforce le nationalisme ainsi que le sentiment d’identité. Ces démons ne sont pas joyeux, ils sont inquiétants au point de provoquer, parfois, un repli sur soi. Ils sont omniprésents aujourd’hui puisque le terrain est dégagé pour laisser libre cours à la « cancel culture », le glas insupportable de la négation de ce qui fait la richesse de la création artistique.

Que faire pour réagir ? Quitter le pays pour aller vivre outre-Manche ? Les moulins se ressemblent-ils dans les Midllands  et en Provence ? « Adieu to old England » rythme le roman en une partition nostalgique d’une époque révolue.

Un roman jubilatoire, et une délicieuse satire sociale, qui pose les bonnes questions sur notre aujourd’hui toujours plus inquiétant.

 

Traduit de l’anglais (RU) par Josée Kamoun

 

Quelques avis :

Babelio  Tu vas t'abîmer les yeux  La Croix  Mots pour mots  Actualitté  Anita

Lu dans le cadre





dimanche 18 avril 2021

Bataille des Anciens et des Modernes

 


« Jusqu'au milieu du XXe siècle, les tanukis, emprunts d'habitudes frivoles, partageaient aisément leur espace vital avec les paysans. Leur existence était douce et paisible.
Mais le gouvernement amorce la construction de la ville nouvelle de Tama. On commence à détruire fermes et forêts. Leur habitat devenu trop étroit, les tanukis jadis prospères et pacifistes se font la guerre, l'enjeu étant de conserver son bout de territoire. Efforts dérisoires car la forêt continue de disparaître...
Les humains, avec qui ils ont appris à cohabiter, font preuve d'un expansionnisme inexpliqué. Les chefs de clans coordonnent la riposte. Un plan est établi sur cinq ans : le temps pour les animaux d'étudier les humains et de réveiller leur pouvoir de transformation. Il va falloir tenter d'effrayer les humains en évoquant peurs et superstitions. Les solutions les plus farfelues sont expérimentées. »


J'ai quitté l'univers nostalgique de « Souvenirs goutte à goutte » pour entrer avec "Pompoko" dans celui, plus délirant, des tanukis, petits canidés ressemblant aux ratons laveurs.

Dans la mythologie japonaise, le tanuki est un des « yokai » (esprits) de la forêt.

Il existe chez les tanukis, comme chez les renards (ou kitsune), deux catégories : les tanukis dotés du pouvoir de transformisme et les autres. Les premiers organisent et orchestrent les ripostes jusqu'au bout de leurs forces et de leur espoir ; il leur en faudra beaucoup pour tenter de repousser l'expansionnisme des hommes.


Isao Takahata évoque la forte croissance démographique du Japon des années 1960 alors que l'emprise de l'occupation américaine disparaît peu à peu. Il n'y a pas assez de logements aussi le pays met-il sur pied des programmes de construction gigantesque induisant la destruction des paysages traditionnels d'une campagne grignotée au nom de la modernité.

Les années 60 amorcent ce qui ne sera qu'un moment M dans l'histoire occidentale, « Les trente glorieuses » époque au cours de laquelle les progrès technologiques, la demande exponentielle de produits de consommation, font oublier la symbiose entre l'homme et la nature.

Les anciennes valeurs ne pèsent pas lourd dans la balance économique et sont vite remisées dans les placards de l'Histoire : il n'est plus l'heure de respecter la nature et les divinités qui s'y rattachent, il est l'heure, pour l'homme japonais, d'avancer et d'oublier ses racines au nom du progrès.

D'ailleurs, quand les sages tanukis unissent leurs forces mentales pour organiser un défilé d'esprits et de figures mythologiques pour frapper les humains et leur faire comprendre que la coexistence des deux univers ne peut perdurer ainsi, les gens sont persuadés qu'il s'agit un défilé organisé par un parc d'attraction. Le combat des tanukis semble vain et voué à l'échec au point que pour survivre il n'y aura qu'une seule échappatoire : se déguiser en humain pour s'adapter à la vie citadine. Et les autres, que deviennent-ils ?

Dans la scène du bateau construit par un des Shikoku (maîtres, vénérés par les humains) survivants pour quitter le rivage hostile d'une contrée devenue inhabitable pour les tanukis, il y a un peu du départ, dans "Le seigneur des anneaux", des Elfes du Havre Gris pour rejoindre, sans espoir de retour, les Terres Immortelles. Les tanukis non transformistes s'exilent pour des terres inconnues. Est-ce la métaphore de la disparition des espaces naturels au profit délétères des espaces urbains ? Pour moi, c'est une évidence. Le départ des derniers tanukis est l'adieu à l'ancien Japon qui ne peut faire face à la marche de la modernité.

Ce que vivent les tanukis transformistes c'est ce que vit l'homme moderne exilé dans les villes, coupé de la nature malgré sa domination sur cette dernière.

L'espoir d'une prise de conscience est en gestation, ténu mais présent : un des tanukis-humains suit un soir un des siens pour s'apercevoir qu'ils se sont adaptés aux parcs au cœur de la ville nouvelle de Tama, près de Tokyo, et vivent leur vie insouciante de tanukis.


« Pompoko » est un film d'animation au rythme soutenu avec des clins d'oeil à l'histoire culturelle du Japon, entre combats de samouraï, de sumos, de super-héros de manga et et les allusions à Porco Russo, Totoro ou Kiki.

Takahata fait des tanukis de petits animaux dotés de multiples petits défauts, souvent adorables, qui les rendent attachants et sympathiques. On rit, on éprouve de la peine au fil des actions désespérées pour restaurer le monde ancien... on se dit, surtout, que le film est précurseur : aujourd'hui les trente glorieuses ne sont plus qu'un souvenir doux-amer laissant place à des enjeux gigantesques dont l'homme n'a pas encore pris la complète mesure. La nature, à un moment, à force de dévastations au nom d'un progrès de plus en plus illusoire, ne pourra que se rebeller et signifier à ses hôtes que la partie est finie.


Film à partir de 7 ans.

Quelques avis:

Kanpai  Sens critique  Tokonoma

Visionné dans le cadre



jeudi 15 avril 2021

I love you so mochi

 


Kimiko
, lycéenne californienne d'origine japonaise, prépare son entrée dans une université d'art réputée. Son avenir semble tout tracé, or elle ne parvient plus à peindre et a lâché son cours de peinture depuis plusieurs mois. Tout s'emballe quand sa mère apprend cela, Kimiko ne sait plus où elle en est et surtout ne sait plus vers quelle voie se diriger. Une seule certitude : elle adore la mode, dessiner des tenues, inventer des associations de tissus ; sa dernière œuvre ? Une robe réalisée à partir de papiers de bonbon pour une de ses meilleures, Bex.

Pour tenter de remettre de l'ordre dans sa vie d'adolescente, Kimiko accepte l'invitation de ses grands-parents maternels : les rejoindre pour les vacances de printemps.


Elle ne connaît ses grands-parents maternels que par photos interposées, sa mère les boudant depuis son mariage avec un japonais des Etats-Unis.

A peine arrivée à Kyoto, Kimiko se perd dans les allées d'un parc où les cerisiers en fleurs offrent un spectacle à couper le souffle. Elle admire le paysage et les tenues extravagantes des jeunes filles japonaises.

Au détour d'un stand de mochi, elle assiste à une danse originale : un mochi géant qui à force de se déhancher se retrouver les quatre fers en l'air. Ainsi, Kimiko fait-elle la connaissance d'Akira, neveu du fabricant de mochis.

Tout de suite, les jeunes gens se plaisent sans se le dire, ils flânent ensemble jusqu'à l'heure du départ du train amenant Kimiko chez ses grands-parents. Kimi donne son numéro de portable à Akira qui veut l'aider à trouver sa voie avant la fin des vacances.


Pendant deux semaines, Kimiko vit au rythme d'un Japon qui l'enchante et l'interpelle, au rythme des visites dans les lieux mythiques de l'ancienne capitale impériale, lieux qui mettent en ébullition sa créativité. Elle apprend à découvrir ses grands-parents, parvient à apprivoiser sa grand-mère au point qu'elles vont ensemble acheter tissus et matériel de couture dans les vieux quartiers de Kyoto. Sa grand-mère et elle ont un point commun : la couture et l'amour de la création de vêtements.


« I love you so mochi » est un roman d'apprentissage d'une agréable fraîcheur : on suit la jeune héroïne dans ses questionnements existentiels, dans sa quête de soi, dans l'éclosion d'un amour adolescent adorable. Avec elle, on s'extasie sur les cerisiers en fleurs, les maisons traditionnelles de Kyoto, les mets japonais, notamment les mochis, le quartier des « fantômes », le magasin de tissus extraordinaire tenu par une amie de son obaasan (mamie en japonais) ou encore la mercerie vieille de quatre cents ans présentant des épingles à tête en forme d'animal, de fleur ou de personnages des contes traditionnels.

Kimiko reviendra en Californie en sachant ce qu'elle souhaite faire et en apportant le renouveau des liens entre sa mère et ses grands-parents.

Avec douceur, Kimiko, grâce à la patience et l'amour d'Akira, brisera le cercle fatal de la peur de décevoir sa mère. Cette peur avait coupé les liens de sa mère avec ses parents, posant une chappe de plomb sur une partie des racines familiales.

Sarah Kuhn évoque, brièvement mais à point nommé, un volet de l'histoire américaine lors de la Seconde Guerre mondiale : après Pearl Harbour, la communauté japonaise installée depuis presque deux siècles en Californie, est spoliée de ses biens et internée dans des camps. Un épisode traumatisant pour une génération de Japonais américain et étouffé par la geste américaine.


J'ai apprécié « I love you so mochi » pour son thème sur l'adolescence qui se cherche, se questionne, se perd pour enfin se retrouver et prendre son envol. Mais aussi pour les saveurs du Japon traditionnel au cœur de Kyoto, notamment la démonstration de la fabrication des mochis.

Un roman très kawaï tout en étant sérieux dans les thématiques abordées : l'adolescence peut-elle être comme le mochi ? Acidulée et pleine de surprises ? Sans doute... certainement....

Traduit de l'anglais (USA) par Camille Cosson

Quelques avis:

Babelio  Sophie lit  Temps de mots  Galleane  Livrest-ce de la nuit  Comme dans un livre  Livraddict

Lu dans le cadre




mardi 13 avril 2021

Nostalgie à la japonaise

 


Autant je connais une grande partie de la filmographie de Hayao Myazaki, autant celle d'Isao Takahata m'est quasi inconnue, je n'ai vu que « Le tombeau des lucioles », admirable et poignant.

Le Challenge « Un mois au Japon » m'a ainsi offert l'opportunité d'élargir mon éventail de films d'animation japonais.

J'ai choisi de visionner « Souvenirs goutte à goutte » parce que le thème des souvenirs d'enfance me plaisait et m'évitait de sortir de ma zone de confort.

 

La narratrice, Taeko, égrène, « goutte à goutte », ses souvenirs d'enfance quand elle part en séjour à la campagne. Elle a 25 ans, est toujours célibataire et vient de refuser le parti proposé par sa famille. Elle part aider à la cueillette des fleurs de carthame (Carthame ou Safran du teinturier) dans une famille paysanne, à la campagne. Très vite, le voyage puis le séjour prend une dimension de voyage intérieur car dans ses bagages, Taeko a emporté la fillette de CM2 qu'elle était en 1966.

 

Chaque souvenir est une scène baignée de clarté douce, lointaine et proche, on touche du doigt la sensibilité de Taeko, petite fille étrange et aux résultats désastreux en mathématiques. Elle est la benjamine d'une « fratrie » de trois sœurs dont les deux aînées sont déjà adolescentes.

La scène, charmante, du premier amour : Taeko et un garçon d'une autre classe se retrouvent face à face au retour de l'école. Hésitations, rougissements, puis le garçon ose une approche... déconcertante, « Entre les jours pluvieux, nuageux et ensoleillés, quel temps tu préfères ? » Taeko ménage le suspense et prend son temps pour répondre un « nuageux », en écho le garçon dit « Comme moi » avant de détaler comme un lapin.

Le Japon des années soixante n'est pas facile pour une fillette de 10 ans : une mère effacée et dévouée à son époux, des sœurs adolescentes bavardes, pénibles et autoritaires envers elle, une grand-mère... et surtout un père qui ne sort de ses silences que pour imposer son point de vue. Il y a les grands espoirs et les petites déceptions qui construisent la Taeko devenue adulte.

 

Isao Takahata met en scène une très belle fresque dans son film d'animation tout en rondeurs crayonnées et en introspection empreinte de tendresse.

On est dans le monde onirique tout en étant ancré dans le réel par cette jeune femme qui se remet en question à un tournant de sa vie.

 

J'ai aimé la manière de relater la vie de Taeko : l'auteur alterne le présent et les scènes du passé, celui de l'année des 10 ans de l'héroïne. On peut remarquer le thème, mis en avant, des valeurs traditionnelles, de la vie saine et paisible de la campagne, proche de la nature, la vie au sein d'une communauté solidaire, le respect de la nature et celui du travail agricole, notamment les balbutiements de l'agriculture biologique au Japon.

La nostalgie berce le film au point que ce sentiment accompagne toute la narration. Quant à la chute, il faut être patient et rester jusqu'au bout du générique de fin. J'adore ce procédé !

A noter qu’on ne peut le visionner qu’en VOSTF (Version Originale Sous-Titrée en Français) ce qui implique la capacité de lire rapidement. Je suis une inconditionnelle des films en VOSTF aussi ai-je adoré entendre les sonorités de la langue japonaise.

Quelques avis:

Films pour enfants  Sens critique  Buta connection  Kanpai


Visionné dans le cadre




lundi 12 avril 2021

Vous prendrez bien un p'tit mochi!

 

(crédit photo: internet)

Dans le cadre du Challenge "Un mois au Japon", j'ai voulu réaliser une gourmandise japonaise, célébrissime depuis la sortie du film "Les délices de Tokyo" réalisé par Naomi Kawase d'après le roman éponyme de Durian Sukegawa, le si mignon mochi.

Entre vouloir et pouvoir il y a toujours chez moi un grand pas à combler: il me manquait l'ingrédient essentiel, la farine de riz gluant, introuvable en coop bio et en supermarché. Guingamp n'est pas Saint-Brieuc, ni Rennes et encore moins Paris, aussi les épiceries asiatiques ne courent-elles pas les rues. D'ailleurs, elles sont inexistantes.

Comment faire? J'ai regardé sur internet et ai vu une astuce, à priori sympathique: moudre au Thermomix du riz gluant, que j'ai en stock puisque j'aime préparer les makis. Me voilà à réduire en poudre fine le riz gluant. J'ai tamisé, deux fois, et suivi les conseils d'un blogueur cité par Hilde, las!, je n'ai pas réussi à obtenir la bonne texture type "guimauve" qui fait le charme du mochi. Ce n'était pas mauvais mais il manquait ce petit quelque chose qui aurait apporté une dimension japonaise.

Aujourd'hui j'ai commandé de la farine de riz gluant sur internet. Je n'aime pas acheter de cette manière mais parfois je n'ai pas vraiment le choix. Je ne suis pas allée sur le site du géant américain bien connu pour maltraiter ses employés et ne pas s'acquitter l'impôt en France, j'ai limité les dégâts.

Je ne m'avoue pas vaincue, je réitèrerai la recette quand je réceptionnerai ma commande de farine.

Recette:

250g de riz gluant

40g de sucre

250g d'eau.

- Réduire en fine poudre (avec un mixeur puissant) le riz, le tamiser au moins deux fois pour obtenir ce qui se rapproche le plus d'une farine.

- Mettre la "farine" dans un saladier allant au micro-ondes.

- Ajouter le sucre et l'eau. Bien mélanger.

- Recouvrir d'un film puis mettre 30" au micro-ondes. Mélanger. Réitérer le processus jusqu'à obtention de la consistance souhaitée.

- Fariner avec de la fécule de maïs le plan de travail, faire de même avec les mains.

- Découper le pâton en 12 parties égales (j'en ai fait 10) puis aplatir la boule pour déposer la garniture choisie (de la pâte à tartiner bio).

- Refermer le mochi puis faire rouler dans la main pour l'arrondir.

- Déguster!

Mes mochis:



Réalisé dans le cadre:




samedi 10 avril 2021

Chat-tittude chapitre 3

 


Le synopsis :

« Kensuke Fuji est un amoureux inconditionnel des chats, cet amour n'est cependant pas réciproque, les chats ayant tendance à le fuir comme la peste. Il fait un jour la rencontre de Jin Nekoya, un « maître-chat » prêt à lui enseigner ses techniques secrètes pour se faire aimer des félins. »


Que nous réserve le troisième opus de « Félin pour l’autre » ?

Kensuke continue son initiation en tant que padawan du Maître-chat Jin Nekoya, Koharu s’investit de plus en plus aux côtés de son ami et Tora grandit

Notre jeune héros s’améliore et connaît une grande partie des subtilités de la gente féline. La rentrée scolaire a eu lieu, il est temps pour lui de faire quelque chose en rapport avec sa passion : quoi de mieux que de créer un club consacré aux chats, un « cat-club ». Or, pour ouvrir un club au sein du lycée, il faut qu’il y ait au moins trois membres et il n’y en a que deux, Kensuke et Koharu. Comment trouver le dernier membre ?

Une fois encore, l’esprit soupçonneux de Koharu se met en branle. Un nouvel élève est arrivé au lycée, il porte l’uniforme de son ancien lycée et porte d’étranges cicatrices sur le visage. Un ancien loubard ? Toujours est-il qu’il n’inspire pas confiance tout en intriguant car il se murmure son surnom « le loubard à chats ». Ce qui intéresse beaucoup Kensuke qui se rend compte que c’est Ichijô qui a brossé tous les chats de gouttière du quartier. L’épisode du duel entre les deux garçons est autant surprenant qu’hilarant d’autant que la chute est inattendue. Ahhh, qui du sac plastique ou du carton aura la préférence du jury, en l’occurrence un chat ? Mon petit doigt me dit que ce sera un match nul..

 

Successivement, au cours de ce troisième tome, nous apprendrons pourquoi Kôtarô Ichijô porte autant de cicatrices sur le visage et sur les bras : c’est l’amour vache entre son chat angora noir, Schwartz, et lui. Les démonstrations sont impressionnantes et interpellent : pourquoi tant de violence ? Ichijô a aussi ce genre de relations d’amitié avec ses anciens comparses.

Nous apprenons ensuite que Tora a des sentiments d’autant qu’il est le narrateur de l’épisode. Avoir le point de vue d’un chat peut être riche d’enseignements.

Tora essaie de faire comprendre à son jeune maître que s’il a des mouvements d’impatience envers lui c’est uniquement parce qu’il a une mission de la plus haute importance : surveiller et défendre leur territoire, surtout quand le Maître est absent… le padawan manque encore d’envergure.

Si vous l’saviez ma brave dame qu’il est compliqué d’éduquer un humain ! Tora a beaucoup de patience, d’empathie et une gourmandise incroyable, excellente aide empathique s’il en est.

Enfin, la question des moyens de communication félins est posée. Une fillette s’inquiète de la disparition de son chat absent depuis une bonne semaine. De fil en aiguille, nous apprenons qu’elle culpabilise parce qu’elle a grondé son chat, Marimo, qu’elle adore, comme elle a été une fois rouspétée par ses parents suite à une grosse bêtise. Elle pense qu’il lui en a voulu et qu’il s’est enfui pour ne plus la voir. En désespoir de cause, elle a collé un rituel magique à hauteur de chat près de sa maison. Devinez quoi !!!! Les chats du quartier se sont passés l’information, le Maître une fois tous les éléments en main est allé récupérer Marimo à trois cents kilomètres de là : l’imprudent siestait dans la remorque d’un camion qui l’a fait voyager sans crier gare.

Le mode de communication félin est-il une légende ou existe-t-il vraiment ? Nous aurions envie d’y croire, un peu comme dans la scène du film « Les 101 dalmatiens » où les chiens diffusent l’avis de recherche de Pongo et Perdita. Le miaounet existe certainement sans pour autant être accessible au commun des humains. Nous apprenons qu’un seul miaulement correspond à 106 000 caractères du langage humain… comme Koharu je m’interroge : info ou intox de la part de l’auteur ?

Nous connaissons les chiens sauveteurs, nous connaissons peu de chats sauvant la vie de leur maître. Ginji est un énorme chat, un pacha trônant dans la boutique de sucreries tenue par une vieille dame. Par amour et reconnaissance pour elle, il endure les câlins et autres gratouilles énervantes de la clientèle enfantine. Un jour, peu après le départ de Kensuke et Koharu du magasin, la vieille dame tombe. Affolé, Ginji ne sait pas quoi faire, il doit se bouger mais est gêné par son poids. N’écoutant que son courage et son amour pour la vieille dame, il trottine à toute allure dans la rue pour rattraper les deux jeunes lycéens. Kensuke comprend rapidement que c’est un appel à l’aide et sent que quelque chose de grave est arrivé à la maîtresse de Ginji. Les secours arrivent à temps pour la sauver.

Moralité, il n’y a pas que les chiens à être fidèles !

A noter que les dessins représentant le grassouillet Genji en train de trottiner sont hilarants et vraiment réalistes.

Je suis irrémédiablement fan, voilà, c’est dit et écrit.

Traduit et adapté du japonais par Julien Pouly

Quelques avis

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Lu dans le cadre



Chat-ittude chapitre 2

 


Le synopsis :

« Kensuke Fuji est un amoureux inconditionnel des chats, cet amour n'est cependant pas réciproque, les chats ayant tendance à le fuir comme la peste. Il fait un jour la rencontre de Jin Nekoya, un « maître-chat » prêt à lui enseigner ses techniques secrètes pour se faire aimer des félins. »


Le deuxième tome nous en apprend plus sur Jin Nekoya qui n’apparaîtra plus aussi louche que cela aux yeux de Koharu. Il dirige une organisation étonnante : la WWOP, ou Fédération Internationale de Protection des Chats. Ses membres sont persuadés que les chats ont beaucoup à apprendre à l’humanité. Ce qui ne pourrait pas être aussi incongru que cela, non ?

Il y a toujours autant d’humour un brin déjanté, les chats sont toujours aussi mignons et bien dessinés, Koharu est désopilante à vouloir en être sans trop s’impliquer, Kensuke est craquant dans son rôle de disciple que rien ne fera dévier du but qu’il s’est fixé.

Tout shonen rencontre un rival ou entre en rivalité que ce soit sur le plan personnel ou idéologique. Jin Nekoya n’a pas la même vision du mode de vie félin que sa rivale Yoneko Nekoyashiki propriétaire de nombreux bars à chats où les gens peuvent venir se détendre en prenant soin d’un ou plusieurs chats. Elle est absolument délirante avec son chapeau sur lequel se love un chat siamois.

Le premier prône la liberté de choix pour les chats des rues : le confort ou la liberté dans la rue, autrement dit le droit de disposer d’eux-mêmes.

La seconde estime que les chats des rues ne peuvent trouver le bonheur que dans la domestication afin de pouvoir être choyés, bien alimentés et soignés, et vivre plus longtemps. Raison pour laquelle elle a enlevé tous les chats errants du quartier.

Chacun, à leur manière, ne souhaite que le bonheur des chats. Et chacun alimente le débat, vieux comme le monde, de savoir si l’épanouissement personnel passe par le confort matériel ou le confort spirituel. Un chat « sauvage » est-il moins heureux ou plus heureux qu’un chat « domestique » ? Les contraintes de la domesticité entravent-elle le libre-arbitre des chats ? Ayant quatre chats à la maison, maison dotée d’un grand jardin, mes compagnons à pattes de velours sont libres d’aller et venir à leur guise. Une des chattes, il y a quelques années, avait fait le choix de « disparaître » quasiment deux mois car, je l’ai appris plus tard, elle accompagnait un voisin en fin de vie. Pour me rassurer elle faisait de brèves apparitions, mangeait quelques croquettes avant de filer.

Mais reprenons le fil du billet.

Un autre épisode aussi amusant qu’édifiant : celui de la rencontre entre Tora, le chaton qui ne peut sortir tant qu’il n’a pas atteint l’âge adulte, et Joe l’immense chien Saint-Bernard de Koharu. Les premiers instants de la rencontre sont agités et angoissants pour s’achever dans une atmosphère apaisante. L’épisode montre combien les chats et les chiens peuvent bien s’entendre, surtout quand le chat est jeune et le chien placide. Ils sont capables de s’entendre comme larrons en foire et faire les quatre cents coups ensemble.

Une épreuve sera imposée à Kensuke : travailler dans un bar à chats. Et qui verra-t-on entrer avec deux amies ? Koharu, bien entendu ! Notre jeune padawan sera confronté à la gestion de cinquante-et-un minets, gestion troublée par un geste maladroit d’une star qui doit se mettre dans la peau de son prochain rôle, une amoureuse des chats. Une bataille rangée impressionnante provoque la panique parmi les clients. Pourquoi les chats se sont-ils battus ? Kensuke, grâce à ses nombreuses notes prises sur le comportement des chats de l’établissement, remarquera qu’il y a trois types de caractères chez les chats et surtout cinq règles à respecter. Il réorganise le planning des chats en fonctions de leurs affinités.

Mais quels sont les fameux trois types de chats selon les observations de notre héros ? Il y a les chats qui aiment leur indépendance, ils aiment être seuls. Il y a les chats qui aiment les chats, ils apprécient vivre au contact de leurs congénères. Enfin, il y a les chats qui aiment les humains, ils préfèrent vivre avec les humains. S’ils sont contraints de cohabiter les uns avec les autres, la moindre étincelle peut provoquer un carnage.

Quant aux cinq règles, les voici : ne pas regarder un chat que l’on ne connaît pas dans les yeux, ne pas faire trop de bruit, ne pas le regarder d’en haut, ne pas faire de gestes brusques et ne pas trop se parfumer.

A bon entendeur….

Traduit et adapté du japonais par Julien Pouly

Quelques avis:

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