samedi 25 décembre 2010

De circonstance

(photo trouvée sur le Net)

Je vous souhaite, à toutes et à tous, un Joyeux Noël 2010!

Swap et Noël

Hier, pendant mon escapade au marché par un froid hivernal, le facteur a déposé le colis de Mirontaine. Ce fut Noël avant l'heure car je n'ai pas attendu le réveillon pour l'ouvrir!
Ce dernier échange de l'année m'a réservé de très belles surprises: Mirontaine a décliné les contes sur le thème des chats et petite touche émouvante, elle n'a pas oublié mes deux chatounettes, Isatis et Sécotine (mes deux petits tyrans aux pattes de velours)!

 Mais qu'il y-a-il sous cette carte féline et ce papier blanc???

Des paquets toujours très joliment présentés. On distingue un marque-page d'inspiration japonaise où le chat est mis à l'honneur.

De très belle lectures m'attendent au coin du feu...avec à mes côtés Sécotine ou Isatis et, à portée de main, un thé.



Huummm, les douceurs sont appétissantes. La préparation pour le vin chaud se dégustera bientôt...toujours au coin du feu, au creux de mon Voltaire préféré. Quant au thé vert...dégustation sans modération au gré des envies! Et ces petites sucettes carrées???  De quoi agrémenter mes envies gourmandes...j'avoue une hérésie (j'ai honte): j'aime tremper des carrés de chocolat dans mon thé brûlant...mais chuuuut, ne pas ébruiter cette déviance.

Isatis découvre son cadeau ....elle est vautrée sur son coussin préféré dans la lingerie.
Au tour de Sécotine qui a décidé de squatter la baignoire!
Que cela semble intéressant...je peux y goûter maintenant?

Mirontaine, une fois encore, a su décliner le swap au long court au gré de mes passions, avec délicatesse et harmonie. Mille et un mercis, chère Mirontaine, pour le dernier chapitre d'un échange au long court qui nous a permis de mieux nous connaître et de nous apprécier.
Un grand merci et un énorme coup de chapeau à Bladelor, chef d'orchestre de cette symphonie en quatre mouvements, qui a mené les swappeuses vers de très beaux rivages.

mardi 21 décembre 2010

Petit coup de pouce

Un site de voyage et d'évasion est proposé par Sandrine Monllor . Noël oblige, vous pourrez choisir entre l'évasion au Danemark, à Prague (soupirs de celle qui aimerait y retourner) ou à Istambul...un choix de destinations varié, une mine de renseignements bien utiles pour préparer une escapade ou un séjour.
Pour en savoir plus et se perdre avec délice dans les méandres des chemins à explorer, IDEOZ c'est ICI !

Solstice d'hiver

(photographe: moi)

L'hiver est enfin là, même s'il s'est annoncé en avance sous la neige imprévue.
Le clair de lune illuminait la nuit glaciale tandis que les cristaux crissaient sous les pas des travailleurs matinaux....Il ne manquait que plus que la Vierge des glaces si bien contée par Andersen.

lundi 20 décembre 2010

Un non anniversaire

Il était une fois, une envie d'ouvrir un blog pour y conter lectures, envies de lecture, découvertes et autres menus plaisirs d'une LCA.
Il était une fois, une pluie d'articles qui lentement s'estompe au fil du temps, alors que les lectures se suivent, s'ajoutent, s'empilent sans cesse.
Il était une fois, une panne d'écriture, page blanche sur laquelle rien de s'inscrit.
Il était une fois, une kyrielle de lecteurs aventureux, bravant avec courage et obstination les méandres des chroniques.
Il était une fois, des visiteurs sans qui Chatperlipopette ne serait pas.
Il était une fois, un blog qui fête, avec un peu de retard, ses 4 années d'existence.

Allez, Champagne!!!

mercredi 8 décembre 2010

Journées du conte

L'association les 1001 vies du conte organise des journées de rencontres à l'université Paris Diderot sur le thème "Pourquoi faut-il raconter des histoires?" Elles ont lieu du 8 au 10 décembre.
Pour en savoir plus c'est ICI

vendredi 3 décembre 2010

Le mal qui ronge

Roman d'anticipation dont le fil rouge est la mérule (nom scientifique, latin: serpula lacrymans), métaphore de notre société moderne, étouffée par la course effrénée à la consommation, à l'accès, souvent illusoire, au cercle fermé des détenteurs du pouvoir économique et politique.
Le héros, Marcus,un jeune informaticien de haut vol, devient un desperado, un solitaire, luttant à sa manière contre le rouleau compresseur qu'est "Le Centre", ce point infime irradiant le reste du pays de son attraction mortifère. "Le Centre", quintessence d'un capitalisme devenu une boîte de Pandore que personne n'ose plus refermer et encore moins orienter autrement.
Marcus traîne son mal être, entre Paris et Bruxelles, dans un décor d'empire décadent qui rappelle la chute de l'Empire romain, et l'auteur laisse transpirer, subtilement, une lecture de Suétone. Le Colisée est la télé qui offre du pain et des jeux pour anihiler la conscience, la volonté des citoyens, les gavant d'un artifice démocratique qui leur fait oublier qu'une seule chose compte: plier sous le joug d'une servitude inconsciente. Entre Paris et Bruxelles, l'agonie des hommes s'opère dans la solitude, dans l'estime de soi en déliquescence et dans la renonciation aux idéaux humanistes.
La mérule ronge lentement, patiemment mais sûrement, opiniâtre entité dont l'invisibilité met en lumière la désespérance des hommes. Marcus, tel un gladiateur rdevenu anonyme, tente d'oublier qu'il fut un terne papillon amoureux d'une étoile, factice, icône d'un "Centre" qui peut offrir des compagnes de choix à ceux qui le rejoignent sans se poser de question et surtout en laissant derrière eux leurs ultimes principes. Vera, une étrange "escort girl" sur le retour, une "Poster Girl" réservée aux revues des VIP, débarque dans sa vie et lui fait découvrir les tourments d'un amour construit sur u apprentissage aussi explosif que destructeur: les relations Sado-Masochistes poussées à l'extrême par cette femme qui ne peut éprouver de plaisir autrement que dans la douleur, la torture tant physique qu'intellectuelle, déviance outrancière d'une relation à soi-même exempte d'amour propre et d'estime de soi...la mérule ronge jusqu'aux joutes amoureuses.
"Serpula" est un roman qui, dès les premières pages, intrigue puis dérange avant de se laisser lire par un lecteur ballotté entre fascination et nausée. Fascination pour la description d'une monde qui se meurt, rongé par une mérule peut-être salvatrice, éveillant quelques consciences; nausée devant un langage souvent très crû, mais pas forcément vulgaire, qui met mal à l'aise car pointant du doigt un certain degré de pourriture dans la société moderne. Je n'ai pu m'empêcher de faire sans cesse le parallèle avec la décadence de l'Empire Romain et ses empereurs plus fous furieux les uns que les autres, entraînant dans leur folie une civilisation à bout de souffle. Un vent de soufre, de luxure, de peur et de rédemption souffle sur le roman, sur les héros ordinaires qui prônent la Révolution du bonheur, un bonheur sans contrepartie auquel tout être humain est en droit d'exiger. Un vent glacial, celui d'une dictature qui n'a aucun égard pour les libertés fondamentales de l'être humain...Il fut un temps où la dystopie éreintait le communisme triomphant, maintenant, elle fustige un capitalisme qui a depuis longtemps jeté aux orties ce qu'il pouvait avoir de meilleur dans l'Homme.
"Serpula" est-il un roman d'anticipation ou doit-il être apparenté à la dystopie, au même titre que "Le meilleur des mondes" d'Huxley ou "Farhenheit 451" de Bradbury? Elle s’oppose à l’utopie et au lieu de présenter un monde parfait, propose le pire qui soit. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu qu’à la forme littéraire et à l’intention de son auteur. D’autant que nombre d’utopies positives se sont révélées effrayantes. L’impact que ce type de roman a sur la science-fiction amène à qualifier de « dystopie » tout texte d’anticipation sociale décrivant un avenir sombre. Toujours est-il que le roman est sombre, très sombre, où le glauque est la toile de fond d'une intrigue qui se construit lentement, au rythme des murs rongés d'une société aveugle, muette et sourde, et qu'il ne laisse qu'un infime espoir, celui porté par des hommes de bonne volonté qui osent dire un jour "NON".
"Serpula" ne laisse pas indifférent, perturbe un peu et interpelle beaucoup: en ces temps de crise économico-financière qui ébranlent les hommes à l'échelle planétaire, l'argument littéraire développé dans le roman est loin d'être une anticipation sociale, ce qui lui ajoute une dimension tangible.

Je remercie les éditions Art Access pour ce joli moment de lecture

jeudi 2 décembre 2010

La citation du jeudi #12

Je suis en pleine lecture du premier tome de la pentalogie de Pierre Bordage "La fraternité du Panca: frère Ewen"...du grand Bordage, comme d'habitude, une histoire qui vous happe dès les premières phrases, de l'épique et de l'étrange, bref, tous les ingrédients pour une excellente saga SF!!

"La meute vociférante nous regardait comme les instigateurs de la révolte, les responsables directs de la mort de deux voyageurs innocents (la femme rousse et le petit homme, eux, avaient eu le sort qu'ils méritaient). Il leur fallait passer leur colère sur quelqu'un, occulter leur propre lâcheté, oublier qu'ils s'étaient tenus prêts à sacrifier une fille ou une soeur sans l'ombre d'une hésitation quelques instants plus tôt, noyer leur remords dans leur rage. Et ils nous avaient choisis pour briser les insupportables miroirs que nous leur tendions. Je l'ai constaté à plusieurs reprises dans ma vie: les foules se retournent presque toujours contre ceux qui leur révèlent leur médiocrité, les plus forts et les plus faibles, les prophètes et les simples d'esprit, les téméraires et les fautifs." (p 142)

mercredi 1 décembre 2010

Album à compter

Pour les animaux sauvages, le point d'eau, quelque soit la latitude de leur habitat, est un lieu stratégique et essentiel du cycle de la vie. C'est l'endroit unique où prédateurs et proies observent une trêve dans la lutte sans fin pour survivre. "Le point d'eau" explore ce thème au rythme du comptage et met en scène une grande variété d'espèces animales qui, par la magie de l'imaginaire et de la création, se rencontrent. Ils viennent s'abreuver en solitaire, par deux, par trois, quatre voire par dix, à la mare secrète créée par l'auteur Graeme Base. Les animaux y expriment leur satisfaction et leur bonheur de boire à la source de la vie mais au fil des passages, la mare s'amenuise jusqu'à dispaître. Puis, alors que les animaux sont partis, une goutte de pluie, suivie de millions d'autres, tombe dans la boue craquelée pour accomplir le miracle de la saison des pluies! La mare s'est à nouveau remplie, les animaux reviennent, heureux au coeur d'une flore explosant de luxuriance.
L'album à compter occupe une place à part dans la littérature jeunesse, entre l'imaginaire flambloyant de la création et l'aridité de la numération: elle offre cependant un espace de liberté où les nombres mènent une vie inhabituelle. Une liberté qui les fait parler, danser, voyager tout en restant immuables (un sera toujours 1).
C'est pourquoi, j'aime particulièrement lire ce type d'album à mes élèves: l'alliance de la beauté des illustrations, toujours, et celle des textes, souvent, leur permet d'entrer dans la logique du comptage, des chiffres et des nombres.
"Le point d'eau" non seulement invite à compter avec les enfants mais encore les emmène à être curieux: le cycle de l'eau est la partition sur laquelle se joue la vie. L'eau est un élément du quotidien, sans doute anodin en Occident, que l'on a tendance à oublier trop vite. En observant, grâce aux indications du texte, la taille de la mare qui change au fil des passages, ils peuvent appréhender ce que peut être une saison sèche et une saison des pluies...bien entendu, ils grapillent ce qu'ils peuvent à leur niveau, mais il est toujours important de semer des graines pour qu'elles restent en latence quelques années avant de germer et de participer à la construction de la connaissance et du savoir.
Avec ses illustrations magnifiques à l'aquarelle, au crayon et à la gouache, "Le point d'eau" embarque l'auditoire dans le comptage jusqu'à dix où les portes de l'imaginaire sont ouvertes...de quoi aimer les mathématiques.



(16/24)

dimanche 28 novembre 2010

Dimanche en photo 19

Pour illustrer le haïku de Bashô, cette photo automnale, prise depuis ma classe.

(photographe: moi)

Les déambulations photographiques sont aussi chez Liyah .

Dimanche poétique # 29

Ce soir, je renoue avec mon péché mignon: les haïkus. C'est Basho que je mets à l'honneur, une fois de plus.

Une rafale de vent
puis les feuilles
se reposent

dimanche 21 novembre 2010

Dimanche en photo 18

(photographe: moi)

Les hortensias prennent leurs couleurs d'un automne finissant
Les déambulations photographiques sont aussi chez Liyah !

vendredi 19 novembre 2010

La citation du jeudi #11

C'est avec un extrait de "Purge" de Sofi Oksanen, que j'officie en ce jour de la citation.

Le prix amer des rêves (titre du chapitre)
"tout d'abord, Pacha expliqua à Zara qu'elle avait une dette envers lui. Quand elle l'aurait réglée, elle pourrait partir - mais d'abord, le paiement! Et elle ne pourrait payer qu'en travaillant pour Pacha, et en le faisant efficacement, ce travail qui payait bien.
Zara ne comprit pas de quoi elle était en dette. Néanmoins, elle commença à compter combien elle avait payé pour son prêt, combien il lui restait à rembourser, combien de mois, combien de nuits, combien de douches, de pipes, de clients. Combien de filles elle verrait. De combien de pays. Combien de fois elle se mettrait du rouge à lèvres et combien de fois Nina lui ferait des points de suture. Combien de maladies elle choperait, combien de bleus. Combien de fois sa tête serait enfoncée dans la cuvette des W-C. et combien de fois elle pourrait être sûre qu'elle se noierait dans le lavabo, la main de fer de Pacha sur la nuque. La marche du temps peut se mesurer à autre chose qu'aux aiguilles, et son calendrier se renouvelait sans cesse, car de nouvelles pénalités tombaient tous les jours." (p 274)

dimanche 14 novembre 2010

Dimanche en photo 17

Pour honorer le livre de Louis Pouliquen "Mon vieux grenier en Bretagne", une photo de chemin creux, à Tréméven. Pour un peu, on verrait des korrigans pointer le bout de leur bonnet!


(photographe: moi)

samedi 13 novembre 2010

L'âme d'une région coule au bout d'une plume

Il est des livres qui au premier abord ne paient pas de mine et qui, dès les premières pages, dévoilent une âme particulière au lecteur curieux et audacieux: "Mon vieux grenier en Bretagne" de Louis Pouliquen peut entrer dans cette catégorie. En effet, l'auteur ne défraie pas la chronique littéraire, ses écrits, nombreux, n'ont pas une aura nationale et pourtant, si d'aventure on ouvre un de ses recueils, on tombe très vite sous le charme d'une belle écriture, d'une langue qui a la particularité de susciter des images, des sensations intenses comme si au bout du stylo de Louis Pouliquen coulait une âme, celle d'une région un peu sauvage, battue par les vents et la grisaille lors des longs mois noirs, les fameux "miz du", à la langue rugueuse, âpre, austère parfois, cachant derrière l'accent rocailleux, une douceur insoupçonnée...à l'image de ses paysages, de ses côtes et de ses habitants.
Lorsque j'ai commencé "Mon vieux grenier en Bretagne", j'ai été happée par la magie de ce conteur fameux que peut être Louis Pouliquen: les chemins creux défilaient sous mes yeux, empreints de mystère, parcourus par de multiples êtres minuscules, tantôt gentiment facétieux, tantôt diablotins jusqu'au bout du chapeau, que sont les korrigans, hôtes indissociables des bois, landes et forêts bretonnes. Il y a une âme qui coule au milieu des phrases, des contes, des souvenirs du "vieux pays d'autrefois", celui qui ne connaissait pas encore les balafres du progrès, les blessures du remembrement qui fit disparaître nombre de chemins creux dans le bruit des machines dévoreuses de légendes. Un "vieux pays" arc-bouté à ses talus, à sa lande sauvage, à ses champs travaillés par les pas des chevaux, ces postiers bretons à la croupe avantageuse, et des hommes vivant en symbiose avec un temps que l'on mesurait à l'aune de la clarté.
Au fil des chapitres, des souvenirs d'enfance de ce vieux monsieur charmant qu'est Louis Pouliquen, on suit les méandres d'une mémoire offerte à ses "mignonnes", ses petites-filles qui, sous leurs airs détachés, écoutent, attentives et subjuguées, les histoires du dompteur de vents ou des veillées lors des jours sombres, les concessions faites à la modernité pour que les générations futures puissent avoir un avenir plus radieux....même si le prix fut lourd: celui d'une langue qui lentement est confinée sur les genoux des aïeux, dans les campagnes reculées ou sur les ponts des bateaux.
"Le vieux pays" change sous la houlette du progrès, parfois en bien, souvent en dépit du bon sens terrien: le bocage recule sans cesse, laissant un boulevard aux vents trop heureux de s'y engouffrer pour y hurler une liberté à faire trembler les logis et à faire fuir les hôtes invibles du merveilleux qui s'enfonce dans la brume de l'oubli...les veillées ne relatent plus les nuits noires où l'Ankou aime croiser le chemin des imprudents, où les Chouans viennent frapper aux portes, affamés et armés jusqu'aux dents (si, si, je vous certifie: les Chouans étaient les croquemitaines des petits bretons!!!), remplacées par une lucarne animée appelée télévision. Lors des jours sombres, les voisins ne viennent plus toquer à l'huis pour chercher un peu de compagnie et colporter les nouvelles locales, le cercle autour de l'âtre ne s'agrandit plus à leur arrivée, les chataîgnes ne s'épluchent plus au coin du feu faisant danser les ombres des bavards.
Certes, il y a de la nostalgie à sourdre de ce vieux grenier en Bretagne; certes, on sent souffler le vent des légendes et des contes d'une langue qui a été oubliée; certes, le regard se tourne vers le passé et pourtant, ce recueil de texte est tout sauf une ode passéiste, tout sauf une lamentation sur ce qui n'est plus. Bien au contraire: Louis Pouliquen montre, non seulement combien il est précieux de conserver le passé, celui qui fait ce que nous sommes, celui qui nous façonne, celui qui nous ancre à nos racines; mais aussi, combien il est nécessaire de regarder vers l'avenir pour tenter de raccommoder les accrocs faits par un passé un peu trop oublieux de l'essentiel et de l'essence d'un pays riche d'une culture longtemps méprisée.
Lire "Mon vieux grenier en Bretagne" c'est voyager au coeur d'une âme bretonne, celle des chemins creux, des dompteurs de vent, des taiseux, des rythmes lents des saisons et des veillées lors des miz du, les mois sombres...et c'est aussi comprendre la réalité d'une diaspora régionale, envol d'une génération qui s'est vue interdire de parler sa langue maternelle.
Merci Monsieur Pouliquen pour ce voyage savoureux, où les émotions ressenties remplissent les yeux de larme, dans l'âme d'une Bretagne que j'ai, aussi, au fond du coeur.




Les avis de Sylire  Yvon 

jeudi 11 novembre 2010

La citation du jeudi #10

Ce soir, une citation de Colette sur le thème de l'amitié, citation que je trouve très parlante.
"Il est sage de verser sur le rouage de l'amitié l'huile de la politesse délicate."

dimanche 7 novembre 2010

Dimanche en photo 16

Un peu d'iode vous fera le plus grand bien: L'île-Grande, un jour de grisaille printanière!

(photographe: moi)

Les déambulations photographiques sont chez Liyah clic!

Dimanche poétique # 28

Ce soir, nous remontons le temps: je vous emmène au temps de l'Amour courtois, La fin'amor.
Je laisse la parole à la Comtesse de Die (1150-1180) :

Bel ami, si avenant, si beau,
quand vous tiendrai-je en mon pouvoir,
couchée avec vous un soir,
pour vous donner baiser d'amour.
Sachez que mon grand désir
est de vous prendre au lieu de mon mari,
dans la mesure où vous ferez promesse
de tout faire selon ma volonté.


(scène érotique médiévale)

jeudi 4 novembre 2010

La citation du jeudi #9

Après l'univers de Louis Pouliquen, je vous invite à entrer dans celui de Jean Echenoz, par le biais d'un extrait de son roman "Nous trois".
"Le simoun, vent très chaud, se lève par bourrasques au sud du Maroc saharien. Il y produit des tourbillons compacts, brûlants, coupants, assourdissants, qui masquent le soleil et gercent le bédouin. Le simoun reconstruit le désert, exproprie les dunes, rhabille les oasis, le sable éparpillé va s'introduire profondément partout jusque sous l'ongle du bédouin, dans le turban du Touareg et l'anus de son dromadaire.
Le Touareg, bâché de bleu, se tient coi sur la bosse de sa bête. Près de lui, statufiés sous la tourmente, trois autres Touareg attendent que ça se tasse. Le sable fait monter un socle, poussière de pierre autour des chevilles des animaux. Quand le plus jeune des Touareg, affolé, crie qu'il s'enlise et ça ne va plus du tout, ses aînés ne lui répondent pas. Sous leur housse, ils n'ont pas dû entendre la voix du débutant. C'est qu'autour d'eux la tempête grince énormément.
Mieux instruits que le jeune méhariste, ses aînés savent que le phénomène arrive du coeur du continent, qu'un aquilon venu d'Afrique centrale déchire de temps en temps le grand désert du Nord dont il fait bouillir l'étendue stérile et transporte l'écume au-delà des mers. Se délestant à la surface des eaux, telle une montgolfière, des sacs de sable du Grand Erg, faisant frémir au passage le titane des Boeing, le désert vole vers l'Europe dont il va poudrer le Nord-Ouest, perfectionner le revêtement des plages et propulser des grains dans tous les engrenages." (p 12 et 13)

vendredi 29 octobre 2010

L'ombre et la lumière

Monsieur de Sainte-Colombe pleure la disparition de son épouse en se réfugiant au fond du jardin, dans une cabane où il compose ses oeuvres. Il compose pour son épouse, pour leur amour toujours vivant, pour une peine toujours vive, pour une vie qui s'est arrêtée avec le départ de l'aimée, le Tombeau des Regrets. Sans cesse, il manie l'archet sur la viole, sans cesse, il est à la recherche du geste parfait qui fera sortir de l'instrument le son parfait, dans la plénitude d'une gestuelle créatrice. Sans cesse, il joue dans le souvenir de l'être aimé, dans la solitude qui lui fait oublier parfois ses filles. Il se retire tellement en lui-même qu'il en devient froid, austère et distant avec le monde, jouant pour un cercle très fermé de mélomanes, n'acceptant plus d'élève à former. Jusqu'au jour où un jeune homme, Marin Marais, vient frapper à sa porte pour devenir son élève, le poussant dans ses plus lointains retranchements, c'est à dire le chasser car même s'il maîtrise divinement la viole, il ne sera jamais un musicien. La jalousie n'est pas de mise chez Monsieur de Sainte-Colombe, seulement un amour exacerbé de l'art de la viole, n'acceptant que le don de l'âme du musicien à son instrument et à son inspiration. Marin Marais est aussi la vie, l'amour du monde, le désir de plaire à autrui, et surtout aux femmes, tandis que lui n'est que repli sur soi et méditation musicale, empruntant le chemin du mysticisme inhérent, à ses yeux, à la création artistique. Entre les deux hommes, entre les deux artistes, un duel danse au fil des notes, au fil des dialogues que l'un a avec la mort et l'autre avec la vie, chacun tendu comme une corde prête à céder. Deux mondes s'affrontent: la douleur sombre, illuminant le reste d'une vie, du janséniste Sainte-Colombe, et l'aspiration joyeuse aux lumières d'une carrière brillante à la cour du roi, moteur d'une éternelle ambition, du jeune Marais pour lequel les plaisirs du monde sont indissociables à la vie d'artiste.
Au crépuscule de sa carrière, Marin Marais se souvient de l'austérité de son maître mais aussi de sa colère, cette colère due à l'intime blessure de son amour disparu. Marais regarde en arrière et voit la barque du temps, passeur de sensations, s'approcher de lui et lui montrer la vaine vanité des désirs de gloire et d'honneurs. Il comprend alors, la portée ineffable, du dialogue avec l'invisible, l'invisible qui sussurre une inspiration sublimée, il en saisit la tension et regarde, empreint d'une sourde mélancolie, ce qu'il a sans doute oublié de voir, d'aimer et d'exprimer.
Avec la magie des mots, la force romanesque que Quignard sait insuffler dans ses oeuvres, le lecteur est emporté dans le monde de la création, entre douleur et mystique, entre faim de reconnaissance et besoin d'ombre, et plonge avec délectation dans une atmosphère où la passion peut créer la lumière comme l'austérité. Comme d'habitude, Quignard excelle à pousser son lecteur dans ses ultimes retranchements avant qu'il ne puisse accéder à la beauté subtile du texte....et cela, on aime ou on n'aime pas; moi, j'adore!





Les avis de Karine :-)  Pitou   biblioblog  lilly  sentinelle  aBeille   lili   BOB 
ICI un très bel article d'Anne-Sophie Jacouty
Une lecture à savourer après celle du roman ici 

jeudi 28 octobre 2010

Petite pause

(photo trouvée sur le Net)

Demain, départ pour Bruxelles, pour un week-end avec les Parfumés! Rencontre entre forumeurs avides de lectures et de bonne chair...rires, échanges et joie en perspective.
Entre les expos à voir, les librairies à écumer et la Vieille Ville à visiter et les brasseries à essayer, nous n'aurons pas le temps de nous ennuyer.

La citation du jeudi #8

Un clin d'oeil au Festival du livre breton de Carhaix, qui se tiendra les 30 et 31 octobre 2010: un extrait du merveilleux livre de Louis Pouliquen, "Mon vieux grenier en Bretagne". Des textes d'une grande poésie, d'une splendide sensibilité, regorgeant d'amour pour la terre bretonne, ses traditions et sa culture. Un vrai trésor!
J'ai choisi, saison oblige, un passage du chapitre "Les vents"...les mois noirs "miz du" arrivent à grands pas chez nous.
"Tu vois, les vents, je me les mets dans la poche"
C'était donc cela le secret d'Yves, le mevel braz* de François-Louis, et ce n'était pas le talus qui nous protégeait comme je le pensais du haut de mes sept ou huit ans. Notre grand domestique possédait ce pouvoir extraordinaire de dompter les vents, de les apprivoiser ou, comme il le disait si bien dans son langage imagé de sorcier, de les mettre dans sa poche. (...) Le vent, les vents! Un des noms les plus riches de la langue française. Au singulier ou au pluriel. Le vent, les vents? C'est le souffle, l'air qu'on respire, la caresse de la brise, l'oxygène à pleins poumons. La vie! Mais c'est aussi la tempête, le typhon, la tornade, la bourrasque, la destruction, le désastre, la mort! En un seul mot, à la fois, la vie et la mort. Comme toute plante, en tout être, comme en chacun de nous, le premier souffle jusqu'au dernier. Vie et mort.
Les vents aux noms multiples. De A à Z. Rares, les lettres de l'alphabet qui n'en possèdent pas un. D'autan à zéphyr en passant par bise, cyclone, foehn, galerne, harmattan, khasmin, mistral, noroît, pampéro, sirocco, tramontane. Beaucoup d'entre elles se félicitent d'en posséder un pour se donner de l'air.
Les vents! Un de mes noms préférés. J'aime sur moi la brise dans la chaleur des midis d'été, maintenant à la ville comme autrefois au pas de mes chevaux. Comme toujours, j'adore la tempête des mois noirs dans les branches en agonie. J'adore la vie mais je me pelotonne souvent en moi pour entendre leurs voix qui me parlent de la mort.
Car les vents aux noms multiples ont tous leur langage à eux. A Xavier Grall qui fut mon condisciple et est un poète parmi les plus garnds, ils parlaient et lui soufflaient des mots pour les plus beaux des poèmes car les vents, mes mignonnes, il faut savoir les écouter. Il faut les comprendre pour les apprivoiser pour qu'ils ne deviennent pas ces bêtes déchaînées qu'il devient impossible de dompter." (p 112, 113 et 114)

mevel braz = grand domestique, c'est à dire le plus élevé dans la hiérarchie des ouvriers agricoles, dans une ferme.

mercredi 27 octobre 2010

De cape et de crocs

Venise, à l'époque du Grand Siècle et des doges, deux gentilshommes déambulent dans les rues au gré de leurs pas, l'un est espagnol, un fier hidalgo aux allures de loup, don Lope de Villalobos Y Sangrin, l'autre est français, rusé et beau parleur, aux airs de goupil, Armand Raynal de Maupertuis. Ils sont désargentés, prêts à tous les sacrifices pour se refaire; ils croisent la route d'un pauvre homme, en pleurs, se lamentant du rapt de son fils par les Turcs. N'écoutant que leur coeur chevaleresque, ils partent, contre rétribution, récupérer ledit fils sur la galère, non la chébèque turque où un coffre, dans lequel se trouve une bouteille contenant la carte d'une île mystérieuse, les attend pour le commencement d'aventures rocambolesques et picaresques pour la gloire et l'honneur. La gloire de défendre de justes causes et de belles demoiselles, l'honneur de battre pour des ideaux élevés, contre un affreux Mendoza, chevalier de l'Ordre de Malte et commadant sans vergogne d'une galère vénitienne, et un cynique Jean Sans Lune (tiens, tiens, cela ne vous rappelle rien?) qui n'aiment qu'une seule et unique chose...le pouvoir!
Un récit épique, drôlatique (la présence presque incongrue d'Eusèbe le lapin blanc apporte la note humoristique à l'histoire. D'ailleurs, qui est-il vraiment? d'où vient-il, Qu'a-t-il commis comme crime pour atterir enchaîné à un banc de galérien?), haletant et prenant, emporte le lecteur aux côtés des deux compères échappés au Roman de Renart: comment ne pas faire le lien entre Isengrin et l'altier Hidalgo, qui se retrouve toujours dans des situations cocasses, ou entre Renart et le gentilhomme français charmeur, joutant du langage comme de l'épée.
Ils entraînent le lecteur dans une chasse au trésor endiablée dans laquelle les références au théâtre classique foisonnent (entre "L'avare", "Roméo et Juliette", "les fables de la Fontaine" ou encore "Cyrano de Bergerac", les délices des souvenirs de lecture sont multiples et succulents!) ainsi que les imaginaires récurrents sur la ville engloutie d'Ys, les habitants de la Lune, les sélènites, le vaisseau fantôme du Hollandais volant, le Kraken, le mythe de Jonas et de la baleine ou les terres inconnues.
Une histoire héroïque, protéiforme, mêlant la farce, le roman, le théâtre, la science-fiction, les récits fondateurs, l'uchronie et la fable. Le tout est servi par un scénario efficace, qui se tient de bout en bout, un style jubilatoire et des illustrations extrêmement soignées, des couleurs incitant à l'ivresse de l'action ou à l'ombre du mystère.
"De cape et de crocs" est une série qui se dévore et se déguste avec un infini plaisir et offre une odyssée audacieuse aux amateurs du genre! J'attends avec impatience de lire les deux derniers tomes.



Les avis de epondyle  bladelor  doriane  bdsnew  mathieu 
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dimanche 24 octobre 2010

Dimanche en photo 15

(photographe: moi)

L'automne est là, avec des frimas matinaux et vespéraux, les jours diminuent, la nuit s'attarde, mes chats font leur toison hivernale, tandis que mes poules commencent leur mue et nous offrent, avec moins de prodigalité, le temps de se parer pour les jours sombres, leurs oeufs.
Hier, rien dans le nid....aujourd'hui deux trésors m'attendaient.
Les balades photographiques sont aussi chez Liyah .

La cuisine a une âme

Je sais que les mangas explorent tous les sujets mais je suis toujours étonnée lorsque je tombe sur des titres auxquels je ne m'attends pas du tout. Cette fois, j'ai été attirée par "Aya, conseillère culinaire" et embarquée la série sous le bras. Je m'attendais à tout, même (et surtout) au pire...et ce fut la déception: j'ai adoré l'argument narratif!!! Tout de suite, j'ai plongé dans l'univers, sans pitié, du monde de l'entreprise japonais; très vite, j'ai adhéré au concept de "conseiller culinaire": un restaurant qui ne tourne pas bien, hop! on fait appel au conseiller culinaire; un restaurant qui fait de l'ombre et qui est pris pour cible, hop! on klaxonne le conseiller culinaire...c'est un peu délirant mais pas du tout surréaliste (dans le quotidien des grandes administrations, on passe bien par un cabinet d'études pour déterminer les orientations à prendre...qui a dit que je persiflais??).
Diantre, va-t-elle nous expliquer, à la fin, en quoi consiste cet étrange métier de "conseiller culinaire": à redresser les restaurants proches de la faillite en mettant au service du client ses talents de cuisinier tout autant que ceux d'organisateur et d'architecte d'intérieur, sans omettre la pièce maîtresse du dispositif, l'arme absolue, le sens du goût, du mariage des saveurs et des couleurs.
C'est ainsi que le lecteur fait connaissance avec Aya, sévère et implacable executive women, flanquée de son apprenti Ippei Komaï passé expert en gaffes multiples et variées. Le tandem tient la route, fait rire, émeut et devient très vite des plus attachants. Grâce à lui, on découvre le monde extraordinaire du goût japonais, ses traditions culinaires, son art subtil du mariage des saveurs, son culte du raffinement au coeur de chaque plat, mais aussi le sens de l'honneur qui est loin d'être un vain mot.
Aya est une jeune femme déterminée, souvent implacable, parfois attendrie et surtout cachant une blessure derrière sa carapace de fille qui n'a jamais peur de l'affrontement et encore moins des tempêtes. Quelle peut être cette blessure qu'elle traîne avec elle, comme un carton bien encombrant malgré son invisibilité? Au fil des épisodes, l'auteur distille des éléments de la vie d'Aya, éléments qui éclairent sa personnalité et son caractère bien trempé...du coup, on lui pardonne beaucoup, surtout son talent indéniable pour pousser son apprenti dans ses ultimes retranchements, et on souhaite qu'elle trouve enfin la paix avec elle-même.
Quant à Ippei, il est attendrissant à souhait avec sa maladresse et surtout son grand coeur: il est prêt à aider, à écouter autrui et n'hésite pas à penser que sa chef est un vrai monstre....jusqu'à ce qu'elle débarque chez lui pour s'y installer, lui prenant son futon et le contraignant à déménager son matelas dans le placard. C'est qu'Aya dégage une aura certaine et exerce un magnétisme sur les représentants du sexe dit fort: ils l'aiment ou la haïssent, sentiments très proches et très ambivalents. Ippei n'échappe pas au béguin et se prend à éprouver de doux sentiments pour elle, sans oser se déclarer. Cependant, il est loin d'être l'insipide benêt de service: sa gentillesse, à la limite de la naïveté, apporte une bouffée d'oxygène au personnage, froid et altier, d'Aya qui s'ouvre aux autres et accepte sa sensibilité et son humanisme.
Sous des aspects qui pourraient paraître "gentillets", la série "Aya, conseillère culinaire" aborde des sujets de société intéressants: le combat, parfois inégal, contre les grandes multinationales prêtes à tout pour augmenter leurs pouvoirs, l'aide apportée à un jeune restaurateur pour qu'il devienne un grand spécialiste du udon (les méthodes d'Aya sont dignes de celles d'un sergent chef des Marines!), ou celle apportée à une starlette du petit écran afin qu'elle maîtrise l'art de la cuisine (le monde des média est tellement cruel que le moindre faux-pas entraîne la fin de la célébrité). Le lecteur a un aperçu de la tradition agricole (l'opposition des cultures maraîchères au naturel, goûteuse, avec celles de la production de masse, insipide) ou familiale (les mariages arrangés), mais aussi de la tradition culinaire (les multiples préparations de udon selon les régions) et la capacité étonnante des chefs japonais à intégrer la cuisine occidentale dans leur culture millénaire.
Le must de la série, à ne pas oublier: chaque épisode se conclue avec une recette dite "pour les nuls"....et cela donne vraiment envie de se lancer dans la cuisine japonaise!
"Aya, conseillère culinaire" est manga haut en couleur, foisonnant de saveurs, de flaveurs et d'odeurs...la sensualité de l'acte culinaire affleure à chaque page, le don de soi pour le plaisir de l'autre, la petite part de son âme que l'on offre pour un empire des sens jouant sur la gamme des couleurs et du goût. Une très belle découverte qui vaut toutes les émissions de cuisine!

Traduit et adapté du japonais par Julien Pouly




Les avis de krinein  bdgest



(3/6)

jeudi 21 octobre 2010

La citation du jeudi #7

Passage poétique qui ouvre et ferme le très joli roman jeunesse de Lesley Beake "Le chant de Bé" :

"La fumée dans les flammes
des feux du Bushmanland.
Le miel doré de l'herbe
parcourue par le chant du vent.
Le parfum sucré qui rôde dans l'air
et la douce et grise poussière
- avant que nos pas
aient été effacés."

dimanche 17 octobre 2010

Le temps des contes retrouvé

Il a quatorze ans, il s'est enfui de sa famille d'accueil où il avait trouvé refuge après la mort de ses parents, il est vagabond, déguisé en roi mage avec deux autres compagnons d'infortune. Il parcourt les routes de Saxe, pauvre comme Job, libre comme le vent et avide d'aventure. Il s'appelle Krabat et il entend une nuit, au cours d'un rêve à la lisière du cauchemar, un appel étrange lui demandant de venir au moulin de Koselbruch. Après un moment d'angoisse devant la vision de onze corbeaux, Krabat reprend le cours de son errance. Seulement, l'appel revient, toujours plus insistant, toujours plus déroutant, et distille l'envie d'en savoir plus dans le coeur de Krabat. Après tout, il n'est pas une mauviette et que risque-t-il, lui qui ne possède rien?
Aussi, prenant son courage et sa curiosité à deux mains, se rend-t-il au fameux moulin de Koselbruch, traversant une forêt sombre, un marais mélancolique et inquiétant pour arriver dans une clairière écrasée par l'imposant moulin.
Krabat est confronté à l'accueil déroutant du maître, répond à ses questions et se retrouve seul dans un dortoir, des vêtements au pied du lit, vêtements qui semblent faits pour lui, ce qui ne provoque en lui que de plus grandes interrogations. Le comble de la peur lui est offert, dans la nuit, par onze visages blancs de farine, le jaugeant puis l'acceptant comme des leurs. Les onze apprentis l'accueillent, alors commence pour Krabat un apprentissage oscillant entre lumière et ombre, entre pratique d'un métier et approche de la magie. Un engrenage embarque, alors, Krabat entre l'aide précieuse et amicale de Tonda, la malignité et la méchanceté de Lyschko, la gentillesse et la malice de Juro, le benêt qui cache son jeu, et l'amour d'une jolie jeune fille du village voisin, dans un duel avec le maître, un duel pour la liberté et le libre-arbitre.
Otfried Preussler raconte les affres de Krabat, ses expériences et ses combats, dans la langue des contes traditionnels, immergeant son lecteur dans l'atmosphère sombre, angoissante et pourtant lumineuse des récit dans lesquels légendes et initiation se mêlent pour sublimer les peurs enfantines et adolescentes. Les ingrédients utilisés rappellent les sombres et mystérieuses forêts des Frères Grimm: on y entre encore enfant et on en sort grandi d'avoir vaincu des créatures effrayantes et réussi les épreuves. Otfried Preussler souffle à la perfection le chaud et le froid sur le lecteur qui suit, avec émotion, les tribulations de Krabat, son évolution et sa marche vers l'âge adulte: l'apprentissage difficile sous les coups et la douleur des fardeaux à porter, les leçons dispensées par le Maître meunier, à la frontière de la magie et des rites initiatiques des corporations du Moyen-Age, les épreuves initiatiques de la nuit de Pâques ou du marché annuel, la chappe de plomb de la nuit du Nouvel An, qui voit les rivalités entre garçons-meunier poussées à leur paroxysme, paroxysme du à la frayeur d'un tribut à payer, tribut de sang et de mort, ou encore les tentatives désespérées pour échapper à l'enchantement du moulin.
"Krabat" est un conte, aux accents modernes, qui se déroule au coeur d'une Saxe déchirée par la Guerre de Trente ans, sombre et parfois cruel qui met en valeur la résistance à l'oppression et au mal, à l'appât tellement factice des honneurs, de la gloire et du pouvoir, car obtenus par la magie noire. Il est aussi le chemin initiatique d'un jeune garçon qui découvre le sens de l'honneur, de l'amitié et surtout la force et la beauté pures du sentiment amoureux, ce sentiment si doux, si précieux qu'il permet de vaincre un Maître cruel et redonner la liberté à ceux qui en ont été privés.
Je me suis régalée à lire "Krabat" qui m'a replongée dans les délices des contes, des rites et rituels issus des croyances enfouies au plus profond d'un patrimoine culturel qui lentement se perd dans les limbes d'une modernité où la superficialité engendre la perte de la mémoire collective. Lire "Krabat" avec des yeux d'adultes permet un retour sur soi, sur ses rêves et ses angoisses d'antan qui jamais ne meurent, qui seulement sont juste un peu oubliés.
A souligner le fait, non négligeable, que ce roman jeunesse allemand, longtemps attendu en langue française, a été traduit par Jean-Claude Mourlevat, autre grand nom de la littérature jeunesse.

Roman traduit de l'allemand par Jean-Claude Mourlevat

les avis de bibliobloguons  marylène
 

dimanche 10 octobre 2010

Dimanche en photo 14

L'automne est là! Une fenêtre de mon quartier en fait la preuve!

Les déambulations photographiques sont à voir chez Liyah !

Dimanche poétique # 27

J'ai entendu, cet après-midi, une chorale chanter "La chanson de Prévert" de Gainsbourg, et je ne peux résister à l'envie de partager les paroles de cette très belle chanson avec vous.

La chanson de Prévert

Oh! je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois "Les feuilles mortes"
Te rappelle à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir.

Avec d'autres bien sur je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m'indiffère
A cela il n'est rien à faire
Car chaque fois "Les feuilles mortes"
Te rappelle à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir.

Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne l'hiver
Et que la chanson de Prévert
Cette chanson "Les feuilles mortes"
S'efface de mon souvenir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir

 Pour le plaisir d'entendre cette voix qui remue toujours les tripes!