mercredi 31 mars 2021

J'en rêvais depuis longtemps

 


Un petit garçon a eu un chien comme cadeau de Noël. L'histoire pourrait être banale or il n'en est rien car le récit est parsemé de faux indices repris par chaque illustration.

En effet, au fil et à mesure de la narration, on s'aperçoit que c'est le chien qui raconte son quotidien aux côtés de son jeune maître.

Les graines du doute sont semées grâce aux illustrations malgré la présence de quelques éléments étranges dans le récit, l'épisode des croquettes est à retenir.

L'album « J'en rêvais depuis longtemps » d'Olivier Tallec fait partie de la sélection du prix des Incorruptibles 2020-2021, le choix sera difficile comme chaque année puisque les albums sont tous plus beaux et intéressants les uns que les autres.

Le thème abordé par l'histoire est celui de la relation entre un enfant et son animal de compagnie, relation narrée avec humour et tendresse tant par les mots que par les dessins.

L'album est une vraie réussite non seulement par le format original et les très belles planches mais aussi parce que le contrepied narratif amène l'auditoire enfantin à prendre conscience que si le texte est important dans la compréhension d'une histoire, les illustrations le sont également surtout lorsqu'elles ne reflètent pas le contenu du texte. La joie de surprendre le pétillement de compréhension dans le regard des élèves est un absolu régal. Alors on laisse une petite voix dire « Moi, je sais que c'est le chien qui raconte l'histoire. »

Ce que j'ai apprécié et que je n'ai pas encore travaillé avec mes élèves, c'est la complémentarité entre la couverture et la quatrième de couverture.

La première montre le petit garçon et le chien adossés de part et d'autre d'un mur, clôturant un jardin. On remarque la présence d'une balle non loin. Le petit garçon est dans la zone d'ombre, le chien du côté ensoleillé. On imagine que le premier à prendre la balle gagne la partie. La réponse est-elle sur la quatrième de couverture ? On voit le petit garçon et le chien jouer ensemble ce qui augure la relation d'une belle histoire d'amitié entre un enfant et son chien ou entre un chien et son ami humain.

Une histoire qui fait du bien en ces temps moroses.

Quelques avis

Méli Mélo de livres  La licorne à lunettes  Littérature jeunesse




Huis-clos à Compton Anstey

 


« Meurtre dans un jardin anglais »
 est un film de Peter Greenaway que j'avais visionné il y a bien longtemps. Le Challenge British Mysteries spécial mois de mars m'a incitée à le revoir pour mon plus grand plaisir.


«Au XVIIe siècle, une aristocrate, profitant de l'absence de son mari, engage un peintre pour immortaliser son domaine. En dédommagement, elle lui offre la totale jouissance de son corps. L'artiste découvrira trop tard les buts secrets de cet agréable contrat. »


J'ai suivi le jeu de piste à travers les dessins avec délectation : les détails sont semés au fil des séances du peintre paysagiste, gorgé parfois de suffisance. Les changements sont subtils et comme Mr Neville ne veut en rien les occulter, les dessins deviennent des pièces à conviction.

L'intrigue est bien menée, n'en déplaise aux esprits chagrins qui éreintent régulièrement le film, elle apporte peu à peu les indices nécessaires au dénouement. On pense, forcément, aux « Les liaisons dangereuses » dont le machiavélisme était extraordinaire, l'ingénu, ici, se décline, de manière plus retorse, au masculin. Les tromperies, sarcasmes, duplicités et jeu de dupe emportent le spectateur dans moult spéculations : où est passé Mr Herbert ? A-t-il jamais quitté son domaine, Compton Anstey ? Mr Neville a-t-il réellement une emprise sexuelle sur Mrs Herbert ?


Le maniérisme de la fin du XVIIè siècle est bien mis en valeur dans des scènes-tableaux où tout est pensé et organisé avec soin. Et on suit, amusé, les déambulations d'un nu peint en doré, argent, cuivre ou en bronze, facétieux témoin des mensonges orchestrés par la charmante compagnie de Mrs Herbert. Ce nu m'a semblé être celui qui tente d'alerter le peintre-paysagiste quant aux faux-semblants dont il est l'objet. Or Neville ne voit rien hormis l'occasion de subjuguer une aristocrate délaissée par son mari et ainsi blesser une classe sociale qu'il n'aime pas et dont il dépend pour vivre de son art.


L'affaire prend de l'ampleur quand la fille de Mrs Herbert passe aussi un contrat sexuel avec Neville. Il faut dire qu'elle est bien mal mariée, que son époux ne semble guère enthousiaste à combler les appétits de sa jeune épouse. Aussi, quand on sait que selon le droit anglais, une femme ne peut hériter des titres et domaines de sa famille, la raison des contrats passés par ces dames devient évidente : conserver le patrimoine à tout prix quitte à être enceinte d'un autre que son mari.

C'est pourquoi Neville devient gênant quand il commence à saisir le jeu de dupe dont il fera les frais. Son sort est scellé lors d'une scène nocturne au cours de laquelle ses dessins seront, un à un, détruits par le feu. Il n'aura pas le temps d'achever son treizième dessin dans lequel il escomptait montrer qu'il avait deviné la machination imaginée par son hôtesse.


On peut regretter que l'intrigue policière ne soit pas aboutie alors qu'elle paraît calculée, dans une géométrie parfaite par les instruments de mesure du peintre-paysagiste pour évaluer la perspective.

Le spectateur se voit dans l'obligation de résoudre une charade complexe et déroutante en reconstruisant les nombreuses lignes de fuite d'un puzzle subtil. Les fulgurances de Neville lorsqu'il s'interroge en compagnie de Mrs Herbert sur les intrigues semblant se nouer dans les jardins surpeuplés et lui demandant si un meurtre ne serait pas en train d'être ourdi.


« Meurtre dans un jardin anglais » est un film maniériste où sont déroulées, avec efficacité, de nombreuses allégories renvoyant à de célèbres peintres tels que de La Tour ou Caravage avec le jeu des clair-obscur. La grenade pressée par Mrs Herbert en est une également : le jus rouge rappelle le sang, celui des grossesses non abouties et celui du meurtre à venir.

La bande originale est un élément non négligeable de la réussite du film : elle accompagne les tribulations du peintre et les recherches d'indices du spectateur.


Quelques avis :

Sens critique  Cinéclub de Caen

Visionné dans le cadre



dimanche 28 mars 2021

Quand Sherlock Holmes est revisité par un duo franco-belge

 


Il y a fort longtemps, dans une lointaine galaxie appelée adolescence, j'ai lu les aventures de Sherlock Holmes. Je me souviens du premier titre : « Le chien des Baskerville ».

Je savais qu'il y avait moult adaptations BD des aventures de notre détective opiomane mais je ne m'étais jamais donné le temps d'en lire quelques unes.

Le Challenge British Mysteries spécial mois de mars m'a donc poussée dans mes derniers retranchements pour me faire sauter le pas avec "Baker Street: Sherlock Holmes n'a peur de rien".


HOP !


Révélation ! Les aventures du célèbre détective sont issues du carnet secret du Dr Watson, l'éternel faire-valoir de l'artiste. Cerise sur le gâteau, c'est un duo franco-belge, Barral pour les dessins et Veys pour le texte, qui s'est emparé du mythe pour le relire avec l'autre bout de la lorgnette.

Pour annoncer chaque épisode, une illustration pleine d'humour décalé donne le « la » à ce qui va suivre : un Watson, sérieux et distingué, savourant sa tasse de thé pendant que Holmes met le doigt sur la solution d'une énigme, puis l'ombre chinoise des deux hommes montre Watson en train de faire un pied-de-nez à Holmes en pleine réflexion.


Quatre enquêtes mettent en scène nos deux célèbres détectives et font découvrir au lecteur une facette peu sympathique de Sherlock Holmes qui apparaît colérique, de mauvaise foi et surtout très mauvais joueur quand le bon sens de Watson lui vole la vedette. Les auteurs ravissent leur lecteur en parsemant les enquêtes de disputes mémorables entre les deux compères.

On apprend que Watson devient populaire grâce à une méduse, incroyable n'est-ce pas ! Sans compter qu'on s'aperçoit que Holmes a un côté cambrioleur.... pour la bonne cause, certes, mais quand même.

Les enquêtes écossaises sont d'un drôle extraordinaire notamment avec un inspecteur Lestrade des plus empotés ce qui a le don d'énerver Sherlock Holmes et de faire rire, sous cape, Watson.

Un personnage a une place loin d'être anodine : Madame Hudson la logeuse de nos deux héros, une écossaise aux recettes de cuisine …. très..... surprenantes et peu appétissantes. Une maîtresse femme qui ne s'en laisse pas compter et qui sait user d'arguments imparables.



Dans « Sherlock Holmes n'a peur de rien », le ridicule ne doit pas le rebuter puisqu'il est à chaque fois mis dans des situations où ses légendaires flair et logiques tournent court au profit d'un Watson, un peu entiché d'alcool, moins benêt qu'il n'y paraît. La sympathie du lecteur se porte sur le faire-valoir de Holmes, élément déterminant dans la résolution des énigmes.


Le graphisme est agréable, les textes percutants et les mises en situation des personnages hilarantes.

Nous sommes bien éloignés des enquêtes romanesques de Holmes et c'est ce qui en fait, justement, le sel. Rien de tel que de s'approprier un personnage, d'en faire une lecture décalée pour réinventer des aventures loufoques et efficaces.

D'aucuns pourraient ne pas apprécier le côté ridicule et un tantinet grotesque de Holmes, cependant l'hommage est évident de la part des auteurs bien que leur ambition ne soit pas de mettre en images les écrits de Sir Conan Doyle. Lorsqu'on a aimé les romans on ne peut que priser leur parti pris car l'univers romanesque se devine à demi-mot puisque Holmes est confronté à son pire ennemi, comme dans les romans, à savoir le professeur Moriarty « le Napoléon du crime », « L'ennemi personnel de Holmes, un terrible adversaire qui le persécutait avec une froide cruauté » in les carnets secrets de John H. Watson. D'ailleurs, la planche renvoie, avec humour, aux multiples interrogations à propos de la sexualité de Sherlock Holmes.



En un mot comme en mille, j'ai adhéré pleinement au travail de Barral et Veys qui apportent un regard plein de drôlerie sur un des mythiques personnages de la littérature policière.

Quelques avis :

Babelio  Sens critique  Critiques libres   The cannibal lecteur

Lu dans le cadre



Le printemps des poètes

 

(crédit photo: Dominique Verdier)


Après un poète breton méconnu, Tristan Corbière, honneur à une immense poétesse bretonne, Angela Duval.

Je ne suis pas brittophone, hélas, cependant je partage la version originale qui a été écrite en breton, langue maternelle d'Angela Duval.

Ce poème, écrit le 25 mars 1963, est touchant, émouvant pour les amoureux du bocage. Aujourd'hui la prise de conscience du saccage orchestré par Paris dans les années soixante sous le terme de "remembrement", amène les communes à reconstruire les talus. 


Le talus

Un frisson court
Dans mon dos plein d'épines
Sur ma tête ma chevelure
De ronces se raidit
Ma dernière heure a sonné
Fini mon malheur en ce monde
Le sol bouge. Les arbres tremblent
Mais que vois-je ? Ce n’est pas la Mort !
C’est un grand diable armé de griffes
Qui s’en vient me hacher, me dépecer
Le bulldozer rouge à l’énorme pelle
Vient m’ensevelir dans la fosse.
Ah, que l’acier de tes griffes
Trempe dans le sang pur de mes racines ;
Ainsi que les mains du bourreau
Dans celui du martyr !
Tandis que mon âme flottera légère
Dans le duvet de ma poussière
Nuage porté par le souffle
Très haut par-dessus les collines,
Vers un Paradis,
Le Paradis des vieux talus.

Traduction Paol Keineg


Ar c’hleuz

« Ur gridienn a red
Dre va c’hein spernennet
Sonnañ ‘ra war va fenn
Va blevad drez luziet
Sonet eo va eur diwezhañ
Echu eo va reuz er bed-mañ
An douar a stroñs. Ar gwez a gren
Met petra ‘welan ? N’eo ket an Ankoù !
Met un diaoul bras gant skilfoù
O tont d’am drailhañ, d’am dispenn
Ar bulldozer ruz gant e bal ramzel
D’am sebeliañ er fozell. »
« -A ! ra chomo merket dir da skilfoù
Gant gwad glan va gwrizioù ;
Evel dorn ur bourev
Gant gwad ar merzher !
Endra nijo skañv va ene
En dumenn va foultrenn :
Koumoulenn douget gant an aezhenn
Uhel-uhel dreist ar roz,
War-zu… ur Baradoz :
Paradoz ar c’hleuzioù kozh… »

25 a viz Meurzh 1963

samedi 27 mars 2021

Printemps des poètes


L'écriture de Charles Juliet m'a toujours profondément émue. Tout est justesse, subtilité, élégance dans la joie comme dans la douleur.

Sa poésie est d'une beauté poignante.


Une joie secrète

 immergés

tous deux
au plus reculé
d’un silence
qui efface
le monde

la calme
tension
de ton écoute

prends
prends
mes mots

donnons-nous
du vivant


Charles Juliet in la revue "Voix d'encre" 2002

Moucheurs, taquinons le saumon en Ecosse

 


Je continue d'explorer le « Cosy mystery » , après les deux premières aventures d'Agatha Raisin l'an dernier, la première enquête du duo Loveday et Ryder, l'approche des mystères de Honey Church puis la découverte de l'incroyable Lady Gorgiana alias Son Espionne Royale, je suis partie en Ecosse faire la connaissance d'un certain Hamish Macbeth, policier municipal de son état dans une bourgade au cœur des Highlands, Lochdubh.


Une école de pêche à la mouche qui organise régulièrement des stages de pêche au saumon pour les mordus de la canne à pêche, des stagiaires plus étonnants les uns que les autres et une ambiance tendue entre eux devient le terreau idéal pour une intrigue mordante.

Hamish, gaillard rouquin, est dépourvu d'ambition professionnelle tout en étant doté d'une intuition naturelle, il aime déambuler dans le village, vaguement sermonner les braconniers dont le terrain de jeu est le domaine d'un riche propriétaire foncier du coin, Sir Halburton-Smythe ; il aime jouer au pique-assiette, l'air de rien, toujours à se faire offrir un café ou un repas. Il aime aussi, sans peu d'espoir de retour, la délicieuse Priscilla Halburton-Smythe qui le secondera dans son enquête. Ne pas oublier son chien baveux, compagnon indéfectible répondant au nom de Towser.


Chaque lundi le couple John et Heather Cartwright accueille un groupe de stagiaires pour leur apprendre les subtilités de la pêche à la mouche et ferrer ainsi saumons et truites dans les lochs des environs. Certains « moucheurs » reviennent régulièrement attirés par la beauté des lochs et des paysages et surtout intéressés par les tarifs très raisonnables appliqués par l'école.

Fait surprenant, l'ambiance entre les stagiaires est tout de suite tendue ce qui n'augure rien de bon aux yeux de John Cartwright : ces derniers se regardent en « chien de faïence » sans piper mot. La glace sera-t-elle difficile à briser ?

Le ton est rapidement donné par une des participantes, une dame à l'allure imposante et à l'air revêche, Lady Jane Winters, langue de vipère notoire du milieu journalistique londonien. Que vient-elle faire dans ce coin perdu des Highlands ? Un reportage incognito ? Toujours est-il qu'elle met mal à l'aise les participants par ses remarques cruelle et vipérines, agaçant sans cesse les uns et les autres. Seul est épargné le benjamin de la bande, le jeune Charlie âgé d'une douzaine d'années.

Les stagiaires forment une galerie de portraits hétéroclites : le couple new-yorkais, Jeremy le jeune homme riche et séduisant, Daphné une jeune femme issue d'un milieu aisé, un colonel vantard, Alice une jeune femme de milieu modeste, timide et d'une grande naïveté à la recherche du prince charmant et Lady Jane Winters artiste en matière de saupoudrage de givre dans les relations humaines.

Tout est réuni pour que la situation de délite lentement mais sûrement. L'intrigue s'installe doucement, tisse les liens possibles entre chaque personnage, elle orchestre les situations qui apporteront, subtilement, le chaos. Ce dernier survient lorsqu'on découvre le corps de Lady Jane lors d'une leçon de pêche. Qui a pu perpétrer ce crime épouvantable ? Le Colonel Moutarde, le Docteur Olive, Mademoiselle Rose, Madame Pervenche, Madame Leblanc ou le Professeur Violet ?

Quant à l'arme du crime...


Le pauvre Hamish est très vite mis sur la touche par l'équipe de détectives chevronnés d'Edimbourg et relégué au rôle de spectateur. Or, c'est sans compter son caractère bien trempé tapi sous une apparente désinvolture et oublier l'intuition qui le taraude et l'amène à enquêter de son côté et à son rythme.

Grâce à sa très grande famille dispersée aux quatre coins du monde, Hamish réussit à rassembler divers renseignements sur la victime et les stagiaires qui pourraient avoir tous une bonne raison de faire taire la très mordante Lady Jane, terreur des tabloïds et célèbre pour ses portraits au vitriol des gens rencontrés lors de ses reportages à sensation. Son domaine ? Découvrir les petits secrets que chacun garde bien cachés dans ses placards. En quelques coups de plume, Lady Jane peut ruiner la plus enviable des positions sociales.

Le dénouement aura lieu grâce à la perspicacité et à la sagacité d'Hamish qui ridiculise l'équipe de gros bras diligentée au village.

Ce qui fait le charme de ce « Cosy mystery » est l'art de dentellière de l'auteure, M.C Beaton, dans les interactions de ses personnages qui se croisent, s'éloignent pour de nouveau de rapprocher dans des concours de circonstances dictés par des motivations peu élégantes. Ainsi en est-il avec le beau gosse Jeremy, séducteur irritant, et ses conquêtes, Daphné et Alice. La première étant plus aguerrie que la seconde qui ne voit pas combien le bellâtre – vraiment ce personnage m'a agacée et je n'ai éprouvé aucune empathie envers lui – la manipule pour obtenir ce dont il a envie.

M.C Beaton décortique avec humour, teinté d'ironie, la nature humaine avec ce qu'elle a de pire et de meilleur en elle. Ainsi Alice comprendra-t-elle que la richesse appelle la richesse, que le Prince Charmant n'existe que dans les contes et qu'elle vaut mieux que tout le clinquant qui attire le misérable bourdon Jeremy.

« Qui prend la mouche » est un roman dont l'intrigue se déroule un peu à la manière de la pêche à la mouche : on lance la ligne avec une délicatesse alliée à une maîtrise du poignet pour effleurer l'eau avec la mouche et attirer peu à peu sa proie. Le lecteur se laisse attirer par les petits détails, les trouvailles au bon moment ce qui le fait avancer et surtout ne pas lâcher le livre.

« Qui prend la mouche » est aussi ce qui arrive aux personnages : qui prend la mouche peut perdre beaucoup plus qu'il n'y a à gagner. Aussi est-il plus sage d'ignorer les piques venimeuses de Lady Jane à moins qu'on ne soit trop impulsif comme un saumon ne pouvant résister à l'appel scintillant d'une mouche au ras de l'eau.

J'avoue avoir craqué pour la nonchalance teintée de fausse désinvolture d'Hamish Macbeth : il est drôle, il est intuitif, il est amoureux d'une étoile hors d'atteinte, il aime sa vie et surtout il aime les gens.

Il a un goût de revenez-y auquel je succomberai avec joie parce que Hamish Macbeth est un peu l'inspecteur Colombo écossais : il semble un peu niais, lent à agir et joue avec subtilité sur ce qui paraît et le faux-semblant. Il joue à être benêt alors qu'il est loin de l'être... comme Colombo.


Roman traduit de l'anglais par Karine Guerre


Quelques avis :

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vendredi 26 mars 2021

Printemps des poètes

 Nature morte



Des coucous l'Angelus funèbre

A fait sursauter, à ténèbre,

Le coucou, pendule du vieux,

Et le chat-huant, sentinelle,

Dans sa carcasse à la chandelle

Qui flamboie à travers ses yeux.

-Ecoute se taire la chouette...

-Un cri de bois: c'est la brouette

De la Mort, le long du chemin...

Et d'un vol joyeux, la corneille

Fait le tour du toit où l'on veille

Le défunt qui s'en va demain.


Tristan Corbière in "Les amours jaunes"

jeudi 25 mars 2021

Printemps des poètes


 Courtisane au sein dur, à l'oeil opaque et brun

S'ouvrant avec lenteur comme celui d'un boeuf,
Ton grand torse reluit ainsi qu'un marbre neuf.

Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
Arôme, et la beauté sereine de ton corps
Déroule, mate, ses impeccables accords.

Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu'au moins
Exhalent celles-là qui vont fanant les foins,
Et tu trônes, Idole insensible à l'encens.

— Ainsi le Dahlia, roi vêtu de splendeur,
Elève sans orgueil sa tête sans odeur,
Irritant au milieu des jasmins agaçants !

Paul Verlaine in Poèmes saturniens




mercredi 24 mars 2021

Tourbière tombale sur l'île de Lewis

 


J'ai retrouvé avec joie Finley Macleod et son île écossaise. Fin a divorcé de sa femme et a quitté la police d'Edimbourg pour revenir sur Lewis. Son projet ? Se reconstruire et remettre en état la ferme de ses parents.

 

Un cadavre momifié est retrouvé dans une tourbière sur l’île de Lewis, George Gunn, avec lequel Fin avait travaillé, est chargé de l’enquête. Il n’est pas rare que des corps momifiés soient retrouvés par les ramasseurs de tourbe, aussi pense-t-on immédiatement que le corps mis au jour date de quelques centaines d’années. Or il n’en est rien : il s’avère que la date de la mort remonte à une bonne cinquantaine d’années, autant dire hier, une mort violente puisqu’il a eu la gorge tranchée. George Gunn fait appel à Fin Macleod pour l’aider.

Qui est ce mort ? D’où vient-il ? Personne ne le reconnaît malgré l’extraordinaire conservation du visage donc il n’est pas du coin.

Lors de l’autopsie, un tatouage représentant Elvis Presley et le titre d’une de ses chansons est remarqué ainsi que les traces laissées par un vêtement ou une couverture de laine. L’affaire devient épineuse quand l’analyse de l’ADN du mort présente de grande similitude avec l’ADN du père de Marsaili Macdonald, Tormod. Comment se fait-il que le vieux Tormod ait des liens de sang donc familiaux avec l’inconnu  de la tourbière ? Quel secret dissimule-t-il ? Est-il le meurtrier ?

 

Très vite, le lecteur sait que Tormod est atteint de la maladie d’Alzheimer puisque le roman se partage entre les événements du présent et ceux du passé relatés à la première personne par Tormod. Comme dans « L’île des chasseurs d’oiseaux » il collationne avec patience les bribes d’indices dans le récit pour reconstituer le puzzle et ainsi trouver réponses aux questions posées par l’enquête. Il suit la progression de Fin dans le passé du vieil homme qui ne peut se défendre, perdu dans les béances de sa mémoire qui part en lambeaux. Tel un saumon, Fin – avec à ses côtés le lecteur – remonte la rivière du temps pour découvrir peu à peu un véritable drame social et humain, facette sombre d’un épisode de l’histoire des îles écossaises : le sort réservé à des milliers d’orphelins et d’enfants abandonnés par l’église catholique qui les  plaçaient dans des structures plus ou moins accueillantes avant de les envoyer comme main d’œuvre très bon marché dans les îles Hébrides extérieures… dont fait partie l’île de Lewis et de Harris.

Tormod revit dans la douleur ce passé tapi depuis si longtemps au plus profond de son être et grâce à ses fulgurances, Fin remonte, inlassablement, la piste ténue du destin tragique des « homers ».

Cinquante ans plus tôt, deux frères devenus orphelins sont admis dans un orphelinat : l’aîné, Johnny, a juré sur le lit de mort de sa mère de toujours veiller sur son cadet, Peter, diminué intellectuellement depuis son accident. Ils rencontrent une jeune fille, joyeusement délurée, dont ils font leur amie, elle est aussi catholique. Quelques années passent, au cours d’une fête nocturne sur le toit de l’institution qui les a recueillis, The Dean Residence, un différent se produit entre Peter et un des gars de l’école du village. Pour réparer l’outrage, Johnny se mesure avec lui sur un pont. Il réussit à franchir les obstacles sans encombres, plus rapide que son adversaire. Ce dernier est trop près de la rambarde, Peter veut le retenir… sans succès. Le garçon tombe dans le vide et se tue. Or ce dernier appartient à une famille de délinquants notoires.

Suite à cet accident, Johnny, Peter et la jeune fille sont envoyés sur une des Hébrides extérieures, non loin de Lewis, chez des paysans. C’est là que quelques années plus tard, les frères du garçon tombé du pont retrouvent leur piste et exercent leur vengeance. Johnny et Peter disparaissent à jamais… jusqu’à ce que la tourbe de Lewis libère un corps.

 

Les paysages sont somptueux, leur description extraordinaire, l’auteur envoûte son lecteur et le tient en haleine de bout en bout.

Le tragique, le sombre et le sordide côtoient la lumière et la beauté des âmes et de la nature sauvage et écorchée des Hébrides. En plein été l’Arctique se rappelle au bon souvenir des habitants de ces îles battues par les vents et les vagues d’un océan sans pitié.

Peter May invite son lecteur à pénétrer au cœur des traditions insulaires : la récolte de la tourbe et la confection de lainages huilés et tissés de manière tellement serrée qu’ils en deviennent imperméables. Chaque famille de pêcheurs avait ses motifs et ses couleurs ce qui permettait de connaître l’identité des marins trépassés lors des campagnes de pêche.

Il dévoile également, dans "L'homme de Lewis", une période peu glorieuse de l’histoire écossaise : le destin cruel et poignant des orphelins déportés, les  « Homers » dans les îles Hébrides extérieures ou en Australie. Ils furent exploités sans vergogne, soumis aux pires sévices, abandonnés par l’Eglise catholique qui aurait du les protéger. Cette pratique a perduré en Ecosse jusque dans les années 1970. Bien entendu, le but de l’Eglise n’était pas d’en faire des esclaves sauf que l’on sait, hélas, que l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions, à savoir ici, la volonté de contribuer au repeuplement de ces îles lointaines et isolées d’obédience catholique et de limiter les effets des mariages consanguins, fréquents dans des sociétés évoluant sur un territoire limité avec peu d’échanges avec l’extérieur.

 

Peter May orchestre le suspense jusqu’à la fin avec brio pour le plus grand plaisir du lecteur.

 

Traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue

 

Quelques avis :

 Babelio  Sens critique  Eva  Livraddict  Critiques libres  Hannibal le lecteur  Clé de l'intrigue  Anais  

Lu dans le cadre de:

 






Printemps des poètes

 


La brise du printemps sur le visage de la rose: c'est charmant!

Parmi les fleurs le visage de la jolie qu'on chérit: c'est charmant!

Parler du jour qui est parti: ce n'est pas charmant!

Fais la fête! Tais-toi sur le jour passé! le jour qui est: c'est charmant!


Omar Khayam in "Rubayat"

Traduction d'Armand Robin


dimanche 21 mars 2021

Noces indiennes

 


« A Madras, Savitri la fille du cuisinier de la famille Lyndsay, et David, le fils Lyndsay, se jurent un amour éternel. Dans le Tamil Nadu, Nat est adopté par un médecin blanc et quitte son orphelinat. En Guyane britannique, Saroj, jeune fille rebelle se rebiffe et refuse le mariage arrangé par son père. »

Trois personnages dont les destins croisés sont relatés avec sensibilité par la plume émouvante de Sharon Maas.

Trois histoires d'amour se déroulant à trois époques différentes et sur trois continents. Trois histoires aux méandres plus surprenants les uns que les autres.

Savitri possède une sensibilité extrême au point de savoir «parler» avec les animaux, les comprendre et communiquer avec eux, elle saisit la part de Dieu dans les prières musulmanes et prie, chaque matin, avec les muezzins : le message divin est partout quelle que soit la religion à laquelle il appartient. Aussi, rien ne peut-il être impur aux yeux de cette jeune brahmane.

Elle apporte une touche subtile à chaque chose passant entre ses mains, elle apporte une dimension particulière aux aliments et donc à la saveur de ces derniers quand ils sont cuisinés. Dans ses mains court une énergie spéciale, un fluide peu commun, elle guérit et apaise les âmes comme les corps. Elle a le Don qui se transmet de génération en génération au sein de sa famille, ce don qui fait qu'elle a une aura invisible et pourtant prégnante : à son contact, tout prend une autre dimension ; la rencontre avec le serpent dans le jardin est un moment extraordinaire, le temps s'arrête pour que deux mondes se côtoient dans un respect mutuel ; le jour où David la surprend en train de danser la danse du paon, instant sublime quand l'harmonie du monde se mêle à celle de l'âme et du corps.     

Nat, orphelin au teint clair, est adopté par un médecin anglais dont un pied est en bois. Sur cette particularité rien ne transpirera jusqu’à la fin du roman. Le lecteur ne connaît pas le nom du père adoptif de Nat, il sait seulement que Nat l’appelle « papa » ou « docteur ». Nat grandit dans un village reculé et devient vite réputé pour sa « main d’or » car il porte chance à ceux qu’il touche. Il est éduqué pour succéder à son père et consacrer sa vie aux plus démunis, aux oubliés de l’éveil indien.

Il doit quitter l’Inde pour poursuivre ses études à Londres. Là, c’est le choc culturel : Nat apprend la volupté, le sens de la fête, à conquérir les filles jusqu’à en oublier d’étudier. Puis, il se réveille en s’apercevant qu’il est passé à côté de l’essentiel, qu’il n’a pas revu son père depuis trop d’années. Il veut retourner en Inde, hésite, se décide pour ne pas décevoir l’ami de son père venu le convaincre de rentrer. Nat escompte fausser compagnie lors de l’étape ceylanaise, il ne peut le faire et revient dans son village perdu près de Madras… en pleine mousson. Il prend conscience qu’il a fait fausse route toutes ces années, qu’il doit devenir médecin.

Saroj, la rebelle qui hait son père depuis qu’il a chassé sa nounou parce qu’elle l’avait laissée jouer avec le petit voisin noir. Baba est un indien traditionnaliste et rigoriste alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le poids des traditions s’estompe à l’autre bout du monde. Baba a décidé que Saroj épousera le jeune homme qu’il lui a choisi. La chape de plomb du mariage arrangé fait exploser le cocon familial dans une cacophonie de pleurs et de chagrin. Ma, la mère si consensuelle, si indienne, disparaît dans les flammes de l’incendie qui ravage la maison familiale et anéantit le jardin magnifique qu’elle a créé, elle qui sait si bien marier les saveurs, qui a la main verte, qui sait comprendre les cœurs, qui sait manœuvrer son époux, Baba.

C’est en Angleterre, à Londres et ses environs, que le dénouement aura en partie lieu, où les colères s’apaiseront, où les blessures cicatriseront. Les fils du maillage du récit font alors sens : le lecteur rassemble les indices dispersés tout au long du roman pour apprendre ce qui se cache sous ces destins croisés.

 

Sharon Maas orchestre plusieurs tableaux représentatifs de l’Inde qu’elle aime malgré les zones d’ombre : la pauvreté, l’insalubrité des demeures des indigents, la rigidité du système des castes qui perdure jusqu’en Guyane britannique, les femmes soumises à la décision des hommes et/ou à leur cruauté.

Le lecteur est transporté dans un rythme bollywoodien, les rebondissements sont nombreux ainsi que les scènes plus sentimentales sans que cela ne sombre dans le pathos ou le sirupeux.

J’ai aimé les couleurs, les saveurs qui imprègnent le roman ainsi que la manière de dérouler une partie de l’histoire moderne de l’Inde tiraillée entre les idées nouvelles et les croyances, les traditions ancestrales et les non-dits des pratiques millénaires. Le carcan se fissure puis craque dans la douleur et le chagrin parfois.

Cependant, le dénouement apporte une note optimiste et insuffle l’espoir de voir évoluer tant le système des castes que la condition féminine que ce soit celle des femmes éduquées et celle des femmes les plus démunies.

Je ne connaissais pas cette auteure et j’ai envie de continuer à la lire, notamment son autre roman « La danse des paons ».

Je remercie Hilde pour l’organisation de cette lecture commune dans le cadre des Etapes indiennes.


Roman traduit de l’anglais par Martine Leroy-Battistelli

 

Quelques avis :

 Rachel  Babelio  Sens critique  Livraddict  La livrophile  Critiques libres  Noisette  Bienvenue du côté de chez Cyan  

Lu dans le cadre:



lundi 15 mars 2021

La glace peut être votre pire cauchemar



 

The Terror

Il y a 2 saisons d'une dizaine d'épisodes chacune.

La première saison est consacrée à l'expédition britannique en arctique pour découvrir le passage du Grand Nord reliant l'Atlantique au Pacifique.

« The Terror » est une série américaine de David Kajganich et Soo Hugh. La première saison est l'adaptation du roman « Terreur » de Dan Simmons qui revient sur l'expédition Franklin, un désastre humain. Personne n'a su ce que ces hommes sont devenus et aujourd'hui le mystère est intact.

Dan Simmons imagine dans son roman ce qui a pu arriver aux deux équipages.

Je n'ai pas lu le roman, le visionnage de la série m'a donné envie de m'y plonger quand le moment sera venu.

En 1845, Sir John Franklin est à la tête d'une expédition dans le but de découvrir le Passage Nord-Ouest. L'expédition est composée de deux navires britanniques : le HMS (Her Majesty's Ship) Erebus et le HMS The Terror. Le premier est commandé par James Fitzjames et le second par Francis Crozier, commandant en second. L'hiver leur tombe dessus plus tôt que prévu les bloquant dans les glaces non loin de l'île du Roi-Guillaume suite à une erreur de pilotage. Les 134 hommes doivent survivre dans le froid extrême malgré les maladies, dont une qui les rongent, et les attaques d'une inquiétante créature.

Les navires bénéficient de matériel moderne et performant : un moteur à vapeur, du chauffage. Les équipages bénéficient d'une importante bibliothèque et dans les cales sont entreposés trois ans de nourriture.

Ces 134 hommes se retrouvent soumis aux conditions climatiques extrêmes, aux privations alimentaires, aux longues ténèbres arctiques agrémentées de tempêtes d'une violence inouïe. Or, la cerise sur le gâteau est la présence d'une créature meurtrière empreinte de mystère : qu'est-elle ? Un esprit esquimau ? Un monstre sanguinaire ?

Les embarcations disparaîtront corps et bien, plus personne n'aura de leurs nouvelles. Alors...que s'est-il passé?

La force de Dan Simmons est de tisser son histoire à partir des zones d'ombre et de faire apparaître aux côtés des éléments réels des éléments fantastiques.


La série est très bien réalisée, les acteurs jouent juste, sans en faire trop. Le point important est qu'ils ne sont pas tous de « beaux gosses » à l'américaine. Non, ils ont des « trognes », ils apportent du caractère et de l'épaisseur à leur personnage.

La photographie est parfaite : les décors, qui ne sont pas naturels, nous emportent dans cet enfer blanc et glacial. Les visages sont tannés par le froid et les gifles des bourrasques. Les costumes réalistes.

J'ai eu la joie de retrouver Tobias Menzies qui tint le rôle, difficile et fascinant, de Frank Randall/capitaine John Randall dans "Outlander". J'ai toujours beaucoup apprécié son jeu et dans « The Terror » il est d'une perfection toute britannique : collet monté, un brin de morgue, doté d'une discipline irréprochable. Le masque s'effrite à mesure que la catastrophe devient inévitable, que le seuil de la mort est proche. L'homme se révèle tel qu'il est : rongé par la peur et la honte d'avoir failli en tant que fils illégitime.


Comme dans tout récit, il y a des personnages qui sortent du lot : l'anatomiste Henry Goodsir, humaniste hors pair, curieux des autres et d'une immense tolérance. L'inquiétant quartier-maître Cornélius Hickey, sournois à souhait, manipulateur et imposteur. Le commandant en second Francis Croizier, alcoolique, réaliste quant à la dangerosité de la situation, vétéran d'une précédente expédition dans la même zone.

La présence de la créature provoque la terreur irrationnelle au sein des équipages mais aussi chez le téléspectateur sensible tel que moi. Peu à peu, éclairé par les révélations muettes de Lady Silence, la fille d'un chamane inuit, la créature n'est pas la plus monstrueuse : l'homme peut se révéler être un véritable monstre pour ses semblables. L'exploration de cette zone d'ombre par Dan Simmons et reprise avec brio par les réalisateurs de la série, apporte ce qu'il faut de sueurs froides et de sidération devant l'inhumanité et l'absence d'empathie d'un des personnages.

La créature permet de scruter les abysses sombres et détestables de l'âme humaine.


« The Terror » est une expérience extraordinaire au cœur d'une immensité blanche, glaciale et minérale. J'ai plongé dans cet univers cruel et beau sans regret malgré mes nerfs mis à rude épreuve.

Quand on sait qu'elle a été produite par Ridley Scott... on ne peut s'attendre qu'à du bon.

Ah, j'oubliais... le générique est, aussi, excellent.


Un avis dithyrambique chez : Cliffhanger

D'autres avis:

Le Point  Close upmag  Critictoo  Le mag du ciné  Les Inrocks

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