mercredi 31 octobre 2007

De circonstance


Aujourd'hui, je mets en avant un album de circonstance "Dans la nuit d'Halloween" de Martine Bourre et Olivier Mauffret édité chez Didier Jeunesse, dans la collection Pirouette. Pirouette reprend les comptines et poèmes traditionnellement appris aux enfants d'en âge d'aller à la Maternelle. Les illustrations sont toujours somptueuses, réalisées souvent à partir de collages de divers matériaux.


"Dans la nuit d'Halloween" reprend la ronde chantée "Tous les légumes au clair de lune étaient en train de s'amuser...". Ici, le thème est celui d'Halloween et d'emblée le mystère et l'atmosphère inquiétante apparaît "ça craque au fond du parc....ainsi commence la nuit d'Halloween".


Et on suit le réveil des curcubitacés du potager jusqu'à la cantine où "ça trottine, ça trottine" et le départ des légumes sous les yeux du petit chat noir (héhéhé, c'est Halloween quand même, ne l'oublions pas!):


"Tous les légumes au clair de lune étaient en train de s'amuser/ Ils s'amusaient tant qu'ils pouvaient/ Et moi, je les regardais:/ Le potiron tournait en rond, le pâtisson faisait des bonds/La courge serpent allait devant, l'épouvantail menait le bal/ Tous les légumes au clair de lune/ se sont évanouis dans la brume..." Le chat reste avec au creux de sa patte la graine que chacun lui avait donné: promesse des récoltes à venir au retour de la belle saison. Le 31 Octobre, la nature s'endort pour un long sommeil, les courges et autres curcubitacés, ultimes récoltes de l'année, demeurent au cellier, légumes d'un hiver qui s'annonce.


Les textes simples mais aux rimes amusantes et faciles à retenir. Un jeu sur les sonorités de la langues permettant la découverte des sons (simples comme plus complexes).


Le plus: chanter les dernières pages de l'histoire quand on connaît la ronde des légumes....le succès est garanti et assuré!


Joyeux Halloween!!!!!

mardi 30 octobre 2007

Trilogie cairote






Au hasard de mes pérégrinations à la médiathèque, j'étais tombée sur un titre qui m'avait arrêtée « Impasse des deux palais » de Naguib Mahfouz. Ni une ni deux, j'empruntai ledit roman en me disant que comme c'était le premier volet d'une trilogie, les tomes suivants ne devaient pas être bien loin. Hum...c'était sans compter avec l'étrange logique des achats de la médiathèque: il y a bien le premier tome mais pas les suivants...hallucinant. Le temps passe et le mois dernier, je saute le pas: j'ai « commandé » les deux derniers tomes car j'étais restée sur ma faim et je désirais vraiment connaître la fin de l'histoire! Il y a à peine 15 jours, la médiathèque m'appelait pour me signaler l'arrivée des tomes tant attendus « Le palais du désir » et « Le jardin du passé ».
Naguib Mahfouz embarque son lecteur dans un voyage au long cours, dans le sillage d'une famille cairote, vivant au coeur du vieux Caire. Une famille traditionnelle où l'autorité du Patriarche, Ahmed, est indiscutable et despotique. L'Egypte est sous domination anglaise, les sursauts d'indépendances éclorent à peine, la vie semble tranquille et sereine. Mahfouz dresse un portrait d'une société bourgeoise traditionnelle pétrie de certitudes.
« Impasse des deux palais »
Ahmed
est un homme affable à l'extérieur et un vrai despote chez lui: toute la famille tremble devant lui (femme, filles et fils!) et se soumet à ses dicktats. Ahmed pense-t-il que le respect filial ne saurait être vivace sans la dureté paternelle? Ses fils, Yacine, Fahmi et Kamal n'osent se rebeller. Les filles, Aïsha et Khadiga, attendent qu'une demande en mariage les emmène vers une autre vie familiale. Elles attendent, en compagnie de leur mère, Amina, en regardant la vie qui passe dans la ruelle derrière les moucharabjehs, fenêtres, jalousies, ouvertes vers le monde extérieur, ouvertures partielles dans la clôture. Monde d'où elles sont exclues. Mais ces fenêtres ouvertes vers le monde interdit peuvent être aussi le lieu des joies illicites, comme celles de capter le regard d'un éventuel amoureux. La terrasse est également un oeil sur le monde extérieur, lieu où les oeillades amoureuses peuvent s'échanger.
Naguib Mahfouz peint, par touches successives, le poids étouffant de la tradition religieuse et familiale: l'Islam apparaît comme frustrant la jeunesse et sa sève débordante, jugulant les sentiments, les réprimant sans état d'âme apparent.
Amina, captive soumise paiera cher sa « désobéissance », sa sortie (seule et unique) pour aller se reccueillir à la mosquée: un exil chez sa mère qui ne durera que quelques jours grâce à l'amour filial! On s'aperçoit, que loin d'être libre chez elle, dans son foyer, la femme musulmane (dans une famille traditionnelle) est sans cesse opprimée et parfois, cette situation devient insoutenable pour une lectrice occidentale. Au fil du roman, des fissures apparaissent: l'Histoire se mêle aux histoires, les fils, imperceptiblement, s'opposent au patriarche qui, à la fin, ouvre un peu les yeux devant l'inutilité de son despotisme....et accepte, à regret, cet état de fait.
Mahfouz, à l'aide de son personnage Ahmed, entraîne le lecteur dans les nuits agitées et musicales du Caire d'après le coucher du soleil....monde des hommes où la musique, les danses, les chants, l'alcool et les femmes légères sont partout. Les rues bouillonnantes sont l'âme du Caire, sont l'âme d'une société qui sait, qui aime s'amuser malgré le carcan religieux... au prix de petites et grandes hypocrisies.
L'Histoire craquèle la vie bien réglée de cette famille, traditionnelle, cairote, lentement mais sûrement. Sera-t-elle emportée par les élans du modernisme, l'émergence su sentiment patriotique et national, l'exaltation de la révolution?
Dans « Le palais du désir », l'embryon de révolution a durement touché la famille d'Ahmed: Fahmi, le fils prometteur, est tombé sous les balles anglaise, amenant une ombre de profonde tristesse sur le clan.
Le Caire est toujours aussi bruyant, luxuriant, coloré et exahlant les senteurs les plus enivrantes. Ahmed, Amina, Yacine, Kamal, Aïsha et Khadiga ont vieilli et la disparition de Fahmi plane sur tout le roman. Les filles sont mariées et mères de famille respectables, Mahfouz focalise son récit sur Kamal, le benjamin.
Kamal découvre les affres de l'amour, les idéaux de l'adolescence et la sacralisation de l'être aimé. Aïda, soeur d'Hussein, son meilleur ami, le subjugue par sa beauté mais aussi par son éducation à l'européenne qui lui donne liberté et études supérieures. Seulement, Kamal découvre avec horreur qu'Aïda est depuis longtemps fiancée à Hassan (un autre de ses amis de lycée), issu de l'aristocratie cairote, riche et cultivée, très éloignée de la sienne issue de la petite bourgeoisie et des vieux quartiers du Caire. Son coeur est dévasté par la révélation de l'abîme qui les a toujours séparés.
C'est également l'époque où Kamal découvre les joies de l'étude et la cruauté de la perte de la foi. Il se forge, à force de volonté, un masque: toujours souriant au dehors mais désespéré intérieurement. Mahfouz, subtilement, égratine le côté rigide de la religion en dressant un portrait peu engageant du mouvement des Frères musulmans.
Kamal n'est pas le seul à changer: Ahmed, le vieux patriarche, se laisse aller à quelques faiblesses, notamment celle d'entretenir une maîtresse. Il recouvre son âme de jouisseur au sortir du deuil de Fahmi...la vie est toujours plus forte que tout. Yacine, l'aîné, s'émancipe en quittant la demeure familiale pour fonder ailleurs un foyer. Yacine, jouisseur et amateur de femmes (de toutes les femmes), après deux unions malheureuses, épouse une ancienne harpiste qui s'avère être, ô belle ironie de la vie, l'ancienne maîtresse du père!
L'éducation traditionnelle est mise à mal par l'entrée dans la modernité de l'Egypte. L'Europe apporte un souffle nouveau, perceptible surtout dans l'aristocratie qui éduque ses enfants (garçons et filles) autrement. Certains tabous religieux tombent tels que la consommation d'alcool mais surtout de porc! Kamal ressent encore plus le choc de ces deux cultures et éprouve moult difficultés à le vivre: il souhaite que l'Egypte entre dans la modernité et en même temps reste attaché aux traditions de son pays.
« Le palais du désir » est le récit du désir d'aimer et d'être aimé, le désir d'émancipation de la tutelle paternelle et de liberté, c'est aussi le désir d'être sans faux-semblant avec son père: ce dernier ne doit pas craindre un moindre amour ou un moindre respect de la part de ses enfants s'il n'est pas un patriarche sévère et traditionnaliste...loin de là.
La saveur de l'écriture de Mahfouz se retrouve dans les instantanés de la vie cairote. Ainsi, la vie des soeurs de Kamal chez leur belle-mère: Khadiga a du mal à accepter l'obligation d'appeler « maman » sa belle-mère et creuse sa révolte souterraine.
Les scènes truculentes dans les bistrots, les maisons louées pour recevoir les prostituées.
J'ai aimé plus particulièrement les scènes du café: les enfants se rassemblent autour de leur mère Amina pour prendre le café après le repas. Rituel immuable après le départ du patriarche à sa boutique, moment où la conversation roule sur la vie quotidienne, où se règlent certaines affaires familiales, loin de la présence oppressante du père. L'odeur chaleureuse du café flotte entre les phrases du récit et embaume l'imagination du lecteur.
« Le jardin du passé » , ultime volet de la trilogie, est la voix des petits-enfants, est le moment où l'Egypte d'antan bascule vers la modernité....la ruelle s'illumine la nuit grâce à la fée électricité, rendant moins épiques les retours de soirée du patriarche.
Les changements qui s'annoncent font ressurgir les idées radicales religieuses mais aussi les aspirations à la démocratie. Deux petits-fils d'Ahmed s'engagent : l'un chez les Frères musulmans, parti religieux conservateur, l'autre, libre penseur, dans la mouvance communiste. Quant à Kamal, il est de plus en plus tiraillé entre l'Orient et l'Occident, perd peu à peu ses repères et s'enlise dans d'incessantes interrogations philosophiques mais aussi personnelles: sa vie devient éternelle question sans réponse et passe, irrémédiablement, à côté de lui.
Naguib Mahfouz, à coups de pichenettes, écorne encore la société cairote aux prises avec la marche du Temps: Au Caire, c'est le piston et les alliances avec les grandes familles qui font et défont les avenirs professionnels. Mais ce sont les traditions éducatives qui ne permettent pas aux filles, de la bourgeoisie traditionnaliste, de poursuivre des études supérieures: pourquoi aller au-delà du certificat d'études quand l'avenir est de rester au foyer? Et ce sont les carcans qui faussent, malgré les études supérieures, le regard de certaines jeunes filles de la bonne société (il faut garder son « standing » et pour se faire préférer un mari âgé et fortuné)...comble de l'ironie!
Les grands-parents, Ahmed puis Amina, disparaissent, rejoignant le passé et remplissant de souvenirs un « jardin du passé » et éclairant l'avenir d'une autre lumière. Les petits-fils luttent pour une Egypte nouvelle et moderne, libérée du joug britannique. Cependant, malgré les bruits rageurs de la guerre, Le Caire reste immuable: les rues étroites et sombres du vieux quartier, les palais des beaux quartiers, les rues de débauche, les petits commerces, les personnages hauts en couleurs (tels que le cheik centenaire et sénile qui déambule dans les rues sans reconnaître personne).
« Le jardin du passé » ce sont les regrets de Kamal qui semble être passé à côté de sa vie et étreignent son âme au soir de la vie de sa mère: que laissera-t-il derrière lui lorsque viendra son tour de partir? Aura-t-il accompli quelque chose, une oeuvre achevée? Le doute perd celui qui doute et l'amène à ne pas vivre sa vie.
Mais, ce jardin du passé demande à être clos et oublié afin que la vie, le présent deviennent le véritable avenir et emportent Kamal vers une autre lumière.
Une véritable belle saga familiale, digne de « Quatre générations sous un même toit » de Lao She, au coeur du Caire, au coeur de ce Moyen Orient et de cette Egypte à la richesse millénaire. On pleure, on s'insurge, on rit et on lutte en compagnie des personnages qui ne laissent absolument pas indifférents le lecteur. A lire sans retenue!

Jules les a lus ICI LA puis ICI

Romans traduits de l'arabe par Philippe Vigreux

lundi 29 octobre 2007

A l'Ouest, il y a du nouveau!


Entre les rencontres des Toulousaines, celles du club des théières parisiennes et le pique-nique de la bloggoboule, les bloggeurs bretons se demandaient si, un jour, ils allaient franchir le pas du virtuel au réel! Et c'est Majanissa qui a eu l'excellente idée de provoquer une rencontre entre bloggeurs « brezhoneg » (j'espère qu'il n'y a pas de faute(s) d'orthographe!!!!). Le prétexte? Le 18è Festival du Livre de Bretagne qui se tenait, ce week-end, à Carhaix.

Nous voilà, Le Bibliomane et moi, fin prêts dans la voiture, roulant vers Carhaix et nos bloggeurs. A peine arrivés à la sortie de Guingamp..... « Crooootttteeee! J'ai oublié mon APN! ». Si je vous dis que Le Bibliomane commençait à rigoler, vous me croirez, n'est-ce pas? Heureusement, en cette fin de matinée dominicale, peu de circulation sur la départementale menant à Callac, et hop! la Chatperlipopette opère un demi-tour et direction la maison pour récupérer le fameux APN. Ben oui....manquerait plus qu'on ne puisse pas prendre de photo-souvenir!
Le vrai départ vers Carhaix commence. Nous prenons la route qui mène en Centre Bretagne et parcourons cette partie vallonnée (ah! Les Menez....) aux rousseurs automnales. Après ¾ d'heure de route, et un tour gratuit de rond-point, nous arrivons à Carhaix, à l'espace Glenmor. Nous sommes en avance (malgré le gag de l'APN) aussi allons-nous faire un petit tour au Salon et nous papotons avec une dame travaillant au Centre Régional du Livre de Bretagne (centre qui a édité
« Nouvelles de Bretagne » petit recueil voyageur). Nous lui parlons des « Nouvelles de Bretagne » qui circule dans la blogosphère et nous lui exprimons notre souhait de lire encore de tels recueils. Nous lui racontons un peu notre vie de bloggeurs ce qui semble beaucoup l'intéresser. Midi sonne, l'heure du rendez-vous est LA!!!! Nous sortons, je suis un peu intimidée. Je m'aperçois qu'il y a une jeune femme en compagnie d'un couple et d'une autre dame. Arrive dans leur cercle un autre couple. Le Bibliomane et moi nous posons la question: « Alors, ce sont nos bloggeurs? ». Comme je suis timide, j'envoie mon cher et tendre Bibliomane en éclaireur....eh oui!!!!! Ce sont nos bloggeurs!!! Alors là, commence une très très très agréable journée! Eireann est là, tel que je l'imaginais, doté d'une splendide barbe (que voulez-vous, je ne le voyais pas sans barbe!!), Majanissa, toute mimi et réservée avec une voix douce (Majanissa ne pouvait qu'avoir une voix douce), Sylire, grande, élancée (elle a gardé un petit air de sa photo « de quand elle était petite ») et elle ressemble un peu (j'ai oublié de le lui dire hier!) à une de mes collègues, Joëlle, joviale, rayonnante comme son blog! Elle était accompagnée, comme Eireann, de sa moitié (rire). La mayonnaise, comme on dit, a pris immédiatement et tout le monde s'est senti à l'aise....moment d'intense magie au cours duquel on a l'impression de connaître les gens depuis longtemps.
Majanissa raconte très bien l'épisode parcours jusqu'à la crêperie qui fut amusant car une partie de l'équipée bloggesque s'est un peu égarée dans l'artère principale de Carhaix (notez que c'est un réel exploit digne des plus grandes comédies burlesques!). Le principal est d'y être enfin parvenu à cette très agréable crêperie, sise près des Halles, « Ty Gwenchall » où j'ai dégusté une excellente galette au roquefort et aux oignons suivie d'une crêpe au chocolat maison, le tout accompagné de bolées d'excellent cidre!
Le repas s'est déroulé dans la joie et la bonne humeur, repas pendant lequel nous avons parlé de tout et de rien mais aussi de livres (c'est original comme sujet de conversation!). Cette convivialité nous a permis de faire plus ample connaissance et d'aller au-delà de notre « bloggitude » (c'est à la mode les trucs en « itude »!): ce qui construit chacun de nous a apporté une petite touche intime à la partie émergée constituée par nos blogs respectifs. Un moment très intense et très chaleureux que j'ai hautement apprécié.
Et les livres? Et le festival dans tout cela? Mais, nous y sommes allés! Yvon-Eireann nous a présenté
Laurent Ségalen, jeune auteur de polar breton, dont le dernier titre « Délit d'intitiés à Brest » vient de sortir. C'est un homme charmant, chaleureux et peu avare de son temps, doté un sens de l'humour certain! J'ai aperçu Hervé Bellec dont « Un bon dieu pour les ivrognes » m'avait beaucoup plu et hélas, je n'ai pu faire connaissance avec Hervé Jaouen....ce sera pour une autre fois. Yvon m'a épatée par sa connaissance pointue des auteurs bretons: si vous voulez un avis étayé et éclairé avant de vous lancer dans la lecture d'un auteur breton, foncez lire ses chroniques!!!!
Bien entendu, malgré toutes les recommandations que j'ai pu me faire avant de partir, je n'ai pu résister bien longtemps à l'appel de titres qui me criaient « lis-moi! Lis-moi! ». Je suis repartie avec quelques petites choses: « Délit d'initié à Brest » de L.Ségalen, « Au-dessous du calvaire » d'H.Jaouen, « Haïku du chat » de J.Poullaouec, « Une journée avec Gwen la bigoudène » et « Chouette il pleut! » de Delphine Garcia. Pour accompagner le tout....une foule de marque-pages!!!
Le temps passa très vite, trop vite, mais il fallut penser à retourner chez nous. J'ai été ravie de rencontrer Eireann et Mme Eireann, Joëlle et Mr Joëlle, Majanissa et Sylire et d'avoir partagé ces agréables moments avec eux. Je ne peux m'empêcher de dire....Quand recommençons-nous?

Mille et un mercis Majanissa pour l'organisation de cette précieuse journée!
Les autres versions ICI, LA puis LA et LA et encore ICI !!!

samedi 27 octobre 2007

A côté de chez moi....


Ce Week-End, se tient un salon consacré aux livres: le festival du livre de Bretagne à Carhaix. Cette année, le Pays de Galles est l'invité d'honneur.

Demain, Mr Chatperlipopette (alias Le Bibliomane) et moi irons à la rencontre de la culture bretonne mais aussi à la rencontre de quelques bloggeurs bretons, rencontre organisée par Majanissa!

Le Bibliomane et moi rencontrerons aussi, par la même occasion, une bretonne forumeuse comme nous sur Parfum de livres....un grand moment en perspective!

Depuis le temps que les bloggeuses toulousaines et parisiennes me font baver d'envie avec le récit de leurs folles rencontres ( librairies et salons de thé dévalisés honteusement! ), je vais enfin sauter le pas et mettre ma timidité (si, si, si je suis timide!) dans ma poche!

Carhaix et ton Festival du livre de Bretagne, me voilà!

Il est arrivé!!!!



Quelle agréable surprise au réveil: mon colis swap est arrivé ce matin, dès potron minet! Ma GD est Carson et elle a su cerner les goûts de Chatperlipopette!

Mais qu'y a-t-il dans ce colis?

Tout d'abord, une très belle carte postale (on dirait une fresque de Pompéi!) avec un gentil mot de Carson....j'en suis encore tout émue. J'ai découvert une sublime boîte de thé: "Le thé des écrivains".....japonais s'il vous plaît (avec cela si la Chatperlipopette n'est pas ravie....). Bien entendu, même si j'ai résisté à l'appel de la dégustation - il n'était qu'à peine 9h au moment où j'ai découvert le contenu du colis et le matin, pour moi, c'est English Breakfast avec un nuage de lait! -, je n'ai pu résister à l'envie de découvrir l'odeur du thé des écrivains japonais. Huummm un délicat parfum de fleurs de cerise accompagné d'une délicieuse et suave odeur de marasquin....l'appel de la théière devient criant, ce sera après le repas dans le salon avec le premier tome de la pentalogie du "Poids des secrets" de Aki Shimazaki...Eh oui, Carson a tapé dans le mille avec ce titre (alors là, la Chatperlipopette est aux anges!).

Mais les douceurs ne s'arrêtent pas....loin de là! Accompagnant "Tsubaki", deux autres livres qui me faisaient de l'oeil depuis quelques temps: "Le chat qui venait du ciel" de Takashi Hiraide et "Le petit éloge de la douceur" de Stéphane Audeguy (que j'ai failli acheter, jeudi, à Brest!!!!).

Dèjà, tant de petites attentions me comblaient mais ce n'est pas fini, non, non, Noël continue!

J'aime, que dis-je j'adoooooooooooore le chocolat (c'est ma passion avec les livres et le thé), mais j'apprécie également le Nougat et Carson m'a comblée en m'envoyant un peu de ces douceurs du Sud.

Ce n'est pas tout! J'ai eu la joie de recevoir un joli calepin globe-trotter (des librairies et des bibliothèques!) et un petit carnet, tout mimi, pour noter les titres des livres que je prête et une très jolie bougie en forme de macaron (on en croquerait bien un mot tellement elle est appétissante)! Le tout agrémenté de marque-pages dont un avec quoi.....facile à trouver....avec deux adorables petits minets noir et blanc en pleine méditation féline!

Mille et un mercis Carson pour toutes ces jolies choses qui m'ont ravie et encore merci et bravo Loutarwen pour ce beau swap litThérature!

Chatperlipopette n'infuse plus et va se lancer dans la dégustation de toutes ces douceurs à lire et à consommer!!!! Son attente, grillante, infusante et torréfiante, a été comblée!

vendredi 26 octobre 2007

Autour du Thé

En attendant l'arrivée (avec une impatience qui me transforme en feuille de thé diablement infusée!!) de mon swap LitThérature, un glanage au hasard du net:

Extrait du "Le Cha Jing ou classique du thé" de Lu Yu, éditeur Jean-Claude Gawsewitch.



"Lorsqu'on torréfie du thé en galettes, il faut veiller à ne pas le faire au-dessus de braises esposées au vent : le feu s'élevant de façon sporadique, les flammes seraient comme de petites lames et le thé ne serait pas chauffé de manière homogène. Il convient de l'approcher du feu, de le tourner sans relâche jusqu'à l'apparition de petites aspérités, telles celles qu'on trouve sur le dos d'un crapaud. Alors, on continue à rôtir les galettes à la flamme, mais à cinq pouces de distance. Dans le cas où la galette gondole, ou qu'elle se désagrège, il faut recommencer la torréfaction depuis le début." (p 54)

"Liu Xiaochao, de la dynastie Liang, écrivit, dans une lettre pour remercier Jin Anwang de ses présents de riz : 'Je te transmets les ordres de Li Mengsun. Tu dois me donner ces denrées : du riz, du vin, des courges, des pousses de bambou, du chou, fermenté, de la viande séchée, du poisson mariné dans la saumure et du thé, en tout huit choses. L'arôme doit en être exubérant, le goût riche, pareils aux meilleurs élixirs de Xincheng et Yunsong. Les pousses de bambou qui croissent près des fleurs et dans les marécages surpassent des mets aussi exquis que le lis des marais. Nul plat de roi ne peut se comparer aux grasses courges des abords de la frontière. La viande de chevrotain liée avec du roseau est moins savoureuse que la viande d'âne séchée enveloppée dans son tissu blanc comme neige." (p 92)
Je ne savais pas que l'on pouvait utiliser le terme "torréfier" pour le thé: ingénument je pensais qu'il n'était réservé qu'au café. A priori c'est lors d'une opération culinaire spécifique ce qui expliquerait cette terminologie.

Une bien jolie phrase:

"Le silence partout s'étend La vaste salle est déserte J'attends mon seigneur qui n'est pas revenu Mon désespoir s'adoucit dans une tasse de thé."

Pour achever la mise en bouche, l'argumentaire de l'éditeur:

"Le Cha Jing ou Classique du thé est un essai magistral de Lu Yu, fin lettré chinois de la dynastie des Tang, qui donne ses lettres de noblesse à la culture du thé et à sa remarquable place dans la Chine d'il y a plus de mille ans. Ce texte fondateur d'un érudit consacré "dieu du thé" envisage toutes les phases de la cueillette à la dégustation, et puise aux sources du taoïsme, du bouddhisme et du confucianisme, pour une philosophie du thé, philosophie d'un authentique raffinement."

"Précis sur l'art du thé, de sa plantation à sa décoction, écrit au VIIIe siècle, qui entend fixer les canons du thé selon des critères de frugalité et de rigueur, le besoin de l'excellence et la quête systématique du raffinement. Accompagné du texte original chinois en fin d'ouvrage."

Qui résiste après cela?












jeudi 25 octobre 2007

Le Club de lecture des bloggeuses

Allie m'a donné l'idée de ce billet récapitulatif au sujet du Club de lecture des Bloggeuses!
Le vote pour la prochaine lecture de janvier 2008 est clos et le dépouillement a eu lieu, ce sera:







Le 1er novembre 2007: mise en ligne des commentaires sur la lecture de "Compartiment pour dames" d'Anita Nair ou d'un tout autre titre de cette auteure ou d'un billet concernant la littérature indienne.


Jusqu'au 1er décembre 2007: envois de propositions sur le thème de la biographie. Le courriel est le suivant: lecturecommune@yahoo.fr

Du 3 au 16 décembre: vote pour choisir la biographie.


Fin décembre: annonce de la biographie choisie et annonce du thème/lecture suivant(e).


Le 1er janvier 2008: mise en ligne des commentaires sur "La vierge froide et autres racontars" de Riel.


Le 1er Mars 2008: mise en ligne des billets sur la biographie.

mercredi 24 octobre 2007

Nan! J'aime pas ça!

Combien de fois une maman n'a-t-elle pas entendu l'éternelle rengaine du "Nan, j'en veux pas, j'aime pas ça!"? Une centaine, un millier, un million de fois? Je crois que les mamans ne les comptent plus!
"Beurk!" est un album d'André Bouchard dédié "à tous les enfants qui disent "beurk" avant d'avoir goûté leur plat." Un album d'un humour ravageur et à la chute succulente!

C'est l'histoire de la rencontre d'un merlan dans une assiette et d'un petit garçon, Sébastien, regardant d'un oeil suspicieux ladite assiette.

"Ce midi, il y a du poisson à manger chez les Picoré. Dans son assiette, Sébastien Picoré, six ans et demi, voit un merlan pour la première fois de sa vie. Un drôle de merlan qui le regarde avec un air bizarre." Une telle introduction augure de la saveur du récit qui va suivre! Un dialogue, digne d'une saynette, va prendre forme entre le merlan et le petite garçon.

Le merlan tente de sauver sa peau en interpellant Sébastien pour lui expliquer comment il a attérri dans son assiette. Il lui raconte son voyage, dégoûtant au possible, jusqu'à l'assiette qui commence par cet aveu :

"J'ai fait pipi dans ton assiette" annonce d'emblée le merlan, qui n'a pas froid aux yeux! Etonnement et intérêt immédiats du gamin comme du lecteur!

Et le poisson impertinent de continuer à énumérer les endroits les moins recommandables qu'il a traversé: les égouts, "les tuyaux qui remontent aux cabinets", puis en tombant, les pousssières, les toiles d'araignées (garnies de grosses mouches), la poubelle pleine depuis plusieurs jours (je vous épargne l'énumération des ordures qui la peuplent....mais les enfants vont s'en gargariser, c'est certain!). Une fois le récit achevé vient la question fondamentale:

"Alors? Tu veux toujours me manger?" Là, le merlan se voit sauvé mais il a oublié l'imagination débordante des enfants pour agrémenter, à leur manière très particulière et inventive, leur repas! Et le pauvre merlan ne peut que constater: "Zut! Raté!"

Les illustrations sont simples mais efficaces: la mise en image et couleurs des endroits immondes décrit par l'abominable merlan est criante de vérité (on s'y croirait!). Les allusions au "pipi-caca" seront délectables aux oreilles et aux yeux des enfants qui ne s'en lassent pas!

La moralité de l'histoire? Si un enfant réclame un étrange assaisonnement pour son poisson, autant le lui fournir!

Un album amusant, à lire pour rire et amener à penser que les aliments ne sont pas si inappétents qu'on ne croit! Bien entendu....pas avant le repas!


mardi 23 octobre 2007

Voyage au pays bigouden

Souvenir de lecture (c'est finalement bien d'avoir posté quelques avis de lecture chez Zazieweb ;-D )....avant le Festival du Livre de Bretagne qui aura lieu à Carhaix le week-end prochain.

Voilà un livre truculent pour ceux qui aiment les témoignages de vie traditionnelle. Pierre Jakez Helias, chantre de la Bretagne, décrit avec humour et bonheur la vie quotidienne dans une bourgade bigoudène au début du siècle. Une photographie où la tendresse du regard atteint le lecteur lorsqu'il suit l'évolution du petit Pierre Jakez sous l'aile de son grand-père ("Papgoz" comme on dit chez nous), figure emblématique de la famille. On est là avec lui lorsqu'il décrit, si bien, les années d'école, la lutte entre l'école laïque et celle du recteur (curé breton), mais cette lutte est pleine de bonhomie et fait partie du paysage breton (même encore de nos jours... si, si). Les descriptions des pardons sont criantes de vérité, idem pour celles des intérieurs bretons : le sol en terre battue (la scène de la mise en place du sol de terre battue est excellente). Il y en a des multitudes de ces petites scènes de la vie rurale et en filigrane l'évolution vers la modernité (où perce un accent de regret). Le dernier passage sur l'émergence du mouvement breton qui se bat pour réhabiliter l'apprentissage de la langue à l'école est très critique justement et met le doigt sur ce qui arrive de nos jours... une tendance au repli sur ses certitudes de quelques mouvements bretonnants. Une lecture très agréable, très fluide une fois que l'on a pris le rythme de lecture, que l'on s'est habitué à la respiration de l'écriture d'Hélias. Un très beau témoignage d'une civilisation qui peu à peu se fond dans l'ère moderne sans pour autant renier ses traditions fondatrices. Un beau voyage au coeur d'une Bretagne vraie , attachante et si belle (mais là je ne suis plus vraiment objective... oups) !!! A lire avant un séjour au pays Bigouden !!!

Je n'ai pas pu trouver d'extraits du film de Claude Chabrol avec en vedette Jacques Dufilho mais j'ai déniché deux photos extraites du film:


lundi 22 octobre 2007

Quand Chatperlipopette était petite....

Bellesahi a osé la première, Sylire Jules Anjelica Vanessa Antigone Lily Moustafette Alice ont suivi ....après beaucoup d'hésitations, j'ai décidé de me jeter à l'eau:



1)Chatperlipopette a un peu plus d'un an. 2)Chatperlipopette, qui a un petit 10 ans (et qui est photographiée par sa Petite Mémé) aime les carreaux et les chapeaux...Mais qu'a-t-elle dans son réticule?



3) Chatperlipopette a entre 16 et 18 ans (Maman! Tu le sais, non?)


En farfouillant dans mes albums, ça m'a fait tout drôle de retrouver ces moments immortels....j'ai mesuré le chemin parcouru et le temps passé: j'espère qu'un jour j'aurai un petit bout de moi qui possèdera mes "petites joues rebondies"....


samedi 20 octobre 2007

Erlendur le retour


"Dans un jardin sur les hauteurs de Reykjavik, un bébé mâchouille un objet étrange...Un os humain! Enterré sur cette coline depuis un demi-siècle, le squelette mystérieux livre peu d'indices au commissaire Erlendur. L'enquête remonte jusqu'à la famille qui vivait là pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant au jour des traces effacées par la neige, les cris étouffés sous la glace d'une Islande sombre et fantomatique..."
Après la lecture d'une telle quatrième de couverture, on ne peut qu'être impatient de lire la deuxième enquête d'Erlendur et retrouver l'atmosphère particulière de cette île du bout du monde septentrional.

Les fondations d'une maison en construction, terrain de jeu des enfants de ce quartier en expansion, recellent un squelette enigmatique. D'où vient-il, qui est-il? Un archéologue est envoyé sur place ainsi que l'équipe d'enquêteurs d'Erlendur. L'exhumation des ossements se fait au rythme des fouilles archéologiques: lentement, avec précautions et gestes mesurés afin que les indices les plus subtils ne soient pas détruits....au grand dam d'Erlendur qui souhaiterait que cela soit achevé le plus promptement possible.
Les indices recueillis ci ou là permettent à Erlendur de remonter le temps. La Seconde Guerre mondiale a vu l'exode rurale remplir les villes et changer le visage de Reykjavik: les logements sont de plus en plus onéreux, mettant à la rue les plus démunis. La famille de Grimur s'installe dans une maison inachevée sur les hauteurs de la Capitale. Grimur est un homme dur, méchant et violent avec sa famille, notamment sa femme qu'il tabasse sans retenue. Ses enfants, Simon, Tomas et Mikkelina, la fille de leur mère, sont terrorisés par les tortures physiques et morales exercées sur cette dernière par leur père. Deux fois, elle tenta de s'enfuir loin de cet époux violent, deux fois, elle dut revenir avec lui sous peine de voir sa vengeance s'abattre sur les enfants, notamment sur Mikkelina, fillette handicapée suite à une méningite. La descente aux enfers s'efectue lentement mais sûrement: la mère devenant l'ombre d'elle-même au fil des coups et des insultes. Seul, le bosquet de groseillers apportent une relative douceur à cs êtres malmenés par la vie: chaque année, ils donne des baies juteuses et sucrées dont la mère fait des confitures. Les groseillers symaboles du renouveau et de la beauté généreuse de la Nature. Un jour, Grimur est arrêté par la police militaire américaine pour marché noir et est envoyé en prison: une période de liberté et de bonheur vient ensoleiller la famille. La mère renaît de ses cendres grâce à l'amour d'un soldat, la joie et l'insouciance rendent leur enfance aux enfants. Hélas, l'ombre fait sa répparition lors de la libération de Grimur. C'est alors que le drame, inévitable, survient.
Dans le même temps, Erlendur est confronté à une terrible crise familiale: sa fille, Eva Lind, sombre dans le coma à la suite d'un accouchement prématuré, du à l'absorption de drogues. Elle est entre la vie et la mort. Le médecin conseille à Erlendur de maintenir le contact avec elle en lui parlant. Mais que dire à sa fille qui est encore une énigme pour lui? Finalement, au gré des indices glanés, Erlendur lui parle de son enquête au sujet du squelette enfoui depuis un demi-siècle. Il parle, parle et parle encore sans s'apercevoir qu'il remonte dans le temps, dans son temps, dans son enfance. Erlendur devient l'archéologue de lui-même et entreprend, dans la douleur, une fouille de sa mémoire, bien malgré lui. Un épisode traumatisant de son enfance refait surface, éclairant l'homme qu'il est devenu d'un jour particulier: la peur de ne pas savoir protéger un proche. L'hiver islandais, sa neige et ses tempêtes effacent bien des choses mais le printemps, un jour ou l'autre, exhume les terreurs, les horreurs cachées sous la glace et ces dernières doivent être affrontées pour être enfin domptées.
"La femme en vert" est un roman qui va au-delà du roman policier. Par certains aspects, Indridason s'illustre dans le genre du polar social: cette enquête est difficile et douloureuse car évoque des situtions sociales désespérées. La violence conjugale côtoie la maltraitance vis à vis des enfants et les ravages de la drogue: les scènes où Grimur brutalise physiquement sa femme et psychologiquement ses enfants sont aussi insoutenables que celles où Erlendur, à la recherche de sa fille, entre dans un appartement où un bébé est livré à lui-même car ses parents sont en plein trip. Ces quelques scènes ébranlent le lecteur et le mettent en présence d'un monde bien moins lointain qu'il ne le paraît. Le sordide est tapi parfois sous nos yeux, transparent et muet.
"Explorateur des angles morts de l'humanité, Arnaldur indridason toque doucement à la porte de nos consciences. La douleur est cuisante." (Le Magazine Littéraire). "La femme en vert" est une excellentissime illustration du talent de conteur d'Indridason.
Un roman noir qui provoque plus de frissons que les thrillers les plus sanglants: Indridason met son lecteur devant les violences ordinaires, celles qui se fondent le plus dans le paysage du quotidien.
Le petit plus qui ajoute à l'intensité dramatique du récit: les va-et-vient entre passé et présent qui se répondent et éclairent les avancées de l'enquêtes et égarent, juste comme il faut, le lecteur et lui permettent de construire et d'échaffauder ses propres solutions.
La chute du roman est un moment d'intense et d'immense émotion: ce dernier chapitre est un hymne à l'espoir, à la vie et à la tendresse. Le lecteur ferme alors le livre, la gorge nouée (quand il a une grande maîtrise de soi) ou les larmes ruisselant sur les joues (quand il est submergé par son émotion). "La femme en vert": un roman bouleversant, un roman réussi, un roman comme on aime en lire! Du grand Indridason!!!




Roman traduit de l'islandais par Eric Boury

vendredi 19 octobre 2007

Tranches de vie

J'ai enfin lu le bébé de Christian Sauvage et sa lecture m'a vraiment enthousiasmée. Le titre m'avait déjà fortement conquise et le contenu aurait pu ne pas être à la hauteur de mes espérances.
C'est un roman qui peut paraître sans queue ni tête, voire délirant: les personnages se croisent, se perdent de vue, se retrouvent, s'aiment, se détestent, virent et virvoltent dans un rythme endiablé. Tout semble décousu, désarticulé or lentement les fils sont tissés pour bâtir une mosaïque qui se tient.
Que peuvent avoir en commun un chat expressif, un grand-père guérisseur, un petit-fils souffrant d'eczéma, une mère égarée, un père adultère, un croque-mort qui photographie les défunts, un patron de pompes funèbres un peu alcoolo et ses fils complètement accros aux bouteilles, un fossoyeur, une sauvageonne, une traductrice et un couple américain écrivant à quatre mains des polars? A priori, à part un inventaire à la Prévert où manquerait le raton laveur, pas grand chose.
Seulement, leurs vies sont imbriquées les unes dans les autres, vaste écheveau de destins plus ou moins brillants.
Raymond et Mine se voient confier par Josette, leur fille fâchée depuis 7 ans avec son père, Rémi son petit garçon couvert d'eczéma afin que son grand-père, qui a le don, puisse le guérir (puisque toute l'artillerie médicale se révèle impuissante). Josette ne peut plus le supporter, elle ne parvient pas à le prendre dans ses bras et le cajoler...Josette ne s'est toujours pas remise de la mort de son premier enfant. A partir de cet instant, les événements s'enchaînent sans discontinuer, véritable cascade d'imprévus, d'impromptus dans une ambiance digne des meilleurs vaudevilles. Seuls, Rémi et Bastos, le chat que Raymond veut régulièrement « allumer » avec son fusil (mais ce sont les lapins qui en font les frais!!), traversent dans le calme et la sérénité la grande farce de la vie. Rémi et son regard sur le monde d'une tendresse inaltérée et infinie; Bastos et ses avis de grand sage, parfois pédant, qui a vécu quelques vies (ne pas oublier que les chats en ont 9)...et qui décide de se reposer près du poêle au cours de celle-ci.
Le grand-père et le petit fils vont s'apprivoiser et s'aimer: Raymond acceptera que Rémi ne soit pas un féru de ballon et le verra acquérir le Don, Rémi verra sa confiance en lui grandir, son eczéma s'atténuer pour enfin disparaître et comprendra que sa vocation est de guérir le mal être d'autrui.
« Allumer le chat » est absolument impossible à résumer sans en dévoiler sa truculence. Barbara Constantine réussit une gageure: dans une langue parfois plus que familière, délestée de toute pesanteur stylistique, faire naître poésie, tendresse, humour tout en abordant sujets délicats, sérieux et questions existentielles. Comme quoi, une langue « sauvageonne » peut provoquer autant d'émotion que la langue la plus fleurie! Tout réside dans la tendresse dégagée par la plume de Barbara Constantine qui aime ses personnages farfelus au possible, leur vie, leurs sentiments, leur personnalité (peu conventionnelle pour certains) et qui sait les faire aimer au lecteur.
J'ai aimé les rêves réalisés des accidentés de la vie que sont Geneviève, Farid, Momo et Marie-Rose: l'amour, la réconciliation avec soi-même ou la reconnaissance d'un art culinaire très particulier ( "Le grand livre des recettes sauvages de Marie-Rose" est un grand moment de bonheur tout en saveurs inédites!).
Un roman à la lecture duquel le rire et les larmes s'invitent sans façon et surtout sans faux-semblant. En un mot comme en mille: un livre sa-vou-reux qui enjolive les jours gris.

Les avis de Caro[line] Amy Clarabel, Le Bibliomane, Cuné, Papillon, Tamara, Gachucha, Bernard, Incoldblog, Cathulu


mercredi 17 octobre 2007

Une croquante nouveauté!

Bénédicte Guettier vient de publier les aventures d'un nouveau personnage récurrent: les aventures policières de l'inpecteur Lapou.

Comme son nom l'indique, Lapou est un lapin qui a fort à faire dans le potager où les enquêtes sur les disparitions et autres menus larcins sont savoureuses et goûteuses.



Les textes peuvent paraître simples mais les enfants de 3 à 6 ans y trouveront leur compte sans problème: il y a des jeux de mots, des utilisations de diverses expressions (par exemple au sujet du chou: le chouchou, pauvr'chou...). C'est tout nouveau, tout frais sorti dans les bacs des libraires! Aujourd'hui, Mercredi, j'ai acheté les 4 enquêtes de Lapou pour l'école!

"Le mystère de la patate":

Une nouvelle pomme de terre fait son apparition dans le potager, Mona Lisa (tout un programme). Elle envoûte, elle fait tourner les têtes et les coeurs, notamment la tête de Lapou. Bien entendu, un tel charme ne peut manquer de susciter jalousies et autres perfidies. Mais d'où vient le charme si particulier du sourire de Mona Lisa? Lapou même l'enquête, une enquête qui lui donnera une réponse à sa question. Réponse qui le décevra mais qui ravira les enfants qui doivent subir le port d'un appareil dentaire!

"Les malheurs du pauvre chou":

Pendant la nuit, le chou vert se retrouve nu comme un ver: on lui a volé ses belles feuilles vertes! Les soupçons pèsent sur les lapins mais il s'avère qu'ils n'y sont pour rien. Et pour se remonter le moral, Lapou se régalerait bien avec une soupe au chou...tiens, la recette est fournie à la fin de l'enquête!

"La fraise amnésique":

Une fraise arrive dans le potager. Elle ne se souvient de rien et semble complètement perdue. personne ne la connaît, surtout pas les fraises du potager qui la considèrent comme une étrangère que l'on se doit d'ignorer! Lapou ne sait plus quoi faire et interroge fruits et légumes du potager. Cette fraise serait la favorite d'un concours réputé "Miss salade de fuits"! Bien entendu, une délicieuse recette attend le lecteur en fin d'album....miammmm!

"La fin du haricot":

La fin des haricots? C'est pour demain clame un haricot dans le potager, semant la panique. Cette dernière augmente d'autant plus qu'il crie que "les carottes sont cuites" et autres maximes minant le moral. Ce haricot est dépressif et Lapou va tenter de l'allonger sur le divan afin qu'il lui explique son problème. Le haricot ne se le fait pas dire deux fois, Lapou d'inspecteur devient psychanalyste et s'endort en écoutant le haricot raconter sa vie.... Et si je vous disais qu'une recette délicieuse attend en fin de récit pour donner des idées vitaminées au lecteur, vous seriez partant pour cette lecture?

On retrouve l'inspecteur Lapou dans un album, grand format, regroupant plusieurs courtes enquêtes de ce dernier: "Les enquêtes du potager".

Une mise en bouche très agréable grâce à la FNAC:




Il est partiiiiiii!


Ce matin, ces petites choses se sont retrouvées dans une jolie boîte verte de La Poste pour partir vers le domicile de mon/ma swappé(e).

Je croise les doigts pour que le contenu lui plaise. Alea jacta est....réponse dans quelques jours!

mardi 16 octobre 2007

Sanglant fait-divers

Deux jeunes ex-taulards, Perry et Dick, assassinent, une nuit, une famille bien paisible de Holcomb, Kansas.
Lorsque les enquêteurs arrivent sur place, le spectacle est des plus épouvantables, et rien ne semble indiquer pourquoi un tel massacre a-t-il eu lieu. La famille Clutter est respectable qui ne se connaît aucun ennemi. De plus, chacun sait que Mr Clutter ne garde jamais de grosses sommes d'argent chez lui.
La peur et la méfiance commencent à gagner cette bourgade où tout le monde se connaît: on verrouille les portes à la nuit tombée, on épie le moindre mouvement de l'autre...l'auteur du crime pourrait être un des habitants du comté. La police est sur les dents, le temps passe et aucune piste à suivre. Un maigre indice: une empreinte de botte qu'un cliché fait apparaître alors qu'à l'oeil nu elle était indécelable.
La force du roman et le brio de Truman Capote résident dans la manière de raconter cet horrible fait divers, sa réécriture romanesque qui tient le lecteur en haleine de bout en bout.
Truman Capote met remarquablement en place l'intensité dramatique du récit: il relate les derniers jours des victimes et dresse le portrait des membres de la famille. Famille américaine modèle: une grande famille influente dans le comté, Mr Clutter a des relations et un certain pouvoir moral sur ses concitoyens, il est connu pour son courage, sa pratique religieuse et son intégrité Mme Clutter est l'élément instable de la famille (elle subit une profonde dépression), les petits derniers, Keynon et Nancy, sont des collégiens modèles, participant aux oeuvres de charité, aux activités paroissiales, aux activités culturelles de leur établissement scolaire. Nancy est une amie, une fille et une petite amie parfaite, elle sait participer aux diverses tâches ménagères et est un vrai cordon bleu! Cela étant dit, le crime n'en devient que plus sordide, sauvage, incompréhensible et odieux.
Capote insère, de temps à autre, des instantanés où les meurtriers vaquent à leurs préparatifs, où le lecteur apprend par bribes des aspects de leur vie ce qui permet de se faire une idée de leur caractère, de leurs motivations et de leur vision du monde...une envie de posséder de l'argent pour vivre une vie idyllique au Mexique et s'y faire oublier. Mais c'est aussi une envie de posséder vite et sans effort « Ils attendaient un voyageur solitaire dans une voiture convenable et avec de l'argent dans son porte-billets: un étranger à voler, étrangler et abandonner dans le désert. ».
Perry et Dick donnent l'impression d'être des jeunes gens sans histoire mais au fil du récit, leur insensibilité devient de plus en plus frappante et déviante. Le Bien ne paraît plus peser dans la balance face au Mal qui ronge et développe une haine insidieuse vis à vis de la société qui les rejette. L'exécution de la famille Clutter a été orchestrée par leur folie meurtrière les faisant déraper et sombrer dans une violence inouïe. La compassion leur est inconnue, aussi vont-ils jusqu'au bout de leurs actes.
Leur équipée sauvage va les mener jusqu'au Mexique puis en Floride avant de les ramener au Kansas où les événements les précipiteront dans les rets de la justice.
Là encore, Perry et Dick demeurent un mystère pour la société: Dick est issu d'une famille pauvre mais intégrée socialement; Perry, malgré des déboires familiaux, passe pour un jeune homme calme et serviable. Comment une société peut-elle engendrer de tels monstres? Eternelle interrogation que se pose chaque société, chaque génération, sans jamais trouver une réponse satisfaisante. Certes, ils seront punis de mort pour leurs actes épouvantables mais cela laisse une sombre amertume.
Truman Capote n'écrit pas un roman manichéen, bien au contraire: il a écrit un sublime polar, noir à souhait, où les frontières sont si indistinctes, si brumeuses qu'elles peuvent être franchies sans qu'on y prenne garde. Il n'est pas dupe: la société américaine, sous des aspects lisses, religieux, bien-pensants, proprets et transparents, cache une noirceur, régal des auteurs de romans noirs. C'est ce qui fait la force de son roman policier....un de ses romans les plus aboutis et les plus brillants.
Par ailleurs, j'ai retrouvé avec un réel plaisir l'amour de la terre, du terroir, de Capote pour le Sud (ici, sous les traits des terres à blé du Kansas) inoubliable. L'attachement à des racines, à des traditions, à des paysages façonnant les hommes qui y vivent et y travaille la terre. La description du verger des Clutter est absolument magnifique et lorsqu'il est à l'abandon suite au massacre, le lecteur sent combien Capote est touché par cette désolation de la nature. On y retrouve, notamment, les accents d' « Un été indien ».
Une lecture qui m'a enthousiasmée, enchantée par son brio, sa maestria d'écriture dotant les personnages d'une épaisseur psychologique subtile et suffisamment complexe pour ne pas sombrer dans le manichéisme le plus méprisable. Les héros sont des anti héros, des paumés, des âmes, certes en détresse, sombres et parfois sans foi ni loi...or, si on ne les plaint pas, on ne peut totalement les détester. Une balade sanglante dans l'incompréhension du mécanisme régissant la nature humaine, écrite de main de maître!

Les avis de Lisa Louis sur son île déserte clarinette Le grimoire


Roman traduit de l'anglais (USA) par Raymond Girard


Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés



lundi 15 octobre 2007

Road-movie littéraire

Je ne connaissais absolument pas Pascal Garnier et, grâce à deux fans (sur le forum Parfum de livres) de cet auteur, j'ai pu assouvir ma curiosité. Bien m'en a pris car ce roman se lit en souriant et riant, parfois jaune car l'auteur sait être caustique.
Une rencontre insolite entre un tueur à gages, Simon, et Bernard, un jeune homme simple, regardant le monde avec bonheur et contentement. Simon est en pré retraite, quasiment en bout de course: la maladie le ronge lentement mais sûrement. Il s'arrête, épuisé, à Vals-les-Bains, ville thermale où le travail se fait de plus en plus rare en dehors des établissements de cure ou des hôtels. Il croise le chemin de Bernard, qui vit aux côtés de sa mère. Elle vivote dans son ancien magasin: elle a tenté plusieurs aventures commerciales qui ont fait long feu, elle est alcoolique, également au bout du rouleau.
Simon propose à Bernard, en échange d'une somme rondelette, d'être son chauffeur afin qu'il puisse accomplir son ultime travail. Ainsi commence un étrange road-movie vers les rivages de la Méditerranée.
En chemin, le duo rencontre une jeune femme et son bébé: Simon ne veut surtout pas s'embarrasser avec elles tandis que Bernard, n'écoutant que son bon coeur tient absolument à leur prêter main forte. De fil en aiguille, Fiona et Violette deviennent membres de l'équipée sauvage et vont réussir à amadouer l'irascible Simon.
« Comment va la douleur? » est un roman que l'on peut qualifier d'atmosphère: il ne se passe rien de spécial, les histoires sont celles de gens ordinaires, de personnes simples que l'on croise chaque jour, avec leurs joies, leurs souffrances, leurs interrogations sur leur vie, sur le monde. Tout peut paraître banal, morne et sans intérêt mais Garnier touche le lecteur par les sensations dont il imprègne le récit: la tranquille lenteur de la ville thermale, les curistes et leur gobelet allant, à heure fixe, prendre les eaux, la décrépitude silencieuse d'un quartier commerçant qui connut des heures plus glorieuses, les relations feutrées entre une mère meurtrie par les déboires et l'alccol et son fils, benêt au coeur d'or et à l'optimisme surréaliste vis à vis de la nature humaine. Les scènes sur la plage: les châteaux de sable, la mer, le ressac, le camping, ces petits riens qui donnent le ton balnéaire du hors-saison.
Garnier, par des traits rapides dans le récit, croque des scènes de vie poignantes de réalisme: la scène de ménage entre Fiona et son futur ex-compagnon dans le café est à la fois sordide et belle; l'arrêt de Simon et Bertrand sur le bord de la route près de la voiture où se trouvent Violette, Fiona et son compagnon, arrêt au cours duquel Simon règlera, de façon définitive, le problème à sa manière; ou encore cette scène splendide où la mère de Bertrand décide d'en finir et où la présence de bouteilles de rhum remplies de produits d'entretien est lancinante et forcément fatale, le drame se noue peu à peu, inexorable.
L'horrible côtoie le burlesque: le sang versé pour honorer le contrat et les fleurs offertes à la victime puis le verre de Suze, une fois le travail accompli. Sans oublier, personnage récurrent, Jean Ferrat qui traverse à multiples reprises les scènes de ce formidable road-movie! La rencontre avec Rose, dame belge d'âge mûr et à la coiffure extravagante (comme si elle était coiffée avec des coquillettes!) qui tente de mettre le grappin sur Simon.
L'ouverture et la clôture du roman se rejoignent: Simon a donné rendez-vous à Bertrand pour un ultime contrat....celui qui le délivrera de sa douleur, son incurable douleur. Un fil ténu pour dire la difficulté de vivre avec une maladie incurable, pour dire la volonté de ne plus supporter la douleur incessante, celle qui cloue, fulgurante, au beau milieu de tout sans prévenir. Un roman qui aborde, en finesse et avec doigté, ces fins de vie qui minent les malades conscients de l'inanité des soins. Simon, Anaïs (la mère de Bertrand) choisissent leur façon de quitter leur douleur....dignement malgré tout.
« Comment va la douleur? » Pas mal, lorsque l'on sait comment la rendre définitivement muette!
Un livre à lire et un auteur à découvrir!




Ce livre a été lu dans le cadre du Cercle des Parumés


dimanche 14 octobre 2007

Swap Littérature sur la Scandinavie

Depuis ce matin, le swap littérature organisé par Flo et Kalistina est ouvert aux inscriptions. Toutes les informations et les explications sont ICI ou LA .
Encore de belles découvertes littéraires et humaines....c'est cela aussi la magie du Net!

samedi 13 octobre 2007

Les tribulations d'un cercueil en Bretagne



Voilà un petit roman sorti en poche en fin d'été, annoncé amusant, drôle, à l'humour qui fait mouche à coup sûr.
Le titre déjà possède à lui seul une saveur bien attirante « Pissenlits et petits oignons » et donne envie d'ouvrir, très vite, les pages.
Koulechov, croque-mort patenté de son état, voit débarquer dans son magasin la veuve de Mr Emile Lécuyer. Emile sera enterré à Locquemaria, face à la mer qu'il aimait tant. Seulement voilà, la véritable veuve, à l'état civil, en décide autrement le jour des obsèques et détourne le corbillard vers Guéméné où il doit reposer! Il s'ensuit moult péripéties au cours desquelles le lecteur en apprend un peu plus sur la personnalité du défunt et surtout sur le caractère de ses veuves!
Hélas, malgré les efforts de l'écrivain, Thomas Paris, pour paraître drôle, je n'ai guère souri au cours de la lecture de ces aventures malgré tout étonnantes et pittoresques: je connaissais le détournement de mineur, le détournement d'avion mais pas le détournement de cercueil! C'est la seule scène à m'avoir arraché un sourire, voire un léger rire: elle est vraiment amusante et surréaliste.
Au final, une écriture qui m'a paru bien laborieuse. Pourtant, l'argument littéraire était intéressant et tenait une atmosphère de vaudeville qui aurait mérité d'être développée....dommage. J'ai failli croire que je ne possédais aucun humour car j'ai vraiment tenté de trouver un mot, une phrase, un passage où l'humour aurait été délirant...j'ai fait chou blanc. Bref, je suis hermétique à ce style d'humour. Au moins, le titre m'aura-t-il bien plu, seulement est-ce suffisant pour oublier l'espoir perdu d'un rire fusant à chaque page, à chaque situation? Quant à la chute...je me suis demandée si j'avais tout saisi pour pouvoir en savourer le sel: en fait, je m'interroge encore sur le pourquoi du comment.
Le cercueil poursuivra-t-il son périple ou devra-t-il reposer en paix chez Cathulu?

Les avis de Val Moustafette celui vraiment enthousiaste de Flo et celui, positif, de Clarabel. le bibliomane et Pitou l'on lu aussi.



vendredi 12 octobre 2007

Carte ou menu?

Voici un recueil de nouvelles délicieux à lire. Pourquoi? Parce que le thème tourne autour des joies de la bonne chère et des bonnes tables et que les papilles sont souvent sollicitées! Du coup, le lecteur salive à mesure qu'il avale les mots, succulents, et les phrases aux multiples saveurs.
Il y a des plumes connues et d'autres moins célèbres mais aussi agréables à découvrir: Philippe Claudel, François Vallejo, Marc Villard, François Morel, Dominique Zay, Joseph Incardona, Maxime Goulvenn, Gilles Stassart, Jean-Yves Loude, Brillat-Savarin (c'est tout une histoire ce nom, non?) et Jean-Loup Trassard, nous concoctent des textes truculents à déguster lentement afin que toutes les saveurs imprègnent le palais du lecteur.
Une histoire de voleur qui apprécie le ragoût laissé à mijoter rehaussé d'une bonne bouteille de vin ad hoc et qui laisse un petit mot de remerciement...pince sans rire et hilarant!
Un couple de retraités met les bouts pour ouvrir une gargotte voyageuse, se fait braqué par des motards indélicats mais gourmets sachant apprécier les bonnes choses.
Un jeune garçon se lance un défi: réussir à aller jusqu'au bout du repas pantagruélique orchestré de main de maître par sa grand-mère...il mettra des années à y parvenir. La chute m'a renvoyée à une scène d'anthologie d'un film des Monty Python ( "Le sens de la vie" ), celle du petit chocolat qui fait exploser l'énorme convive « Un autre morceau? » demande la grand-mère.
Toutes les raisons sont bonnes pour se rendre dans un bon restaurant et les gourmets s'y retrouvent, toujours les mêmes, autour des mêmes tables. Jusqu'à ce qu'ils ne décollent plus de leur chaise, attendant les mets, bouche ouverte!
La rencontre d'une aristocrate allemande et d'un jeune homme dans une pension suisse où les souvenirs de sanatorium et de Thomas Mann et sa « Montagne magique » côtoient une cueillette bien particulière de champignons.
Le souvenir des beignets de fleurs d'acacias, au début du printemps, d'un enfant devenu adulte. Les odeurs particulières de la saison, l'éphémère de la cueillette: un univers empreint de douce nostalgie, à croquer délicatement en rêvant à sa propre enfance.
Comment réussir à faire manger un enfant à l'appétit d'oiseau? C'est ce qu'un couple de grands-parents va parvenir à réaliser: tout simplement, raconter des histoires, lire des livres tout en dégustant les bons petits plats de mamie!
Un restaurant italien tenu par un français, une musique de variété italienne, sirupeuse, des pâtes délicieuses, des souvenirs de dîner en tête à tête et un gimmick savoureux: « Une pâte, peut-être? ».
L'alliance de la littérature et de la cuisine n'est pas un vain mot: « La librairie » propose une carte variée pour tous les âges de la vie.
Allez, une petite mise en bouche:


« D'abord, désirez-vous un apéritif? L'apéritif maison est à base de quatrains frais et pétillants, soigneusement sélectionnés parmi les meilleurs sonnets érotiques du début du XVIIè.
Les appétits légers pourront choisir la formule surréelle rapide, le menu Boris, avec cantilènes en gelée en entrée, Vian rouge ensuite sur son paillasson d'herbe de même couleur, et crème d'écume des jours très rafraîchissante. »
(p 44)


La narration d'un repas réunissant des curés gourmets par un Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) autour d'un plat d'anguille est absolument délicieuse....surtout lorsque les aimables curés se laissent aller à des souvenirs bien peu décents. Mais quelle fut l'épice source de telles confidences?
Un recueil à lire pour se mettre en appétit et goûter à la variété créatrice des plumes d'aujourd'hui ou d'hier, d'ici ou d'ailleurs. Le tout agréablement illustré par de petites planches en noir et blanc. Mais où le ranger? Dans la bibliothèque ou sur l'étagère de la cuisine aux côtés des recettes? Cornélien, non?