jeudi 31 mai 2007

Un bout d'Italie


Depuis le temps que ce titre me faisait de l'oeil sur les blogs! Dès qu'il s'est trouvé sur le présentoir des nouveautés à la médiathèque, je me suis précipitée dessus: enfin, je le tenais!
Et me voilà très vite plongée et conquise par l'écriture simple mais efficace de Milena Agus.
Elle nous transporte en Sardaigne, pendant la guerre, dans l'univers rude et frustre des petits paysans. Dans une société rurale traditionnelle, le célibat des filles est mal vécu par la famille. C'est ce qui arrive à la grand-mère de la narratrice: vieille fille malgré son extraordinaire beauté. Pourquoi? En raison de son étrange caractère, caractère enflammé et sans retenue? En raison de son comportement violent envers elle-même (elle s'automutile et a des tendances suicidaires)? En raison de ses élans romantiques expansifs vers les prétendants qui lui plaisent (elle leur écrit des lettres d'amour enflammées et inconvenantes!)? Sans doute pour tout cela.
Cette jeune femme est seule parmi les siens, incomprise et elle se mure dans une folie, parfois douce, parfois violente, qui la met hors du monde. Elle a des facilités pour apprendre, mais ses parents n'ont pas voulu qu'elle continue l'école: dans leur monde, cela ne se fait pas. Alors, la jeune fille, puis la jeune femme, écrit en cachette sur un carnet ce qu'elle ressent.
Un jour, arrive au village un citadin qui a tout perdu dans un bombardement: famille et femme. Il est accueilli sous le toit de la jeune femme et de sa famille, très vite il comprend la situation de cette jeune femme et la demande en mariage. Ce mariage ne sera pas un mariage d'amour, on le sait dès le départ. Ce mariage sera-t-il capable de briser la spirale infernale du malheur?
Le temps passe, elle est enceinte plusieurs fois mais dans l'impossibilité de mener une grossesse à terme. On parle de « Mal de pierres », de malédiction: il lui manquerait le petit quelque chose qui permet d'être pleinement mère. En désespoir de cause, elle va suivre une cure sur le Continent, cure pendant laquelle elle rencontrera Le Rescapé, homme brisé par la guerre, mélomane et cultivé. Ils auront une liaison amoureuse qui fera découvrir à cette femme les douceurs de la tendresse partagée. Au retour du séjour thermal, elle est de nouveau enceinte et cette grossesse ira à son terme. Ce sera la seule et unique fois.
Le personnage principal, cette grand-mère particulière – qui écrit, dessine et peint avec art, s'estompe souvent devant les personnages secondaires qui s'avèrent être des touches essentielles du récit. Le grand-père, amateur de prestations de maison close, à la fois dur, froid et d'une tendresse muette que ne comprend que trop tard son épouse. Le fils, qui deviendra pianiste de renom, solitaire, rêveur, « à côté de la plaque » comme l'était sa mère. Les tantes et les oncles qui partent sur le Continent, mirage de Terre Promise, à Milan où la vie est difficile pour les Italiens du Sud, immigrés dans leur propre pays. La maison détruite puis reconstruite, berceau de la narratrice, berceau des émotions. Le Rescapé, cet homme qui restera dans la mémoire de la grand-mère, qui est peut-être le père du père de la narratrice...allez savoir! Cet homme qui est le contraire du grand-père: il aime la tendresse, il aime les discussions, il aime l'art, il aime ce qui indiffère le grand-père.
Mais il y a aussi, en un sensuel filigrane, le récit de la vie amoureuse des grands-parents: les jeux de maison close pendant lesquels, la grand-mère, villageoise tout en tradition, se plie à tous les désirs de son époux (la geisha, la collégienne, la méchante, la soubrette...). Ces multiples évocations sont de vraies scènes surréalistes pour le lecteur et parfois il se demande où commence et où s'arrête la réalité.
Le dénouement renforce ce doute: fantasmes écrits par la grand-mère, rêves épicés de la folie de ses sentiments? On croit connaître ses proches or il s'avère souvent qu'il n'en est rien. Peut-être en va-t-il de même pour la narratrice: les souvenirs narrés et écrits de sa grand-mère ne seraient que des espoirs, des souhaits enfouis au plus profond de son être fantasque.
Un roman aux accents japonais: les petits riens de la vie sont doucement abordés et sont les piliers de la vie qui s'écoule, lentement et inexorablement. Le « sentiment profond des choses » teinté de tristesse, de mélancolie devant l'éphémère beauté de la nature ou de la vie humaine. Une famille doit trouver son équilibre: si elle est en déséquilibre, un de ses membres devient celui par qui la sérénité revient pour que le cycle reprenne son cours. La grand-mère est-elle cet élément régulateur?
Je me plais à le croire.

D'autres avis glanés sur les blogs: gachucha, les fanas de livres, tamara, lilly, chimère, clarabel, cuné, laure, papillon, cathe et goelen....histoire de vous faire une idée de ce petit bijou transalpin!

Roman traduit de l'italien par Dominique Vittoz




mercredi 30 mai 2007

Une histoire de doudou


Biographie des auteurs:


"Laurence Bourgine est maman de trois enfants. Elle a toujours travaillé et a vite compris l'importance des doudous en tant qu'objet transitionnel. Attendrie par ces compagnons d'enfance aussi précieux qu'usés, elle a décidé de leur donner la parole dans ce livre original, plein de tendresse et d'émotion. " Le plus difficile, explique-t-elle, aura été d'arriver à convaincre les enfants, parfois même les parents de se séparer des doudous tant aimés le temps d'une séance photo ".

Blaise Arnold:

Photographe publicitaire, il a l'habitude de mettre en scène des objets et de les faire vivre. " On a passé de nombreuses heures pour trouver le meilleur sourire de Pinpin, le bon profil de Babar " raconte-t-il. " Comme les humains, certains doudous sont très photogéniques d'autres pas, mais de toute ma carrière, je crois bien que ce sont les objets les plus précieux que j'ai photographiés ! "


J'ai découvert ce petit bijou l'année dernière et bien entendu je m'étais empressée de l'acheter pour la BCD de l'école. J'avais craqué pour les photos de Blaise Arnold et les textes de Laurence Bourgine. Je les trouvais adorables, tous ces doudous un peu fatigués par la vie tumultueuse qu'ils vivent parfois. La tendresse est à l'état pur dans toutes les photos et l'humour remplit les narrations des doudous. Oui, les doudous parlent, s'expriment et racontent comment ils ont perdu un oeil, une patte, une jambe, une touffe de cheveux...Ils parlent de leurs chagrins (eh oui, ils ont une vie intérieure eux aussi!), de leurs larmes mais aussi de leurs joies et des rires qui fusent.

Ce qui est émouvant c'est que certaines anecdotes sont relatées par les parents, du temps où ils avaient un doudou mais aussi celles qu'ils ont vecues en tant que parents. Les enfants livrent aussi leurs souvenirs de tendresse ou de colère partagés avec leur doudou.

Les doudous sont les médiateurs immémoriaux de nos premières sensations, de nos premières émotions. Ils sont aussi la première oreille attentive et les premiers détenteurs de moults secrets. C'est pourquoi, ils méritent amplement qu'on leur consacre un très bel album. A lire avant le coucher, à déguster en souvenir du petit que chaque grand a, un jour, été.

Un nouveau héros venu du froid!


Je découvre un auteur de roman policier suédois, Ake Edwardson, et un nouveau héros, le commissaire Erik Winter. Il est différent du héros de Mankel mais en même temps il possède quelques points communs avec lui. Le commissaire Winter est grand, très soigné de sa personne, un tantinet dandy anglais, et semble revenu de tout. Il observe la déliquescence, lente mais certaine, du modèle suédois: la Suède est rattrapée par les divers maux des sociétés modernes.
L'enquête va s'effectuer entre Londres et Göteborg, entre le début d'un printemps et la fin interminable d'un hiver. Mais le glauque est présent où que l'on se rende.
Des crimes atroces sont commis à Londres et Göteborg sur de jeunes gens : ces derniers sont retrouvés ligotés sur une chaise, baillonnés et torturés. Un détail étrange autant qu'horrible se répète: une trace de pied d'appareil photo ou de caméra est à chaque fois trouvée comme si le crime était mis en scène et filmé. Pour qui, pourquoi? Les excès sont partout, la police questionne dans les bas-fonds citadins à la recherche de cassettes video vendues sous le manteau: les gens ne semblent plus avoir de limites pour plonger dans l'atrocité des pulsions humaines.
L'enquête est méthodique, lente et angoissante: les indices se perdent, se trouvent, interpellent.
Ake Edwardson mène son lecteur dans le dédale administratif des polices anglaises et suédoises ainsi que dans l'univers pragmatique de la première: l'utilisation des médias, notamment la télévision, pour les appels à témoins. En effet, à Londres sont assasssinés de jeunes suédois, à Göteborg de jeunes britanniques. Les deux commissaires, Winter le suédois et Macdonald le britannique, se rencontrent et travaillent ensemble: deux allures différentes mais la même opiniâtreté! A un moment, comme Macdonald a le look du tueur présumé, j'ai failli croire que c'était lui, l'abominable tortionnaire...la fausse piste distillée a bien joué son rôle.
Ce qui est intéressant, dans ce polar très bien mené, est la coexistence de deux atmosphères : celle d'une société britannique cabossée, laminée parfois mais allant de l'avant, sans se retourner vers le passé, et celle lourde, grise, en désespérance d'une société suédoise qui voit devenir chimère son rêve. Le lecteur intercepte les tensions sociales, la peur de l'Autre, dans les phrases du roman, les dialogues entre un duo d'inspecteur (la femme flic noire et le flic suédois bon teint) où le racisme ordinaire pointe ses piques acérées.
Je suis conquise par la personnalité fine, dotée d'une pointe d'ironie, et smart de ce commissaire venu du froid: un harmonieux mélange de culture et de réalisme, d'optimisme malgré un sentiment désabusé quant au monde dans lequel tourne le quotidien, d'une solitude voulue et d'un besoin de tendresse caché derrière une vie indépendante. Les relations familiales et amoureuses d'Erik Winter semblent cahotiques mais ont un parfum subtil de tendresse. Edwardson en fait un homme moderne qui est tout sauf un super héros ce qui le rend attachant.
Chimère en parle beaucoup mieux que moi...alors n'hésitez pas à cliquer ICI!



Roman traduit du suédois par Anna Gibson

L'instant en écriture


On aime ou on rejette. On y croit ou non... mais Delerm ne laisse jamais indifférent. Pour les adeptes c'est une fois encore un formidable voyage dans l'univers des sensations banales du quotidien. Ces petits riens qui font notre vie. Il fallait un Delerm pour y mettre des mots, une musique, une atmosphère. "Proust de l'éphémère", "L'ami Ricoré" ? Non, un auteur qui sait saisir ces instants de la vraie vie des vrais gens. Il sait clore ses textes par une phrase "philosophique" brève mais juste qui nous fait dire : "Ah ! mais oui, c'est vrai !!". J'ai beaucoup apprécié également ce parti pris d'ouverture et de clôture du livre par deux textes sur la peinture de Longhi... un peu comme une fenêtre qu'on ouvre et ferme sur un paysage intérieur éblouissant et feutré.On dévore cet opuscule qui vient enrichir la collection de sensations de "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" et de "Il avait plu tout le dimanche". Et non, Delerm ne se regarde pas écrire !!! Mais j'ai déjà choisi mon camp, non ??!!
Il existe une version CD pour les personnes mal entendantes: le plus (et le must!) de ce CD est que la lecture du recueil est effectuée par l'auteur lui-même! Un vrai moment de bonheur à écouter partout!

Swap, sweet swap


C'est fait! Le colis est maintenant entre les douces mimines de La Poste! Il devrait arriver à destination au plus tard Samedi.
Je vais subir les affres du doute et me poser moult questions: est-ce que j'ai bien cerné les goûts de mon/ma swappeur(euse)? Est-ce que mes choix vont lui plaire? Est-ce que...? Est-ce que...?
Bref, je ne suis que gamme d'émotions!

lundi 28 mai 2007

L'épopée du Cachemire

Je n'avais jamais lu de romans de S.Rushdie avant la lecture choisie de « Lire ensemble » pour les mois d'Avril/Mai. J'en avais entendu parler lors de la sortie des « Versets sataniques » et j'avais suivi avec horreur les ennuis sérieux (c'est un euphémisme) qui l'ont longtemps poursuivi!
La couverture est agréable, faisant penser à un bas-relief de temple hindou. La quatrième de couverture est alléchante et invite à une plongée rapide dans la lecture des aventures incroyables des personnages du roman.
L'auteur invite son lecteur à entrer dans une danse tragi-comique où les pirouettes et pieds-de-nez s'enchaînent et se mêlent au rythme échevelé d'une pièce de théâtre.
Le roman-épopée est divisé en cinq parties: India (la fille de l'ambassadeur Max), Boonyi (qui deviendra la maîtresse de Max), Max (l'ambassadeur), Shalimar (ex mari de Boonyi) et Kashmira (le dénouement du roman!). Il est difficile d'en faire un résumé, en dévoilant le moins possible l'intrigue, car à l'image de nombreux romans indiens, « Shalimar le clown » n'est que foisonnement et richesse. L'écriture de Rushdie est très belle, fluide et recelant des non-dits empreints d'humour.
« Shalimar le clown » est un hymne à la tolérance et à la culture hindoue, cette culture plusieurs fois millénaires qui sut s'approprier les différences de chacun des peuples du sous-continent. Les batailles sanglantes d'autrefois s'étaient endormies, étaient oubliées: les villages hindous et musulmans vivaient en harmonie jusqu'au jour où la déferlante religieuse empoisonna l'atmosphère et damna la région du Cachemire. Les apostrophes linguistiques de Rushdie à l'encontre des politiques aussi désastreuses qu'intolérantes (des deux côtés du Cachemire) sont de vrais bijoux stylistiques: les phrases ironiques sur les acronymes utilisés, à l'envi, par l'administration et le politique, les litanies telles que « on se demande pourquoi » à la suite de chaque énumération: « Il y avait six cent mille soldats indiens au Cachemire mais ils n'empêchaient pas le pogrom des pandits, on se demande pourquoi. Trois lakhs et demi d'êtres humains arrivèrent au Jammu en tant que personnes déplacées et pendant de nombreux mois le gouvernement ne leur offrit ni abri ni soutien ni même n'enregistra leurs noms, on se demande pourquoi... » (p 441, 442 et 443); ou les questions qui se succèdent avec une violence en crescendo: « Qui viola encore cette femme? Qui viola encore une fois cette femme? Qui viola cette femme morte? Qui viola encore une fois cette femme morte? » (p 459 et 460). Grâce à ces divers effets de style, Rushdie met en place une ambiance épique, tragique mais aussi comique ce qui enchante la lectrice que je suis.
Les personnages sont excellement croqués, ils sont dotés d'une vie intérieure foisonnante et très complexe: ils ne sont ni tout à fait blancs ni entièrement noirs, ils ne sont que le produit de leur histoire personnelle et celui de l'Histoire du monde. L'amour liant Boonyi et Shalimar, même s'il est bafoué par Boonyi, est indestructible: même la haine ne l'éteint pas puisque Shalimar ne pourra pas aller jusqu'au bout de son serment d'amour (si Boonyi avait des enfants d'un autre, il la tuerait et tuerait aussi ses enfants): l'a-t-il voulu ou n'a-t-il pas eu le temps de le faire? Se retrouver devant un miroir, reflet de Boonyi lui a-t-il fait prendre conscience qu'il l'aimait au-delà de la haine? J'aime comprendre cela pour la beauté de cette histoire d'amour infiniment tragique!
Shalimar est un clown acrobate qui se déplace en permanence sur le fil invisible de la folie créatrice mais aussi destructrice. Il est un héros au caractère tragiquement entier, sans concession avec le monde: il est le côté obscur de l'âme. Shalimar est un caméléon qui terre son véritable moi et se sauve ainsi, contre toute attente, d'un lavage de cerveau organisé par les talibans de tout poil. Il devient une arme humaine, froide et implacable pour parachever sa vengeance. Mais il rencontre un être qui lui ressemble malgré tout ce qui les sépare...chacun porte au plus profond de lui-même, une part inconsciente de sa culture et cette part s'ouvre souvent au moment où on s'y attend le moins. Shalimar est la culture traditionnelle du Cachemire supplantée par les réalités médiatiques de l'ère moderne: les spectacles de rue ne résistent pas à l'implantation non seulement de la télévision mais surtout à celle de l'intégrisme religieux. Alors pour survivre, il utilise sa douleur pour se fondre dans la masse délirante des extrémistes religieux.
Max Ophuls (tiens donc, référence culturelle quand tu nous tiens!) est un être trouble jusqu'à en être sublime. Un personnage de cinéma noir et blanc, un héros secret et grand seigneur au charme discret d'aristocrate cultivé et lettré. Max est l'Occident cultivé malmené par la folie sanglante des années quarante, tissant une toile d'influence à travers le monde et disséminant des bombes à retardement sans vraiment s'en rendre compte. Max est un héros digne des romans de Conrad (un Lord Jim qui s'ignore), de film noir américain digne d'un Humpfrey Bogart. Un aventurier comme on n'en fait plus, un aventurier épique au parfum épicé. Il est la vie qui sème la mort sans le savoir, il est le bonheur endeuillé, il est l'Inde qui s'occidentalise sans vouloir perdre son âme.
India, elle, est cette Inde qui s'ignore, cette Inde métissée qui peu à peu retrouvera ses racines, ses vérités en devenant Kashmira, prénom qui lui fut soufflé par sa mère biologique, prénom qui vivait, lové en elle et se taisait. India est la folie orgueilleuse des hommes qui se déchirent au nom d'une foi, elle s'enivre de toutes les substances illicites avant d'être enfin sauvée par son père, Max le bien-aimé, le bel aventurier, le chevalier blanc.
Kashmira est cette Inde qui se reconciliera avec elle-même, une fois la folie passée. Le Cachemire demeure, malgré la partition qui voile des femmes qui ne connaissaient pas de prison, un rêve de tolérance et d'ouverture. Le Cachemire demeure le pays des troupes de clowns qui divertissaient par leurs pitreries et leurs acrobaties les villageois et les princes. Il demeure le pays qui possédait ses artistes culinaires, ceux qui savaient préparer les délicats trente-six plats des fêtes princières et villageoises. Le Cachemire indissociable des abeilles, des femmes et des vergers, de ces douceurs de la vie et de la culture. Un théâtre de rue ruisselant de gouaille et de rires, d'insouciance et de poésie.
Salman Rushdie semble nous dire qu'après l'obscurité et l'obscurantisme, la lumière revient toujours éclairer les survivants et leur donner des raisons de ne cesser d'espérer. L'Histoire est un cycle qui apporte à chaque tour de roue une clé pour comprendre cet étrange animal qu'est l'homme, porteur d'ombre et de lumière.


Roman traduit de l'anglais par Claro

Les Etonnants Voyageurs


Voilà, nous sommes de retour après une journée bien remplie, oscillant entre la grisaille humide et le soleil au gré du vent.
Le Belem, navire emblématique, faisait relâche à St-Malo (pour la durée du festival) et accueillait les festivaliers du jour. L'aventure nous happait, nous étonnait malgré la célébrité de ce trois mâts majestueux. Le ciel était tumultueux et ne savait choisir entre soleil, crachin et trombes d'eau. La cité corsaire était rehaussée par les cieux gris d'acier et le vent transportant les embruns jusqu'aux abords de l'enfer de perdition qu'est un salon du livre!



Dès les billets pris, nous sommes allés côté salon du livre car Tran-Nhut dédicaçait son dernier roman "Les travers du Docteur Porc" en fin de matinée! J'étais persuadée que l'auteur était un homme et non une femme! La rencontre fut très sympathique et j'ai pu lui dire combien j'avais apprécié la fameuse scène de saccage des meilleurs et plus subtils thés dans l'échoppe du vendeur de thé: du gore pour les amateurs de thé...et c'est dans cet esprit qu'elle m'a dit l'avoir concoctée! Du miel pour moi et une belle dédicace à la clé!




Une exposition des planches originales du cycle "Le sommeil du Monstre" de Bilal attendait notre visite et nos yeux émerveillés: les techniques utilisées par le maîtres sont sublimes et d'une maîtrise indescriptible...bien entendu interdiction d'en réaliser quelques clichés et petit rappel à l'ordre par les surveillants de la narratrice (fort contrite mais souriante) qui rangea, sans mot dire, son APN ("zut et crotte" marmona-t-elle en son for intérieur). Après avoir admiré les planches de Bilal, nous sommes allés faire un tour au Café Littéraire où se déroulait un débat sur "Des mondes en noir", débat auquel participaient José Eduardo Agualusa (auteur sélectionné par le Prix des Lecteurs du Télégramme de cette année...auteur à lire et à suivre!), Craig Davidson (USA, jeune auteur que je ne connaissais pas et qui est très intéressant), Ken Bruen (GB, auteur de polar que je ne connaissais pas non plus - et je m'aperçois que je n'aurai pas assez d'une vie pour connaître le monde littéraire contemporain!- ) et Jo Nesbo, l'auteur de polar norvégien qui monte, qui monte et qui expliquait la naissance de son dernier roman (une rencontre interlope avec un serbe à Sarajevo il y a deux ans). Les héros de ces auteurs sont certes "noirs" mais possèdent leur part de lumière et de blancheur d'âme. Le manichéisme traditionnel est délaissé (depuis longtemps déjà) au profit d'une approche plus réelle de la réalité du personnage. Je peux vous dire que Agualusa et Nesbo sont plus que séduisants (c'était la minute people!)!!!
Puis ce fut la pause repas dans une crêperie de la citadelle où nous dégustâmes galettes et crêpes arrosées d'un excellent cidre brut (il n'y avait plus de lait ribot, snif).


La pause achevée, retour au festival pour un "lèche-stands" bien sage ma foi (j'avais apporté dans ma besace les différents exemplaires que je comptais faire dédicacer par certains auteurs présents): Monsieur Chatperlipopette craqua pour les deux derniers tomes du cycle "Le sommeil du Monstre" de Bilal (dont il obtint, à force de courage et d'obstination devant la foule des admirateurs devant le stand du maître, une très belle dédicace - la déesse Bastet car il pensait à sa Chatperlipopette, un amour je vous dis!- !!!), pour un titre traitant du Bouddhisme et "Titus d'Enfer". Quant à moi, je n'ai craqué qu'au stand des éditions Picquier pour "Mes sacrées tantes" le dernier recueil de nouvelles de Bulbul Sharma et "Funérailles célestes" de Xinran (vanté sur plusieurs blogs notamment chez Allie). Bulbul Sharma était présente et dédicaçait ses ouvrages (je n'ai pas pris de photo car j'avais oublié de sortir mon APN, quelle étourdie!, tout comme Muriel Barbery, lumineuse et souriante telle un rayon de soleil breton.

Et la journée s'acheva comme elle avait commencé: sous la pluie et dans le vent froid. Il fallait bien retourner à la maison, fatigués mais décidés, un jour, à prendre un pass de trois jours afin de profiter pleinement des conférences, spectacles et débats organisés par le Festival malouin! En effet, il y avait un espace "Littérature et gastronomie: les saveurs du monde" où se déroulaient des conférences aussi intéressantes qu'appétissantes...mais le temps n'étant pas extensible et surtout ne s'arrêtant pas, nous n'avons guère eu le loisir d'en profiter. Je vous livre le programme d'hier: "Cuisine de grands-mères" avec M.Barbery, José Manuel Fajardo et Bulbul Sharma, "Les mots de la cuisine" avec Chantal Pelletier, Claude Pujade-Renaud et Olivier Roellinger (une toque locale avec quelques belles étoiles!), "Cuisine d'Orient" avec Thanh-Van Than-Nhut, Xiaolong Qiu, Patrick Boman, Bulbul Sharma et Jean-Claude Carrière, "Célébration de l'olive" avec Jean-Noël Schiffano et Jacques Bonnadier et "Cuisine littéraire" avec Mark Crick, Patrick Raynal et Gérard Oberlé...de quoi en avoir les papilles en ébullition!

samedi 26 mai 2007

La chaîne des poètes


Sur une idée de jos, de blog en blog fleurissent les poèmes qui nous ont marqués. Parmi tant d'autres, il y en a un, en particulier, qui me toucha beaucoup:


Le dormeur du val
("Homme endormi" Courbet)


C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort.Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


Arthur RIMBAUD

Un roman de Ferney


En attendant le billet sur "Shalimar le clown" de Rushdie, je vous livre mes impressions de lecture, anciennes, de "Dans la guerre" d'Alice Ferney (auteure que j'adore). A l'époque, j'avais été très déçue d'apprendre qu'elle n'avait reçu aucun prix littéraire, notamment le Goncourt qu'elle méritait...mais bon, c'est du passé et les voies des jurys littéraires sont à l'image de celles de Dieu: impénétrables!


Un très beau roman, de très belles âmes. Si belles qu'on se demande parfois si cela peut exister. "Dans la guerre" est un roman qui touche, qui remplit d'émotions, qui parle à tous, qui met en avant un aspect particulier de cette Grande Guerre : l'utilisation des animaux comme auxiliaires. L'aventure de ce colley est extraordinairement belle et pour ceux qui ont eu un chien dans leur vie, les pages d'Alice Ferney sont tellement vraies.Par ailleurs, autre originalité : un roman sur la guerre écrit par une femme. La guerre vue par une femme, une psychologie des personnages vue par une femme. Une émotion très forte se dégage de son écriture.Seule une femme pouvait décrire la guerre entre femmes, plus cruelle encore que celle faite par les hommes. Le personnage de Julia est fort, bien mis en scène : personnage dérangeant que l'on ne peut pas entièrement détester car cette âme est perdue de solitude et de manque d'amour à recevoir et surtout à donner. Le personnage de Félicité est à l'image de son prénom... une très belle âme que l'on aime et respecte : émouvante dans sa forte faiblesse de femme aimante et amoureuse. Le discours est beau, sans complaisance et nous met face à la cruauté humaine, aux déchirures des vies... L'empathie de Prince, ce colley héroïque par amour de son maître, fidèle jusqu'au bout, nous fait voir la guerre et ses malheurs par un autre bout de la lorgnette, celle d'un animal qui n'a pas conscience de l'avenir, qui vit au jour le jour, au rythme de son amour des hommes. Pour finir... commencer et achever le roman par des extraits de texte et discours officiels est une excellente trouvaille qui pose le gouffre qui existe entre la raison d'état et le bonheur personnel. Entre les deux, la douleur de la mort, du veuvage, de la solitude, des orphelins, du côtoiement de l'horreur horrifique des tranchées et des marmitages !!!En un mot comme en mille : un livre superbe, écrit avec le coeur, avec amour... si opposé au Goncourt 2003 : pourquoi "Dans la guerre" n'a-t-il pas obtenu ce prix ? Y aurait-il eu conflits d'intérêts ? No comment. Heureusement que l'obtention ou non d'un prix littéraire n'influe pas sur le fait d'apprécier la saveur d'une écriture sensible !!!

Swap: il est arrivé!!!!




Mille et un mercis à Moustafette qui m'a choyée avec ce colis de belles et agréables choses!!! J'ai de belles lectures en perspective, du thé parfumé à la menthe qui me fera voyager dans le Magreb (en attendant l'escapade marocaine de Décembre prochain), des marque-page qui agrémenteront mes livres, un chat porte-bagues qui viendra décorer mon bureau (il en a grandement besoin!!) et deux très jolies cartes qui iront orner le mur de mon bureau!!!



Maintenant, il me reste à boucler le colis pour la personne que je vais gâter (j'espère-rires-). Il partira mercredi et j'y logerai certainement des embruns littéraires malouins!!!



Mais je n'oublie pas notre chère Flo qui a eu cette idée géniale, idée qui permet de tisser des liens au fil des blogs!

mercredi 23 mai 2007

Petite bulle rouge


C'est aujourd'hui Mercredi, jour des enfants.

J'ai envie de vous parler d'un album sans texte, laissant vagabonder l'imagination au fil des pages.

C'est l'histoire d'une petite bulle rouge qui s'envole et qui change et se transforme dès la page tournée. Que devient-elle? Un ballon qui s'envole et rencontre une branche d'arbre: en quoi va-t-il se transformer? En fruit, en fleur? Allez, finalement il devient pomme rouge! De page en page, on la voit, cette bulle, devenir pomme, papillon, fleur, parapluie...Le tout dans un graphisme simple, épuré mais très évocateur. Seule la petite bulle puis ses avatars successifs sont rouges, le reste du décor est en noir et blanc. Une petite merveille à lire, voir et raconter à sa guise (puisque rien n'est écrit et tout est à inventer!).

mardi 22 mai 2007

Tourisme littéraire


Ce Week-End de Pentecôte, se tient l'événement littéraire important du mois: le Festival des Etonnants Voyageurs à Saint-Malo. Cette année, la littérature-monde est à l'honneur...un voyage multiple et infini au gré des continents attend les festivaliers.

Une exposition des planches originales des derniers albums d'Enki Bilal attend les inconditionnels de ce dessinateur et scénariste à l'univers si particulier...un régal intense en perspective!!!

Pour en savoir plus sur les festivités et les joies littéraires cliquez ICI
Un film réalisé par des élèves du lycée Jacques Cartier pour donner envie d'aller à Saint-Malo!


Saint-malo
envoyé par jdebauve

lundi 21 mai 2007

Les chutes


J'ai lu beaucoup de billets sur les différents blogs et forum que je fréquente au sujet de Joyce Carol Oates et notamment au sujet d'un de ses romans « Les chutes ». je m'étais promis de lire rapidement un de ses romans et je suis tombée sur « Les chutes ».
D'emblée, j'ai été conquise par l'idée romanesque des Chutes du Niagara en décor de l'intrigue. Ces millions de mètres cube qui se déversent depuis la nuit des temps et se fracassent en un rugissement éternel, sont fascinants pour le commun des mortels. Fascinants, lancinants et hypnotiques tels un rythme de musique tribale.Le parallèle entre la mythologie des chutes, auxquelles les tribus indiennes offraient des victimes sacrificielles, et l'histoire relatée par Oates m'a beaucoup plu et m'a fait plonger dans son univers littéraire.
La malédiction est en ouverture du roman: l'attrait maléfique des chutes se mêle au veuvage tragique d'une jeune mariée. Cette dernière perd son époux au lendemain d'une nuit de noces peu commune: l'époux, rongé par son mal être et son homosexualité refoulée se jette dans les bras mortifères des Chutes. Une semaine durant, la mariée est une veuve en sursis puis le corps est enfin repêché: Ariah Littrell rencontre Dirk Barnaby et de Veuve Blanche devient Mme Barnaby. La vie suit son cours, ses méandres, trois enfants naissent mais le malheur se tapit dans l'ombre de l'incertitude qui ronge: incertitude d'Ariah quant au résultat de sa première nuit de noces ( Chandler est-il bien le fils de Dirk?), incertitude quant à la durée du bonheur conjugal, incertitude quant à sa place dans le monde. D'incertitude en incertitude, Ariah tisse avec patience son malheur: peu à peu le désamour s'insinue dans le couple à partir du moment où Ariah atteint la plénitude maternelle (elle a 2 garçons et 1 fille!) et s'éloigne lentement mais sûrement de Dirk.
Niagara Falls est non seulement un site touristique célébrissime mais aussi une région industrielle très florissante, en expansion depuis la seconde guerre mondiale grâce aux produits chimiques. La ville s'étend, des quartiers entourent les usines, les ouvriers ont un travail bien rémunéré. Tout va pour le mieux dans le meilleurs des mondes, jusqu'au jour où Dirk Burnaby, brillant avocat, s'occupe d'une plainte déposée contre les industriels de la ville. Dans certains quartiers ouvriers, le taux de cancers, de malformations et de fausses couches est anormalement élevé. Le procès est dantesque, Burnaby traîné dans la boue, accusé de trahison de caste: un soir de pluie et de vent, Dirk, poursuivi par un camion, termine sa course dans les eaux tumultueuses du Niagara. Ariah déménage et subvient aux besoins de ses enfants et efface jusqu'au souvenir de leur père.
Mais l'âge d'homme arrive pour les fils de Dirk et une quête filiale de la vérité commence: les enfants de Dirk affrontent leur histoire personnelle mais aussi celle de leur ville, celle de leur classe sociale.
Les petites compromissions, les grands mensonges et l'appât du gain sont les eaux troubles où s'ébattent les hommes de pouvoir, ceux qui détiennent les rênes de la politique et les rênes économiques de la région. Rien n'est important à leurs yeux hormis les affaires juteuses et fructueuses, rien n'est important pas même la vie d'un enfant.
Au coeur de cette atmosphère délétère, Joyce Carol Oates peint de superbes personnages: Ariah en femme désespérement blessée au plus profond d'elle-même qu'aucun baume n'a pu apaiser. Chandler en enfant pragmatique mais cachant une grande sensibilié, Dirk Burnaby en élite qui a gardé son âme intacte, avocat funambule qui sombrera dans les eaux noires du Niagara comme son grand-père, Royall le bien-aimé, le bien nommé qui partira en quête de la vérité, Juliet d'une beauté sauvage attirée par les Chutes, attirée par le destin cruel de son père et qui trouvera les bras chaleureux d'un cuisinier original.
La beauté sombre des Chutes ne fait que rehausser la saleté des âmes damnées d'une société qui broie, exploite et pressure ses semblables: le progrès importe plus que le bien-être. Mais l'homme oublie le plus important: la nature, la vie sont les plus fortes et donnent une réponse souvent inattendue et toujours cruelle.
J'ai lu « Les chutes » et j'ai été envoûtée par l'écriture recherchée, structurée, dynamique, fluide et belle de Oates. Un très grand roman, dense, fourmillant de références historiques, de clins d'oeil ironiques sur la société américaine d'aujourd'hui.

Les américains sont toujours brillants, les auteurs comme les cinéastes , lorsqu'ils se moquent d'eux-mêmes et c'est ce qui fait une des forces de leur écriture!
Des avis ici et puis ici et et encore ici
Roman traduit de l'anglais par Claude Seban

dimanche 20 mai 2007

Une croisière mouvementée


De Yann Quéffelec, je n'avais lu que « Les noces barbares », roman couronné par le Prix Goncourt. C'était il y a longtemps et j'avais oublié un peu l'univers particulier de cet auteur. Je comptais lire « Osmose » pour mon challenge lecture 2007 mais comme je ne l'ai point trouvé à la bibliothèque, j'ai tenté l'aventure avec « Happy birthday Sara ».
Sara Johanson embarque en catimini sur le ferry que commanda son père avant d'être dégradé et licencié. Pourquoi et de quoi son père a-t-il été accusé? C'est ce que tente de découvrir la jeune fille le jour de son dix-huitième anniversaire en allant, crânement, se confronter aux démons du passé. Le ferry s'appelle l'Estonia et relie Tallinn à Stockholm. C'est un paquebot moderne sur lequel viennent faire la fête la jeunesse d'Europe de l'Est et du Nord, sur lequel viennent boire les soiffards de tout poil, sur lequel viennent passer une nuit de croisière (s'amuse-t-elle?) les gens aisés en mal de sensations. Un ferry luxueux qui possède ses zones d'ombres et de lumières, comme tous les ferries et les paquebots du monde.
Dès le début, le décor est planté: le mystère, l'automne sur la Baltique, certains membres de l'équipage un tantinet interlopes, les soutes où sont arrimés les camions et les cars, les passerelles des premières classes aux cabines somptueuses. Tout y est pour que la lecteur sente une catastrophe imminente.
Yann Quéffelec s'est approprié un fait divers bouleversant, le naufrage d'un ferry estonien (L'Estonia!) en pleine tempête le 28 septembre 1994, pour écrire une quête initiatique: l'enfance qui sombre dans l'âge adulte au sortir d'épreuves douloureuses. La mer, liquide amiotique cruel et sublime, en est la toile de fond. Cette mer qui ne triche jamais, qui ne se dompte jamais et qui réserve toujours un spectacle inattendu.
Sara est confrontée aux divers trafics dont les grands navires à passagers sont coutumiers: alcools, passagers clandestins et trafic d'enfants alimentant les réseaux pédophiles mais aussi les familles aisées en mal d'enfant. Sara va côtoyer également les militants écologistes à l'écoute de la dégradation de la mer Baltique, vous savez celle qui a servi de dépotoir à la marine soviétique!
Yann Quéffelec sait instaurer une atmosphère sombre et dramatique qui est celle des thrillers, des romans noirs: les scènes dans les soutes, dans les escaliers de secours réservés aux pompiers scandent la montée de la tragédie annoncée. Peu à peu se déchire le voile du renvoi de l'ancien commandant de bord, seul maître à bord après Dieu, qui rebroussa chemin une nuit, sans raison apparente: les trafics humains sont lucratifs dans un monde sans foi ni loi hormis celle du profit et du pouvoir de l'argent. Le commandant déchu devient héroïque et chevaleresque, trahi par tous car il a fait fi de toutes les magouilles pour ne pas plier devant le chantage.
Puis, soudain, la catastrophe est là, palpable: la piscine déborde et l'eau est salée, les coursives lentement se relèvent, les ponts inférieurs se remplissent d'eau, l'étrave plie sous les butoirs des vagues et du vent, l'Estonia devient le Titanic: c'est le moment où l'humanité devient égoïste ou altruiste, où elle s'honore ou se salit.
Quéffelec embarque son lecteur, au fil de chapitres minutant l'approche de l'horreur, dans les méandres de l'illicite, des tromperies (le ferry est-il vraiment apte à affronter les sursauts violents de la Baltique?) et de la misère. Sans avoir l'air d'y toucher, il dresse un portrait peu flatteur de la société moderne occidentale. Dans ce chaos, une jeune fille perdra son innocence et sera intronisée dans le monde des adultes sans perdre sa part d'humanité. Une initiation brutale, noire et violente en un rite de passage éprouvant et douloureux.


Un avis ICI

samedi 19 mai 2007

Voyages en Mongolie

Pour accompagner la lecture..

Les blogs littéraires sont de véritables enfers tentateurs mais aussi une mine de découvertes d'horizons inconnus et surprenants. C'est au détour d'une visite que je suis tombée sur un commentaire d'un roman de Galsan Tschinag « La fin du chant ». Lors de ma visite mensuelle à la médiathèque, j'ai cherché si cet auteur faisait partie du fond littéraire. Je n'ai pas trouvé « La fin du chant » mais « Belek, une chasse dans le Haut-Altaï ».
Avez-vous vu les films splendides « Le chien jaune de Mongolie » ou « L'histoire du chameau qui pleure »? Si vous les avez vus et aimés, vous plongerez avec délices dans les deux récits composant « Belek, une chasse dans le Haut-Altaï ».
La steppe mongole s'étend à l'infini sous la plume de Galsan Tschinag, descendant d'une famille d'éléveurs touvas. Les montagnes du Haut-Altaï dominent la steppe, étendue immense où le regard ne rencontre aucun obstacle hormis les troupeaux et les yourtes.
« Belek, une chasse dans le Haut-Altaï » est un récit où le tragique se dispute à la poésie. Belek, gardien de troupeau, un peu simplet, au service d'un riche propriétaire, se voit un jour confronté à une troupe de chasseurs. Une remarque anodine le fait se retrouver à plat ventre dans la tanière d'une louve allaitante. Il en ressort, tenant cette dernière. Elle s'échappe, s'enfuit, et les chasseurs le somment d'entrer à nouveau dans la tanière pour y récupérer les louveteaux. Ces scènes relatent la peur mystique du loup, cette peur qui rend malade le plus courageux et qui lui donne le courage du couard: envoyer au coeur du danger un subalterne, un plus faible que soi. Ces courageux chasseurs mettent à mort les louveteaux et s'en retournent, fiers et bravaches. Seulement, c'est sans compter avec le mythe de la chasse au loup: ne pas s'en prendre aux louves allaitantes et à leurs petits! Au cours des nuits suivantes, les loups se vengent sur les troupeaux. A l'issu du carnage, Belek est condamné à tuer au moins un loup pour venger les éleveurs. Commence alors une quête pour Belek, une quête misérable et belle, touchante et révoltante. Le lecteur est avec lui dans ses veilles au coeur de la steppe, est avec le chevreau sacrifié, est avec le loup qui rôde sans se faire prendre. Belek, un homme exploité, méprisé, à qui on promet beaucoup sans jamais lui donner satisfaction. Belek, symbole d'une classe éreintée par le travail, aspirant à un bonheur simple toujours refusé. Belek, un chasseur de toute une vie, une amertume longue à disparaître. Un chant tragique et poétique, un héros antique dans la steppe mongole en quête du bonheur dans la douleur.
« Une histoire touva » est le second récit du recueil de Gaslan Tschinag et se déroule pendant la seconde guerre mondiale. Dans cette histoire, le tragique est en filigrane, le fil d'Ariane d'une course perdue dans l'immensité de la steppe.
Au cours d'une halte pour s'abriter d'un orage, un journaliste écoute le récit de son guide. Un vieil homme à qui on a volé son âme: la femme qu'il aimait et qui portait son enfant. La steppe et les montagnes sont les paysages de la longue traque menée par le vieil homme pour rattraper un déserteur, son fils. L'auteur met l'accent sur les rouages cruels d'une administration soviétique dénuée de tout sentiment. Rien ni personne ne peut mettre fin à ce qui a été décidé en haut lieu. Même la nature et les éléments n'y pourront rien. L'auteur promène son lecteur dans le froid indicible de l'hiver du Haut-Altaï où sans vêtement adéquat l'homme meurt. Les feux de bouses sèches de chameaux ou de crottin de cheval sont les seules lumières chaleureuses de la nuit. On ne peut qu'être admiratif devant la ténacité et l'humanité du fugitif. Ce dernier, Bajnak, est la métaphore du loup autant vénéré que craint. Ce loup sublime, superbe, en fusion avec son environnement. Ce loup épris de liberté qui ne se rendra jamais sans combattre jusqu'au dernier souffle. Ce loup-homme refusant le carcan inique d'une société arbitraire et brutale qui asservit encore et toujours ceux qui lui résistent et broie les plus faibles.
La steppe est le décor de ces récits, les traditions mongoles y sont présentes, clairement énoncées ou non. Le visible et l'invisible se côtoient, se mêlent, s'enchevêtrent. Le temps est celui de la steppe: les jours de marche scandent la fuite de Bajnak comme la quête de Belek. Les yourtes sont les havres de paix, les refuges rassurants. Les troupeaux sont les richesses de ce peuple nomade, de ces hommes à l'imaginaire immense, à l'image de la steppe infinie.
Chaque récit du recueil est un voyage initiatique, un owoo symbolique pour célébrer la civilisation riche, diverse et sublime des Mongols.

Roman traduit de l'allemand par Dominique Vuathier

jeudi 17 mai 2007

Côte de Granit Rose


Cet après-midi, nous avons fait le tour de L'Ile-Grande, entre Trégastel et Trébeurden. Le temps était voilé et le vent soufflait alors qu'à l'intérieur des terres, le soleil brillait dans un ciel d'azur! La mer nous a offert un beau spectacle: ses vagues heurtant les rochers et ses fleurs roses dansant sous la houle.







Orgueil et préjugés


Ayant vu le film « Orgueil et préjugés » à sa sortie, avant d'avoir lu le roman de Jane Austen, j'avais un peu peur de ne rien avoir à découvrir. C'était sans compter avec le formidable style de Mme Austen et son talent pour décrire et croquer personnages et société.
Dès les premières lignes, le lecteur est envoûté par le rythme des phrases, le vocabulaire recherché et le style unique de l'auteure.
Très vite, sans s'en apercevoir, elle embarque son lecteur dans la lenteur, la mesure de la vie campagnarde des bonnes familles anglaises. Le temps s'étire, s'allonge, accélère un tantinet avant de reprendre son doux cours.
Le personnage principal du roman est ce fameux « entail », cette loi (inique?) anglaise écartant les femmes de la succession d'un domaine s'il n'y a pas d'héritier direct. Le domaine échoit, alors, au parent mâle le plus proche!
La famille Bennet se trouve dans cette délicate situation juridique (et économique): pas de fils, uniquement des filles! L'unique souci de Mme Bennet est de bien marier ses filles afin qu'elles ne se trouvent démunies de tout. Cependant, comme la famille est loin d'être riche, l'établissement des filles est loin d'être acquis (en ces temps où le montant de la dot attire comme fait fuir les prétendants!). L'idée fixe tourne à l'obscession.
Et Jane Austen de croquer, à la pointe mordante de sa plume ironique, les stratagèmes et les méandres de la société bourgeoise (et aristocratique) pour établir, le plus avantageusement possible, les filles de famille. Les jeunes filles et les mères sont de retors stratèges où le fiel se dispute à l'égoïsme ou à la moquerie: les remarques délicieusement assassines fusant dès que l'occasion se présente.
Les bals sont les événements marquants de la vie sociale campagnarde: ils sont un vivier de prétendants! Au cours de l'un d'eux, Elizabeth Bennet et sa soeur Jane (tiens, donc, Jane!) vont rencontrer Mr Darcy et Mr Bingley. Autant entre Jane et Bingley de tendres sentiments naissent très vite, autant entre Elizabeth et Darcy la verve des échanges semble de mise. Un duel de bons mots, de phrases bien à propos, d'impertinences mesurée, s'installe entre les deux jeunes gens. Rapidement, le lecteur comprend que les agaceries et défiances mutuelles de ces derniers ne sont que le prélude à une idylle.
Ce qui est délicieux chez Austen c'est sa capacité à mettre en scène les préjugés de classe sociale, les rigidités codifiées et à les démonter, peu à peu, au fil de l'intrigue, au fil des intrigues du roman. L'orgueil de chaque protagoniste fera souffrir l'autre mais aussi lui ouvrira les yeux sur une réalité occultée par les divers préjugés menant le menuet de l'existence. Les allusions aux relations conjugales sont fugaces mais percutantes: le regard d'Elizabeth sur le couple formé par ses parents est sans illusion et lui ouvre la voie vers le choix qu'elle fera. Entre une mère frivole, inconséquente par manque d'instruction (plus que par manque d'éducation) et un père parfois méprisant vis à vis de son épouse, Elizabeth se veut une jeune fille déterminée, raisonnable et sachant ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas. Elle est indépendante tout en étant respectueuse des normes sociales...tant que celles-ci restent respectables!
Chaque personnage pèche par orgueil et en souffre: Jane à vouloir sans cesse rester maîtresse d'elle-même et de ses sentiments est perçue comme une jeune fille indifférente aux sentiments de Bingley, Elizabeth à vouloir raisonner et chercher la faille en arrive à ne plus voir au-delà des apparences et Darcy parvient par son appent mépris à se faire détester.
Elizabeth, fil rouge de ce roman, jeune fille ironique et d'une vive intelligence qui porte l'histoire. Elle est à la fois au coeur de l'action et à l'extérieur: elle joue et observe son univers, elle mène l'histoire et est menée par cette dernière en même temps.
L'écriture de Jane Austen subjugue, happe, enveloppe et envoûte par les minuscules fenêtres qu'elle ouvre sur l'âme humaine, sur les menus et grands travers de ses semblables: sa plume fait mouche à chaque estocade et est empreinte d'une grande sensibilité. Alors, le sujet qui pourrait être mièvre est sublimé par son écriture fluide, belle, imagée et sensuelle et devient plus qu'une simple histoire d'amour.

L'avis de Bénédicte  

mercredi 16 mai 2007

Ponti for ever!


Je suis une admiratrice de Claude Ponti et je ne résiste à aucune tentation concernant ses oeuvres. Donc, ce matin, à la librairie, je suis tombée sur ces petits albums réédités depuis peu. Comme je les cherchais depuis longtemps, je n'ai pas hésité: et hop, les voilà dans mon panier.

"Dans la pomme": un univers craquant et croquant alliant vérité scientifique et délire fantastique. En effet, on peut trouver des choses étranges à l'intérieur d'une belle pomme!

"Dans le loup": une lecture très pontiesque du conte traditionnel "le Petit Chaperon Rouge". En peu de pages, l'univers fantaisiste et fabuleux de Ponti s'offre au lecteur.

"Derrière la poussette": ou que voit Bébé lors de ses sorties? Un petit livre douillet et tendre à raconter sans se lasser.

"Sur le lit": il s'en passe des choses sur un lit! On a la joie de retrouver dans le bric à brac d'une chambre d'enfant les divers personnages secondaires fétiches de Ponti! Un régal.

"Dans le gant": les surprises atendent les mamans au retour d'une sortie!

Il va sans dire que les illustrations sont sublimes, riches en divers niveaux de lecture, les clins d'oeil nombreux et la "patte" de l'artiste inénarrable!


Le SWAP des livres



Ca y est, je suis allée à la librairie, ce lieu de perdition où j'ai encore cédé à la terrible tentation. J'ai craqué pour des albums jeunesse de Ponti!

J'ai trouvé une partie de ce que je cherchais pour mon binôme du swap, la personne que je me fais un plaisir de gâter! J'espère que je pourrai envoyer le tout pour le 5 juin prochain...je croise les doigts car tout n'est pas encore arrivé! Que d'angoisse et d'interrogations: j'en suis toute émue.

dimanche 13 mai 2007

Un air de Bretagne







En Février dernier, nous étions allés cueillir des moules lors des grandes marées. Bien entendu, j'avais pris quelques photos des grèves de Bréhec.



samedi 12 mai 2007

Un aperçu d'auteurs chinois méconnus


Voici treize récits, treize récits chinois réunis par la traductrice Martine Vallette-Hémery. La période est celle d'avant la grande révolution culturelle. Donc, ces récits ont un parfum de liberté qui se savoure au fil des mots. Certaines nouvelles sont plus attachantes que d'autres. Ainsi "Le croissant de lune" qui est un récit sur le destin cruel des femmes pauvres dans cette Chine du début de siècle. La lune symbole de la féminité n'est vue que par son croissant... une part de cette féminité est perdue, occultée (celle du plaisir d'être amoureuse, d'être aimée, d'avoir des enfants avec l'homme aimé). Il y a un amer constat : la prostitution semble être le seul horizon pour une jeune fille pauvre mais jolie. L'héroïne s'enfonce dans le tourbillon des hommes mais quand elle arrive au bout de la route (malade, désabusée, vieillie avant l'âge) elle a un sursaut : elle préfère la prison où elle peut vivre une liberté toute relative plutôt que d'être mariée à un "acheteur" (suite à un programme de rééducation !!) et de devenir ainsi l'esclave matérielle et sexuelle d'un homme ! Le croissant de lune scande les moments forts de cette fillette qui devient écolière (ce qui lui permet d'avoir un oeil critique) puis jeune fille, jeune femme et enfin femme. La dernière nouvelle "Le jugement des eaux" de Li Guangtian est un conte philosophique qui montre combien l'aveuglement des hommes entraîne leur perte, irrémédiablement, sans leur donner de solution satisfaisante !

vendredi 11 mai 2007

5ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 10


"Je viens de tuer ma femme" d'Emmanuel Pons


Le roman commence ainsi:
« Je viens de tuer ma femme. Ce qui m'ennuie, c'est les faire-part.Je dois absolument les écrire avant d'aller à la gendarmerie. Evidemment, je n'ai plus de timbres. Je lui avais pourtant demandé d'en acheter. En prévision. »


Je me suis dit, tiens, voilà un auteur qui ne fait pas dans la dentelle, qui ne va pas par quatre chemins! Il croque un personnage intéressant: ironique, froid, avec un humour grinçant mais de bonne facture.
La lecture se déroule tranquillement. Je jubile en constatant que le héros de simple criminel dérive, sans prévenir, vers le « serial killer ». Les situations sont cocasses, arrivent presque naturellement, tellement naturellement que le héros demeure sympathique. Le comble de la drôlerie survient lorsque Manu Pons (ah! Les joies de l'auto-fiction à la française) avoue le meurtre de sa femme Sylvie à son voisin, Raymond Langlois, et que ce dernier se met à lui décrire celui qu'il a commis envers son épouse, le plaisir qu'il en a éprouvé puis qu'il lui fait visiter son jardin fleuri (sous chaque parterre, un morceau de son épouse repose!): on nage en plein délire et c'est diablement amusant.
Sauf que, peu à peu, je trouve que l'auteur en fait un peu trop dans le langage « cool » et décontracté. Il en fait trop à vouloir utiliser une prose moderne et j'ai eu l'impression de lire de la prose facile et sans éclat.
L'argument, au demeurant intéressant et drôle, est desservi au fil de l'histoire par l'outrance des situations et des propos. Du coup, ça lasse, la lecture devient légèrement fastidieuse. Cependant, le moment passé avec les personnages n'est pas désagréable, loin de là.
Je me suis laissée emporter dans l'univers intérieur de Manu Pons, artiste parisien venu s'installer dans la campagne normande (un cliché???), s'étant bien intégré dans le village où certains habitants peuvent être horripilants par leur trop plein de gentillesse.

L'amour conjugal est un mystère: le désamour peut inciter à commettre des gestes irréparables, des regrets et se transformer à nouveau en amour profond envers le conjoint. Attirance, amour, répulsion, haine et amour: un cercle qui n'apporte que de rares réponses toujours inattendues! Les « entretiens » qu'a Manu avec feue son épouse Sylvie sont souvent truculents: l'introspection de Manu fait revenir à la surface les qualités de cette dernière ainsi que certains regrets.

Le développement personnel fait fureur même dans ce village perdu de Normandie et apporte d'étonnantes solutions, rebondissements nécessaire à l'histoire de cette quête de soi.

jeudi 10 mai 2007

Plongée dans les aventures d'un bâtard royal



La trilogie du Seigneur des Anneaux a enchanté des générations de lecteurs... cette double (et bientôt triple) trilogie pourrait bien convaincre les adeptes des aventures des Hobbits. Des personnages hauts en couleurs, avec leurs forces et leurs faiblesses, des trahisons, des guerres, des forfaits iniques, des quêtes, bref les ingrédients d'une épopée brillante sont réunis dans ces six romans. Le lecteur est transporté dans un pays de duchés (les six duchés) à la tête desquels se trouve la lignée royale qui a pour particularité de posséder un don : la maîtrise de l'Art, celle d'artiser (influencer l'esprit d'autrui par la pensée). Tout pourrait aller pour le mieux dans cette contrée atemporelle mais un grain de sable va arriver : la venue d'un bâtard royal, issu du prince héritier. Dès lors, tout sera fait pour l'écarter des sphères familiales. Mais son père le confie aux soins de son fidèle serviteur qui fera de cet enfant un homme.Cet enfant a un don, un double don : il possède l'Art mais aussi le Vif (capacité à se lier avec les animaux). Le Vif est considéré comme une tare et ceux qui le possèdent sont persécutés.Notre héros, Fitzchevalerie, va se lier par le Vif à un loup qui l'assistera dans toutes ses aventures. Aventures qui relèvent parfois du roman picaresque. Cette épopée est tellement dense, tellement riche qu'il est impossible de la résumer correctement. Pour les amoureux des aventures à rebondissement, de la belle écriture, des intrigues bien menées, de la psychologie fouillée des personnages, ce livre (ces livres) sont faits pour y sombrer à yeux perdus. On ne peut laisser Fitzchevalerie avant d'avoir fini les deux trilogies : on ne s'ennuie jamais !!!L'écriture est pleine de sensibilité, l'approche des personnages est très bien mise en forme, l'âme humaine y est mise à nu et finement explorée. Le plaisir de lire ne quitte pas le lecteur et l'emmène dans une belle jubilation. Le tome 7 est paru en collection de poche. A lire absolument !!!
Nota Bene:
Je me suis plongée avec délice dans ces aventures, il y a 3 ans: j'ai écrit ce billet à l'aide de mes anciennes notes de lecture.
Roman traduit de l'anglais par Arnaud Mousnier-Lompré

mercredi 9 mai 2007

Encore et toujours de l'art!


Ce fut un de mes achats à la librairie versaillaise "Le potager des livres". Ce livre utilise le même principe que la série des "Où est Charlie?": il faut observer attentivement les reproductions des tableaux de maîtres et y trouver les détails demandés dans la page texte. Il y a 20 tableaux du monde entier et de diverses époques et à la fin de l'ouvrage, le lecteur trouve les solutions ainsi qu'une présentation rapide des oeuvres. Un excellent exercice de mathématiques (notamment de comptage!) et de discrimination visuelle très très fine (autrement dit, un excercice, parfois ardu, de lecture et d'observation!).

"Juillet, le bord de mer" de L.S Lowry (1887/1976): "Dans ce tableau d'une plage pleine de monde, amuse-toi à retrouver: 4 poussettes, 2 ombrelles ouvertes, 1 pelle tenue à la main, 2 hommes allongés sur le dos, 1 chien en laisse, 1 trio de cyclistes, 1 poteau indicateur, 2 garçons sur un tas de sable." En plus de sa culture artistique, on peut en profiter pour enrichir son vocabulaire!

"Dans ce tableau d'un charriot de foin entouré par la foule, amuse-toi à trouver: 2 poissons, 1 plume de paon, 4 bébés, 2 échelles, 1 chouette, 5 carafes, 1 coeur, 1 homme sur lequel poussent des branches."
Certes, certains tableaux, aux détails très fins, rendent difficile la recherche demandée, mais cela ne nuit en rien au plaisir de découvrir un univers pictural.

mardi 8 mai 2007

Une découverte sur zazieweb


Présentation de l'éditeur:


"Une vieille dame achète dans une boutique, sans le savoir, le Saint-Graal. Lorsque le chevalier Galaad vient le quémander croyant sa quête achevée, il ne se doute pas que la négociation sera âpre... Un écrivain anglais débarque à Hollywood pour adapter l'un de ses livres au cinéma. Il va faire une curieuse rencontre dans son hôtel jadis palace des starlettes... Miroirs d'un quotidien - le nôtre - en apparence banal mais glissant imperceptiblement vers le surnaturel ou l'absurde, voici trente textes surprenants, décalés, noirs, érotiques, souvent déroutants, toujours fascinants, qui proposent une réinterprétation brillante et moderne de tous les grands mythes de la littérature fantastique."


Mon avis:


Encore un conseil lecture de zazieweb qui m'ouvre des portes littéraires !!! Donc, me voilà plongée dans cet univers étrange décrit sous maintes déclinaisons par Gaiman. Charmée, déroutée, un peu étonnée. Je n'ai pas tout aimé dans ce recueil mais sans doute est-ce du au parti pris de la "compilation". Par contre, deux nouvelles m'ont littéralement envoûtée : "Le bassin aux poissons et autres contes" qui donne un aperçu européen de L.A et de ses affres cinématographiques. Ville où tout est à trente minutes : les distances comme la mémoire. Et j'ai hautement apprécié ce clin d'oeil délicieux et désopilant de la comparaison de la mémoire de la carpe japonaise (trente secondes) du bassin à la nouvelle mesure spatio-temporelle créee par et pour L.A, celle de trente minutes !!!
La deuxième nouvelle extraordinairement originale est la dernière du recueil "Neige, verre et pommes" ou l'histoire revisitée de Blanche Neige et les sept nains !
Par ailleurs le texte "Chevalerie" est aussi truculent : comment le St-Graal est retrouvé et comment il revient à Galaad. La chute est amusante... on se demande si cela ne va recommencer mais avec Aladin !
L'introduction ou préface de "Miroirs et fumée" est surprenante et bluffe le lecteur en clin d'oeil... toujours est-il, même si les nouvelles n'enthousiasment pas de manière systématique, elles donnent envie d'entrer dans l'univers de Gaiman et de lire ses autres oeuvres... et c'est ce qui est plus important, non ? Aller de l'autre côté du miroir...

Nouvelles traduites de l'anglais par Patrick Marcel