mercredi 15 février 2023

Chatperlipopette déménage

 


Il y a près de 15 ans, je créais sur Blogspot "Chatperlipopette".

Depuis plus d'un an des fonctionnalités pratiques ont disparu de Blogspot (les boutons outils fort pratiques), fonctionnalités qui ne seront pas remplacées par les développeurs de la plateforme.

Chatperlipopette déménage sur Wordpress.

Il y a encore quelques réglages à effectuer pour que les visiteurs puissent bénéficier d'une navigation fluide sur le blog.

Rendez-vous là-bas pour la suite des mes aventures de lectrice.


dimanche 5 février 2023

Son Espionne royale: Les douze crimes de Noël

 


Dans le cadre du R.A.T du Challenge Bristish Mysteries, j'ai renoué avec les aventures de l'inénarrable Lady Georgiana de Rannoch. Je dois avouer qu'elle m'avait manqué.


C'est bientôt Noël en Ecosse comme partout ailleurs au Royaume Uni et dans le monde. Le temps est glacial et l'ambiance à Rannoch plus que morose : il n'est guère facile de supporter les remarques désobligeantes d'une belle-soeur radine comme pas deux. Cette dernière a l'art de faire sentir à notre Georgiana combien son célibat pèse sur les finances familiales et qu'il serait grand temps de trouver un homme riche à épouser.

Son Espionne royale tourne en rond au désespoir de fêter Noël dans la joie et la bonne humeur. Son Noël 1933 est en passe d'être raté et ennuyeux au plus haut point.

Lorsque Fig, la belle-soeur, annonce que sa famille les rejoindra en Ecosse, Lady G. se met en quête d'un moyen pour échapper à la catastrophe annoncée et gagner quelques sous.

Par un heureux hasard, elle tombe sur une annonce de recrutement : une famille d'aristocrates recherche une jeune femme connaissant l'étiquette sur le bout des ongles pour animer les fêtes de Noël et du premier de l'an à Tiddleton-under-Lovey, un village, aux allures de celui du « Chant de Noël » de Dickens, perdu dans la campagne anglaise.

Le Noël de Son Espionne royale est sauvé et une tranquillité financière assurée.

C'est sans compter avec une série d'événements qui chambouleront le séjour tant de Lady Georgiana et de ses hôtes que celui des invités, payants, venus pour assister à des festivités d'un Noël traditionnel anglais.


Les malheureux accidents se succèdent, au rythme d'une comptine traditionnelle, ce qui n'est pas sans rappeler une certaine enquête policière d'Agatha Christie « Ils étaient dix » (titre original en français « Les dix petits nègres »). En effet, chaque mort « accidentelle » renvoie à un passage de la chansonnette.

Il y aura des rebondissements, des révélations, des rencontres inopinées (la mère de Georgiana passe Noël avec un auteur de théâtre, Noël Coward, décidé à relancer sa carrière d'actrice), des invitations chaleureuses (elle invitera son grand-père et sa charmante voisine à venir rejoindre sa mère) et une surprise avec l'arrivée de ce cher Darcy, neveu de la lady organisatrice et hôtesse du Noël traditionnel anglais. Lors de l'épisode précédent, les deux jeunes gens s'étaient avoué leur amour et avaient échangé moult baisers... tout en restant chastes). Darcy et Georgiana, c'est enfin dit, se marieront dès que le premier aura un emploi stable permettant de faire vivre, décemment, le couple.


« Les douze crimes de Noël » est gentillet et amusant mais manque de sel, celui des cachotteries de Georgiana pour que personne ne sache qu'elle travaille malgré son statut d'aristocrate. Il manque aussi le sel des missions, parfois alambiquées, confiées par la Reine consort dont l'obsession est de voir David, le futur roi Edward, s'éloignée de Mrs Simpson, devenue sa maîtresse.

Dans cet épisode, nos deux espions s'offrent comme une parenthèse dans leurs tribulations personnelles : ils pensent à eux et à leur avenir.


Une lecture charmante et amusante, comme toujours avec Lady G et la galerie de personnages croisés, ciselés avec humour par Rhys Bowen. J'ai également apprécié le fait que les fausses pistes orchestrées par l'auteure, fassent que le coupable est caché jusqu'au bout. C'est bien d'être embobinée jusqu'à la fin !

Traduit de l'anglais par Blandine Longre


Quelques avis :

Babelio  Livraddict  Bianca  Maeve  Mylène  Parfums de livres  A livre ouvert  Lilly  

Jojo  Critiques Libres

Lu dans le cadre



     


mercredi 1 février 2023

Des souris et des hommes ... et des couleurs!

 


Les fantastiques (dessous) des classiques emmenaient les participants dans la lecture ou relecture de romans de John Steinbeck. J'ai choisi "Des souris et des hommes" illustré par Rebecca Dautremer.

C'est l'histoire de deux hommes, deux amis d'enfance, pendant la grande Dépression qui fit suite au krach boursier américain de 1929.

George Milton et Lennie Small vont de ranchs en ranchs, louant leurs bras pour gagner quelques dollars. George est aussi petit que Lennie est immense, le premier est astucieux, malin, le second naïf et légèrement déficient intellectuel ne sachant ni contrôler sa force ni son attirance immodérée pour les « choses douces » (la fourrure des petits animaux qu'il tue involontairement en les caressant de manière trop appuyée).

Les paysages de Californie du nord se déroulent au gré de leur marche. La vie pourrait s'écouler paisiblement, à l'image de la Salinas serpentant dans la vallée, leur rêve d'acquérir une petite exploitation agricole se concrétiser si la panique de Lennie quand il fait des « bêtises » ne leur portait pas préjudice, les contraignant à vider les lieux pour sauver leur peau. Ainsi, ont-ils du déguerpir de Weed pour éviter le lynchage parce que Lennie, en panique, s'est cramponné au tissu doux de la jupe d'une jeune fille au lieu de le lâcher quand elle se mit à crier. L'accusation de viol s'ensuivit et leur errance reprit.


Un travail les attend dans un nouveau ranch. Avant de s'y rendre, George et Lenny passent la nuit au bord de la Salina. Autour du feu, George explique à Lenny qu'il devra venir se réfugier ici s'il faisait une énorme bêtise … comme si George savait qu'un malheur arrivera malgré toutes les précautions prises. Dans la douce nuit d'été, il déroule leur espoir de posséder, un jour, une ferme pour y vivre heureux comme des rois, récoltant, enfin !, leurs propres moissons, élevant leurs lapins dont s'occupera Lennie. Ce moment de grâce sonne comme un glas, ténu et entêtant.

Dès qu'ils se présentent au ranch, le danger rôde entre le fils du patron, Curley, ancien boxeur amateur hargneux, car de petite taille, envers les hommes beaucoup plus grands, et sa femme, fort jolie et attirante, qui ne cesse d'aguicher les journaliers.

Les précautions mises en place par George suffiront-elles à éviter que Lenny se laisse approcher par la jeune épouse de Curley ? On le souhaite ardemment afin que leur rêve commun se réalise.


« Des souris et des hommes » de Steinbeck est un peu une courte suite des « Raisins de la colère », un autre épisode de la débâcle financière qui jeta sur les routes des millions de personnes ruinées.

Ce court roman se déroule comme une pièce de théâtre en cinq actes dont la dimension tragique apparaît dès la lecture du titre emprunté à un poème* de Robert Burns (Ecosse) : « The best laid schemes o'mice an'men / Gang aft a-Gley » (« Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »). Muni de cette clef, le lecteur pressent que le désespoir et la fatalité sont au bout du chemin.

Steinbeck utilise, pour ce roman, une écriture grave, presque monocorde, la lenteur devient rythme narratif jusqu'au moment où tout s'emballera pour s'achever en une nouvelle lenteur et une écriture monocorde. Grâce au choix de son écriture, Steinbeck rend compte de la misère et de la solitude humaine, leur donne une voix et une réalité inoubliables.

Chaque personnage abîmé (Curley complexé par sa petite taille, Candy le vieux journalier avec une main en moins, Crooks le palefrenier noir relégué à l'écurie en raison de sa couleur de peau, la femme de Curley déçue par la vie et rêvant de cinéma, George prisonnier de son amitié et de sa tendresse pour Lennie, Lennie vivant dans son monde pouvant éclater comme une bulle de savon) est un monde en soi, celui des misères de la vie et de la société. Ils sont souris et hommes qu'un caprice peut emporter vers le drame. Il y a un côté béhavioriste chez Steinbeck qui ne plonge pas ses personnages dans l'introspection psychologique, dans un souci de simplicité et de compréhension des actions, comme dans un film ou une pièce de théâtre. C'est au lecteur/spectateur de déduire, par son observation, les relations entre les personnages et les dispositions d'esprit dans lesquelles ils se trouvent. Dans « Des souris et des hommes », le lecteur met en place tous les liens grâce aux dialogues dans lesquels il trouve nombres d'indices permettant de saisir la dimension psychologique des personnages. C'est ce qui en fait toute la saveur.

Saveur relevée par les illustrations, magnifiques, de Rebecca Dautremer qui servent admirablement ce grand texte. Elle a su mettre en images la naïveté et la gentillesse maladroitement brusque de Lennie ainsi que sa manière de s'exprimer. Ses illustrations magnifient texte et personnages ainsi que l'amitié, immense, liant George et Lennie. Amitié mêlée de tendresse amenant George au geste ultime dicté par l'amour fraternel.

Ses dessins aussi ciselés que le texte du roman, renforcent ce diamant de la littérature américaine du XXè siècle. Crayons et pinceaux portent les mots et les personnages, dignes d'une tragédie grecque, avec une beauté grave et époustouflante.

Un vrai régal pour les yeux !

Roman traduit de l'américain par Maurice-Edgar Coindreau, illustrations de Rebecca Dautremer.

*« To a Mouse, on Turning Her Up in Her Nest With the Plough, November, 1785 »


Quelques avis :

Babelio Interview France Culture de Rebecca Dautremer  

Reportage ARTE  Télérama  Tachan  Sens Critique  Hélène

Lu dans le cadre