Une vue bréhatine, le Moulin du Birlot, un moulin à marée, où a grandi une nichée de faucons crécerelle. En premier plan, les célèbres agapanthes bleues de l'île.
dimanche 30 août 2015
samedi 29 août 2015
La vie ne tient qu'à un fil
La littérature de SF recèle mille et
un trésors dont le bijou qu'est ce roman. J'ai longuement hésité
avant d'écrire mon ressenti sans dévoiler la quintessence de
l'histoire... Qu'il est difficile de trouver les mots justes sans
déflorer le plaisir de la découverte du lecteur, aussi tenterai-je
de ne point trop en raconter tout en souhaitant donner l'envie de
plonger dans l'univers étonnant « Des milliards de tapis de
cheveux ».
L'Empire est infini, l'Empire est une
vaste étendue de galaxies peuplées de mondes inimaginables.
L'Empereur serait immortel, depuis plus de cent mille ans, il règne
sur ses mondes. Il converse avec le bibliothécaire, gardien de
l'Histoire de l'Empire : dans le dédale des Archives se nichent
les petits riens et les grandes choses réalisés par les monarques
omnipotents et omniscients.
Quelque part dans une lointaine
galaxie... non, ce n'est pas Star Wars.... donc dans une lointaine
galaxie, Gheera, une planète, balayée par les vents, rabotée la
sécheresse, sur laquelle les hommes vivent tant bien que mal. Parmi
eux, une Guilde, celle des Tisseurs. Depuis la nuit des Temps, de
père en fils, les Tisseurs réalisent un seul et unique chef
d'oeuvre : leur tapis de cheveux, l'oeuvre d'une vie. Ils
peuvent avoir plusieurs épouses, des filles mais un seul et unique
fils. L'angoisse est indicible lors de la grossesse des épouses :
fille, l'enfant vit, garçon, l'enfant meurt. Les épouses comme les
filles, lorsqu'elles se brossent, laissent tomber quelques cheveux
que ramasse précieusement le Tisseur. Le cheveu doit être souple,
résistant et long. Une épouse ou une fille au cheveu sec et cassant
devient un calvaire pour le tisseur qui ne peut achever dans les
temps, celui de sa vie, SON œuvre. Cette œuvre qui est le paiement
de la dette contractée envers le père et une offrande, un hommage,
pour l'Empereur, leur père à tous.
Le marchand de tapis de cheveux verse
une somme énorme pour le tapis, somme qui permettra au fils de vivre
aisément et de se vouer au tissage de son tapis et au maintien des
traditions.
C'est alors que d'étranges rumeurs
bruissent, murmurant la chute de l'Empire...
« Des milliards de tapis de
cheveux » est un écheveau qui déroule son fil sur les nœuds
de l'histoire. Chaque nœud, autrement dit chaque chapitre, apporte
un élément qui tissera un motif de la fresque romanesque.
L'écriture est habile, l'orchestration irréprochable et l'attention
du lecteur est captée avec art. Il s'interroge sans cesse sur
l'usage des tapis par l'Empereur : orne-t-il les murs de son
merveilleux palais-planète ? Où partent les vaisseaux
impériaux remplis de montagnes de tapis de cheveux ?
Les « noeuds » sont les
points de départ des motifs qui, une fois réalisés, dévoilent le
dessin initial, complexe et simple à la fois. Peu à peu, le lecteur
perçoit une cohérence dans les infimes informations distillées par
l'auteur. Le récit devient pure magie à l'image de la tapisserie
achevée.
Le lecteur pressent le drame de la
finalité des tapis de cheveux, drame atténué ou amplifié, selon
les sentiments éprouvés, par la chute de l'histoire quand le
mystère de l'utilisation des tapis de cheveux est levé.
Même achevé, le tapis qu'est le récit
ne serait rien sans les Archives qui n'ont libéré qu'une infime
partie de l'histoire de l'Empire, le mystère révélé des tapis de
cheveux n'est qu'une risée à la surface de l'empire
inter-galactique.
Le lecteur referme le roman, heureux
d'avoir vécu un moment hors du temps grâce à une histoire menée
de main de maître par un auteur pensant son histoire comme un puzzle
ou une tapisserie complexe. En un mot comme en mille, le lecteur sort
conquis de sa lecture et ravi des émotions qu'elle a suscitées de la
première à la dernière phrase.
Ils en parlent aussi:
jeudi 27 août 2015
La citation du jeudi # 4
C'est bientôt la rentrée des classes, je vous offre une citation ah hoc.
"L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux."
Paul Valéry (1871-1945)
"L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux."
Paul Valéry (1871-1945)
mercredi 26 août 2015
Dans le noir vacille une fragile lumière
De nos jours, Suzanne Langlois, une
ancienne déportée raconte devant des lycéens son calvaire. Elle
commence son récit, explique que la colonne de femmes marche vers
Ravensbrück. Une jeune fille demande à prendre la parole, l'obtient
et demande à la vieille femme comment savait-elle que les
prisonnières marchaient vers Ravensbrück, comment savait-elle ce
qu'il les attendait... là-bas ?
Le grain de sable dans les rouages bien
huilés de son témoignage, maintes fois relaté.
En effet, comment pouvait-elle le
savoir hormis parce qu'elle relate avec son expérience du Camp de
Concentration !
Silence, émotion vibrant de tout son
être, Suzanne devient Mila, elle est en terra incognita, elle ne
sait pas encore combien sera sombre la nuit qui l'avalera pendant des
mois d'internement.
Elle ne pouvait pas savoir où les
nazis les envoyaient, aucune d'entre elles ne le savait vraiment.
Lentement, elle reprend le cours de son
récit, la fluidité des mots, la force des images. Mila est sur la
route, dans la longue colonne et se dirige vers un nulle part
angoissant. Elle a peine vingt ans et attend un enfant.
Retour en arrière pour comprendre
pourquoi elle est là, dans cet ailleurs qui conduit nulle part, sur
une terre inconnue martelée par les souliers de milliers de pieds,
millepatte silencieux.
La Résistance, le codage en notes de
musique d'informations, la peur au ventre parfois, l'envie de vivre
pleinement, la rencontre d'une nuit avec l'homme qui lui laissera un
souvenir, un petit être grandissant dans son ventre.
L'arrestation, l'interrogatoire, les
discussions chuchotées avec les prisonnières, les encouragements
pour tenir puis le voyage en train.
Ravensbrück, à la frontière
orientale allemande : un enfer sur terre... « Arbeit macht
frei »...Mila passe devant le médecin, une infirmière
l'assiste, elle confirmera le mensonge de Mila : la prisonnière
n'est pas enceinte.
Le temps se perd dans la nuit des
privations, vexations, faiblement éclairée par une ténue
solidarité, par de minuscules victoires sur le destin.
Ne pas penser qu'il est difficile de
rester des heures debout pendant l'Appel, ne pas désirer se laisser
aller, tomber pour ne plus se relever, ne pas regarder les barbelés
libérateurs. Penser aux beautés du monde, au lac, non loin du Camp,
brillant sous le soleil au fil des saisons, à la toile d'araignée
perlée de rosée au petit matin, sur le chemin du Kommando affecté
au tri des possessions des "génocidés", mais ça, Mila ne le sait pas
encore. Penser aux iris, penser à l'enfant qui grandit en elle.
Tenir la main de sa cousine pour ressentir sa force et résister à
l'envie de mourir.
Mila désire puis ne souhaite plus sa
grossesse : quel avenir ici ? Aucun. Pourquoi espérer
quand on assiste aux jeux des enfants prisonniers, imitant les Appels
et les injures lancées aux déportées ? Pourquoi espérer
quand on sait qu'une immense tente sert de mouroir, de cloaque aux
femmes juives ? Parce que.
Seulement, donner la vie est un acte de
résistance, de foi en l'humanité, d'espérance dans cette nuit sans
fin, celle qui broie les cœurs puis les âmes.
La grossesse de Mila est silencieuse,
inaudible, elle frôle l'inexistant. La vie qui ne l'est pas. Le bébé
qui n'en est pas un. Mila ne connaît pas son corps : est-ce
possible qu'elle soit enceinte ? Ne serait-ce pas une
hallucination ? Toutes les prisonnières, au bout de quelques
mois, ne saignent plus tant le corps est éprouvé par les mauvais
traitements, la faim, la maladie, la peur, le désespoir.
Le bébé est omniprésent, accapare
les silences du texte tout en étant absent. Peu à peu Mila
s'éveille, perd son innocence devant l'horreur de son destin.
Enfin, il apparaît... dans un silence
assourdissant exigé par l'infirmière, prisonnière elle aussi :
le silence est la garantie de la survie. James naît un jour de
novembre 1944 : bienvenue dans la folie des Hommes.
L'impensable est devant nos yeux :
la vie continue malgré l'horreur quotidienne. A cœur du Camp de
Ravensbrück, il y a l'infirmerie,au cœur de l'infirmerie... il y a
la Chambre des enfants, la Pouponnière... une fragile lumière
vacille dans la nuit, une infime lueur pour donner une raison de
vivre à Mila, aux femmes meurtries et déshumanisées.
« Kinderzimmer » est un
court roman, bouleversant, où la poésie des images côtoie
l'abomination d'un quotidien où chacune lutte pour sa propre survie.
Une histoire émouvante au milieu de la programmation administrative
de l'effacement d'une partie de l'Humanité.
La couverture parle d'elle-même tout
comme l'exergue : la nuit ne peut cacher, annihiler les beautés
du monde. La nuit ne peut rien contre la lumière intérieure...
pourtant, les survivants doivent lutter pour revenir au monde
civilisé... Mila à son retour, son bébé dans les bras, retrouve
sa famille et doit se taire quand on lui dit combien eux aussi ont eu
froid et faim...comment raconter l'indicible d'un monde impensable ?
Des années plus tard, quand l'enfant devient majeur et apprend une
vérité douloureuse, des années plus tard, devant une classe de
lycéens....
« Kinderzimmer » est une
lecture qu'on ne lâche pas ou que l'on vit avec des coupures
temporelles tant le récit est dur, fort, insupportable souvent,
effrayant ... toujours.
NB : Ravensbrück fut le seul Camp
de Concentration pour femmes.
Ils l'ont lu:
dimanche 23 août 2015
C'est dimanche, le jour de la photo
Une ode à ma Bretagne qui possède tant de merveilleux paysages. Je ne suis pas objective... mon objectif photographique non plus.
Bon dimanche à toutes et à tous!
Photo prise à marée montante à la Pointe de Guilben entre Paimpol et l'Abbaye de Beauport.
Bientôt un commentaire sur un petit recueil consacré à la mer "Le goût de la mer" chez Mercure de France. Merci Mirontaine!
jeudi 20 août 2015
Défi anniversaire de mariage
Il y a 10 ans, Bibliomane et Chatperlipopette se disaient oui.
10 ans, ce sont les noces d'étain et j'ai préféré un cadeau plus en adéquation avec mes goûts: une liste de livres à lire, catégorie romans.
Bibliomane a établi LA liste, j'ai une année pour lire et commenter les ouvrages suivants:
- "Moby Dick" d'Herman Melville
- "Le seigneur des porcheries" de Tristan Egolf
- "Titus d'enfer" de Mervyn Peake
- "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka
- "Le quinconce" de Charles Palliser
- "Là où les tigres sont chez eux" de Jean-Marie Blas de Roblès
- "22/11/63" de Stephen King
- "Voyage au bout de la nuit" de LF Céline
- "Le tambour" de Günter Grass
- "La faim" de Knut Hamsun
Ces romans ont tous été lus et approuvés par Bibliomane, certains ont été chroniqués sur son blog.
... Maintenant y a plus qu'à!
NB: la photo est celle de mon bouquet de mariée.
La citation du jeudi # 3
La Faisane. - Qui donc ose?
Chanteclerc. - Ce sont les autres coqs.
La Faisane. - Ils chantent dans du rose...
Chanteclerc. - Ils croient à la beauté dès qu'ils peuvent la voir.
La Faisane. - Ils chantent dans du bleu...
Chanteclerc. - J'ai chanté dans du noir. Ma chanson s'élèvera dans l'ombre la première. C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière."
in "Chanteclerc, acte II, scène 2" d'Edmond Rostand
Exergue du roman "Kinderzimmer" de Valentine Goby
mercredi 19 août 2015
Le rail, la vie?
Trois cents ans plus tard...
Une société ferroviaire régit la vie des rescapés du cataclysme
lunaire, d'une poigne de fer, striant la Terre, devenue une immense
banquise, de rails, sur lesquels roulent des convois d'usines ou de
villes. « L'immobilisme c'est la mort, le mouvement c'est la
vie » tel est le nouveau Credo terrien.
La Terre est partagée, en parts plus ou moins égales, entre
quelques grandes puissances dont la Panaméricaine, la
Transeuropéenne et la Sibérienne.
Le froid règne en maître absolu, balayant la moindre idée de vie
dès que l'on quitte les dômes protecteurs, dispensant les 15 degrés
et les 1500 calories minimum en-deçà desquels la vie devient une
gageure de chaque instant.
Une caste règne sur la société humaine : les Aiguilleurs. Ils
ont la connaissance, l'expérience pour gérer les aiguillages
ferroviaires, sans eux pas de mouvements donc sans eux pas de vie.
Les dômes sont entretenus par des hommes étranges, à la longue
fourrure, adaptés au froid de la planète : les Roux, hominidés
ou hommes à part entière ?
Des mots interdits tels que « soleil », « lune »,
« ville », « aéroplanes », « dirigeables »,
concepts subversifs pouvant donner envie aux hommes aliénés par le
rail, de revoir le ciel bleu et sentir la chaleur de l'astre caché
par le « ciel croûteux ».
L'ignorance est telle que les
descendants des rescapés pensent que l'espace au-dessus du ciel bas
et gris, n'existe pas, que la culture scientifique a disparu,
laissant place à une « tabula rasa » des plus
dévastatrice. La science et l'esprit scientifique sont conservés
par les Rénovateurs, ennemis publics de la société du rail.
Le froid, la malnutrition, le mouvement perpétuel imposé aux
survivants, de la Catastrophe depuis 350 ans, ont provoqué une baisse
de la taille moyenne des Hommes, les ont rendus malingres, souffreteux
avec une espérance de vie d'une quarantaine d'années.
De la civilisation d'avant l'ère glaciaire, il ne reste que des
villes figées dans la glace, des documents jalousement conservés
par la Nouvelle Rome ou les Aiguilleurs. Seule, une ville orientale,
Karachi Station, offre au hardi visiteur la possibilité d'accéder à
ses archives, celle de la Bibliothèque d'Archives Manuelles. Encore
faut-il avoir le courage, l'opiniâtreté de s'y rendre :
Karachi Station est aux mains d'une ethnie sauvage et illettrée
n'octroyant son blanc seing qu'au prix de sommes folles.
350 ans de vie qui n'en est pas une, sous le joug des Compagnies
dirigeant dans la toute-puissance l'Humanité.
Soudain, un glaciologue de seconde classe, Lien Rag, ouvre les yeux
sur le monde et décide de comprendre pourquoi la Terre est devenue
inhospitalière, d'où viennent les Hommes Roux, d'où les
Aiguilleurs détiennent leur emprise sur la vie de tout un chacun.
L'éveil de Lien Rag provoque un voyage sans précédent dans le
passé, le présent et le futur de la Terre.
Sa quête le conduira
aux postes élevés, à la fréquentation des Grands de son monde, à
mettre en œuvre des projets insensés tels que le tunnel sous
glaciaire reliant le Nord au Sud de la Panaméricaine ou le pont
d'arches reliant la banquise de l'océan Pacifique à la
Panaméricaine.
Lien Rag aura de nombreuses aventures amoureuses dont une avec une
jeune femme Rousse qui lui donnera un fils, Jdrien, enfant précieux
et télépathe, futur Messie des Roux.
Son chemin et sa vie croiseront Yeuse, Lienty Ragus dit Gus, le Gnome
devenu plus tard le Kid, Lady Diana, Présidente de la Panaméricaine,
Floa Sadon, Ann Stuba, scientifique Rénovatrice, Liensun, son
deuxième fils, Kurts, pirate au long cours, les Hommes-Jonas vivant
en symbiose avec les Solinas, une espèce de baleine qui a accepté
de vivre avec les hommes, Harl Mern, ethnologue qui lui ouvrira des
horizons infinis dans la compréhension de ce que la Terre subit,
Palaga, le Maître Suprême des Aiguilleurs, une famille de tueurs
liée aux Aiguilleurs depuis la nuit polaire, les CCP, jeunes gens
révoltés contre le système établi, inventant une République
totalitaire où après l'âge de 30 ans, les gens sont mis au rebut
car devenus adultes.
Au cours de son périple, Lien Rag entendra parler de Concrete
Station, du S.A.S, Salt And Sugar (le Sel et le Sucre), avant de
savoir sur quoi ces concepts reposent : l'Abominable Postulat,
pierre angulaire de cette Terre soumise aux glaces éternelles,il
apprendra le mensonge dans lequel est maintenue l'Humanité quant à
la durée de l'ère glaciaire
Cette saga épique ne peut se résumer, elle ne peut que se vivre
dans sa lecture. « La Compagnie des glaces » est une
série de romans de Science-Fiction où divers genres littéraires se
croisent, se mêlent : on y trouve l'épopée avec sa Quête, le
roman policier et d'espionnage, le roman noir et le roman de gare car
il y a des moments sirupeux, respirations cocasses parfois entre deux
courses folles sur les glaces effroyables balayées par des vents
d'une violence inouïe.
La saga montre combien l'Homme est doté de ressources pour survivre
à tout prix, combien il peut s'adapter dans un milieu hostile, au
même titre que certaines espèces animales (rats, goélands,
requins, baleines et orques, moutons et loups). Le lecteur suit les
aléas des héros, de ces hommes et femmes qui, par la force de leur
volonté de vivre et de comprendre, iront jusqu'au bout de leurs
idéaux, pourvoyeurs de lumière, au sens philosophique du terme, à
l'attention de leurs semblables.
Le lecteur ne pourra s'empêcher de lier les Hommes-Jonas à Jonas et
la baleine, bien entendu, mais aussi à la situation des descendants
des colonisateurs d'Ophiuschus IV vivant, plus mal que bien, dans
l'antre du Bulb, animal stellaire transformé en satellite vivant.
Les mythes fondateurs sont revisités pour notre plus grand plaisir,
tout comme la situation géo-politique des années 1980- 1990 :
Guerre Froide, dictatures du XXè siècle, l'impermanence des lamas
tibétains et des bonzes, la mondialisation, rouleau compresseur
moderne, du capitalisme exacerbé.
Arnaud suit une tradition littéraire, celle du feuilleton, initiée
par de grands écrivains populaires tel que Dumas. Cependant, on ne
peut que relier cette saga aux romans de la « Comédie
humaine » de Balzac. Oui, j'ose aller jusque là car l'auteur a
des accents balzaciens dans ses descriptions, dans la dimension
psychologique de ses personnages.
De plus, le cycle d'Arnaud ouvre au
lecteur de multiples interprétations : économique (les années
80 sont celles de la crise de l'énergie) les Compagnies sont
préoccupées, sans cesse, par l'énergie pour subvenir à leurs
besoins d'expansion mais aussi à ceux de leurs « Voyageurs »,
politique, à travers les personnages de Lien Rag, Yeuse, Gus, il analyse les
différents comportements de résistance face à la dictature,
symbolique (les rails structurent la matière romanesque dans la
dualité et sont le cordon ombilical des « Voyageurs »
pour qui la vie ne peut se penser hors du Rail puisque le froid
intense l'interdit. D'ailleurs le héros, Lien, relie tous ces
éléments entre eux de part son prénom.), scientifique (les Garous,
les Roux sont les éléments d'une réflexion sur les manipulations
génétiques : la première s'emballe dans le désordre, la
seconde pour prouver que l'homme peut s'adapter aux températures
extrêmes).
Je n'irai pas plus loin au risque d'en dire trop et de déflorer
l'intérêt que pourraient avoir pour cette longue saga, les amateurs
de Science-Fiction.
D'autant plus que « La Compagnie des
glaces », série écrite entre 1980 et 1992, n'est qu'une
partie émergée de l'iceberg : en effet, les aventures de Lien
Rag et des siens continuent dans les opus écrits entre 2001 et 2005,
« Chroniques glaciaires » et « La Compagnie des
glaces : nouvelle époque ».
« La Compagnie des Glaces » relate l'histoire du monde
étrange provoqué par l'explosion de la lune, la décision prise
pour des raisons politiques, religieuses, scientifiques,
philosophiques ou autres, par les dirigeants des Compagnies
ferroviaires de cacher aux Hommes un certain nombre de documents. Ces
derniers furent scellés par le secret, aussi, selon l'auteur
lui-même « il devenait donc urgent de faire parler les
Archives Secrètes des Wagons Mémoires »
... la suite lorsque
je m'attaquerai aux deux prochaines séries !
jeudi 13 août 2015
La citation du jeudi # 2
[...] "Dans dix ans, c'est certain, il aura oublié beaucoup de ce qu'il vient de vivre ici, à ses impressions se seront mêlées d'autres, nouvelles ou plus anciennes, et rien ne sera plus clair de ce que disait exactement le cheikh Sidi Othman en servant le thé, les trois verres de thé quotidiens plutôt que rituels. Le vieux, d'ailleurs, sait très bien se moquer de ces formules qu'on inscrirait en exergue et qui sonnent pompeusement, du genre "Le premier verre est doux comme la vie, le deuxième sucré comme l'amour, le troisième amer comme la mort." Ne vient-il pas de dire à Keith, en riant franchement et dans un français heurté mais riche et compréhensible: "Oui, Keith, la vie est douce comme l'hiver, l'amour est sacré comme le printemps. Et la mort... elle peut rester dans la théière!" [...] in "Les trois verres de thé du cheikh Sidi Othman" de Marc de Gouvenain, p 49
mercredi 12 août 2015
Au creux de mon sac...
Il fait bon dormir, au creux de mon sac, les trois chats de la maison se succèdent, véritables squatteurs impénitents, vautrés sur une des bibles pédagogiques "Accès Maths Grande Section"...Je dois cibler les moments où je sors ma bible pour travailler!
Vous admirez, en ce moment, Sécotine, chatte de gouttière de son état.
Vous admirez, en ce moment, Sécotine, chatte de gouttière de son état.
mardi 11 août 2015
Un détective pas comme les autres.
Tout le monde connaît le métier de
détective privé, c'est simple, limpide : l'homme est un
solitaire, un tantinet porté sur la bouteille ou les femmes, parfois
les deux, il fume beaucoup, roule soit dans une guimbarde soit dans
un coupé sport. Il porte un imperméable usé ou des costumes bien
coupés.
Mais, savez-vous qu'il existe une
branche professionnelle dans le monde des enquêtes privées ?
Non ? Curateur aux documents privés !
Le jeune Philip Zafar, enfant d'émigrés
libanais, crée de toutes pièces cette nouvelle profession, proche
parente du détective privé.
Quoi de plus fastidieux pour les
familles éplorées que de trier, classer et ranger les papiers
importants du cher disparu ! Quoi de plus bienvenue dans les
cartons et tiroirs qu'une personne discrète et efficace ! C'est
ainsi que Philip Zafar entre au service d'une riche veuve, sans
enfant, d'un magnat étasunien de la finance et du transport maritime que fut
Thomas Colbert.
Une ébauche de récit fait basculer la
vie du jeune homme qui partira, à travers le monde et le temps, à
la recherche des origines du chef d'entreprise disparu.
Le fil d'une vie atypique se déroule
lentement pour tisser, pièce par pièce, la toile muette de ce qui
construisit l'empire de Thomas Colbert. Tel Ariane ou une Pénélope
de l'autre côté du miroir, Philip Zafar entraîne son lecteur dans
le dédale d'un labyrinthe familial et historique où les
disparitions ne laissent derrière elles que des pièces d'or, les
couronnes, ou des non-dits très bavards pour celui qui sait écouter
leurs silences.
Le jeune curateur aux documents privés,
assisté dans l'ombre par Tucker, bras droit occulte de feu Thomas
Colbert, creuse le passé, en archéologue notarial, et extirpe
quelques squelettes des placards oubliés.
L'Histoire se mêle à l'histoire d'une
famille, non de deux familles puisque Zafar s'interrogera très vite
sur la sienne, issue de la diaspora libanaise, issue du conflit qui
transforma le pays des cèdres en un chaos de bombes et de luttes
religieuses. Bourg-Tapage ressemble à un Beyrouth sous les
tropiques. Bourg-Tapage dont la paix ne tient qu'à un fil que Zafar
choisira ou pas de dérouler jusqu'au bout de la pelote.
Bourg-Tapage, lieu « ...du nonchaloir, des chiens
errants,...des aubes grises...Sous l'absolu soleil de décembre,
tais-toi ! / Ne ris pas du pays des horizons turquoise. »
Le lecteur apprendra comment les
couples de la bourgeoisie aisée, peuvent devenir parents bien avant
la découverte de la fécondation in vitro. Il y a toujours un
gynécologue complaisant pour trouver celui qui offrira sa semence
pour perpétuer un nom, contre rétribution et promesse de garder le
silence. Comme quoi, la science ne fait que médicaliser un concept
déjà imaginé et mis en pratique...autrement.
Notre curateur rencontre des
personnages étonnants, chacun lié à sa façon, à Benjamin Tobias,
le possible enfant issu de l'unique rencontre de Thomas Colbert avec
l'épouse de Robert Tobias, Albertine. Benjamin est un vrai Insulaire
puisque né d'une mère Insulaire : la filiation par les femmes
et non par les hommes. Encore une particularité de Bourg-Tapage.
Le lecteur suit l'enquête et ses
méandres sans s'ennuyer un seul instant. L'auteur louvoie, avec
habilité, entre la langue juridique et ses concepts abrupts et la
langue littéraire et ses images forçant l'imaginaire construit par
l'argument littéraire. D'aucuns auront du mal à ne pas mettre en
avant un réalisme critiquant la progression du héros qui, muni de
minces indices en sa possession, établit le parcours de Thomas
Colbert puis celui de Robert et Benjamin Tobias : comment Philip
Zafar peut-il soutenir des assertions sur de si fragiles documents ?
Justement... là se trouve le sel de l'aventure imaginée par
l'auteur. Ce dernier laisse des espaces d'interrogations à son
lecteur comme à son héros, à ces derniers de décider ce qu'ils en
feront.
J'ai aimé l'écriture, le sujet du
roman et surtout apprécié cette fin qui donne le dernier mot à
celui qui en est la genèse. François Garde, un auteur à suivre
sans modération !
Ils en parlent aussi :
jeudi 6 août 2015
Retour de la citation du jeudi.
Je ne garantis pas une citation hebdomadaire, loin s'en faut. Je reprends, en douceur, l'exercice "blogesque".
[...] "Une vie, ce n'est pas seulement la somme des choix que l'on a faits. Elle est cette somme, multipliée par le regard des autres, et divisée par le coefficient imprescriptible du hasard." [...] p 238 in "Pour trois couronnes" de François Garde
[...] "Une vie, ce n'est pas seulement la somme des choix que l'on a faits. Elle est cette somme, multipliée par le regard des autres, et divisée par le coefficient imprescriptible du hasard." [...] p 238 in "Pour trois couronnes" de François Garde
Mortelles nuées
Il y a soixante-dix ans, la première bombe atomique frappait la ville japonaise d'Hiroshima. Les chairs, les corps furent pulvérisés, déchiquetés, brûlés, fondus, tordus, brisés. Quant aux âmes...A jamais l'Humanité a été transformée par la brutalité de cette arme de destruction massive à court, moyen et long terme. Trois jours plus tard, Nagasaki connaissait le même sort.
Il y a soixante-dix ans, une horreur inqualifiable se produisait après la découverte des camps de la mort.
Il y a soixante-dix ans, l'Humanité perdait son âme... la retrouvera-t-elle un jour?
on en parle ici:
Au fil de Lauwe
La littérature aussi
mercredi 5 août 2015
Quand les voleurs ont des lettres de noblesse.
La trilogie de Scott Lynch fut une
découverte inattendue. J'avais été subjuguée par le monument
« Gagner la guerre » de Jean-Philippe Jaworski, aussi,
quand mon Bibliomane, au moment où je me suis aperçue que j'avais
oublié d'enregistrer le tome 10 de la saga « La Compagnie des
glaces » bloquant mon avancée dans cette lecture de longue
haleine, me proposa d'entamer ce cycle mêlant roman de cape et
d'épée et roman maritime, je me suis laissée convaincre.
Je me suis laissée emporter, toute
amarre larguée, par les aventures rocambolesques, au parfum de roman
picaresque, du voleur Locke Lamora et ses amis, attachants et
agaçants parfois, Jean, le colosse calme et réfléchi, les jumeaux
facétieux et la mystérieuse Sabetha dont l'ombre plane de bout en
bout.
Le premier tome, « Les mensonges
de Locke Lamora », a comme décor une cité lacustre, aux
airs à peine voilés de Venise, entre Moyen-Age et Science-Fiction.
Locke dict La Rose de Camorr – on ne peut que traduire par Camorra
napolitaine – écume les ruelles de Camorr, ville où les cloaques
soumis à la domination du Capa Barsavi côtoient les beaux quartiers
où les intrigues foisonnent. La puanteur et le parfum des roses,
deux visages d'une société sans pitié.
Les retours en arrière, expliquant
l'enfance, l'adolescence de Locke, sont la pierre angulaire de cette
mise en bouche. Ils font le récit, en sont son assise afin que le
lecteur s'imprègne jusqu'au bout des ongles, de ce qui fait que
Locke Lamora devient La Ronce de Camorr.
Les rapines du groupuscule sont de
haute volée : les riches sont gentiment plumés, les richesses
entassées dans l'antre refuge où règne leur Maître, Chains, un
religieux faussement aveugle.
Ce dernier a acheté à celui qui
éduquent les enfants des rues à voler, tuer, ses protégés, mis à
l'index par leurs pairs parce que jugés irrécupérables. Cette vente vaut
mieux que la punition extrême : la mort.
Chains leur apprend à lire, à écrire,
les instruit en les plongeant dans la culture tant littéraire de
leur monde qu'historique, rhétorique ou religieuse.
Chacun leur tour, ils seront plongés
dans l'univers de monastères dédiés à certains dieux, au nombre
de douze, le treizième, auquel Chains rend un culte, est innommé –
cela ne vous rappelle-t-il pas un autre monument de la littérature
uchronique ? « Le trône de fer » ! - ils y
passent une période donnée à la fin de laquelle ils doivent avoir
acquis le maximum de connaissances ainsi que les « tours »
de passe-passe inhérents à ces univers.
Ils apprennent les langues étrangères,
les us et coutumes des diverses classes sociales des régions et pays
environnants, ils apprennent la comptabilité et l'art de la truquer.
Ils apprennent à cuisiner avec raffinement, à connaître les usages
de la bonne société, à utiliser de la vaisselle délicate, à
connaître les étoffes des plus grossières au plus raffinées.
Il en fait des « salauds
gentilshommes », esthètes et artistes dans tous les domaines :
ils se glissent dans la peau de n'importe quel personnage, ils
deviennent nobles, bourgeois, négociants, en un tour de main.
Ce premier opus enchante l'imaginaire
du lecteur, l'entraîne dans de multiples directions, lui promettant
les joies ineffables des rebondissements en cascade.
Camorr est rutilante et immonde, joyeux
et cruelle, cité sur pilotis au-dessus de laquelle plane des ombres
inquiétantes : celles d'un certain Roi Gris accompagné d'un
Mage-esclave, secte ou plus exactement société spécialisée dans
les intrigues en tout genre et versée dans l'art du poison subtil
comme celui de la sorcellerie.
« Les mensonges de Locke Lamora »
s'achève dans l'horreur absolue d'une vengeance destructrice,
ruinant le cloaque du Capa, renversé par un de ses seconds,
provoquant la mort des jumeaux, du Maître Chains, d'un jeune
apprenti « salaud gentilhomme », dévastant leur repaire,
ruinant la petite société secrète dépossédée des richesses
accumulées.
Seuls, Locke, devenu presque une loque
sanglante après un combat à mort avec le Roi Gris assisté de son
Mage-esclave auquel il inflige une blessure qui l'amoindrira, et Jean
survivent et sont contraints de quitter leur berceau pour s'exiler.
Commencent alors de nouvelles
pérégrinations, sur mer cette fois, où les batailles seront
dantesques, les traquenards mortels, les victoires belles et
sanglantes.
« Des horizons rouge sang »,
opus maritime où les courses entre les bateaux corsaires sont
extraordinaires, où les rebondissement sont nombreux et tiennent en
haleine le lecteur, entraîné à la suite de ce Locke immortel.
Après Camorr, nous accostons aux Sept
Essences où l'enjeu est de dévaliser « L'aiguille du péché »,
maison de jeux réputée imprenable, tenue d'une poigne de fer par
Requin, sobriquet éloquent quant à la personnalité du maître des
lieux, secondé par sa féale Selendri.
Locke et Jean sont victimes d'un
empoisonnement sophistiqué dont, seul, leur commanditaire, l'Archon,
dictateur de cette île-état, détient l'antidote.
La psychologie des personnages prend
une autre ampleur, l'amour inconsolable de Locke pour Sabetha lui
barre le chemin de toute aventure suivie avec une autre femme. Au fil
des pages, la présence, invisible, de la jeune fille, se ressent,
resserre son étau sur Locke.
Requin, l'Archon, deux marionnettistes
usant des qualités de Locke pour parvenir à leurs fins. Le jeu de
poker menteur prend, de temps à autre, des allures de mascarade,
maintenant à flot l'intérêt du lecteur. Ce dernier cherche sa
respiration dans les passages calmes, mais angoissants, du récit,
avant de replonger dans le rythme infernal des poursuites navales.
Dans ce deuxième roman, on a devant
soi un Locke, certes toujours persuadé de sa chance et des réussites
de ses ruses, affaibli par la douleur de la perte de ses amis, son
sentiment de culpabilité, le deuil de l'amour de sa vie, la
souffrance du poison insidieux qui lentement le mène à la mort.
Décrépitude et dépression que combat, inlassable, Jean, son
acolyte de toujours. Locke a des faiblesses l'engageant sur une pente
mortifère.
S'en sortira-t-il ? Si oui, à
quel prix ? Car la vie a un prix, terrible et douloureux... tout
comme la vengeance.
Un début de réponse est donné dans
l'ultime opus « La République des voleurs » où
d'entrée, Locke est aux portes de la mort. Un pacte lui est
proposé : un Mage le délivrera de son empoisonnement – au
cours de scènes d'anthologie – à condition qu'il aide une faction
rivale des maîtres en place à remporter les élections.
De trahisons en victoires, la politique
provoque l'impensable : Sabetha est son adversaire dans la
campagne électorale, façade d'une lutte de pouvoir entre les Mages.
Le combat ou la séduction pour
reconquérir celle qui a marqué sa vie amoureuse, celle pour
laquelle son cœur bat.
Le rythme est plus lent, les aventures
moins fantasques, l'auteur emmenant son lecteur dans l'observation
d'un duel entre deux virtuoses de l'arnaque, de la dissimulation et
du mensonge. Les regrets deviennent plus présent malgré les
bouffées de haine submergeant les âmes meurtries.
On tremble pour Locke que l'on ne peut
pas voir perdre et mourir... c'est sans compter sur une vérité,
simple et évidente depuis le début, un enfant de Camorr, éduqué
pour devenir le Roi des voleurs, être subtil et d'une intelligence
aiguë, ne se laisse jamais mettre à bas. La Ronce possède encore
bien des épines... certaines sont vénéneuses.
La trilogie est un souvenir de lecture
puisque je la commençai mi février pour l'achever un mois plus
tard. Partager les bons moments, offerts par la plume de l'auteur que
je ne connaissais pas, me taraudait, j'y pensais puis oubliais avant
que je ne prenne un crayon pour amorcer une ossature de commentaire,
ossature qui ne prenait jamais corps...jusqu'à aujourd'hui.
L'ambiance ne pourra que plaire aux
amateurs de littérature « fantasy », d'uchronie et de
héros ne sombrant pas dans le manichéisme simpliste. J'en garde un
souvenir rempli d'embruns, de miasmes lacustres, de masques plus fous
les uns que les autres, de beauté et de laideur incommensurables, de
trahisons sordides et de vengeances amères : le tumulte d'une
histoire plaisante servie par une traduction qui ne saccage pas
l'esprit voulu par l'auteur.
Ils en parlent chez eux :
lundi 3 août 2015
Après les coiffes...les tabliers s'exposent à Guingamp
Vendredi dernier, vernissage de l'exposition "De l'utile à l'apparence...Nos tabliers", amuse-bouche avant l'ouverture du festival de la danse bretonne de la Saint-Loup.
Le couple de collectionneurs, Daniel et Réjane Labbé, fidèle depuis 10 ans à la Saint-Loup, offre une infime partie de leur collection aux regards des curieux de la culture bretonne. Ils ont oeuvré en partenariat avec la fédération Kendac'h, regroupant les cercles celtiques de Bretagne, et le Cartopole de Baud qui a fourni des cartes postales anciennes où l'on peut voir des femmes portant tablier. Les agrandissements ont été effectués par Kendac'h pour le focus sur les tabliers.
Le support utilisé est le carton sous toutes ses formes, note "développement durable" de l'exposition, et matériau se mariant à la perfection avec les oeuvres d'art que sont les tabliers et tenues présentées d'une part, d'autre part avec les cartes postales et agrandissements exposés aux murs de deux salle de la Communauté de Communes (ancien couvent des Ursulines).
"De l'utile à l'apparence...Nos tabliers" est à mettre en lien, lors d'une déambulation guingampaise, avec l'exposition photographiques "Bretonnes".
Exposition dans les locaux de la Communauté de Communes, rue de la Trinité, Guingamp jusqu'au 23 août. 2€ l'entrée...pas une ruine pour voir de très belles choses.
Une citation de la page page facebook de la Saint-Loup
"L'expo
2015 :
"De
l’utile à l’apparence… Nos tabliers"
Il
est toujours difficile de choisir un titre à une exposition.
Nous
aurions pu choisir « les tabliers d’usage et ceux d’apparat »
ou encore « du devantier au tablier ».
En effet, simple pièce
de toile ou de cuir que les femmes et les artisans mettaient devant
eux pour protéger leurs vêtements en travaillant, cet élément du
costume devient dès la fin du 17ème siècle un ornement que les
femmes de qualité mettent devant elles.
De même et dès la même
époque, le terme de devantière (devantier ou devanteau) vient
s’opposer à celui de tablier, pour différencier le vêtement
porté par « le petit peuple » et la parure portée par les «
femmes de condition ».
Si l’aspect de protection renvoie à la
notion d’utile, l’aspect esthétique renvoie à l’apparence. Au
premier regard, nos aïeux pouvaient déterminer la condition sociale
de la personne portant tel ou tel type de tablier. Aujourd’hui
encore les tabliers de corporation sont bien identifiables.
Issue
de la collection de Daniel et Réjane Labbé, cette exposition
organisée par le Comité de la Saint-Loup et préparée par LES
MODES AU FIL DU TEMPS illustrera ces dualités avec une première
salle dédiée aux tabliers bretons qu’ils soient d’usage ou de
cérémonie, une seconde salle animée de mannequins réalistes en
costume des 19 et 20èmes siècles agrémenté de tabliers de
réception ou d’apparat et enfin une troisième salle plus
particulièrement dédiée aux tabliers de service et de travail."
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