Un mercredi, Elisabeth II partie à la suite de ses affreux toutous, se retrouve du côté des cuisines du palais et tombe sur le bibliobus municipal. Elle y rencontre un des employés des cuisines, Norman, grand lecteur autodidacte et gay. Par politesse la souveraine emprunte un roman, réputé ennuyeux, et s'en retourne vers son monde. La semaine passe, Norman dévore ses romans tandis que la reine lit son emprunt par devoir tellement la lecture du livre lui semble fastidieuse (on lui a toujours appris à terminer ce qu'elle avait commencé que ce soit son assiette de soupe ou sa lecture!); le mercredi suivant, cette dernière se rend à l'endroit où se gare le bibliobus pour remettre le roman sur son rayonnage, bien décidée à ne plus rien emprunter. A nouveau, elle se retrouve en tête à tête avec Norman et le bibliothécaire. En regardant les rayonnages, elle tombe sur un titre attrayant "La poursuite de l'amour"....un heureux choix car si elle était tombé sur un roman d'Henry James, elle aurait définitivement raccroché!
C'est ainsi que commence l'incroyable histoire d'une reine dévoreuse de livres, LCA pas du tout anonyme mais vorace tout de même, ayant toujours un livre à portée de main et d'yeux! L'itinéraire d'une LCA qui emprunte des routes détournées avant de se perdre dans les méandres de "La recherche du temps perdu", les oeuvres de Jean Genet, d'Henry James, des soeurs Brontë ou encore les poèmes de Hardy. Norman devient le tabellion personnel de la reine au grand dam de sir Kevin qui grince des dents à chaque fois qu'il la voit absorbée non pas par les affaires du royaume mais par ses lectures! La reine serait-elle en train de devenir gâteuse? La reine pourrait-elle être atteinte de sénilité comme le commun des mortels, elle qui est hors du commun? Toujours est-il que ses ministres et officiers de la garde ne savent plus à quel saint se vouer surtout lorsque Sa Majesté rechigne à inaugurer ça ou là un salon ou un édifice quelconque, ou quand elle ne pose plus les questions passe partout habituelles mais demande à ses sujets quelles sont leurs lectures! Une déstabilisation du quotidien de Buckingham palace est en train de s'installer durablement: toutes les manifestations qui plaisaient à Sa Majesté deviennent un fardeau voire pire: une perte de temps....il y a tant de bons livres à lire surtout lorsque le virus vous terrasse sur le tard!
Alan Bennett avec un humour, typiquement britannique, porte un regard goguenard sur la place de la lecture dans notre société moderne qui ne prend plus le temps de s'asseoir et lire tranquillement un bon roman. La lecture plaisir, la lecture bulle gratuite d'absolue tranquillité, tranquillité qui dérange plus qu'à son tour: Sa Majesté se retrouve confrontée au regard, lourd de reproche, des autres, ceux qui ne peuvent comprendre combien il est plus intéressant de terminer un chapitre que de répondre à ses devoirs!
Le LCA devient peu à peu plus exigeant dans ses lectures à mesure que sa sagacité, sa complicité avec la littérature s'affinent: le regard porté sur le monde change, imperceptiblement mais sûrement, avec une acuité désarçonnante pour l'entourage. La passion de la lecture dérange car est perçue parfois comme une menace: la lecture est une source inépuisable d'enrichissement personnel, fait découvrir d'innombrables côtés de la nature humaine et rend palpable le domaine sacré de la création. Ainsi, notre souveraine d'Outre-Manche promène-t-elle dans son sillage un délicieux parfum subversif: celui des pages des livres que l'on tourne insatiablement!
La chute du roman est d'une drôlerie toute anglaise...et un vent de liberté souffle sur cette reine pince sans rire!
"La reine des lectrices" est un roman qui se lit avec le sourire aux lèvres et le rire toujours proche: une bouffée de drôlerie dont on ne se lasse pas!
C'est ainsi que commence l'incroyable histoire d'une reine dévoreuse de livres, LCA pas du tout anonyme mais vorace tout de même, ayant toujours un livre à portée de main et d'yeux! L'itinéraire d'une LCA qui emprunte des routes détournées avant de se perdre dans les méandres de "La recherche du temps perdu", les oeuvres de Jean Genet, d'Henry James, des soeurs Brontë ou encore les poèmes de Hardy. Norman devient le tabellion personnel de la reine au grand dam de sir Kevin qui grince des dents à chaque fois qu'il la voit absorbée non pas par les affaires du royaume mais par ses lectures! La reine serait-elle en train de devenir gâteuse? La reine pourrait-elle être atteinte de sénilité comme le commun des mortels, elle qui est hors du commun? Toujours est-il que ses ministres et officiers de la garde ne savent plus à quel saint se vouer surtout lorsque Sa Majesté rechigne à inaugurer ça ou là un salon ou un édifice quelconque, ou quand elle ne pose plus les questions passe partout habituelles mais demande à ses sujets quelles sont leurs lectures! Une déstabilisation du quotidien de Buckingham palace est en train de s'installer durablement: toutes les manifestations qui plaisaient à Sa Majesté deviennent un fardeau voire pire: une perte de temps....il y a tant de bons livres à lire surtout lorsque le virus vous terrasse sur le tard!
Alan Bennett avec un humour, typiquement britannique, porte un regard goguenard sur la place de la lecture dans notre société moderne qui ne prend plus le temps de s'asseoir et lire tranquillement un bon roman. La lecture plaisir, la lecture bulle gratuite d'absolue tranquillité, tranquillité qui dérange plus qu'à son tour: Sa Majesté se retrouve confrontée au regard, lourd de reproche, des autres, ceux qui ne peuvent comprendre combien il est plus intéressant de terminer un chapitre que de répondre à ses devoirs!
Le LCA devient peu à peu plus exigeant dans ses lectures à mesure que sa sagacité, sa complicité avec la littérature s'affinent: le regard porté sur le monde change, imperceptiblement mais sûrement, avec une acuité désarçonnante pour l'entourage. La passion de la lecture dérange car est perçue parfois comme une menace: la lecture est une source inépuisable d'enrichissement personnel, fait découvrir d'innombrables côtés de la nature humaine et rend palpable le domaine sacré de la création. Ainsi, notre souveraine d'Outre-Manche promène-t-elle dans son sillage un délicieux parfum subversif: celui des pages des livres que l'on tourne insatiablement!
La chute du roman est d'une drôlerie toute anglaise...et un vent de liberté souffle sur cette reine pince sans rire!
"La reine des lectrices" est un roman qui se lit avec le sourire aux lèvres et le rire toujours proche: une bouffée de drôlerie dont on ne se lasse pas!
"Je conçois que Votre Majesté ait besoin d'un passe-temps.
Un passe-temps? dit la reine. Les livres sont tout sauf un passe-temps. Ils sont là pour vous parler d'autres vies, d'autres mondes. Loin de vouloir passer le temps, sir Kevin, j'aimerais au contraire en avoir davantage à ma disposition. Si j'avais envie de passer le temps, j'irais en Nouvelle-Zélande." (p 44 et 45)
Un passe-temps? dit la reine. Les livres sont tout sauf un passe-temps. Ils sont là pour vous parler d'autres vies, d'autres mondes. Loin de vouloir passer le temps, sir Kevin, j'aimerais au contraire en avoir davantage à ma disposition. Si j'avais envie de passer le temps, j'irais en Nouvelle-Zélande." (p 44 et 45)
"Cet attrait pour la lecture, songeait-elle, tenait au caractère altier et presque indifférent de la littérature. Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s'ils étaient lus. Tout le monde est égal devant eux, y compris elle. La littérature est une communauté, les lettres sont une république. Elle avait déjà entendu cette formule, lors de remise de médailles et de cérémonies diverses, sans savoir au juste ce qu'elle signifiait. A cette époque, elle considérait que la moindre allusion à quelque république que ce soit avait en sa présence quelque chose de déplacé et de vaguement insultant, pour ne pas dire plus. Aujourd'hui seulement elle en comprenait le sens. Les livres ne varient pas. Tous les lecteurs sont égaux (...) La lecture procurait un sentiment du même ordre. Il y avait en elle quelque chose d'anonyme, de partagé, de commun. Ayant mené une existence à part, elle se rendait compte à présent qu'elle désirait ardemment éprouver un tel sentiment: elle pouvait parcourir toutes ces pages, l'espace contenu entre les couvertures de tous ces livres, sans qu'on la reconnaisse." (p 47 et 48)
Roman traduit de l'anglais (GB) par Pierre Ménard
Les avis de lunedepluie émeraude yspadden clarabel cuné amanda armande praline jules eontos chiffonnette keisha et je dois en oublier bien d'autres!