Sigvaldi, la trentaine, tombe amoureux de la splendide Helga, jeune femme qui ressemble à Elizabeth Taylor, elle a dix ans de moins que lui.
Ils sont heureux, ils ont deux filles, Sesselja et Asta. Tout pourrait leur sourire... sauf que Helga ne s'épanouit pas dans le rôle de femme au foyer. La fissure aura lieu lors d'une soirée chez son père où elle chante et subjugue l'assemblée de fêtards.
Quelques semaines plus tard, le mariage part à vau-l'eau, Helga abandonne son foyer et ses filles alors que Sigvaldi est au travail.
Les filles sont recueillies chacune de leur côté, leur père ne pouvant pas s'en occuper. Pour Asta ce devait être l'affaire de deux ans, elle restera jusqu'à l'année de ses seize ans avec sa vieille nourrice.
Asta est aussi belle que sa mère, elle est admirée, regardée et convoitée. Jusqu'au jour où elle refuse d'aller plus loin avec son petit ami et le gifle. Dans les années soixante, les adolescents dits « difficiles » sont envoyés à la campagne, autrement dit au fin fond du monde islandais, pour réapprendre les règles sociales. C'est ainsi qu'Asta se retrouve dans la ferme d'Arni et sa mère Kristin dont l'esprit bat la campagne régulièrement. Il y a déjà Josef, un adolescent de son âge.
Asta, ou « amour » en islandais si on enlève le -a- final, est une héroïne sensuelle, avide de vivre et de trouver sa place dans le monde. D'ailleurs tout tourne autour de l'amour, l'antienne du roman de Jon Kalman Stefansson.
L'amour et ses multiples formes sont autant de pièces du puzzle littéraire concocté par l'auteur.
Aime-t-on follement plusieurs fois au cours d'une vie ? Sans doute mais pas avec le même schéma.
Ce qui est certain c'est que l'amour, comme la souffrance, son pendant, apportent à l'existence humaine son intensité, ce qui lui confère sa réalité. On aime, on souffre donc on est, on vit, on existe.
L'amour donne à l'être humain sa place dans un tout. « Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? » Dans l'amour, dans toute sa globalité et sur toutes ses gammes. Il nous grandit, il nous construit au fil des désillusions, des échecs, des regrets, des remords et des doux souvenirs. Il nous montre combien brève est la vie et que chaque instant passé auprès de ceux qui comptent est un cadeau plus précieux que le plus pur des diamants.
C'est cette quête que le lecteur suit avec Asta du cœur de l'Islande battue par les vents incessants, perdue sous la neige ou les brouillards à couper au couteau, isolée dans la nuit boréale au milieu d'un océan immense ; au centre de Vienne ou de Prague, là où bat le cœur de la culture théâtrale de l'Europe.
L'Islande, petite île au milieu d'une immensité liquide, engendre des femmes et de hommes au caractère trempé et fantasque parce que la nuit polaire ne peut que donner corps à une fête permanente pour oublier que trop de sombre tue la lumière. Ils peuvent se perdre dans l'immensité d'une bouteille de vin ou de vodka.
Jon Kalman Stefansson nous conte l'histoire croisée de l'Islande moderne et d'une famille en utilisant tous les ressorts qui tissent la trame d'un roman extraordinaire malgré l'arythmie des récits enchâssés. Peu à peu les pièces du puzzle s'agencent pour offrir une fresque romanesque qui touche à l'universel.
Il y a de la poésie, de l'épique, du tragique et du bonheur ce qui est délectable.
J'avais beaucoup apprécié « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds », j'ai adoré « Asta » roman vibrant et envoûtant.
« J'ai fini par trouver le sommeil. Au moment où d'autres se réveillaient. Je me suis endormie dans le noir et réveillée dans le noir, mais il faut se garder de procéder à je ne sais quelles déductions dramatiques. Nous sommes tout bonnement en décembre, aucun autre mois ne produit autant d'obscurité » (p 119)
« Tu es peut-être dans les fjords de l'Ouest, dans une ferme abandonnée depuis des dizaines d'années ? Serais-tu là-bas, au creux de mon passé ? Et la seule manière pour moi de te retrouver serait de refaire tout ce chemin à l'envers ?
Ou es-tu simplement « parti » ?
Quel que soit le sens deton geste.
Parce que tu en as eu assez ? Parce que c'est ainsi que tout doit se terminer : dans le silence, l'absence et l'indifférence ?
Que tu as coupé les liens qui nous unissaient, ces liens que je croyais si puissants, et qui nous ont unis pendant plus de trente ans ? Que tu as résolument tranchés.
Et qu'aucune puissance sur terre ne saurait renouer.
Vraiment ? Aucune puissance sur terre ne saurait les renouer ? » (p 124-125)
Quelques avis
Babelio Télérama Hélène Nathalie Sens critique Mokamilla Le Temps (CH) Critiques libres
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3 commentaires:
Et bin pas sure que cela me plairait....mais bon on ne sait jamais....les histoires d'amour finissent mal en general...;)
L'auteur a un style particulier mais l'histoire est prenante et tellement bien écrite et traduite.
Donc a tenter alors...;)
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