mardi 15 février 2022

Tribulations d'un "Chinoir" provençal en Chine

 


La littérature est formidable car elle propose toujours une solution quand j'en ai assez du tintamarre ambiant. Elle est pour moi une consolation et un inépuisable dérivatif. Certes les lectures sérieuses ne sont pas absentes, néanmoins un peu de légèreté ne fait jamais de mal.

En rangeant quelques rayons de la bibliothèque, je suis tombée sur un petit roman voyageur qui, hélas, arrêta son voyage chez moi : « Made in China » de J.M. Erre. J’ai donc dérangé la tranquillité de sa retraite pour me plonger dans sa lecture.

 

Toussaint Legoupil a toujours été préoccupé par ses origines : adopté en Chine, le mystère de sa naissance a de quoi provoquer ses questionnements car Toussaint est un enfant chinois… noir. C’est pourquoi, il veut connaître le fin mot de l’histoire, comment Léon et Mado ont pu ramener un « Chinoir » à Croquefigue, village paisible de Provence. C’est pourquoi, un jour, tout juste trentenaire, Toussaint s’enfuit pour Chengdu au grand désarroi de ses parents.

Toussaint trouvera-t-il son Graal ? C’est ce que l’on se demande tout au long du récit.

 

Tout est rocambolesque dans ce roman dans lequel l’auteur, J.M. Erre intègre son lecteur par des questions, des renvois en bas de page ou aux pages « bonus », comme dans un DVD offrant scènes coupées ou bêtisier pour les esprits curieux.

J’avais beaucoup entendu parler du roman « Prenez soin du chien » et j’avais donc, à l’époque, postulé pour être étape de « Made in China » afin de me confronter avec l’univers délirant de l’auteur.

Je n’ai pas été déçue, J.M. Erre n’épargne en rien son lecteur et encore moins son héros. Toussaint est confronté à une mafia chinoise, des voleurs de pandas, à la concupiscence de Sue Ellen, dame panda merveilleuse ; il est livré aux folies du sexe et de l’alcool, à l’étrangeté du couvent en charge de l’orphelinat où il avait été abandonné et doit mener une enquête à la limite de l’absurde, croiser la route d’artistes en démembrement humain, les inquiétants frères Zhou, d’une entreprise de « goodies » de la secte du Mouvement International pour le Nouvel Ordre Universel, dont l’acronyme est MINOU, si si.

Le parcours chaotique de Toussaint est entrecoupé par les souvenirs de ses séances chez son psy au cours desquelles il a puisé la force de partir à la quête de soi. Il brosse un portrait de ses parents adoptifs des plus hilarants tant l’excès en devient comique.

 

Tout est drôle, loufoque, proche de la pure dinguerie littéraire, mais diantre que cela ravigote et rend joyeux. La chauve-souris de compagnie faisant des siennes dans l’avion est un amusement qui se savoure.

Les rebondissements sont légion et l’histoire très bien construite car elle se tient parfaitement et ce jusqu’à l’ultime phrase.

« Made in China » est un court roman désopilant dans lequel l’auteur joue avec nombre de codes littéraires rendant sa lecture absolument jubilatoire.

Si tous les romans de J.M. Erre sont à l’aune de « Made in China », ils sont à consommer sans modération en cas de sinistrose prononcée.


Quelques avis :

Babelio  Auprès des livres

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3 commentaires:

Sibylline a dit…

Ah ! Je crois que je ne l'ai pas lu, celui-là. Merci de me le remettre en mémoire. En général, j'aime J.M. Erre qui sait me faire rire :-)

Katell a dit…

La lecture de ce roman m'a fait un bien fou et j'en remercie l'auteur.

Antigone a dit…

Je n'ai encore jamais lu cet auteur. Je ne sais pas si son côté loufoque me plairait. ;)