Quatrième de couverture :
« Alexandre et Ada forment un couple heureux et s’apprêtent à accueillir un enfant. À l’heure de partir à la maternité, Ada confie son premier-né à leur voisine Sandra, une célibataire qui a décidé de longue date qu’elle ne serait pas mère. Après cette soirée décisive, la libraire féministe garde un attachement indéfectible au jeune garçon et à sa famille. Quelques années plus tard, sur un site de rencontres, Alexandre fait la connaissance d’Alba, enseignante qui l’impressionne par sa beauté lisse et sa volonté de fer… »
Alexandre est heureux avec Ada, il le serait encore plus si Ada portait son enfant, à lui. Alors qu'Ada ne semble pas enthousiaste à l'idée de devenir de nouveau mère, elle cède à l'insistance de son compagnon. La grossesse se déroule parfaitement, le départ pour la maternité une simple formalité.
Or, Ada a comme un mauvais pressentiment qu'elle tente de taire. Tout devrait bien se passer … sauf que … Ada fera partie de l'infime nombre, encore trop élevé, des femmes décédant lors de leur accouchement, entre cinquante et cent femmes par an. Alexandre revient seul de la maternité avec un nourrisson dans les bras, sa fille, son enfant tant désiré. Sophie grandit sans mère, entourée par Sandra, la voisine devenue amie intime, et son père devenu un « papa poule ».
Les mois passent, la solitude d'Alexandre le conduit, avec les encouragements de Sandra, à s'inscrire sur un site de rencontres. Après quelques soirées sans conséquence, Alexandre rencontre Alba, une brillante professeure de lettres, célibataire, attachée à son indépendance jusqu'au jour où son père lui fait comprendre qu'être seule ne mène à rien.
Alexandre et Alba se plaisent, aiment prendre leur temps au point que le premier respecte le désir de la seconde de ne pas « consommer » leur relation trop vite.
Alba fait partie d'un courant de pensée affirmant que le sexe n'est pas indispensable pour vivre une vie de couple épanouie. Aussi, quand Alexandre souhaite un enfant avec elle, Alba cherchera toutes les échappatoires possibles pour éviter de concrétiser l'envie masculine. Un terrain d'entente est trouvé, après moult négociations : la gestation pour autrui par une mère porteuse. Mais où la trouver ? Un site internet conduit Alba chez une avocate spécialisée dans ce domaine juridique, Maître Caroline Marchand.
« L'intimité » d'Alice Ferney est le roman de la féminité ou exactement des féminités auxquelles peuvent être confrontés les hommes, mais aussi celui du rapport à la maternité que peuvent entretenir les femmes.
Le roman est construit autour de Sandra, la libraire féministe, célibataire par conviction et sans enfant par choix, d'Alexandre, veuf éploré tentant de reconstruire une cellule familiale pour sa fille Sophie, et Alba, femme intransigeante avec ses principes.
L'autrice explore les différentes façons de devenir mère, d'accepter sa féminité, de la faire vivre ou d'y renoncer. Alice Ferney ne porte aucun jugement sur les actes de ses personnages et encore moins sur leurs choix : elle instaure, plutôt, un dialogue philosophique entre le lecteur et les personnages. Les réflexions émises au cours du roman concourent à montrer combien notre société actuelle repousse, sans cesse, les limites de la nature. Elles soulignent, également, les questions autour des limites de l'éthique pour satisfaire la demande d'un bonheur individuel et familial. J'ai été très touchée par les scènes avec l'avocate et les arguments en faveur, et en défaveur, de la gestation pour autrui. L'ombre tenace des intérêts économiques de certaines entreprises, méprisant bien-être, bienveillance et respect de l'autre, plane sans cesse dès la moitié du roman. Je n'ai pu m'empêcher de penser au roman d'anticipation d'Aldous Huxley « Le meilleur des mondes » soulevant le problème éthique et philosophique de la procréation artificielle. A trop repousser les limites de Dame Nature, l'Humanité n'est-elle pas en passe de paver l'Enfer avec les meilleures intentions du monde ? L'ombre de Nietzsche plane également : à vouloir choisir le mieux, le meilleur, ne s'éloigne-t-on pas de ce qui construit l'homme ? Atteindre la perfection pour égaler le divin n'est-il pas mortifère ? Que reste-t-il d'humain en soi quand les frontières entre possible et impossible sont de plus en plus ténues ? Que reste-t-il de l'intimité féminine, du pouvoir de donner la vie grâce à son corps ? J'avoue que la lecture de « L'intimité » m'a conduite à me poser toutes ces questions, parfois l'émotion se disputait à l'effarement … mais n'est-ce pas ce que l'on demande aux auteurs, savoir bousculer les idées reçues, faire bouger les lignes et provoquer interrogations et réflexions ?
« L'intimité » est un roman qui aurait pu explorer, ausculter encore plus profondément cet aspect de notre société moderne. Ce qui est certain : les problématiques abordées ont eu le mérite de l'être et ouvrent d'autres pistes à suivre car le sujet est tellement vaste qu'il ne peut être traité en un seul roman.
Le roman est servi par la plume délicate, subtile et merveilleuse d'Alice Ferney.
Quelques avis :
Babelio Carobookine Sens critique
Lu dans le cadre
2 commentaires:
Oui mais non....vraiment pas un livre pour m'attirer...;)
Pourtant, il vaut le détour malgré tout.
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