René Derain, garde-chasse, fait partie d'un groupe d'amateur de chasse qui a loué un chalet, au coeur d'une forêt, en Norvège. L'hiver n'est pas encore là, seulement le frémissement automnal. Les participants ne se connaissent pas, ils rejoignent les uns après les autres le chalet norvégien.
René est monté là-haut en voiture, en compagnie de son chien. En fin de parcours, il s'arrête histoire de se dégourdir les jambes et prendre l'air: son chien, soudain, se met à l'arrêt en hérissant le poil en grondant puis la queue entre les pattes refuse d'entrer plus avant dans l'immensité sombre des sapins. Une peur tenaille la bête....René s'interroge et observe, inquiet, cette forêt inconnue, fascinante et mystérieuse. Diantre, pourquoi ne s'est-il pas fié à l'instinct de son chien? Sans doute parce que parvenu si près du point de rendez-vous, après un si long voyage, il aurait été idiot de s'en retourner; parce que l'appel d'une belle partie de chasse est plus fort que l'appréhension instinctive d'un animal; parce que, une fois arrivé au chalet, l'accueil est chaleureux, convivial et empreint de prometteuses balades chasseresses; parce que, souvent, à la croisée des chemins, un minuscule démon intérieur chuchote un choix que l'on n'aurait pas du faire.
C'est ainsi que commence un inquiétant séjour au cours duquel peu de choses sont normales: le gibier meurt étrangement, la neige et le froid s'abattent soudainement sur la forêt, les moyens de communication tombent en panne, les réserves de nourritures diminuent, la glace étreint le chalet dans une gangue de solitude propice à l'émergence d'une lente folie et la lecture d'un roman provoque un dérapage incontrôlé et incontrôlable dans le déséquilibre d'une harmonie en perdition.
René Derain, au fil de la lecture du roman sorti de la bibliothèque du chalet, se voit happé par la suspicion, l'inquiétude, l'angoisse, la haine pour arriver sur le fil ténu du rasoir: parviendra-t-il à dépasser son errance pour garder l'équilibre fragile de sa raison? Le blanc glacé d'une neige irréelle l'enveloppera-t-elle d'un froid linceuil ou lui montrera-t-elle la route à suivre pour se retrouver? Autant de questions que l'auteur laisse longtemps sans réponse, distillant les morsures de la peur, de l'angoisse et de la folie au gré des phrases, morsures dissimulées sous les images d'un monde végétal semblant endormi, encerclé par le froid tétanisant d'un hiver polaire en avance....comme si les mauvais génies de la forêt avaient décidé de laisser errer leurs fantômes de brumes glacée entre les sombres lignes vertes des arbres ensommeillés. L'écho lointain des croyances oubliées gémit doucement au coeur des craquements du bois qui éclate et du crissement étouffé de pas dans la neige. L'homme peu à peu se retrouve face à lui-même, face à ses contradictions et ses limites: la ligne rouge est mince, la frontière entre réalité et imaginaire un inquiétant tremblement du givre au soleil.
Hugo Boris orchestre avec une maîtrise du suspense et de la montée en puissance de l'angoisse, un récit étonnant où l'absence du tangible laisse libre cours à un imaginaire propre à chaque lecteur....surtout lorsque la petite musique des passages du roman dégoté dans la bibliothèque égrenne ses notes surréalistes et inquiétantes. Où nous mène-t-il ce diable d'auteur? Au coeur d'un enfer d'une glaciale blancheur? Au seuil d'une folie fille d'une réalité qui échappe et d'un imaginaire paranoïaque incontrôlable?
"La délégation norvégienne" est un roman qu'on lit sans décrocher une seule seconde tant l'intrigue tient en haleine et tant est grande l'envie de savoir comment s'achève cette huis-clos forestier. L'atmosphère pesante et glaciale, l'argument littéraire (un groupe de chasseurs passionnés réunis dans un chalet perdu au coeur d'une forêt scandinave) m'a beaucoup rappelé une ancienne lecture "Scène de chasse en blanc" de Mats Wägeus. J'ai lu beaucoup de billets positifs au sujet de "La délégation norvégienne" et mon attente a été comblée: un vrai régal dévoré en quelques heures!!!!
Il y a un petit plus qui est une très belle trouvaille: les derniers chapitres sont collés....le libre-arbitre est celui que se donne le lecteur, découper ou non ces ultimes pages, débouchant sur un cruel dilemme, laisser une question sans réponse ou choisir la possibilité d'une réponse! Détail important amenant à une espèce d'interactivité entre l'auteur (et sa toute puissance) et le lecteur (doté également d'un pouvoir certain).
René est monté là-haut en voiture, en compagnie de son chien. En fin de parcours, il s'arrête histoire de se dégourdir les jambes et prendre l'air: son chien, soudain, se met à l'arrêt en hérissant le poil en grondant puis la queue entre les pattes refuse d'entrer plus avant dans l'immensité sombre des sapins. Une peur tenaille la bête....René s'interroge et observe, inquiet, cette forêt inconnue, fascinante et mystérieuse. Diantre, pourquoi ne s'est-il pas fié à l'instinct de son chien? Sans doute parce que parvenu si près du point de rendez-vous, après un si long voyage, il aurait été idiot de s'en retourner; parce que l'appel d'une belle partie de chasse est plus fort que l'appréhension instinctive d'un animal; parce que, une fois arrivé au chalet, l'accueil est chaleureux, convivial et empreint de prometteuses balades chasseresses; parce que, souvent, à la croisée des chemins, un minuscule démon intérieur chuchote un choix que l'on n'aurait pas du faire.
C'est ainsi que commence un inquiétant séjour au cours duquel peu de choses sont normales: le gibier meurt étrangement, la neige et le froid s'abattent soudainement sur la forêt, les moyens de communication tombent en panne, les réserves de nourritures diminuent, la glace étreint le chalet dans une gangue de solitude propice à l'émergence d'une lente folie et la lecture d'un roman provoque un dérapage incontrôlé et incontrôlable dans le déséquilibre d'une harmonie en perdition.
René Derain, au fil de la lecture du roman sorti de la bibliothèque du chalet, se voit happé par la suspicion, l'inquiétude, l'angoisse, la haine pour arriver sur le fil ténu du rasoir: parviendra-t-il à dépasser son errance pour garder l'équilibre fragile de sa raison? Le blanc glacé d'une neige irréelle l'enveloppera-t-elle d'un froid linceuil ou lui montrera-t-elle la route à suivre pour se retrouver? Autant de questions que l'auteur laisse longtemps sans réponse, distillant les morsures de la peur, de l'angoisse et de la folie au gré des phrases, morsures dissimulées sous les images d'un monde végétal semblant endormi, encerclé par le froid tétanisant d'un hiver polaire en avance....comme si les mauvais génies de la forêt avaient décidé de laisser errer leurs fantômes de brumes glacée entre les sombres lignes vertes des arbres ensommeillés. L'écho lointain des croyances oubliées gémit doucement au coeur des craquements du bois qui éclate et du crissement étouffé de pas dans la neige. L'homme peu à peu se retrouve face à lui-même, face à ses contradictions et ses limites: la ligne rouge est mince, la frontière entre réalité et imaginaire un inquiétant tremblement du givre au soleil.
Hugo Boris orchestre avec une maîtrise du suspense et de la montée en puissance de l'angoisse, un récit étonnant où l'absence du tangible laisse libre cours à un imaginaire propre à chaque lecteur....surtout lorsque la petite musique des passages du roman dégoté dans la bibliothèque égrenne ses notes surréalistes et inquiétantes. Où nous mène-t-il ce diable d'auteur? Au coeur d'un enfer d'une glaciale blancheur? Au seuil d'une folie fille d'une réalité qui échappe et d'un imaginaire paranoïaque incontrôlable?
"La délégation norvégienne" est un roman qu'on lit sans décrocher une seule seconde tant l'intrigue tient en haleine et tant est grande l'envie de savoir comment s'achève cette huis-clos forestier. L'atmosphère pesante et glaciale, l'argument littéraire (un groupe de chasseurs passionnés réunis dans un chalet perdu au coeur d'une forêt scandinave) m'a beaucoup rappelé une ancienne lecture "Scène de chasse en blanc" de Mats Wägeus. J'ai lu beaucoup de billets positifs au sujet de "La délégation norvégienne" et mon attente a été comblée: un vrai régal dévoré en quelques heures!!!!
Il y a un petit plus qui est une très belle trouvaille: les derniers chapitres sont collés....le libre-arbitre est celui que se donne le lecteur, découper ou non ces ultimes pages, débouchant sur un cruel dilemme, laisser une question sans réponse ou choisir la possibilité d'une réponse! Détail important amenant à une espèce d'interactivité entre l'auteur (et sa toute puissance) et le lecteur (doté également d'un pouvoir certain).
10 commentaires:
Ce billet donne envie de lire ce roman qui a l'air palpitant. Encore "Kafka sur le rivage à lire" et il prendra la suite, avant la rentrée !
Cette idée de mettre le lecteur à contribution est en effet excellente !
je suis un peu plus mitigée que toi mais tu as raison, ce livre se dévore sans peine !
Je l'ai dévoré alors que j'étais justement en Norvège, mais la fin m'a laissé très perplexe. Ayant lu avec attention la citation de début d'Umberto Eco, je m'attendais à une manipulation encore plus grande...
oh là là, trop angoissant pour moi !
Alors moi je prends tout à contre courant en ce moment je crois mais je n'ai pas aimé ce livre. Je l'ai trouvé lourd dans l'écriture et ça m'a complètement bloqué. Peut être que je suis passée à coté, ça arrive mais bon...
Suis vraiment pas chasse, mais ton billet donne envie, à voir !
Il est noté ! Et c'est vrai que ces pages à détacher est un plus !
celui-là je l'ai commencé en septembre l'année dernière pas eu le tps de le finir ms amusant ce principe des pages collées. je crois que grace à toi je vais recommencer. J'vais lu son précedent roman (le baiser ds la nuque je crois) j'avais aimé.
Etant nouveau dans la blogosphère, je découvre ton blog... Et tes commentaires ne vont pas arranger ma LAL !!... Tant mieux !
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