"Le Chevalier de Ventre-à-terre" est un album surprenant par la nature du héros: un escargot. Ventre-à-terre lui sied à merveille tant par le clin d'oeil à l'expression "courir/aller ventre-à-terre" image de la rapidité extrême contrastant avec la vitesse d'escargot de l'escargot, que par la réalité physiologique du gastéropode dont le mode de déplacement s'effectue ventre-à-terre, au sens premier du terme.
Notre Chevalier vit dans un château, sur des terres merveilleuses, foisonnantes, il a une petite famille adorable et aimante. Comme tout Chevalier qui se respecte il a son ennemi contre lequel il guerroie sans cesse.
D'ailleurs, ce matin, son ennemi l'attend pour une bataille rangée dans le carré fraises. Pas de temps à perdre, le Chevalier de Ventre-à-terre doit se préparer. Attention, il se prépare dans les règles de l'art et cette préparation est un monument d'humour et de deuxième degré. L'image parle d'elle-même.
Enfin il est presque prêt: avant de partir ne pas oublier d'embrasser épouse et progéniture bien baveusement.
Un Chevalier ne peut se rendre au combat sans porter secours à une Princesse en détresse, sans mater quelques vilains mal embouchés. En cours de route, il s'octroie une pause pendant laquelle un pied de cèpe, bien rond, bien lisse, l'inspire au point qu'il dessine sa vie à la manière...de la Reine Mathilde tissant, elle, la "Tapisserie de Bayeux". Bien sûr, les enfants ne réagiront pas à ce rappel historique, mais l'adulte, lui, savourera cela et s'appliquera, selon l'âge de l'auditoire, à expliquer pourquoi le Chevalier de Ventre-à-terre ressemble à la Reine Mathilde.
Notre pourfendeur sans peur et sans reproche arrive sur le champ de bataille où l'attendent son armée et celle de son adversaire. Face à face plein de noblesse et d'intimidation. La bataille commencera à la page suivante, nous en sommes certains: la preuve ils sont tous sur le dos, bouche ouverte, armes éparpillées, ils sont mort! Peut-être que ce n'est qu'une illusion? Vous le saurez à la page suivante, page qui vous ravira.
C'est le soir, tout ce petit monde doit retourner chez soi et se fixe rendez-vous au lendemain, même endroit, même heure, pour batailler.
Notre héros revient chez lui en s'arrêtant beaucoup moins pour sauver gentes demoiselles et pauvres hères.
Le lendemain, le réveil sonne, le Chevalier s'étire, prend son frugal petit déjeuner, fait ses exercices, écrit son courrier, se prépare... la suite, nous la connaissons.
Les planches fourmillent de détails infimes qui enrichissent de non-dits le texte écrit, les dessins sont d'une finesse très agréable, simples et riches de détails que l'on s'amuse à observer longuement. Le texte est simple, certes, mais participe à l'ambiance riante et malicieuse de l'histoire: l'image et le texte se répondent avec un décalage humoristique, l'une contredisant l'autre avec facétie.
"Le Chevalier de Ventre-à-terre" est un petit bijou où la poésie des dessins s'imbrique dans leur humour. Mes élèves l'avaient apprécié et me sollicitaient souvent pour que je la leur lise.
1 commentaire:
oh c'est genial de faire une histoire avec les escargots...j'adore...et les dessins sont superbes...;)
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