"La
cartographie des nuages" est un roman comme je les aime :
protéiforme, intelligent, surprenant et passionnant.
Six
histoires dont les liens ténus tiennent le lecteur en haleine. Six
histoires, six époques différentes arpentant le passé, le présent
et le futur.
Six
histoires, six styles d'écriture ce qui est jubilatoire ; six
destins croisés qui, a priori, n'ont aucun lien entre eux.
Adam
Ewing,homme de loi américain du XIXè siècle, embarque sur une
goélette en Nouvelle Zélande pour rejoindre San Francisco, sa ville natale. Un siècle plus
tard, Robert Frobisher, artiste anglais au service d'un compositeur
génial pour échapper à ses créanciers, compose « La
cartographie des nuages ». Ils ne peuvent connaître Luisa Rey,
journaliste d'investigation lancée sur la piste d'un « complot »
industriel nucléaire, dans la Californie des années 70, ni
Sonmi-451, clone condamné par un Etat situé dans un lointain futur.
Tout comme ils ne peuvent connaître Timothy Cavendish, éditeur
londonien, et Zachary, vivant dans un futur post-apocalyptique.
Pourtant, chacun à sa manière participe à un destin commun.
L'espace et le temps les séparent, or leurs actes auront une
conséquence sur chacun d'eux.
Chaque
vie est l'écho d'une autre dans une ritournelle qui se répète sur
d'innombrables variations.
Les
décisions que nous prenons peuvent influer sur notre existence, sans
que pour autant l'humanité incurve sa progression vers une direction
donnée sans possibilité d'en dévier. L'optimisme à l'échelle
individuelle est contrebalancé par le pessimisme de la marche du
temps.
Les
six histoires sont autant de poupées gigognes, de jeux de miroirs,
matière à réflexion, sans jeu de mot éculé, sur nous-mêmes, nos
aspirations et nos quêtes, leur pertinence ou leur vacuité :
un cataclysme nucléaire suffirait à renvoyer l'humanité à la
barbarie qu'elle soit issue d'une « régression » ou d'un
progrès technologique : l'asservissement d'autrui, la négation
d'une composante de l'humanité semble faire partie d'un éternel
cortège, celui de la nature humaine, immuable et désespérante.
Et
si Robert Frobisher, auteur d'"un sextuor de solistes empiétant
les uns sur les autres ” : piano, clarinette, violoncelle, flûte,
hautbois, violon.", était le fil reliant les six histoires en six mouvements ? Car “Chaque instrument parle une langue
définie par une clé, gamme et couleur.”
David
Mitchell nous offre une aventure aux multiples facettes, du
picaresque en six arpèges.
Un roman à lire sans modération, avant
ou après le visionnage du film.
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