samedi 16 février 2019

Sur la route


Roman post apocalyptique, « Le feu de Dieu » est un peu le « La route » à la française en nettement moins bien.
Franx, contraction de François-Xavier, est un père de famille original : il décide de tout plaquer, avec deux autres familles, pour acheter une ferme perdue dans le Périgord noir et de la transformer en bunker pour survivre quand sera venue la fin du monde.
Bien entendu des tensions naissent lorsque les familles se retrouvent en vase-clos après l'achèvement des travaux et des réserves. L'éclatement de la bulle a lieu peu de temps avant le cataclysme qui balaiera la Terre et jettera les gens dans l'horreur.
Franx quitte la ferme pour Paris où il doit liquider la succession d'une vieille tante décédée, son absence ne sera que de quelques jours sauf que dame Nature en a décidé autrement. Il assiste, médusé, à la disparition du bouclier magnétique terrestre, au déchaînement des forces naturelles qui plongeront le monde dans le chaos d'un long hiver cataclysmique : failles engloutissant des villes entières, éruptions volcaniques porteuses de nuages de cendres occultant le soleil.
Il doit rentrer chez lui d'urgence pour rejoindre les siens qu'il espère en sécurité. Comme il connaît la nature du désastre, il récupère, rapidement, des vêtements chauds, des bottes fourrées, un sac pour ses réserves de nourriture et d'eau.
Un long périple commence parsemé de rencontres aussi épouvantables que merveilleuses. A commencer par celle d'une fillette qu'il nommera Surya, fillette confiée par sa mère mourante à un homme qui est tout sauf un héros.
Au fil des kilomètres il se rendra compte que Surya a un don, qu'elle est sa vigie, son phare dans une nuit au cœur de laquelle les pires aspects de l'humanité s'exprimeront.

Tandis que Franx tente de rallier le Périgord, sa famille entreprend de mettre en place le protocole de survie. Elle n'est pas seule, un jeune homme est resté tel un parasite. Comme les parasites il a un instinct de prédation qui fait fi d'autrui. Un huis-clos s'installe entre les protagonistes, Zoé l'adolescente en proie à ses émotions et à l'éveil de sa féminité, l'épouse, Alice, adultère par ennui, le jeune fils, Theo, enfant qui a des « visions » depuis tout petit, connecté à son père, et le Grax, jeune homme qui a fait succomber toutes les mères de l'Arche. Le Grax dévoilera son vrai visage et aura un destin à sa mesure.

Rien ne sera épargné au lecteur qui devra subir tous les poncifs du genre (violences diverses, séquestrations, sacrifices d'autrui ou cannibalisme) qu'il voit se profiler tant l'auteur, Pierre Bordage, y va de ses gros sabots.
Il y a les méchants vraiment méchants que le chaos dévoile sans fard ; il y a les pauvres hères malmenés de bout en bout ; il y a le gentil moine qui tente de garder cohérent son groupe de survivants ; il y a les hordes de rats, en concurrence directe avec les hommes, les meutes de chiens, des ours blancs et pas de ratons laveurs mais des fouines dont je n'ai pas saisi le rôle.
La peur est là, certes, une peur pâle tellement convenue qu'elle n'est pas crédible.
Quant aux personnages, ils n'inspirent aucune empathie ce qui a laissé la lectrice que je suis et surtout la fan de Bordage, sur sa faim. Les seuls à échapper au désastre sont Surya et Theo que l'on regarde d'un œil bienveillant.
La moralité du roman ? C'est une erreur que de se replier sur soi et se fermer au monde lors d'un cataclysme. Rester humain c'est ouvrir sa porte aux autres et partager.

Je ne peux pas dire que j'ai passé un moment désagréable, loin de là ; cependant la déception est présente au point que je m'interroge : « Le feu de Dieu » a-t-il été une « commande » pour prendre le train de la vague « post apocalyptique » du moment ? Quant on a lu ses grands romans épiques, ses space opéras d'un lyrisme magnifique, on ne peut qu'être déçu par ce roman qui se veut post apocalyptique et qui n'est qu'un mauvais thriller.

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