Roman post apocalyptique, « Le
feu de Dieu » est un peu le « La route » à la
française en nettement moins bien.
Franx, contraction de François-Xavier,
est un père de famille original : il décide de tout plaquer,
avec deux autres familles, pour acheter une ferme perdue dans le
Périgord noir et de la transformer en bunker pour survivre quand
sera venue la fin du monde.
Bien entendu des tensions naissent
lorsque les familles se retrouvent en vase-clos après l'achèvement
des travaux et des réserves. L'éclatement de la bulle a lieu peu de
temps avant le cataclysme qui balaiera la Terre et jettera les gens
dans l'horreur.
Franx quitte la ferme pour Paris où il
doit liquider la succession d'une vieille tante décédée, son
absence ne sera que de quelques jours sauf que dame Nature en a
décidé autrement. Il assiste, médusé, à la disparition du
bouclier magnétique terrestre, au déchaînement des forces
naturelles qui plongeront le monde dans le chaos d'un long hiver
cataclysmique : failles engloutissant des villes entières,
éruptions volcaniques porteuses de nuages de cendres occultant le
soleil.
Il doit rentrer chez lui d'urgence pour
rejoindre les siens qu'il espère en sécurité. Comme il connaît la
nature du désastre, il récupère, rapidement, des vêtements
chauds, des bottes fourrées, un sac pour ses réserves de nourriture
et d'eau.
Un long périple commence parsemé de
rencontres aussi épouvantables que merveilleuses. A commencer par
celle d'une fillette qu'il nommera Surya, fillette confiée par sa
mère mourante à un homme qui est tout sauf un héros.
Au fil des kilomètres il se rendra
compte que Surya a un don, qu'elle est sa vigie, son phare dans une
nuit au cœur de laquelle les pires aspects de l'humanité
s'exprimeront.
Tandis que Franx tente de rallier le
Périgord, sa famille entreprend de mettre en place le protocole de
survie. Elle n'est pas seule, un jeune homme est resté tel un
parasite. Comme les parasites il a un instinct de prédation qui fait
fi d'autrui. Un huis-clos s'installe entre les protagonistes, Zoé
l'adolescente en proie à ses émotions et à l'éveil de sa
féminité, l'épouse, Alice, adultère par ennui, le jeune fils,
Theo, enfant qui a des « visions » depuis tout petit,
connecté à son père, et le Grax, jeune homme qui a fait succomber
toutes les mères de l'Arche. Le Grax dévoilera son vrai visage et
aura un destin à sa mesure.
Rien ne sera épargné au lecteur qui
devra subir tous les poncifs du genre (violences diverses,
séquestrations, sacrifices d'autrui ou cannibalisme) qu'il voit se
profiler tant l'auteur, Pierre Bordage, y va de ses gros sabots.
Il y a les méchants vraiment méchants
que le chaos dévoile sans fard ; il y a les pauvres hères
malmenés de bout en bout ; il y a le gentil moine qui tente de
garder cohérent son groupe de survivants ; il y a les hordes de
rats, en concurrence directe avec les hommes, les meutes de chiens,
des ours blancs et pas de ratons laveurs mais des fouines dont je
n'ai pas saisi le rôle.
La peur est là, certes, une peur pâle
tellement convenue qu'elle n'est pas crédible.
Quant aux personnages, ils n'inspirent
aucune empathie ce qui a laissé la lectrice que je suis et surtout
la fan de Bordage, sur sa faim. Les seuls à échapper au désastre
sont Surya et Theo que l'on regarde d'un œil bienveillant.
La moralité du roman ? C'est une
erreur que de se replier sur soi et se fermer au monde lors d'un
cataclysme. Rester humain c'est ouvrir sa porte aux autres et
partager.
Je ne peux pas dire que j'ai passé un
moment désagréable, loin de là ; cependant la déception est
présente au point que je m'interroge : « Le feu de Dieu »
a-t-il été une « commande » pour prendre le train
de la vague « post apocalyptique » du moment ? Quant
on a lu ses grands romans épiques, ses space opéras d'un lyrisme
magnifique, on ne peut qu'être déçu par ce roman qui se veut post
apocalyptique et qui n'est qu'un mauvais thriller.
Des avis ici et là
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire