« Le dieu fleuve » est
l'épopée d'un esclave eunuque, Taita, érudit, médecin talentueux,
inventeur, architecte, ingénieur, tacticien de talent, nourrice,
pédagogue et compagnon fidèle d'une jeune fille qui deviendra
reine.
Taita est un peu le Léonard de Vinci
de l'Egypte ancienne tant ses talents sont protéiformes, touchent à
tous les domaines de la connaissance humaine.
Wilbur Smith retrace une partie de
l'histoire égyptienne, deux mille ans avant notre ère :
l'Egypte est épuisée, ruinée par la cupidité des hommes, d'un
homme, le Grand Vizir Intef et l'obsession de Pharaon Mamôse, la
construction de son tombeau où il reposera parmi ses trésors
insensés afin d'accéder à la vie éternelle une fois de l'autre
côté.
Taita est d'une rare intelligence ce
qui le rend, parfois, non ! Souvent, imbu de lui-même, pédant,
vaniteux au point d'en être insupportable... d'autant qu'il a
souvent raison.
Cet homme, devenu eunuque pour avoir
préféré une jeune fille à son maître Intef qui en avait fait son
favori, est un puits de sagesse et de science. Il connaît sur le
bout des doigts les imperfections de la nature humaine, ses
faiblesses et ses forces.
Il est la nourrice et le confident de
la fille du Seigneur Intef, la douce Lostris qu'il nous présente au
début comme une très jeune fille superficielle. Très vite il rend
justice aux qualités tant physiques qu'intellectuelles à la belle
et douce Lostris : n'est-ce pas lui, Taita, qui lui a enseigné
tout ce qu'elle sait ?
Sous la pointe de roseau de Taita,
l'Egypte ancienne se déroule sous nos yeux, indissociable du Nil
nourricier, le temps scandé par les crues et les fêtes d'Osiris.
Thèbes où Pharaon, venu d'Eléphantine
(j'adore le nom de cette ville, il me fait voyager dès que je le lis
ou que je le prononce), vient célébrer Osiris et ses bienfaits,
préside aux festivités, symbole d'une gloire qui se délite.
Thèbes où le Seigneur Intef trame et
complote pour s'enrichir et accéder un jour au trône en mariant sa
fille à Pharaon.
Thèbes où deux jeunes gens s'aiment
d'un amour impossible : Tanus et Lostris croquent la vie à
pleines dents, pour eux rien n'est impossible surtout si Taita les
aide et les soutient. Ce qu'il fera à sa manière subtilement
cauteleuse où se mêlent calcul et humanité.
Thèbes, l'alpha et l'oméga de
l'Egypte qui sera le creuset d'une des plus grandes civilisation de
l'histoire de l'humanité.
On vit la fin d'un cycle, la chute d'un
Roi au combat, la trahison d'un Grand Vizir, la bravoure d'un jeune
officier qui refusera par loyauté d'appeler les soldats à se
mutiner pour accéder au trône.
On vit la défaite avec panache des
Egyptiens face aux envahisseurs venus d'Asie, les Hyksos en
possession d'armes de destruction massives : les arcs recourbés,
les chevaux, inconnus des Egyptiens, et les chars.
On vit l'exode de la Reine Lostris et
du Prince héritier Memnon, au-delà des cataractes, fuite qui
emmènera tout un peuple à la découverte d'une Afrique inconnue
d'une richesse extraordinaire.
On vit l'expérience mystique du
Labyrinthe dispensant des prédictions d'un Taita en transe.
« Le dieu fleuve » n'a pas
la prétention d'être un roman rigoureusement historique, il apporte
juste ce qu'il faut d'actions, de dénouements, de passions
amoureuses ou mercantiles, pour amener le lecteur à passer un
agréable moment de lecture.
Grâce au « dieu fleuve »,
le Nil est le cordon ombilical liant le lecteur au narrateur, le
fleuve sacré est le fil vert serpentant entre les lignes, au détour
de chaque chapitre, charriant les rêveries du lecteur avec la fausse
lenteur de son débit.
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