«
Ci-gît Jesse W James,
mort
le 3 avril 1882 à l'âge de 34 ans, 6 mois, 28 jours.
Assassiné
par un lâche dont le nom n'est pas digne de figurer ici. »
C'est une
histoire d'un bandit célèbre d'Amérique qui sévit avec sa bande
pendant de longues années dans l'ouest américain. Jesse James, le
braqueur de banques, le dévaliseur de train, le détrousseurs de
voyageurs, le mauvais garçon n'hésitant pas à abattre de sang
froid quiconque se dresse sur sa route.
Jesse James, un
homme que plusieurs états poursuivent en justice espérant sa
capture pour le pendre haut et court.
Le roman de Ron
Hansen transporte son lecteur dans une Amérique dont la conquête de
l'Ouest est en passe de s'achever à grand renfort de lignes
ferroviaires. L'ouest sauvage, indomptable, brutal, sanglant s'offre
sous une plume enlevée et sans concession.
Certes Jesse
James est maestro du vol et du crime en bande organisée, un
observateur né, un soupçonneux maladif, un meneur d'hommes...
certes … mais ses « hommes » sont plus de pauvres hères
affamés, rustres, incultes et à la bêtise cruelle que de fiers caballeros. Cependant ils
sèmeront terreur et désolation pendant plus de dix ans, leur chef
aura une aura de « Robin des bois du wild wild west »
(ouest sauvage).
Jesse Jame
devient légende vivante quand il se fait assassiner par un homme de
sa bande, Robert Ford, âgé d'à peine vingt ans, admirateur du
célèbre desperado qu'il aspire à égaler.
La mort consacre
le desperado en icône par une foule subjuguée devant les récits de
ses exploits dont le nombre de victimes ne pèse pas lourd face à la
soit-disant lâcheté du jeune Robert Ford.
Il est vrai
qu'il a abattu James alors que ce dernier était désarmé et avait
le dos tourné, dans son salon, non loin de sa femme et de ses
enfants. Cette faute de goût lui vaudra la vindicte populaire
jusqu'à la fin de ses jours.
Ron Hansen, sans
porter de jugement, il laisse ce soin au lecteur qui en usera ou pas,
retrace la flamboyance d'une bande de hors-la-loi dont la violence
froide nourrit la célébrité. Il réhabilite, en quelque sorte, le
« lâche Robert Ford » dont l'acte a soulagé gouverneur
et institutions policières et juridiques du Missouri et du Kansas.
Pourquoi l'image
d'un homme lâche est-elle devenue celle de ce jeune homme, pas pire
ni meilleur que les autres ? Sans parce qu'il n'a jamais
regretté son geste, parce qu'il n'a, à aucun moment, dit qu'une
spirale infernale l'avait emporté jusqu'au point de non retour.
Certainement parce qu'il a assumé son geste et ses conséquences. Le
jour où Jesse James est mort de sa main, Robert Ford le fut
également. Edward O. Kelly assassina, à Creede dans le Colorado, de deux coups de fusil le
tombeur du desperado pleuré par l'Amérique populaire, redouté par
les nantis de l'Est, admirés par les journalistes et leur lectorat.
Ron Hansen
dresse un portrait de cette Amérique qui s'est construite lentement,
à coups de déprédations, d'appropriations sauvages des terres
indiennes, de colonisation d'une violence inouïe. L'expansion vers
l'ouest, son or, ses plaines, ses montagnes, au rythme des colts
dégainés à la moindre provocation.
L'Amérique avec ses enfants
terribles se vit au fil des pages, au fil de l'enquête littéraire.
Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, elle ne laisse personne
indifférent avec ces deux figures de héros américains : Jesse
James peut tuer sans émotion et être un époux prévenant et un
père de famille exemplaire, un homme au charisme étonnant auquel on s'attache. Robert
Ford peut être un adolescent sous emprise et savoir discerner le
calcul froid de son mentor. Ce qui le rend également attachant.
« L'assassinat
de Jesse James par le lâche Robert Ford » est un roman western
qu'on ne lâche pas tant on est parfois transporté dans un film muet
avec des scènes dignes de Buster Keaton ou dans de longs plans
séquence magnifiant l'immensité de ce pays.
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