Il y a cinq ans j'ai lu mon premier
Stephen King « 22/11/63 » , roman de SF où la part du
fantastique est omniprésente. Je m'étais régalée de bout en bout.
Cet été, la médiathèque de Guingamp
a de nouveau proposé aux adhérents les sacs mystères dont le
principe est le suivant « Chaque
sac contient un livre, un CD ainsi qu'un DVD ayant un point commun.
Un seul indice est donné à l'emprunteur, la surprise de la
découverte a lieu une fois arrivé à la maison ! »,
le
seul indice étant l'appellation dudit sac. Celui que j'ai emprunté,
il y a quinze jours, avait pour indice « Etranges hôtels ».
J'aurais du me méfier : hôtel … étrange … quand j'ai
ouvert le sac en question, j'ai sorti le DVD « The grand Budapest Hotel » de Wes Anderson accompagné du CD audio de la
BO. Jusque là tout allait bien. Quand je sortis le roman, j'ai cru à
une mauvaise plaisanterie, une erreur de casting : « Shining »
de Stephen King, roman mis en images par Stanley Kubrik. Je n'ai
jamais pu regarder plus de vingt minutes du film tant l'angoisse me
tétanisait.
Que
faire ? Retourner illico à la médiathèque pour changer le
sac ? C'est que le DVD me plaisait bien. Regarder le DVD,
écouter le CD et laisser tomber le roman ? C'était une
solution.
Sauf
que.... je me suis dit qu'après tout je pouvais prendre le risque de
lire « Shining » sachant qu'à tout moment le geste
simple de fermer le livre mettrait fin à d'éventuels tourments.
Abandonnant
le cycle de « Dune » pour « Shining », j'ai
quitté l'aride Arrakis afin de me rendre dans le Colorado pour y
passer un hiver pas comme les autres.
Autant
vous dire que je n'étais pas très fière en m'attaquant au premier
chapitre car en compulsant divers articles « Shining,
l'enfant lumière est un roman d'horreur écrit par Stephen King et
publié en 1977. Cet ouvrage, le troisième qu’il publie, l’établit
comme une figure importante du genre fantastique. »
(source Wikipedia) ce qui ne me disait rien de bon : horreur
pour moi c'est éprouver une peur sans nom, une terreur éprouvante
pour les nerfs.
J'ai
donc pris mon courage à deux mains et entrepris de suivre le
parcours de Jack Torrance, sa femme Wendy et son fils, « l'enfant
lumière » Danny dont le don de médium provoquera la
convoitise de ce qui se terre dans la mémoire de l'hôtel Overlook
au cœur du Colorado.
D'emblée,
King, instaure une ambiance particulière à laquelle le lecteur ne
peut échapper : la mise en place des personnages, de leurs
caractères, de ce qu'ils sont, est tellement bien réalisée qu'on
ne lâche pas le récit car on veut savoir ce qui se passe après.
L'Overlook
Hotel devient un lieu d'isolement dans lequel est confinée une
famille dont les parents sont au bord du divorce en raison de
l'alcoolisme du père.
L'immense
bâtisse au passé sulfureux de règlements de comptes mafieux, de
crimes passionnels, devient un personnage à part entière dès que
…. « winter is coming ».
L'auteur
place son lecteur face à ses angoisses les plus profondes :
comment réagirions-nous si nous étions bloqués un hiver entier
dans un hôtel vide, craquant sous le souffle effrayant des tempêtes
hivernales ?
Les
personnages sont placés dans des situations extrêmement
angoissantes, terrifiantes parfois, mais est-ce la présence de
forces maléfiques ou l'expression de leur propre délire
d'alcoolique repenti, mais pas tant que cela, pour le père, l'angoisse
permanente de la possible violence paternelle pour la mère ou la
peur viscérale de perdre ses parents pour le garçonnet hyper
sensible ? Le monstre est-il tapi dans le passé d'une bâtisse
ou en soi ce qui le rend d'autant plus horrible ?
J'ai
sursauté à chaque grincement de porte, à chaque bruit étrange
ressemblant à des voix. J'ai regardé avec circonspection
l'extincteur d'incendie lorsque Jack ou Danny avaient l'impression
qu'il avait bougé. J'ai frémi quand je les ai suivis dans le parc
des animaux de buis, j'ai frissonné quand Jack est resté près de
la chaudière et s'est pris d'intérêt pour les vieux papiers
oubliés. La peur, l'angoisse, le mal-être, le picotement
désagréable sur la nuque, tout cela je l'ai ressenti sans pour
autant être terrorisée au point d'arrêter brutalement ma lecture.
Bien
au contraire, j'ai apprécié l'installation du décor, la
construction de l'ambiance fantastique par la seule force d'évocation
du langage écrit, simple, juste et épouvantablement efficace.
Stephen
King a l'art de mettre son lecteur face à ses peurs intimes, ses
angoisses avec des situations du quotidien. Le lecteur est confronté
à lui-même et à ce qu'il ressent dans l'ombre des méandres de
l'intime. King maîtrise ce qu'il peut avoir de fantastique au sein
du réel anodin et il l'exprime avec brio dans ce roman haletant.
Une
deuxième rencontre réussie qui en provoquera d'autres à plus ou
moins longue échéance.
Merci
le sac mystère « Etranges hôtels » pour avoir permis à
la lectrice que je suis de franchir un pas important dans la
découverte d'un auteur important de la littérature contemporaine.
2 commentaires:
Oui bin vraiment pas pour moi...j'ai essaye le film...j'ai arrete...;)
Rachel, moi aussi j'ai essayé plusieurs de regarder le film et comme je le dis en introduction de mon billet je n'ai jamais pu aller au-delà du quart d'heure.
Par contre, le roman est largement moins anxiogène que le film. D'ailleurs Stephen King avait été en colère après Kubrik et je le comprends.
Franchement "Shining" ne fait pas plus peur que les romans policiers de Patricia Cornwell ("Mordok" notamment)
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