dimanche 13 février 2022

Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie


 

C'est avec enthousiasme que j'ai retrouvé la chère Lady Gorgiana, membre sans le sou de la famille royale, pour une quatrième aventure.

Londres, 1932, en novembre dans le fog, rien n'est folichon surtout quand on apprend par la Reine Mary qu'on est envoyé en Transylvanie pour représenter la Couronne d'Angleterre à un mariage princier, celui d'une de ses anciennes camarades de pensionnat suisse. Le brouillard devient plomb quand il est nécessaire de recourir aux services d'une femme de chambre pour tenir son rang. Employée que notre Lady n'a pas.

Ainsi, retrouve-t-on Lady de Rannoch, à pied, en pleine mélasse, se rendant chez sa pétillante et pétulante amie Bélinda pour lui « emprunter » sa femme de chambre le temps de sa mission.


De fil en aiguille, notre Lady trouvera une femme de chambre grâce à son grand-père, policier à la retraite, Queenie, une jeune fille loin de maîtriser les codes de la noblesse.

Elle aura en plus de sa femme de chambre catastrophique, un chaperon affublé d'une dame de compagnie peureuse et alarmiste, ce qui rendra le voyage en train épique.

Bien entendu, l'arrivée en Transylvanie est lugubre à souhait, les gens du peuples sont superstitieux, les paysages enneigés sont désolés, les forêts profondes et les routes isolées. L'auteure met en place les codes du roman horrifique d'autant plus que l'action se déroule dans le berceau familial du Comte Dracula.

Lady de Rannoch retrouvera ses complices habituels, Belinda et Darcy chacun échouant au château par d'étranges heureux hasards. Elle aura même la joie d'être en présence de sa mère.


L'action a du mal à décoller, on a parfois l'impression de tourner en rond, cependant j'ai apprécié les clins d'oeil aux romans gothiques et au « Dracula » de Bram Stoker. La scène de la silhouette avec cape, escaladant telle une chauve-souris le mur d'enceinte du château est amusante. Tout comme celle des tableaux sinistres ornant les murs du castel ou encore la scène dans laquelle notre Lady a l'impression qu'un vampire compte la mordre dans le cou.

Les références aux grands auteurs anglais maîtres du suspense sont évidentes telles un immense hommage.

Les personnages secondaires sont toujours aussi savoureux : entre Lady Middlesex, il fallait oser tout de même, femme d'ambassadeur très énergique et courageuse bien qu'un peu énervante avec ses poncifs, et Miss Bickett, si si, la paranoïaque de service, on s'attend à quelques tranches d'humour. Il y en a, certainement plus savoureuses en version originale. Mais, ne boudons pas notre plaisir de lecture.


Je me demande toujours si un jour Georgiana et Darcy s'avoueront officiellement leur amour malgré leurs déboires financiers, et j'espère que le personnage de Queenie sera récurrent car je l'ai trouvée bien intéressante, elle ne s'embarrasse pas de chichi et dit ce qu'elle pense avec ses mots frustres. Elle est sympathique et attachante, ce qui fait que je la verrais bien au service de Lady Rannoch aussi originale que Queenie, chacune dans leur genre.


Le contexte, 1932, montre combien la stabilité européenne est fragile et que la menace de la montée des extrémismes de plus en plus importante : un rien peut faire basculer les alliances. La crise économique provoquée par le crash boursier de 1929 est loin d'être terminée, attisant les rancoeurs, les colères et le repli sur soi.

La santé déclinante du Roi George V devient de plus en plus problématique, la succession pourrait devenir compliquée.


« Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie » est aussi agréable à lire que les précédents opus.


Traduit de l'anglais par Blandine Longre


Quelques avis :

Babelio  Lilly

Lu dans le cadre

  



1 commentaire:

Hilde a dit…

J'aime beaucoup les aventures de Lady Georgiana et j'adore l'idée des clins d’œil aux romans gothiques. J'ai hâte de continuer la série. :) Merci pour ta participation à la quinzaine British Mysteries.