Trois générations, cinq femmes, cinq voix et voies d'émancipation pour une harmonie entre culture indienne et vie américaine.
Ce roman jeunesse est également le récit de grandes histoires d'amour : celle que l'on vit avec sa moitié d'orange, celle qui se tait et se crie sous le crayon volubile dans un journal intime, celle compliquée et chaotique avec une mère, celle magnifiée avec un père, Rajeev, trop tôt disparu, enfin l'histoire d'amour que l'on transporte avec sa culture maternelle.
Il raconte le fragile équilibre entre désir d'émancipation et envie de conserver sa culture d'origine sans les tabous qui forme un couvercle de plomb sur la vie des femmes.
Les femmes de la famille Das avancent dans la vie au gré de leurs révolte ou acceptation, au gré de leurs amours.
Elles vivent les tourments de l'intégration dans un pays qui n'est pas le leur, tiraillées, parfois, entre ce qu'elles sont et ce qu'elles désirent être.
Tara, dicte Starry, l'aînée de Ranee, aime le théâtre, le cinéma et a l'art du mimétisme en s'imprégnant de la culture du pays d'accueil, elle est un peu le caméléon de la famille.
Quant à Sonia, la cadette, c'est dans les livres qu'elle se plonge pour s'intégrer dans le paysage. Elle y puisera l'énergie pour promouvoir le droit des femmes à être maîtresses de leur corps, de leur avenir, de leur féminité.
L'auteure, Mitali Perkins, aborde les mariages forcés au Bengale, et en Inde, les rituels religieux lorsque le Pa disparaît dans un accident de la route. Elle raconte également la cuisine, les odeurs et les fragrances épicées de l'Inde. Elle relate, aussi, l'art de la danse et du chant traditionnel des femmes, les couleurs chatoyantes des saris et des salwars, la pudeur que bouscule la pratique sportive au lycée.
Le roman évoque les tensions raciales des années 70 aux Etats-Unis ainsi que le racisme de Ma envers les Noirs que Sonia a du mal à comprendre et accepter. Vous imaginez un peu la tête de Ma (Ranee) quand Sonia tombe amoureuse de Lou, afro-américain originaire de Louisiane, qu'elle épousera quelques années plus tard.
« Ranee Tara Sonia Chantal Anna » parle des amours adolescentes, des premiers émois, des peurs de la différence, des batailles pour s'accepter sans oublier d'où l'on vient, du pouvoir des mots ouvrant l'horizon et donnant la force de s'affirmer.
La joie est toujours présente malgré les deuils et les chagrins, Ranee quitte sa chrysalide de veuve bengali pour devenir un très beau papillon, ses filles s'accomplissent chacune à leur manière et ses petites-filles ne s'en laissent pas conter.
C'est bien écrit, drôle et émouvant. On pense à la feel-good littérature et ma foi, de temps en temps ça fait du bien d'en lire. Est-ce que dans la vie, ce genre d'histoire se termine-t-il toujours bien ? Sans doute pas mais un peu d'optimisme est toujours bienvenu.
Ah... j'allais oublier un détail important : à chaque chapitre son beau mandala.
Lu dans le cadre d'une lecture commune des Etapes Indiennes 2022 avec Rachel, Hilde, Isabelle, Niniolivre et Blandine.
Traduit de l'américain par Pascale Jusforgues
Quelques avis :
Babelio Ricochet Mylène Analire Hilde Isabelle Ninijolivre
3 commentaires:
C'est un beau roman, je l'ai adoré. Je suis bien d'accord, tout n'est pas crédible mais c'est bien raconté et ça m'a fait du bien aussi. J'ai beaucoup apprécié ces histoires de famille entrelacées, les relations entre les différents personnages. Elles ont du caractères les filles Das! Je ne m'attendais pas à un roman aussi touchant, c'est vraiment une belle découverte.
Oh vous nous donnez envie de le lire...malgre les bemols....;)
J'ai beaucoup aimé ce roman, ses différents personnages, les évolutions, les transmissions. Merci pour cette LC
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