D'ordinaire je ne commence pas un
commentaire par la copie du résumé. Les circonstances font que je
déroge à la règle.
« Un
ancien gardien de but se croit licencié de l'entreprise où il
travaille et il quitte tout. Son errance finit par se transformer en
vraie fuite après qu'il a étranglé une caissière de cinéma. Il
va se livrer à de gratuites et dangereuses extravagances, jusqu'au
jour où il assiste à un match de football au cours duquel le
gardien de but réussit à arrêter un penalty : sa peur va alors
être jugulée. Cet itinéraire intérieur, aux fausses allures de
roman policier, permet à Peter Handke de démontrer sa maîtrise. »
Par
où commencer ?
Dire
que le résumé s'emballe un peu trop ? Sans doute.
Dire
que le quiproquo se transforme en road movie dans une Allemagne des
années cinquante-soixante encore meurtrie par la guerre et l'horreur
qui fut révélée ? Certainement.
Bloch,
ancien footballeur, devenu monteur dans une entreprise, interprète
le regard du contremaître comme l'affirmation de son licenciement.
D'emblée une dichotomie se fait jour entre le réel et la
compréhension du réel qu'en a Bloch. Cette dichotomie ne fera que
s'accentuer au fil du roman construit, certes habilement, comme une
intrigue policière, ce qui permettra à l'auteur de jouer à écrire
un roman qui n'en est pas un.
Dès
la première page, la patte du mouvement littéraire du « Nouveau
roman » se sent avant de se dévoiler et ôter toute envie de
s'investir au lecteur.
Je
me suis forcée à lire jusqu'au bout « L'angoisse du gardien
de but au moment du pénalty » par pur masochisme. Je suis
retombée dans mon défaut de lectrice qui ne s'autorise pas à
fermer un roman qui l'ennuie, pour rester polie.
Bloch
est la petite fourmi que le lecteur, captif de sa peur de fermer le
livre, suit l'oeil rivé à la loupe, une loupe qui n'encourage pas à
l'empathie. De toute façon, aucun des personnages ne fait naître une
once de ce sentiment si important dans l'écriture romanesque. Bloch
est un élément d'expérience littéraire et non un véritable
personnage.
Tout
est froid, linéaire et irritant. Irritant, j'insiste, car j'ai
longtemps attendu l'étincelle qui apporterait la magie romanesque.
Le roman n'est pas une thèse, n'est pas un récit factuel, objectif,
neutre ni un rapport clinique sinon il n'y aurait que des essais ou
des rapports légistes à lire.
Irritant
dis-je ? C'est qu'il y a une émotion à se dégager du roman et
des personnages ! Oui mais... non.
Je
suis passée complètement à côté de la maîtrise de l'auteur, je
ne comprends même pas où elle se situe. Dans la technique d'une
narration clinique digne d'un extra-terrestre observant la vie sur
terre ? Peut-être. Je savais que le Nouveau Roman était un
mouvement littéraire qui ne me parlait pas, j'en ai une nouvelle
fois la preuve trente ans après mon passage en fac de lettres.
Avant
de vouer aux gémonies Peter Handke et son style littéraire, j'ai
replacé le « roman » dans son contexte
socio-historique : première édition en 1970... CQFD. Voilà
pourquoi je ne ferme pas la porte à l'envie de lire un autre roman
de l'auteur pour peu qu'il ne soit pas resté englué dans le
naufrage du Nouveau Roman qui aurait pu tuer le roman.
Je
veux voyager, vivre mille et une vie en lisant des romans et non me
faire suer à lire une expérience sur des fourmis appelées
pompeusement personnages au nom de la linguistique.
Vous
l'aurez compris, je n'ai pas adhéré à l'histoire ni à la manière
de la mettre en scène. Je ne fais pas partie des téméraires qui
auront eu la révélation après cette expérience des plus
dérangeante et décevante.
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