lundi 13 janvier 2020

New-York... Colorado


Nous sommes dans une improbable petite ville américaine homonyme de la grande New York city, perdue au fin fond du Colorado.
New York, Colorado, n'a pas de couverture internet donc pas de réseaux sociaux, pas de possibilité de « zoner » sur la toile, pas de téléphone portable. Si elle n'a pas d'internet, elle a été, par contre, dotée de cent quatre-vingt-dix-huit ronds points par son maire qui souhaite faire fuir les touristes. Il y a un seul et unique feu tricolore sur lequel les « chats » de Madame Jennings.
Le commissariat s'ennuie au point de mettre en place des clubs : tricot, fléchettes et rots, sudoku et le sacro saint club lecture dirigé par la lieutenant Agatha Crispies... cela ne s'invente pas... mutée de New York New York, suite à une mesure disciplinaire.

L'inespéré survient : un meurtre dont le mystère rappelle celui du Mystère de la chambre jaune. Agatha Crispies saute sur l'occasion pour tenter de résoudre l'affaire et espérer retourner à New York New York.
Agatha est une femme noire, obèse, à la coiffure hallucinante, circulant en voiture de fonction sponsorisé par « Le trou divin » fabricant de donuts. Elle mange des donuts à longueur de journée, les enfourne tel un monstre glouton.
Elle sera confrontée au shériff de la ville située à deux heures de route de NY Colorado, ville la plus proche dotée d'un réseau. Le nom du bonhomme ? Mac Donald !
Lui aime qu'il ne se passe absolument rien dans le Colorado et dans le coin particulièrement alors qu'Agatha s'ennuie au bord de la déprime.
Le meurtre survient à point nommé. C'est alors que le lecteur se retrouve piégé par la verve de l'auteur, par ses facéties, ses trouvailles rafraîchissantes, ses clins d'oeil et ses références aux romans cultes qu'ils soient policiers ou non.
L'histoire est tellement rocambolesque qu'on se retrouve lié au récit, il faut le dire loufoque, sans pouvoir s'en échapper : d'abord parce que le déroulement de l'enquête est prenant, ensuite parce qu'on ne veut s'émanciper du livre et encore moins le fermer définitivement avant la fin.
On veut savoir, on veut connaître le nom de l'assassin dont les meurtres sont de vraies boucheries : cent cinquante coups d'aiguille à tricoter, cent cinquante coups de fléchette, de quoi s'interroger sur le mental de ce dernier.
Et on court, court, court à chaque page tournée. Et on court, court, court après chaque piste ou péripéties. Et on court, court, court parce que la lecture est joyeuse, truffée de facéties et d'indices invisibles qu'on ne comprendra que longtemps après.
Cela ne vous rappelle rien ? Vraiment rien ? Allez, lisez, amusez-vous et appréciez l'hameçonnage de l'auteur passé maître dans l'art de ferrer son lecteur, victime consentante de la randonnée pour un tueur*.

J'avais beaucoup aimé « L'incroyable voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea », j'ai vraiment apprécié cet opus qui distille, sans qu'on y prête garde tous les éléments pour éclairer sa lanterne. C'est un éloge à la littérature policière, un hymne à la lecture et au plaisir de lire.

Morceau choisi parce que la relation du lecteur au livre c'est cela:


« Le livre est un bon compagnon, un ami, un amant. Il se glisse dans notre lit, dans notre bain, sur notre sofa. La lecture est un moment de solitude que l'on partage avec des personnages, une histoire que l'on fait nôtre. Un livre, c'est quelque chose de très personnel, on ne l'interprète pas tous de la même façon, il ne réveille pas les même émotions en chacun de nous. Que les gens lisent ce qu'ils veulent ! Ce qui les fait le plus vibrer, croire, rêver, mais qu'ils lisent ! »

Aucun commentaire: