La journée commence mal pour
l'inspecteur Grant Foster qu'on appelle sur une scène de crime dans
un cimetière de l'ouest londonien : le cadavre est amputé des
deux mains et semble venir de nulle part.
Lors de l'autopsie, Grant Foster repère
des marques sur la peau de la victime . Après observation
attentive, il s'avère que les marques forment une inscription
énigmatique faite de cinq chiffres et d'une lettre majuscule :
1A137. A quoi ou à qui cela renvoie-t-il ? Les suppositions
vont bon train de la plus réaliste à la plus farfelue. Et si cela
fait référence à un code ? Heather, une des ses adjoints, a
son idée et demande à son supérieur s'il sait ce que c'est que la
généalogie.
C'est ainsi qu'entre en scène, Nigel
Barnes, jeune généalogiste, qui s'occupa d'aider la mère d'Heather
dans la construction de son arbre généalogique.
Très vite, Nigel traduit le code :
1A137 renvoie à l'année 1879. Pourquoi cette référence ? Que
s'est-il passé à cette époque ?
Les cadavres se succèdent, sans avoir
de lien apparent entre eux. La pression s'exerce de plus en plus
lourdement sur les enquêteurs d'autant que la presse commence à
faire ses choux gras de l'enquête qui piétine suite à l'assassinat
d'une jeune femme de la haute société londonienne.
Les recherches effectuées par Nigel
Barnes emmènent l'inspecteur Foster et son adjointe Heather dans les
bas-fonds du Londres victorien où une affaire de
crimes en série avait défrayé la chronique et instauré un procès
à l'issue peut-être discutable.
Le roman fait des allers-retours entre
passé et présent, interrogeant le premier pour éclairer le second.
L'auteur prend son temps pour présenter les personnages principaux,
camper leurs caractères, leurs forces et leurs faiblesses : les
placards familiaux regorgent de squelettes qu'on souhaite oublier ;
Nigel Barnes et Grant Foster en auront leur part.
Dan Waddell se fait pédagogue pour
permettre aux non initiés de comprendre les rudiments de la
généalogie et de ce qu'elle implique : plus proche d'une
enquête précise, lente et fastidieuse dans les méandres du passé
que d'un passe-temps « à la con » comme la considérait
Foster en début d'enquête.
Il plonge le lecteur dans le labyrinthe
des archives consignées sur des kilomètres de rayonnages dans les
sous-sols de vastes bâtiments, lieux de mémoire d'un Londres
souvent effrayant. Il réussit à provoquer une profonde angoisse au
lecteur lorsqu'un employé des archives met un temps infini à
remonter des réserves : pénombre, bruits insolites, ombres
furtives... de quoi avoir l'estomac noué.
Peu à peu, les deux enquêtes
entrecroisées soulèvent un voile posé sur une affaire dont la
ressemblance avec celle que les protagonistes vivent est troublante :
l'amputation des cadavres renvoie au comportement des acteurs de
l'affaire qui eut lieu en 1879. A mesure que les découvertes de
Nigel Barnes sortent des archives, le mobile du tueur se devine
derrière un suspense fort bien mené.
Le lecteur ne peut qu'être, non pas
troublé, intrigué en se confrontant à la question affleurant sa
lecture : notre présent présente-t-il des échos de notre
passé ? Notre passé n'est-il qu'une ligne infinie sur laquelle
se joue les partitions de notre présent et de notre avenir ?
Sommes-nous une somme de déterminisme et d'atavisme ?
Or, pour se connaître n'est-il pas
essentiel de savoir d'où nous venons ? Ne sommes-nous pas
l'addition d'une multitude de chemins de traverses, de cul-de-sac,
d'ornières et de sentes agréables sous nos pas ?
Chaque victime, dans le roman, est un
point sur la carte, illimitée, de sa destinée loin d'être
solitaire : en eux, les voix (et les voies) des ancêtres,
proches ou lointains, résonnent dans la mémoire individuelle.
Nous sommes UN et un TOUT, parfois cela
nous rattrape, parfois ce sera pour une autre génération... tant
que le travail de mémoire collective s'effectuera à l'aune des
mémoires individuelles.
« Code 1879 » est le
premier opus d'une série d'enquêtes avec le personnage récurrent
de Nigel Barnes. L'essai est transformé et il me tarde de lire les
suivantes.
L'avis de Les livres de George Sand
L'avis de Les livres de George Sand
Lu dans le cadre
4 commentaires:
Je vois que nous avons toutes les deux étaient très séduites par ce polar !
oh cela semble etre toute une bien belle serie...sympa le theme et intrigant
je ne connaissais pas du tout, c'est noté !
@Anne claire: je ne peux que te remercier de m'avoir conseillé de le lire.
@rachel: ce premier opus est prometteur pour la suite.
@eimelle: tu ne regretteras pas cette lecture!
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