vendredi 28 mai 2021

La forme de l'eau

 


Le Giro littéraire organisé par Martine Galati me fait poser les valises en Sicile et découvrir la première enquête du commissaire Montalbano.


Vigata (bourgade imaginaire), Sicile orientale, est une petite ville dotée de friches industrielles, vestiges d'un temps où les gens pouvaient trouver du travail. Aux alentours d'une ancienne fabrique, il y a le Bercail, lieu de tous les trafics allant de la prostitution au trafic de drogues. Entre terrain devenu vague et décharge à ciel ouvert, les affaires glauques se concluent à toute heure, cependant la nuit attire les couples en mal de sensations fortes... à leur risque et péril.


Un matin, à l'aube, deux éboueurs, géomètres de métier, viennent ramasser les ordures abandonnées au cours de la journée et de la nuit. Ils tombent sur un cadavre dans une voiture et l'un d'entre eux récupère un collier valant son pesant d'or.

Ils ont reconnu le mort : Luparello, un politicien en vue ce qui corse l'affaire. Leur première réaction est d'appeler le secrétaire du défunt avant d'être invités, laconiquement, à alerter les autorités.

La disparition de Luparello met sur les dents aussi bien la police que la mafia, ainsi commence l'enquête de Montalbano, l'enfant du pays.

Ce dernier devra manoeuvrer entre mensonges et demies vérités pour tenter de démêler l'écheveau du mystère : comment la voiture est-elle arrivée au Bercail, la mort de cause naturelle de Luparello cache-t-elle autre chose ? D'autant que découvrir son cadavre dans le lieu de perdition célèbre dénote avec sa personnalité.

Montalbano ne s'en laissera pas conter, conservera calme et flegme lui qui sait si bien naviguer dans les eaux troubles, là où la loi et l'illégalité tissent des liens. En effet quoi de plus intriguant que ce qui est formellement établi ? Aussi Montalbano gratte-t-il partout pour comprendre le pourquoi du comment de la disparition de la victime.

Une mort accidentelle de cause naturelle (mort par extase sexuelle) a autant de formes que l'eau quand on la met dans différents récipients et elle peut dire tout et son contraire. Montalbano s'accroche aux détails de l'ombre pour raccorder, à mesure qu'il avance dans son enquête, les morceaux et terminer le puzzle.

Des petites manies plus ou moins glauques des gens biens aux calculs politiciens bien orchestrés, le chemin menant à la vérité est difficile sans faire de vagues.


Le commissaire Montalbano, que je découvrais, m'a bien plu : son caractère grognon, sa pugnacité, sa probité et l'amitié indéfectible avec son copain d'enfance, Gégé, trafiquant et à l'occasion indic du commissaire.

Il est humain et cette dimension apporte une aura au personnage : il arrange la vérité autour du collier, retrouvé non loin du lieu de l'accident, pour aider un couple à soigner son enfant à l'étranger. L'occasion est donnée pour souligner les travers d'une époque et d'une région qui a des difficultés à prendre ses distances avec le système mafieux. Le marigot est loin d'être asséché et sécurisé.

L'intrigue est bien menée, on ne s'ennuie pas une seconde grâce à l'humour et au don d'observation du héros.

Ah... ne pas oublier les plats siciliens traditionnels préparés par la femme de ménage du commissaire qui n'est autre que la mère d'un malfrat qu'il a envoyé derrière les barreaux pour quelques années.

Traduit de l'italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria


Quelques avis :

Babelio  Hannibal lecteur  Lecture-écriture  Sens critique  Critiques libres  Irène  Maremurex  Bepolar

Lu dans le cadre



3 commentaires:

miriam a dit…

Je viens de terminer un autre livre de cette série : quel bonheur !

rachel a dit…

Oh je pensais au film pour le coup.....mais cette enquete semble vraiment bonne

eimelle a dit…

j'aime en lire régulièrement... et j'aime tant la Sicile !