Depuis que je m'engage dans divers « challenges » lecture, je m'ouvre à la littérature jeunesse autre que celle des albums que je pratique au quotidien dans ma classe.
Je suis rarement déçue par ces nouvelles lectures, « Bye bye Bollywood » n'a pas dérogé à l'habitude, la lecture de ce roman m'a beaucoup plu.
Une mère divorcée avec ses deux filles, Nina et Garance, décide de partir dix-huit jours, pendant des vacances scolaires intermédiaires, en Inde, son aînée, collégienne de quinze ans et en pleine crise d'adolescence est ravie. Sauf que le séjour ne se déroulera pas dans un hôtel pourvu de tout confort et doté d'une piscine, mais dans un ashram au cœur de la ruralité indienne.
« Quand ma mère nous a annoncé qu’on partait en vacances en Inde, ma sœur s’est direct imaginée en mode « Bollywood », façon princesse indienne. Plus mesurée, j'ai pensé que j'avais la meilleure maman du monde, ce qui n’arrive pas souvent. Puis j’ai compris qu'elle nous emmenait dans un ashram. Traduction : délire yoga-méditation, riz complet et partage des tâches ménagères ! Ça m’a anéantie. Et encore, j’ignorais qu’une fois là-bas, il n’y aurait pas de réseau et que le seul jeune de mon âge, Jésus, serait un matheux sans pitié. Mais…
La quatrième de couverture ne dévoile rien d'important et réussit à titiller la curiosité du lecteur adulte.
Il accompagne Nina dans son voyage en Inde qui est loin de ressembler à l'image bollywoodienne qu'elle s'en faisait. Elle pensait que Garance et elle seraient les seuls enfants dans la galère de l'ashram or non, elle rencontre Jésus et sa petite sœur Zaouïa. Les débuts sont difficiles entre les deux adolescents : Nina, sans être frivole, n'est pas absorbée par ses études, elle est du genre à devoir bûcher pour se maintenir dans la moyenne, Jésus est brillant partout, notamment en maths, ce qui a le don d'agacer la jeune fille. Ils se découvriront des points communs au gré des soirées passées dans la bibliothèque, seule pièce dotée de prises électriques, à regarder des films et à discuter de leur petite vie d'ado.
L'auteure, Hélène Couturier, peint une Inde différente de ce qu'imaginait Nina – mais aussi tout occidental qui n'est jamais allé en Inde - : elle est happée par le bruit, incroyable, les couleurs, les odeurs, la foule disparate qui se côtoie dans les rues et sur les marchés. Elle confronte sa jeune héroïne aux us et coutumes de cet immense pays qui ouvrira les yeux sur une réalité choquante et qui s'ouvrira au monde, un décentrement permettant de mûrir et de grandir.
J'ai aimé les relations de Nina avec Karen, un membre permanent de l'ashram, ou avec une jeune fille, Fulki, destinée à un mariage forcé. Leur rencontre devient l'occasion pour les enfants et ados de mettre en place une stratégie pour faire échouer le plan des parents de Fulki.
J'ai vraiment apprécié le fait qu'Hélène Couturier ne masque pas la réalité indienne, elle distille avec à propos et finesse les éléments culturels du pays. Le tout sans langue de bois et dans un style dynamique et plaisant.
J'ai apprécié le temps fort vécu par Nina quand elle voit, en vrai !, une de ses héroïnes féministes, Sampat Pal Devi, dans son sari rose, suivie par ses « soeurs », fendant la foule pour venir admonester un homme qui veut jeter sa femme et ses filles à la rue parce qu'il n'aura pas de fils. Nina n'est pas seule pour comprendre ce qui se joue sous ses yeux, il y a le filtre Karen pour étayer les informations reçues.
Les relations entre sœurs sont également bien vues : la différence d'âge amène des situations amusantes et drôles. Nina aime autant qu'elle déteste gentiment Garance : elle l'envoie paître et le regrette aussitôt mais la fierté adolescente fait qu'elle ne le montre pas.
Enfin j'ai aimé la manière dont sont traitées les relations mère-fille adolescente : sans concession, avec force de chaque côté du miroir. J'ai été d'autant plus émue et réceptive qu'avec l'âge et le temps qui passe, ces relations sont en évolution permanente avec parfois des bas et souvent des hauts. Mère et fille, à l'issue du séjour, auront mis de l'eau dans leur vin et l'apaisement semble en bonne voie. D'autant que la magie ultime de la visite du Taj Mahal au petit matin, après une journée de voyage en train, est un moment précieux pour elles.
J'ai quitté, avec un pincement au cœur, Nina et sa famille tant le roman, dans lequel la comédie tient une jolie place, est rafraîchissant et joyeux.
La bibliothécaire en charge du secteur jeunesse m'avait certifié la qualité de ce roman, ma lecture n'a pas démenti son avis : « Bye bye Bollywood » faisait partie des sélectionnés dans la catégorie 5è/4è du Prix des Incorruptibles 2018-2019, gage de qualité.
Quelques avis :
Babelio Un livre dans ma valise Lirado Ramette Clarabel Litté Jeune Sens critique
Lu dans le cadre
7 commentaires:
Et bin toute une histoire pas si ado...car on voit les realites de l'Inde.....vraiment un livre a lire alors....
Exactement Rachel, de la belle et bonne littérature jeunesse pour ados.
Tu donnes très envie de découvrir ce roman - hop dans ma whishlist!
Je ne connais pas bien la littérature jeunesse. Je note :-)
Ça me donne très envie de le découvrir, surtout que j'aime bien la littérature jeunesse.
Mesdames vous ne serez pas déçue par votre lecture. Tout est juste et sans exagération.
Je l'avais repéré en rédigeant ma bibliographie mais il n'a pas encore croisé ma route ! Ton billet me donne encore plus envie de découvrir.
Enregistrer un commentaire