Depuis la lecture émouvante de la série du « Poids des secrets », je suis devenue une inconditionnelle d'Aki Shimazaki. Lorsque je relis les billets de lecture consacrée à mes lectures de ses romans (du moins ceux que j'ai chroniqués), je constate que les mots poésie, souvenir, intime, intimité, subtil, subtilité, délicatesse, entre autres, reviennent à chaque fois. Ils sont un peu, beaucoup, les marqueurs du style de l'auteure.
Dans le cadre du Challenge « Un Mois au Japon », j'ai commencé le premier volet de la troisième pentalogie écrite par Aki Shimazaki, « L'ombre du chardon », « Azami ».
[ Aparté : fin mai 2022, le dernier tome de « L'ombre du chardon » paraîtra chez Babel-Actes Sud ainsi pourrai-je lire le cycle entier.]
Le héros, Mitsuo Kawano, est un jeune trentenaire, rédacteur pour une publication culturelle connue. Il est marié à Atsuko qui lui a donné deux enfants, une fille et un garçon. Le quotidien s'écoule au rythme des journées de travail, des soirées et des séjours en famille dans la maison de campagne. La routine s'est également installée au sein du couple qui est « sexless » depuis la naissance du petit garçon. Rien ne transparaît dans la vie sociale du couple. Cependant Mitsuo, comme bon nombre de ses pairs, fréquente les salons érotiques pour compenser l'absence de relations conjugales intimes.
Quand on connaît les romans de Shimazaki, on sait que la lisse apparence de la vie sera rapidement bousculée par un élément perturbateur. Ce dernier apparaît rapidement dans le roman, dans les premières pages, en la personne d'un ancien camarade de classe de Mitsuo, Gorô Kida, organisateur zélé de réunions des anciens élèves de l'école. Mitsuo le rencontre, par hasard, mais en est-ce réellement un, alors qu'après avoir regardé la vitrine d'un magasin spécialisé dans les stylos-plumes haut de gamme, il passe devant un magasin de musique d'où sort la mélodie d'une chanson populaire des années 70. L'air lui rappelle la berceuse que lui chantait sa grand-mère, « Azami ». Il en est sorti par quelqu'un qui lui murmure son prénom derrière lui... Gorô, devenu président d'une importante compagnie.
Les retrouvailles, fortuites ou pas, auraient pu s'arrêter à la conversation tenue en pleine rue, or, après l'échange traditionnel des cartes professionnelles, Mitsuo a la surprise d'être invité par Gorô dans un club très chic et onéreux où, s'aperçoit-il, ébahi, travaille comme hôtesse, Mitsuko, belle et mystérieuse camarade de classe qui avait subjugué Mitsuo.
Un étrange sentiment s'empare de lui provoquant le souvenir, lancinant, des paroles de la berceuse de sa grand-mère : « Ce soir encore, ton oreiller est baigné de larmes./A qui rêves-tu ? Viens, viens avec moi./Je m'appelle Azami. Je suis la fleur qui berce la nuit./Pleure, pleure dans mes bras. L'aube est loin encore. »
L'azami sera le fil conducteur du roman, celui de l'enfance, des premiers chagrins, des rêves réaliser, des pleurs nocturnes, l'envie d'indépendance ou de vengeance. Elle signifie également « ne me touche pas », (ne me fais pas de mal?). On apprend également que la fleur de chardon ressemble beaucoup à celle de la bardane dont la signification est « ne me tourmente pas » ou ne m'importune pas. Les relations des personnages entre eux oscilleront entre ces deux symboles car Aki Shimazaki, avec une main de fer dans un gant de velours, les installe d'autorité au carrefour de leurs vies au moment où d'importants choix doivent être faits. Elle les place devant la multiplication des possibles et des éléments inconnus.
Ainsi, Mitsuo est-il placé devant le choix crucial : vivre pleinement une passion amoureuse avec son amie d'enfance, qui fut son premier grand amour secret ? Ou prendre en considération l'existence affirmée des sentiments amoureux envers son épouse et faire en sorte de reconquérir l'espace intime de leur couple ? La réponse est donnée mais... « Tiens ! Il y a une fleur d'azami...fanée. » dernière phrase du roman suggère que des possibles divergents pourraient être en latence...
Une fois encore, Aki Shimazaki aborde un sujet de société, ici le mariage et la durée des sentiments, malmenés par la vie moderne, le manque de temps pour communiquer au sein du couple et l'envie d'explorer le monde des passions. Peut-on se libérer des entraves de la routine sans que l'attirance de l'indépendance, azami, provoque le tourment, gobô, de son partenaire ?
Quelques avis :
Babelio Nathalie France info Sens Critique Manou Libération Magali
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5 commentaires:
Oh oui j'aime beaucoup cette auteure....il va falloir que j'y revienne....
J'ai beaucoup aimé "Le Poids des secrets". J'espère que ses autres cycles me plairont autant. J'ai pioché un titre dans le cycle 4 et je vais continuer à à lire cette autrice, c'est sûr. Elle aborde tous les sujets avec une grande délicatesse. Je te souhaite de belles découvertes avec ses autres romans.
Je le lirai après la deuxième pentalogie que je commence à peine !
Je suis tentée pour le coup ! ;)
Merci pour le lien ! J'ai rajouté le tien aussi :-)
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