samedi 16 avril 2022

Un flingue et du chocolat

 


« Ils s'affrontent depuis toujours, Godiva, célèbre voleur, d'un côté. Royce, redoutable détective, de l'autre. le face-à-face est inévitable. On en parle dans toutes les cours de récré. Mais pour le jeune Lindt ce n'est pas un jeu. Car il sait comment aider Royce... » (quatrième de couverture)


Lindt est le souffre-douleur d'un groupe d'enfants mené par Debailleul, raciste notoire, parce que son père est un immigré. Cependant Lindt a des copains, Dean et Deluca, avec qui il vit des aventures de môme.

Le grand sujet de conversation dans toutes les cours de récréation du pays et de la petite ville de Michel, est le jeu du chat et de la souris entre Godiva, ou Goddiva, un voleur de haut vol et Royce le détective à la force de déduction extraordinaire. Tous les enfants misent sur la victoire de Royce et pour cela Lindt sait comment aider ce dernier.

Quelques mois plus tôt, le père de Lindt lui offre une bible achetée à un marchand dépenaillé sur le marché. Son père meurt d'insuffisance respiratoire, Lindt reste seul avec sa mère, sans ressource, plongeant peu à peu dans la misère. Un jour, Lindt fait tomber la bible, de rage, suite au choc, la couverture, déjà abîmée, laisse échapper un feuillet sur lequel un plan est dessiné ainsi que le dessin d'un moulin. Qui a bien pu cacher cela ? Lindt tente de mener l'enquête et apprend, par inadvertance, que la carte de visite que laisse Godiva sur le lieu de son forfait est dotée d'un dessin de moulin à vent. Lindt comprend qu'il a matière pour aider Royce et lui écrit une lettre pour l'informer de sa trouvaille.

Commence alors une aventure trépidante qui amènera Lindt à ouvrir les yeux sur les réelles motivations de Royce, la nature étrange de Debailleul, faire connaissance avec son grand-père paternel et découvrira face cachée de sa mère.


Godiva rappelle un certain gentleman cambrioleur alias Arsène Lupin, Royce un célèbre détective anglais connu sous le nom de Sherlock Holmes. Comme lui, Royce a son Watson en la personne de Brownie, très rondelet mais aussi très craintif. Une bien pâle imitation pour mieux souligner l'allusion humoristique.

Il y a du suspense, des coups bas, des trahisons car Lindt s'aperçoit que les méchants ne sont forcément ceux que l'on croit, des morts, des rebondissements hallucinants, des rencontres émouvantes et une fin bien amenée. Le tout dans un style dynamique qui prépare , avec brio, le basculement de l'intrigue qui change la perception que l'on a de certains protagonistes.


Otsuichi met en scène des personnages attachants, d'autres absolument répugnants ou carrément étonnants. Beaucoup cachent bien leur jeu si bien qu'à la fin de sa quête, Lindt aura mûri et perdu une part de naïveté : l'enfance s'éloigne peu à peu pour laisser place à l'adolescence puis l'âge adulte.


« Un flingue et du chocolat » est un polar jeunesse distrayant et bien mené. Pas de temps mort, on vit à fond l'aventure de Lindt malgré les nombreux périls dont il devra triompher.

C'est également un roman qui aborde les thèmes du racisme et des violences qu'il induit, de la pauvreté subit par une partie de la société vivant d'expédients ou de travail précaires, du courage face à l'adversité. Les gens sont exposés aux fumées des usines, à la malnutrition, à l'exploitation de l'homme par son semblable. Ces violences exercées sur des êtres humains permettent de comprendre pourquoi on peut s'attacher à Debailleul, un sale gosse agaçant, au point de ne pas le détester. S'il est violent et raciste, sans doute y a-t-il une raison invisible, on ne déteste pas tout ce qui ne ressemble pas à soi sans qu'il y ait une explication. C'est abordé, rapidement, dans le récit, et c'est ce qui fait que l'on ne rejette pas d'emblée ce personnage, au final, intriguant.

Un bon roman jeunesse.

Traduit du japonais par Yoshimi Minemori et Patrick Honnoré


Quelques avis :

Babelio  Lirado  Livraddict  Ricochet  Nahé Typhania

Lu dans le cadre:


 
 



3 commentaires:

rachel a dit…

Je n'aurais jamais pense que ce fut un japonais....surtout avec tous ces noms de grands chocolats...yummyyyy....j'en veux pour le coup...;)

Katell a dit…

C'est intriguant mais au final cela donne une intemporalité au roman: les ados peuvent s'identifier aux héros, quel que soit l'endroit du monde où ils vivent.

Hilde a dit…

Quel curieux roman, ça m'intrigue aussi ! Merci pour cette découverte. :)