Ce qui est formidable dans les défis littéraires auxquels je participe, c'est qu'en plus des livres il y a des films et des séries.
En avril, j'ai pu regarder plusieurs séries et deux films d'animation, tout en lisant les romans prévus. Je dois avouer qu'être en vacances de Pâques du 8 avril au soir au 24 au soir, ça aide beaucoup.
Les séries sont au nombre de quatre:
* "Midnight diner: histoires de Tokyo" adaptée du manga "La Cantine de minuit" de Yaro Aba. J'ai tout de suite entrée dans l'histoire de cette gargote, ou izakaya, du quartier de Shinjuku, fondé en même temps que 22 autres arrondissements en remplacement de la municipalité de Tokyo, en 1947. L'ambiance de l'izakaya est chaleureuse et conviviale, les habitués s'y retrouvent autour de soupes miso, de ramens ou autres délices de la cuisine simple et traditionnelle du Japon. Les personnages gravitent autour du patron, appelé "Maître" par les clients. Sur la carte affichée à l'extérieur, peu de plats: le tonjiru, soupe miso au porc, du saké, de la bière et shochu, une liqueur japonaise. Cependant, pourvu qu'il ait les ingrédients en cuisine ou qu'on les lui apporte, le Maître peut tout cuisiner avec calme et sérénité. Le Maître est peu disert, il écoute, cuisine et fume entre deux services. Quand il prend la parole c'est pour dispenser un conseil plein de sagesse et de bon sens.
J'ai aimé que chaque épisode soit centré sur un personnage, sa relation à un plat et un conflit personnel à résoudre: tout est délicat, précis et permet d'approcher l'intimité des personnages et d'apprendre beaucoup de choses sur le quotidien des Tokyoïtes. Cerise sur le gâteau, si j'ose dire, la recette du plat en fin d'épisode suivi du "Bonne nuit" des personnages principaux de l'histoire. Le téléspectateur est impliqué par cet aparté.
De minuit à 7h du matin, c'est la diversité sociologique extraordinaire du quartier de Shinjuku qui vient se restaurer à la Cantine de minuit. On croise des hommes d'affaires, d'anciens acteurs, des danseurs, des jeunes gens en quête de travail, des marchands du coin et même des drag-queens. L'ambiance est bon enfant, joyeuse souvent, triste parfois. J'ai savouré les deux saisons qui ont un goût évident de "revenez-y".
* "Samouraï gourmet". On fait connaissance avec le héros,Takeshi Kasumi, au premier matin de sa vie de retraité. Il ne sait pas à quoi occuper son temps libre aussi son épouse, femme au foyer fort occupée par ses multiples activités, dont la chorale, lui suggère de faire de la marche. Takeshi découvre peu à peu son quartier qu'il ne faisait que traverser rapidement pour se rendre à son travail.
Le personnage se retrouve toujours dans une gargote ou un restaurant huppé... au Japon, la nourriture est un sujet important. Ainsi, ai-je accompagné Takeshi dans ses nombreuses dégustations qui lui font souvent revivre des moments précieux de sa jeunesse. Comme il est encore timoré face à l'adversité, un ami imaginaire l'accompagne pour lui redonner foi et courage: un samouraï errant.
On assiste à des situations cocasses et amusantes, on sourit et on salive beaucoup devant les plats appétissants savourés par Takeshi. Il n'y a qu'une seule saison, hélas.
* "The journalist". On change de registre: on suit l'affaire d'un scandale politico-financier dans lequel sont impliqués le Premier Ministre et son épouse. Une journaliste du Toto Newspaper, Anna Matsuda, enquête sans relâche sur l'affaire afin que le peuple japonais prenne conscience du degré de corruption des élites. L'action se déroule quelque temps avant la pandémie liée au COVID-19 qui retarda d'un an les JO de Tokyo.
"Qui servons-nous?" demande un fonctionnaire lorsqu'on contraint une équipe du Bureau des Finances à falsifier les minutes des séances de la Diète et les archives d'un projet immobilier, afin que les archives concordent avec les propos, malheureux, du Premier Ministre assurant que s'il était lié, ou sa femme, au scandale, il démissionnerait immédiatement. Au nom de la stabilité politique, des fonctionnaires doivent faire disparaître des documents sans que le pouvoir prenne en compte leur moralité et leur foi en leur mission. Le drame est inévitable: un fonctionnaire se suicide. Son épouse et sa soeur, aidées par la journaliste Anna Matsuda, décident d'intenter un procès. Ce qui ravit un procureur désireux de mettre fin aux magouilles d'un proche du pouvoir.
La série m'a entraînée dans les sombres et glauques rouages du pouvoir japonais au sein duquel règne la corruption, les conflits d'intérêt et le mensonge. Lorsque les fonctionnaires tiraillés entre les injonctions impossibles de leur hiérarchie et leur sens du devoir, les remises en question foisonnent et libèrent, malgré la peur, la parole. L'image des élites politiques et économiques est malmenée sans vergogne dans ce thriller glaçant, mis en scène avec sobriété apportant une vraie justesse au jeu des acteurs.
* "Kotaro en solo". Un manga animé, de dix épisodes, mettant en scène un enfant de 4 ans, Kotaro Sato. Il emménage seul dans un studio. Ses voisins sont intrigués et très vite s'attacheront à l'enfant.
Pourquoi est-il seul? Ses parents travaillent-ils tout le temps? Rapidement, on s'aperçoit de l'absence des parents de Kotaro. Le petit garçon s'inscrit l'école du quartier, se fait des amis et admire un héros de manga animé Tonosaman, d'ailleurs il porte l'épée de Tonosaman sur le côté et parle de manière surannée. Son voisin, Karino, un auteur de manga en manque d'inspiration, s'érige en tuteur du garçonnet et l'accompagne dans ses déplacements quotidiens. Peu à peu, ils tissent des liens d'amitié et on les suit aux bains publics, à la supérette, à l'école, au cinéma ou au parc.
Kotaro reçoit chaque semaine une somme d'argent de la part d'une "gentille personne". L'argent est apporté par un avocat, chaque semaine Kotaro offre collation et chansons ainsi que son journal intime de la semaine. Qui est "la gentille personne"? Kotaro cherche à le savoir, comme le téléspectateur, sans succès.
Au fil des épisodes, on en apprend plus sur le passé de Kotaro et cela donne lieu à des épisodes émouvants comme celui dans lequel Karino se rend compte que Kotaro mange des mouchoirs en papier, alors qu'il a de quoi acheter de la nourriture convenable, résurgence de l'époque où délaissé par ses parents il ne mange pas à sa faim. Il y a les épisodes au cours desquels il croise trois enfants affamés à la cueillette de plantes comestibles, ou lorsqu'il retrouve d'anciens compagnons d'orphelinat.
"Kotaro en solo" est un maga animé tendre et cruel à la fois: il aborde un sujet sociétal particulier au Japon, l'abandon d'enfants par des parents débordés par leur travail et complètement dépassés par la tâche éducative qui leur incombe. La scène des gants en caoutchouc est d'une intense émotion car on constate qu'il y a des mères incapables de toucher leur enfant. J'ai ri et versé ma petite larme en visionnant l'unique saison des aventures de Kotaro, je me suis attachée aux personnages qui portent, tous, leurs fêlures et qui vivent leur quotidien en composant avec elles.
Visionnés dans le cadre:
3 commentaires:
J'aime beaucoup Midnight Diner mais je n'ai pas encore fini de regarder la première saison. Je n'ai pas vu tes autres visionnages. Tu donnes envie malgré leur dureté
Et bin de chouettes idees...oui a voir, pourquoi pas ?
De chouettes visionnages ! Comme Blandine, j'aime beaucoup "Midnight Diner" et je n'ai pas encore terminé la saison 1. Samouraï gourmet me tente bien. J'ai prévu un billet sur les animes au mois de mai, tu me donnes envie d'en partager un sur les séries. :)
Enregistrer un commentaire