J'ai été charmée par la série « Anne withe an E », aussi quand le premier tome des aventures d'Anne de Green Gables est sorti aux éditions « Monsieur Toussaint Louverture », je me suis promis de le lire.
« Anne de Green Gables » est un roman foisonnant,
vivifiant, drôle, comique, émouvant et plein de fraîcheur, celle d'une
fillette, Anne Shirley de onze ans adoptée par un couple de célibataires, un
frère et sa sœur, Matthew et Marilla Cuthbert, d'Avonlea petit village sur
l'île du Prince Edouard.
Nous suivons les aventures de cette fillette rousse au visage
constellé de taches de rousseur. Anne est tout en jambes, maladroite et
espiègle. Elle apporte dans son sillage une tempête de vie au cœur du quotidien
des Cuthbert qui n’en reviennent pas du bien qu’elle leur fait.
Anne leur fait du bien et a su trouver sa place à Green
Gables malgré la rudesse, apparente, de Marilla qui n’a de cesse d’en faire une
jeune fille « comme il faut ». Elle bouleverse la quiétude d’Avonlea
par son romantisme échevelé, son amour des « grands mots », des
expressions alambiquées, son éternel désespoir de ne pas être jolie car rousse.
Elle est la fraîcheur de la fin de l’enfance, celle qui regarde, émerveillée, la
nature flamboyante qu’elle a sous les yeux.
Son imagination peut être sans limite car nourrie par un
imaginaire riche et inventif. Elle sait manier les mots, les agencer en phrases
pour en faire des histoires à rebondissements. Elle est impulsive car sensible
comme peuvent l’être les créatifs.
Anne rêvasse souvent et pas toujours au bon moment : l’épisode du gâteau est d’une grande saveur, elle confond la vanille avec une autre épice ce qui pimente la dégustation.
Anne virevolte, invente, aime, déteste, s’entiche, s’enflamme
et est obnubilée par sa rousseur qui la désespère. Au point qu’elle achète, en
l’absence de Marilla, une teinture noire pour devenir brune. La catastrophe est
à la hauteur du personnage : ses cheveux deviennent verts et c’est
tellement irrécupérable qu’une seule solution s’impose, les couper.
Son amie de cœur, « -vous savez, une amie intime- quelqu’un
de très proche, une âme sœur à qui je pourrai tout dire. J’ai rêvé de la
rencontrer toute ma vie. Jamais je n’ai pensé que ça pourrait arriver, mais
puisque tant de mes plus beaux rêves sont devenus réalité d’un seul coup, peut-être
que celui-ci va se réaliser aussi. » Diana Barry est aussi brune qu’Anne
est rousse, petite dotée de rondeurs alors qu’Anne est grande er mince. Et
pourtant, les deux fillettes façonneront une amitié forte et indéfectible :
la sagesse de Diana tempérant les élans d’Anne, les engouements d’Anne révélant
l’audace tapie en Diana.
Diana appartient à la bourgeoisie aisée d’Avonlea, ancrée dans l’éducation britannique, Anne est une fleur sauvage prête à s’émanciper, à l’image du Canada.
Je passe sur les multiples rebondissements dont le parcours d’Anne
est jalonné. La fillette dégingandée s’épanouit au fil des années en une belle
adolescente, avide de savoirs, enflammée et rebelle. Elle devient la fille de
coeur des Cuthbert, celle dont ils n’avaient jamais osé rêver si la vie leur
avait apporté une épouse ou un mari. D’ailleurs, je ne sais pas si cela a été
voulu par la traductrice, le lecteur perçoit l’adoption lorsque Anne et Marilla
commencent à se tutoyer : le glissement s’effectue en subtile douceur.
Que l’on aime Anne et ses exubérances (j’ai adoré une de ses
expressions : « mon oreiller de solitude »), que son attachement
à son apparence (ne pas oublier, du moins à mon sens, que la vie des personnes
rousses n’a jamais été facile car toujours associées au Malin) agace ou amuse, je
trouve le personnage des plus attachants non seulement parce que Anne m’a
ramenée à mon enfance et ses préoccupations sont celles de chaque petite fille,
mais aussi parce qu’à travers son regard émerveillé sur le monde qui l’entoure,
elle nous fait redécouvrir les beautés simples et si belles de la nature ainsi
que ses mystères, ceux qui font grandir et s’affermir.
Regarder la série avant de lire le roman n’a pas du tout
étiolé ni affadi les images mentales que j’ai construites au cours de ma
lecture, la voix d’Anne n’était pas celle de l’actrice mais celle que j’ai
imaginée. Lire le roman apporte un immense supplément d’âme à la série ce qui
fait que l’on dévore les pages en riant, pleurant ou souriant au gré des scènes
de vie.
« Anne de Green Gables » est un roman jeunesse tout
sauf fade, insipide ou ennuyeux. Bien au contraire : il est écrit avec
tendresse et subtilité. Il y a des descriptions, essentielles pour comprendre
la quintessence de l’héroïne et de son environnement, que le lecteur savoure
sans bouder son plaisir.
Traduit de l’anglais (Canada) par Hélène Charrier
Le site de l'éditeur ici
Quelques avis
Babelio La Croix Eva Sens critique Le Monde
4 commentaires:
il a l'air d'être vraiment réussi!
C'est une réussite tant au niveau de la traduction qu'au niveau de la création de l'objet livre. L'édition est très belle, la mise en page agréable. Bref cela augmente le plaisir de lecture.
Oh oui vous nous donnez envie de le lire...punaise....
J'avais vu la série avant et cela ne m'a pas empêché d'adorer. La suite m'attend.
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