dimanche 28 mars 2021

Le printemps des poètes

 

(crédit photo: Dominique Verdier)


Après un poète breton méconnu, Tristan Corbière, honneur à une immense poétesse bretonne, Angela Duval.

Je ne suis pas brittophone, hélas, cependant je partage la version originale qui a été écrite en breton, langue maternelle d'Angela Duval.

Ce poème, écrit le 25 mars 1963, est touchant, émouvant pour les amoureux du bocage. Aujourd'hui la prise de conscience du saccage orchestré par Paris dans les années soixante sous le terme de "remembrement", amène les communes à reconstruire les talus. 


Le talus

Un frisson court
Dans mon dos plein d'épines
Sur ma tête ma chevelure
De ronces se raidit
Ma dernière heure a sonné
Fini mon malheur en ce monde
Le sol bouge. Les arbres tremblent
Mais que vois-je ? Ce n’est pas la Mort !
C’est un grand diable armé de griffes
Qui s’en vient me hacher, me dépecer
Le bulldozer rouge à l’énorme pelle
Vient m’ensevelir dans la fosse.
Ah, que l’acier de tes griffes
Trempe dans le sang pur de mes racines ;
Ainsi que les mains du bourreau
Dans celui du martyr !
Tandis que mon âme flottera légère
Dans le duvet de ma poussière
Nuage porté par le souffle
Très haut par-dessus les collines,
Vers un Paradis,
Le Paradis des vieux talus.

Traduction Paol Keineg


Ar c’hleuz

« Ur gridienn a red
Dre va c’hein spernennet
Sonnañ ‘ra war va fenn
Va blevad drez luziet
Sonet eo va eur diwezhañ
Echu eo va reuz er bed-mañ
An douar a stroñs. Ar gwez a gren
Met petra ‘welan ? N’eo ket an Ankoù !
Met un diaoul bras gant skilfoù
O tont d’am drailhañ, d’am dispenn
Ar bulldozer ruz gant e bal ramzel
D’am sebeliañ er fozell. »
« -A ! ra chomo merket dir da skilfoù
Gant gwad glan va gwrizioù ;
Evel dorn ur bourev
Gant gwad ar merzher !
Endra nijo skañv va ene
En dumenn va foultrenn :
Koumoulenn douget gant an aezhenn
Uhel-uhel dreist ar roz,
War-zu… ur Baradoz :
Paradoz ar c’hleuzioù kozh… »

25 a viz Meurzh 1963

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