Je ne connaissais pas l'auteur japonais de romans policiers, Keigo Higashino, « Un mois au Japon » m'a donc permis d'ouvrir une nouvelle fenêtre sur le monde littéraire japonais.
Ishigami est un professeur de mathématique dans un lycée
privé, un homme solitaire ne vivant que pour la recherche mathématique. Les
maths sont toute sa vie jusqu'au jour où une jeune femme, Yasuko Hanaoka,
divorcée, élevant seule sa fille, emménage sur le même palier que lui. Il en
devient très vite amoureux et passe plusieurs fois dans la semaine, avant de se
rendre au lycée, acheter un panier repas là où elle travaille.
Tout bascule le jour où l'ex-mari retrouve la trace de la
jeune femme. La visite dégénère, alors que l'ex-mari devient violent, Misato,
la fille de Yasuko, l'assomme. Pour sauver sa fille, elle étrangle l'homme puis
constate le désastre.
Ishigami, qui a entendu le bruit de la lutte, vient aux
nouvelles. Il comprend très vite qu'un drame a eu lieu et prend rapidement les
choses en main, à savoir camoufler le crime et établir un alibi parfait à ses
voisines.
Peu de temps après le corps est retrouvé, le visage
méconnaissable après avoir été martelé, le bout des doigts brûlé, non loin
d'une bicyclette et d'une poubelle dans laquelle les vêtements ont été à moitié
brûlés.
L'enquête est confié à l'inspecteur Kusanagi qui, malgré
l'alibi de la mère et de la fille, a l'intuition qu'un arbre cache la forêt. Il
prend conseil auprès de son ami le professeur de physique Yukawa pour tenter de
démêler le vrai du faux : les facultés de logique du physicien ont souvent
aidé l'inspecteur à résoudre ses enquêtes.
Coïncidence, Yukawa et Ishigami ont suivi leurs études dans
la même université ; leurs retrouvailles provoqueront le grain de sable
qui grippera le plan extrêmement bien pensé établi par Ishigami.
Keigo Higashino fait cheminer son lecteur aux côtés des
suspects et des enquêteurs. Il lui fait découvrir au fil du récit les pièces
d'un puzzle compliqué et pourtant si simple. Ishigami, dont la logique est
implacable, sait comment construire un alibi qui sans être forcément inébranlable
conduira les enquêteurs à l’échec. Le lecteur suit l’enquête en tentant de discerner
les éléments anodins qui mettront Yukawa sur le sentier de la vérité.
Quant au sentiment de culpabilité, il est, en quelque sorte,
le nœud du roman : l’homicidé est un affreux personnage, sans foi ni loi
hormis celle du plus fort. Le drame domestique est provoqué par l’instinct de
survie d’une jeune femme aux abois qui fera tout pour innocenter sa fille. L’ex-mari
est le contraire du cadre des rapports sociaux régissant la société nipponne :
la dignité et le respect lui sont inconnus, lui qui terrorise son ex-épouse, la
battait quand ils étaient encore mariés, lui extorquait de l’argent durement
gagné. Les personnages sont dignes et respectables, ils sont pudiques dans
leurs sentiments, cachés sous un masque proche de l’indifférence. A quelques
expressions fugaces qui montrent combien la pudeur des sentiments peut dissimuler
l’intensité d’une passion.
Yasuto suivra à la lettre les consignes précises d’Ishigami,
amoureux transi d’une beauté qu’il ne pense pas mériter, jusqu’au moment où Yukawa
la mettra devant un choix cruel mais lucide : vivre un possible bonheur en
étouffant le sentiment de culpabilité et mourir chaque jour à petit feu dans la
honte ; ou être digne et respectable en assumant son acte. Etre sans
honneur ou mourir socialement avec la dignité d’un samouraï.
« Le dévouement du suspect X » est un roman noir admirablement construit sur le thème de l’opposition de la logique implacable déjouée par l’instabilité du facteur humain. Yukawa est un scientifique doté d’un sens très fin de la psychologie, ce qui fait sa force
Roman traduit du japonais par Sophie Refle
Quelques avis :
3 commentaires:
Cela reste un de mes preferes de cet auteur....dans sa mise en place et sa conception....et j'adore son physicien....il me reste le 2eme tome de la trilogie (oui pas lu dans l'ordre)....;)
Je compte lire la suite car j'ai vraiment accroché avec les personnages.
Oh oui ce physicien est genial...;)
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