Harry, Leon, Becky, Pete sont des jeunes gens dont les
aspirations sont peu à peu broyées par la réalité, dans une ville où tout
semble désenchanté.
Ils ont des rêves, des peurs, des solitudes et des blessures.
Ils essaient de réussir leur vie, chose difficile dans une société qui ne prône
que le culte de la réussite et de son affichage.
Londres est le lieu incontournable de ces destins croisés.
Les personnages sont jeunes et hésitent entre regarder le
monde avec cynisme ou se perdre dans le besoin d’utopie, Harry et Leon rêvent
de quitter Londres pour ouvrir un lieu à eux, à la campagne, loin de la drogue
et ses violences. Becky voudrait rejoindre une compagnie de danse et impose à
son corps un entraînement impitoyable.
« Ecoute la ville tomber » est un chant d’aujourd’hui,
une complainte qui donne le frisson et fait l’éloge du réel, ce qui pourrait déranger:
Kate Tempest, comme dans ses chansons, plonge son lecteur au cœur des quartiers
interlopes londoniens, au sein de deux familles modestes, broyées par les
années Thatcher, au cœur d’un trafic de drogue faisant les beaux soirs des gens
au bord de la crise de nerfs.
L’auteure fait se croiser les trajectoires des personnages ou
leur fait décrire des cercles concentriques jusqu’au moment où ils se
retrouvent longuement ou brièvement.
Le roman s’ouvre sur la fuite en vieille Ford Cortina de
Leon, Harry et Becky, en pleine nuit, une valise remplie d’argent. Que fuient-ils ?
Comment l’argent a-t-il été acquis ? Qui sont-ils ? Les réponses sont
apportées, peu à peu et par petites touches. Le lecteur trace ensuite, au fil
des pages, les destins croisés, les histoires familiales au cœur de la grande
histoire, pour arriver à boucler la boucle.
Je me suis attachée aux personnages qui au-delà de leurs travers
inspirent l’empathie, notamment Pete, le frère de Harry, Harriet de son vrai
prénom, qui est allé à l’université, a une culture certaine et qui ne parvient
pas à trouver sa place dans la société, il enchaîne les petits boulots mal
payés et l’ANPE : son univers étriqué pèse sur sa façon de voir le monde.
Sous l’apparente tranquillité des vies mornes se cache la
turbulence des fêtes que l’auteure sait mettre en scène en quelques mots « L’air
sent la sueur cocaïnée, la vulnérabilité qu’on tente de tenir en bride, l’autopromotion
effrénée. », le décor et l’atmosphère d’un Londres particulier sont
plantés.
Kate Tempest donne la part belle aux personnages féminins qui
ne sont pas de pauvres petites choses subissant le cours du temps. Bien au
contraire, elles revendiquent leur liberté d’être, de vivre et d’aimer, elles
sont tout en fluidité et force.
Un premier roman prometteur.
Traduit de l’anglais par Madeleine Nasalik
Quelques avis :
Babelio Sens critique Tu vas t'abîmer les yeux Les Inrocks Les missives
2 commentaires:
Oh tout un sacre Londres...et de magnifiques personnages...cela doit etre tout un livre a lire
J'ai eu une agréable surprise en le lisant.
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