Quatrième de couverture :
« Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix… »
Quand on lit la quatrième de couverture on ne peut que penser aux romans de Margaret Atwood « La servante écarlate » et « Les testaments ».
Dans « Vox » il ne s'agit pas de la même violence faite aux femmes : quel que soit leur statut social et leur âge, elles sont soumises au même quota de mots journaliers, cent. Cent mots pour communiquer avec leur famille, pour exprimer des idées, soutenir des conversations … autant dire qu'elles sont réduites au silence. Quant aux petites filles... ne pas babiller, ne pas échanger longuement avec l'entourage c'est annihiler tout développement du langage et par voie de conséquence tout accès à l'abstraction et au monde des idées.
Le début de la dystopie est très prenant, on est pris dans l'histoire puis rapidement la baudruche se dégonfle : la dystopie devient thriller.
Tout n'est pas à jeter, loin de là, car je trouve intéressant d'aborder par la privation de mots, une violence intolérable envers les femmes. L'auteure, Christina Dalcher, montre très bien la perte de vivacité, de pétillance, de joie de vivre des personnages féminins : la first lady en est un exemple édifiant.
Le roman montre combien le langage est essentiel dans le développement cognitif de l'être humain, dans l'appropriation de sa culture et de ses codes, dans l'ouverture et son rapport aux autres. Sans langage il n'y a plus rien, uniquement une coquille vide et sèche. L'interdiction du langage assèche l'humanité en chacun de nous si bien que la manipulation psychologique n'en devient que plus aisée.
Il montre également combien les actes contestataires sont importants pour mettre en garde contre la suppression d'acquis. On se dit souvent « non, ils n'oseront pas » et au final, si, ils ont osé. Alors, on regrette de ne pas avoir pris au sérieux les lanceuses et lanceurs d'alerte au moment voulu.
Le début du roman insiste sur tous les menus faits qui furent autant d'attaques envers les droits durement acquis des femmes et que voter est un acte essentiel dans une démocratie.
Ensuite, quand le roman prend la direction du thriller, j'ai eu l'impression de perdre le petit quelque chose qui m'avait plu dans les premiers chapitres. La petite part d'âme du roman.
L'intérêt pour l'intrigue s'amoindrit quand elle tourne au complot politico-scientifique. Elle aurait pu rebondir si la partie consacrée aux recherches neurolinguistiques avaient été développées, il est vrai que le sujet étant très pointu, la vulgarisation n'était pas évidente. Le doigt est mis sur l'importance de ce qui produit le langage et ce qui peut l'affecter. Une protéine que l'on peut isoler et concocter avec d'autres peut guérir de l'aphasie ou de la mettre en place. Mieux qu'une arme bactériologique.
Bien que je n'ai pas été complètement convaincue par le roman, ce dernier se laisse lire et je suis allée au bout de ma lecture sans me sentir contrainte à le faire.
Traduit de l'anglais (USA) par Michael Belano
Quelques avis :
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1 commentaire:
Et bin le sujet etait passionnant didonc...dommage pour le polar qui gache l'effet
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