lundi 26 juillet 2021

En compagnie d'Hérodote on ne s'ennuie jamais!

 


Vous aimez vous plonger dans l'histoire antique ? Vous avez toujours été fasciné par Athènes et les cités grecques ? Vous vous êtes toujours demandé pourquoi Darius, le Perse, a voulu conquérir la Grèce ? Hérodote d'Halicarnasse, le grand historien grec, vous offre un voyage extraordinaire dans les méandres d'une gigantesque enquête au cœur du monde antique.

Les « Histoires » ou « Enquête » d'Hérodote permettent de comprendre l'origine d'un conflit se perdant dans la nuit des temps.

Hérodote a répertorié au cours de ses voyages les nombreux indices et informations concernant les guerres médiques or il n'en parlera qu'au livre VI, que je n'ai pas encore lu car je me suis arrêtée au livre IV. Qu'y a-t-il avant ces guerres médiques ? C'est ce qu'expose Hérodote dans les livres I à IV : il y a, avant, la croissance de l'empire perse jusqu'au moment de ces dernières. Il raconte comment trois souverains successifs, Cyrus, Cambyse et Darius, après avoir mis sous leur domination les Lydiens de Crésus, s'attaquèrent à l'Asie Mineure et à l'Assyrie, objet du Livre I, puis à l'Egypte, sujet du Livre II, à Samos, Livre III, et enfin au Scythes, à la Libye et aux Thraces, au Livre IV.

Ce qui désarçonne un peu c'est qu'Hérodote ne se situe pas dans un esprit historique et ne déroule pas les événements dans l'ordre chronologique. Une fois habitué, la lecture et les divers raccords aux événements s'effectuent à l'aide des notes du traducteur André Barguet et de son excellente préface.


Il ne commence pas par les souverains perses : il ouvre le livre I par l'histoire de Crésus, le premier des princes « barbares », c'est à dire non grecs, a avoir soumis certains Grecs et on ne rencontre Cyrus que lorsqu'il a vaincu Crésus. D'un bout à l'autre des quatre livres, Hérodote organise son récit avec de très longues parenthèses dans une sorte de patchwork de pièces cousues ensemble : ces pièces sont comme des monographies pouvant être indépendantes les unes des autres.

Ainsi quand il explique la prise de Babylone par Cyrus, il décrit d'abord la ville, ses habitants, leurs coutumes et habitudes, il parle des grands rois et reines, leurs hauts faits et leurs grands travaux, il réalise un travail d'ethnologue et une fois ce travail achevé, il en vient à la prise de la ville. Ces longues parenthèses sont présentes parce que son ouvrage n'est pas destiné à être lu mais à être entendu d'un public d'auditeurs.


Ce qui est fascinant dans « L'enquête » c'est d'appréhender la vision du monde d'Hérodote qui n'est pas celle des géographes aujourd'hui. Le monde est constitué, pour lui, uniquement par l'Asie, l'Europe et la Libye et pour le Grec qu'il est, seule la Ionie peut être considérée comme un pays civilisé... le reste n'est que barbarie. Aussi place-t-il l'Ionie au centre du monde connu tel qu'il se l'imagine, avec un centre et ses limites.

Son monde est un centre climatique également : en dehors de l'Ionie où le climat est agréable, il ne peut avoir que contrées soumises au froid et aux averses ou des contrées soumises à la sécheresse et à d'insoutenables chaleurs.

Cependant, son ethnocentrisme ne l'empêche pas de voyager en Egypte ou en Asie Mineure afin de collationner les témoignages, in situ, nécessaire à son ouvrage. Certes, il porte toujours son regard de Grec sur ce qu'il voit ou entend, ce qui n'occulte pas le fait qu'il a pris des risques certains car entreprendre des voyages au long cours comme il l'a fait est œuvre de tout une vie.

Les confins, comme la Libye, sont peuplés avec profusion d'arbres, d'animaux sauvages inconnus et forcément merveilleux. Les peuples des confins ont des cultures différentes et intéressantes tout en ayant, malgré tout, des coutumes grossières par rapport à la Grèce.


J'ai lu Hérodote pour voyager dans le monde ancien du pourtour méditerranéen, celui du berceau de nombreuses civilisations qui ont éclairé le monde antique, aux côtés d'un esprit curieux de tout, avide de savoir et de partager ses connaissances et ses idées. Avec lui, j'ai appris ce qui se disait à Sardes, Suse, Milet, Memphis ou Athènes, ce que les conteurs des rues ou les guides dans les sanctuaires racontaient aux passants. Ce fut une plongée dans un lointain passé où les faits historiques se mêlent aux épopées, légendes, prophéties, récits et traditions religieux.

Hérodote pose les jalons des recherches historiques et ethnographiques pour que les contemporains de toute époque puissent s'emparer de toutes traces laissées par leurs prédécesseurs pour tenter de comprendre le passé.

« L'enquête » d'Hérodote tient aussi bien du reportage de terrain que du roman car il a réussi à passionner l'ancienne étudiante en Lettres Classiques que je fus.


Traduit du grec ancien par André Barguet.


Quelques avis :

Babelio  France Culture  L'histoire  National Geographic

Lu dans le cadre


 



8 commentaires:

rachel a dit…

Oh tu donnes bigrement envie de le lire....de lire ces enquetes...de voyager dans le temps...

Katell a dit…

Cela se lit très bien.

Fanny a dit…

Je ne me pose pas toutes les questions du début de ton billet :-D je ne suis pas super fan de la littérature antique.
Merci d'être remontée aussi loin :-)

MoKa a dit…

Une lecture dense et un choix très intéressant. On se limite souvent à Homère dans la découverte antique et c'est dommage de ne pas s'ouvrir à d'autres comme tu le proposes ici !

Katell a dit…

Merci les filles d'être passées par ici.
Il est vrai que j'ai choisi de retourner aux sources de mes années estudiantines.
Ce qui est intéressant chez Hérodote c'est qu'il a accompli un travail de recherche historique monumental pour l'époque. C'est le premier historien à décrire le monde connu, à s'interroger sur les conséquences et les prémices des conflits.
Il gagne à être lu. Néanmoins, une solide culture de l'histoire antique permet d'éviter d'être perdu.

Natiora a dit…

C'est typiquement le genre de livre que j'aimerais beaucoup lire et que je ne prends jamais la peine de lire. Mon homme est passionné d'histoire et il y a une quantité dingue d'ouvrages à la maison, mais je choisis toujours de prendre un roman... Merci pour ce billet qui me donne très envie de me plonger dans ce récit d'Hérodote.

Alice a dit…

Je suis comme Fanny, je suis loin de me poser toutes ces questions ! :-D
Et j'étais complètement refroidie par la littérature antique jusqu'à l'an dernier avec le challenge où j'ai finalement adoré m'y replonger, alors qui sais, celui-ci un jour...

Antigone a dit…

Comme ça ça fait un peu peur mais je sais que ces auteurs anciens sont souvent très modernes dans leur propos. Ce doit être intéressant !