dimanche 18 juillet 2021

Les veuves de Malabar Hill


 

Perveen Mistry, première avocate de Bombay, a rejoint le cabinet d'avocat de son père pour l'aider à monter les dossiers. Elle ne peut pas plaider au tribunal en tant que femme ce qui ne l'empêche pas de prendre en charge des enquêtes.

Le dossier de succession des veuves d'un riche marchand musulman de Bombay, Omar Farid, lui est confié car ces femmes, parsies, ont choisi la réclusion ou purdah, autrement dit de ne pas paraître en public et de ne parler aux hommes qu'à travers un mur grillagé, le jali.

Plusieurs points chiffonnent notre héroïne qui cherche à en savoir plus sur les liens entre les trois épouses, les trois bégums, et le mandataire gestionnaire de leurs affaires.

Quand ce dernier est retrouvé assassiné, tout se précipite, entraînant Perveen dans une enquête passionnante au cœur de la diversité ethnique et religieuse de l'Inde.


De multiples aspects de la société indienne, au début des années 20, sont abordés au fil du roman qui est autant historique que policier.

Perveen est issue d'une famille parsie très aisée et moderne pour l'époque : on lui laisse suivre des études de droit qu'elle continuera en Angleterre, à Oxford, lorsqu'elle devra, précipitamment, quitter sa famille.

J'ai aimé les allers-retours entre le temps de l'enquête, 1921, et le passé de Perveen, 1917. Les retours en 1917 permettent de comprendre pourquoi la jeune femme est allée en Angleterre, pourquoi elle s'inquiète quand elle croit apercevoir la silhouette de son époux.

Sujata Massey offre à son lecteur une documentation passionnante sur les us et coutumes des communautés parsie et musulmanes de Bombay et Calcutta. On sombre dans le désenchantement, la souffrance et le désespoir avec Perveen quand elle commence sa vie de jeune épousée auprès de ses beaux-parents. Rapidement, elle est malmenée, déconsidérée et surtout enfermée comme une pestiférée lorsqu'elle a ses menstrues dans un réduit isolée et sans hygiène. Une maltraitance due à des superstitions encore en cours en ce début de XXè siècle.

Les sombres souvenirs de sa condition de femme mariée émaillent le récit d'émotions et de combats importants à mener.

On rencontre des personnages étonnants, comme la meilleure amie anglaise de Perveen, Alice Hobson-Jones, fille d'un haut fonctionnaire britannique, brillante mathématicienne revenue au bercail familial. Perveen et Alice sont deux jeunes femmes pour qui la liberté de penser et de mener sa vie est essentielle : elles bousculent, chacune à leur façon, les codes immuables d'une société en passe d'être bouleversée par la roue de l'Histoire.

Les bégums sont également des personnages intéressants avec leurs histoires personnelles et leurs visions du monde. Au final, grâce au soutien et aux conseils de Perveen, elles parviendront à s'émanciper et à quitter le fameux 22 Sea View street, à Malabar Hill. Sans oublier la jeune Amina, fillette intelligente et avide de savoirs, fille de Razia la première épouse d'Omar Farid.


Sujata Massey m'a plongée dans les senteurs de l'Inde, celle des parfums de rose et de santal, celle des pâtisseries sucrées, celle de la cuisine épicée et colorée et celle du thé au gingembre servi à l'heure du thé.

Les bruits des rues où se pressent travailleurs et mendiants, les marchés, le port et sa pagaille, les rickshaws, les fiacres ou les voitures élégantes de la bonne société indienne et britannique.


L'intrigue est bien menée, le suspense toujours au rendez-vous grâce aux multiples rebondissements, si bien que je ne me suis pas ennuyée un seul instant. J'étais en Inde, dans les années 20 aux côtés des personnages et au cœur de l'action.


Traduit de l'anglais par Aurélie Tronchet


Quelques avis :

Une souris et des livres  Babelio  20 minutes  L'Inde en livres  Rachel  Maggie Jojo en herbe

Lecture commune avec RachelMaggie et Jojo dans le cadre:





5 commentaires:

maggie a dit…

Oui j'ai beaucoup aimé. C'est vrai qu'on a l'impression d'être en Inde :-)

rachel a dit…

oh oui vraiment toute une chouette enquete sociale.....la 2eme peut-etre ?

Katell a dit…

Au départ, je me disais que ce serait un roman quelconque or il n'en a rien été.
L'intrigue est bien bâtie et les personnages intéressants, certains étant plus attachants que d'autres.
Le fait de pratiquer le retour en arrière de quelques années permet d'éclairer la personnalité de Perveen et surtout de comprendre les us et coutumes parsies et musulmanes d'Inde.
De plus, le personnage de Perveen est crédible, j'y ai adhéré tout de suite.

rachel a dit…

Comme toi, j'ai cru me trouver avec un "Harlequin" dans la main...mais quelle belle surprise...noooooo !

Hilde a dit…

J'ai beaucoup aimé aussi ces bonds dans le temps, la manière dont l'histoire est racontée et l'atmosphère de la maison Farid lorsque Perveen vient interroger les veuves. C'est plein de rebondissements, et je me suis bien attachée aux personnages. J'ai hâte de retrouver Perveen dans une prochaine aventure. :)