samedi 26 mai 2007

Un roman de Ferney


En attendant le billet sur "Shalimar le clown" de Rushdie, je vous livre mes impressions de lecture, anciennes, de "Dans la guerre" d'Alice Ferney (auteure que j'adore). A l'époque, j'avais été très déçue d'apprendre qu'elle n'avait reçu aucun prix littéraire, notamment le Goncourt qu'elle méritait...mais bon, c'est du passé et les voies des jurys littéraires sont à l'image de celles de Dieu: impénétrables!


Un très beau roman, de très belles âmes. Si belles qu'on se demande parfois si cela peut exister. "Dans la guerre" est un roman qui touche, qui remplit d'émotions, qui parle à tous, qui met en avant un aspect particulier de cette Grande Guerre : l'utilisation des animaux comme auxiliaires. L'aventure de ce colley est extraordinairement belle et pour ceux qui ont eu un chien dans leur vie, les pages d'Alice Ferney sont tellement vraies.Par ailleurs, autre originalité : un roman sur la guerre écrit par une femme. La guerre vue par une femme, une psychologie des personnages vue par une femme. Une émotion très forte se dégage de son écriture.Seule une femme pouvait décrire la guerre entre femmes, plus cruelle encore que celle faite par les hommes. Le personnage de Julia est fort, bien mis en scène : personnage dérangeant que l'on ne peut pas entièrement détester car cette âme est perdue de solitude et de manque d'amour à recevoir et surtout à donner. Le personnage de Félicité est à l'image de son prénom... une très belle âme que l'on aime et respecte : émouvante dans sa forte faiblesse de femme aimante et amoureuse. Le discours est beau, sans complaisance et nous met face à la cruauté humaine, aux déchirures des vies... L'empathie de Prince, ce colley héroïque par amour de son maître, fidèle jusqu'au bout, nous fait voir la guerre et ses malheurs par un autre bout de la lorgnette, celle d'un animal qui n'a pas conscience de l'avenir, qui vit au jour le jour, au rythme de son amour des hommes. Pour finir... commencer et achever le roman par des extraits de texte et discours officiels est une excellente trouvaille qui pose le gouffre qui existe entre la raison d'état et le bonheur personnel. Entre les deux, la douleur de la mort, du veuvage, de la solitude, des orphelins, du côtoiement de l'horreur horrifique des tranchées et des marmitages !!!En un mot comme en mille : un livre superbe, écrit avec le coeur, avec amour... si opposé au Goncourt 2003 : pourquoi "Dans la guerre" n'a-t-il pas obtenu ce prix ? Y aurait-il eu conflits d'intérêts ? No comment. Heureusement que l'obtention ou non d'un prix littéraire n'influe pas sur le fait d'apprécier la saveur d'une écriture sensible !!!

9 commentaires:

Malice a dit…

Je suis entièrement d'accord avec toi ce livre aurait du avoir un Grand Prix Littéraire car moi aussi j'avais bien aimé. Ce livre m'avait beaucoup touché quand il était sorti.

Anonyme a dit…

Je suppose que ça finit mal pour le chien ?

Anonyme a dit…

J'avais à l'époque lu toute la sélection du Goncourt pour jouer le jeu avec les élèves, pour le Goncourt des lycéens. J'avais ADORE également dans cette sélection "Les âmes grises" de Claudel et "Farrago" de Yann Apperry. "Dans la guerre" avait aussi été très apprécié. Au final, "Farrago" a constitué un très bon choix pour le Goncourt des lycéens. En revanche, le Goncourt nous avait laissé perplexes car le pire roman de la sélection autant pour les élèves que pour mes collègues et moi-même, c'était "La maîtresse de Brecht" et c'est ce dernier qui a remporté le Goncourt, bon ami du jury ! No comment. Depuis, j'ai davantage confiance dans le Goncourt des lycéens.

Katell a dit…

@cathulu: pendant une bonne partie du roman j'étais certaine que cela se terminerait mal pour le chien...or en fait pas du tout, ouf ;-)
@essel: je ne te le fais pas dire! Depuis, je suis une adepte du Goncourt des Lycéens!!

Katell a dit…

@malice: merci d'être passée. Ce roman m'avait beaucoup émue et j'en gard encore un très grand souvenir.

Anonyme a dit…

Moi aussi j'avais beaucoup aimé ce titre. Mais je suis complètement acquise à la cause d'Alice Ferney: j'aime tout ce qu'elle écrit!

Anonyme a dit…

autant j'ai aimé les passages des femmes , leur attente, leur survie sans les hommes, et bien sur l'histoire du chien; autant je me suis annuyée à lire les passages des hommes à la guerre

Katell a dit…

@anne: oui, je sais que tu es une de ses admiratrices ;-) je compte lire pendant l'été "Le ventre de la fée"!
@pom': il est vrai que l'ambiance des tranchées et de la vie soldatesque était effrayante dans le roman.

Katell a dit…

étaient, oups ;-D